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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des provocateurs pro-israéliens tentent en vain de perturber une réunion du PSG (Allemagne) pour la défense de Günter Grass

Par nos correspondants
24 avril 2012

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Vendredi dernier, 20 avril, un groupe de provocateurs pro-israéliens de droite a tenté en vain d’empêcher la tenue d’une réunion de l’Internationale étudiante pour l’Egalité sociale (IEES) et du Parti de l’Egalité sociale (Partei für Soziale Gleichheit, PSG) organisée pour la défense de l’écrivain Günter Grass.

La réunion qui a eu lieu à Francfort-Bockenheim était intitulée « Stop aux fauteurs de guerre ! Pour la défense de Günter Grass, » et traitait des préparatifs de guerre entrepris par les Etats-Unis et Israël contre l’Iran – préparatifs qui sont soutenus par le gouvernement allemand.

L’invitation à la réunion précisait: « Les principales affirmations avancées par Günter Grass dans son poème, ‘Ce qui doit être dit’ sont tout à fait justifiées et correctes : le gouvernement israélien est en train de préparer une guerre d’agression contre l’Iran qui pourrait déboucher sur une troisième guerre mondiale. »

flag

Des provocateurs brandissant un drapeau américain après l’arrivée de la police

Une demi heure environ avant le début de la réunion, un groupe de 30 à 40 personnes sont venues d’un parc avoisinant pour s’attrouper devant le lieu de la réunion, la salle des fêtes de Bockenheim. Ces personnes brandissaient des drapeaux israéliens et américains et un marteau en plastique de grande taille arborant l’étoile de David. Elles faisaient énormément de bruit et ont arraché une affiche annonçant la réunion.

En raison de leur comportement perturbateur, les responsables de sécurité du PSG ont interdit aux perturbateurs l’accès à la réunion. Les manifestants ont alors décidé de bloquer la cage d’escalier et déclaré vouloir empêcher que la réunion se tienne et ont insulté ceux qui voulaient y assister.

Une Iranienne qui était venue à la réunion a été encerclée et menacée. Un responsable de la sécurité du PSG qui s’est précipité pour porter assistance à la jeune femme, s’est fait voler son appareil photo et un homme qui avait réussi à franchir l’encerclement s’est fait voler son sac.

hallway

Le blocage de l’escalier

Les nervis n'ont libéré l'escalier qu’après que le concierge eut appelé la police. Ils se sont alors positionnés de l’autre côté de la route, ont déployé des drapeaux israéliens et américains et scandé « Longue vie à Israël. »

La réunion a été un grand succès malgré ces perturbations. Près de 70 personnes ont refusé de se laisser intimider par les insultes et les menaces et ont assisté à la réunion. Elles étaient issues de tous les milieux sociaux, allant du personnel d’un aéroport, à des maîtres de conférence en passant par des ingénieurs, des enseignants et des étudiants. Plusieurs d’entre elles étaient originaires de pays du Moyen Orient, tels la Syrie, la Palestine, Israël et l’Iran.

Dans son intervention, Wolfgang Weber, membre de la direction du Parti de l’Egalité sociale (PSG, Allemagne) a traité de l’actuel déploiement militaire des Etats-Unis et d'Israël contre l’Iran et fait référence au contexte politique et historique de l’actuelle menace de guerre.

Il a cité une déclaration faite par le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, qui avait dit en janvier au Washington Post qu’il était « fortement probable qu’Israël frappe l'Iran en avril, mai ou juin. » Bien que des négociations se déroulent actuellement à Istanbul entre l’Iran et cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU, en plus de l’Allemagne, le ministre de la Défense israélien, Ehoud Barak, a publiquement défendu l’option d’une attaque militaire illégale contre l’Iran.

« Dans cette situation, » a dit Weber, « Grass a utilisé un poème pour avertir du danger d’une attaque israélienne contre l’Iran. Il a déclaré que le Moyen Orient était confronté à une guerre, et que l’Allemagne fournissait des armements de guerre (tels des sous-marins). Qu'y a-t-il à reprocher à ces déclarations ? »

Weber a traité du contexte historique entourant les préparatifs de guerre contre l’Iran en exposant les véritables forces motrices : d’abord et avant tout, le contrôle des ressources pétrolières. En 1953, les Etats-Unis avaient renversé le régime nationaliste de Mossadegh en Iran après que ce dernier eut nationalisé l’industrie pétrolière du pays, puis avaient désigné le Shah Réza Pahlavi comme leur marionnette. La révolution iranienne de 1978-79 avait finalement mis un terme au contrôle américain direct sur la région. Depuis lors, l’impérialisme américain n’a cessé d’essayer d’y regagner de l’influence.

En dernière analyse, la question pour les Etats-Unis n'était pas uniquement l’exploitation des ressources pétrolières dans leur propre intérêt, mais il s'agissait aussi d’arracher à leurs concurrents le contrôle sur l’approvisionnement en énergie. Le principal importateur de pétrole iranien est la Chine suivi du Japon, de l’Inde, du Pakistan et d’autres pays.

Weber a aussi rappelé que l’ancien conseiller à la sécurité nationale, Zbigniew Brzezinski, avait souligné dans son livre Le Grand Echiquier (1998) l’importance stratégique de la région pour le maintien de la suprématie des Etats-Unis.

Weber a décrit l’Etat d’Israël « comme un piège tragique pour tous ceux qui, après l’Holocauste, y ont cherché refuge afin de se préserver contre le danger de l’antisémitisme et de l’anéantissement. » Depuis sa création et l’expulsion des Palestiniens, le gouvernement israélien s’est trouvé dans une logique de guerre. Autrefois, de nombreux Juifs considéraient le socialisme comme une réponse à la persécution. Ce ne fut qu’après la défaite infligée par le stalinisme au mouvement ouvrier allemand, puis ensuite les crimes du régime nazi, que les Sionistes furent en mesure de prendre le dessus et de propager leur propre solution nationale.

Weber a signalé qu’Israël était loin d’être une société homogène. « Le pays est déchiré par de profondes divisions de classe. L’été dernier, il y a eu en Israël les plus importantes manifestations sociales de son histoire. Aujourd’hui, des sondages d’opinion montrent que quatre-vingts pour cent des Israéliens sont opposés à une première frappe contre l’Iran, » a poursuivi Weber. « Si l’on acceptait la définition que quiconque critiquant les préparatifs de guerre d’Israël était obligatoirement un antisémite, alors quatre-vingts pour cent de la population israélienne doit être antisémite. »

Weber a ensuite traité assez longuement du militarisme allemand qui, depuis la réunification, est une fois de plus est en train de devenir de plus en plus actif de par le monde – à commencer par une participation à la guerre dans les Balkans et en Afghanistan en passant par un soutien passif à la guerre en Irak et à présent à une participation active aux préparatifs en vue d’une attaque contre la Syrie et l’Iran.

« La lutte contre la guerre doit se fonder sur la mobilisation de la classe ouvrière internationale contre les fauteurs de guerre à Washington, à Berlin et à Tel Aviv, » a conclu Weber. « Notre slogan est le suivant: Pour les Etats socialistes unis du Moyen-Orient ! Et pour les Etats socialistes unis d’Europe ! »

Après la conférence il y a eu une discussion animée. Un certain nombre des personnes présentes ont félicité Weber pour ses observations. Plusieurs participants ont exprimé leur inquiétude quant à la menace de guerre et aussi au sujet des attaques publiques odieuses lancées contre Grass. D’autres voulaient en savoir plus sur le caractère et la nature de la perspective du PSG et de la Quatrième Internationale.

A la fin de la réunion, plusieurs participants à la réunion ont personnellement remercié l’orateur en lui serrant la main. Un participant kurde a loué cette « conférence vraiment profonde. » Un travailleur plus âgé originaire de Syrie et qui vit et travaille depuis 40 ans en Allemagne a explicitement remercié le PSG pour avoir réfuté la propagande officielle sur la Syrie en demandant comment il lui serait possible de voter pour le PSG. Bon nombre de ceux qui ont assisté à la réunion ont laissé leur adresse dans le but de rester en contact avec le PSG.

La tentative de vouloir perturber la réunion à Francfort doit être envisagée dans le contexte des efforts entrepris pour intimider et réduire au silence toute opposition aux préparatifs de guerre au Moyen-Orient.

Depuis la publication de son poème « Ce qui doit être dit, » Günter Grass, prix Nobel de littérature allemand, âgé aujourd’hui de 84 ans, fait l’objet d’une campagne de diffamation rappelant les heures les plus sombres de l’histoire allemande. Grass, qui a consacré son oeuvre littéraire à un travail de mémoire sur le passé nazi du pays, a été vilipendé par d’importants médias et qualifié d'antisémite et de partisan de Hitler.

Les élites politiques dirigeantes et les médias sont évidemment déterminés à veiller à ce qu’il n’y ait pas de débat sur les préparatifs pour de nouveaux crimes de guerre au Moyen-Orient dans lesquels, comme le remarque Grass dans son poème, ils sont profondément impliqués.

Les provocateurs qui ont tenté en vain de perturber la réunion à Francfort ont cherché à dissimuler leur identité. Le tract qu’ils ont diffusé omettait de mentionner le nom de l’auteur ou celui du responsable de presse. Un article approuvant la provocation et qui a paru presque simultanément sur le site Internet Indymedia affirmait que l’auteur en était les « gens de Francfort. »

La forme et le contenu de la provocation ont toutefois clairement montré que les provocateurs étaient, sinon du point de vue organisationnel du moins politiquement, étroitement liés aux gouvernements israélien, américain et allemand et donnent leur adhésion à l’extrême droite. Perturber physiquement les réunions publiques des adversaires à la guerre était la tactique favorite des nazis durant la République de Weimar.

Un article d'Axel Feuerherdt dans le magazine Jungle World et qui est reproduit dans leur tract, indique aussi que les nervis pro-israéliens sont liés au milieu des soi-disant « anti-allemands. » Ces derniers forment un mouvement politique qui qualifie d'antisémite la moindre critique de la politique du gouvernement israélien.

La déclaration qui est affichée sur le site Internet Indymedia appelle à lancer d'autres provocations contre les réunions du PSG pour la défense de Günter Grass prévues à Berlin et à Leipzig, les 23 et 24 avril. Le PSG a exigé qu’Indymedia retire immédiatement de son réseau Internet cette attaque flagrante contre la liberté d’expression mais n’a jusqu'ici reçu aucune réponse.

Nous lançons un appel à tous les lecteurs du WSWS pour qu'ils s’opposent à cette attaque en assistant à nos prochaines réunions à Berlin et à Leipzig.

(Article original paru le 23 avril 2012)

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