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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les Etats-Unis et leurs intermédiaires du Moyen-Orient

Par Chris Marsden
18 janvier 2012

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Les États-Unis, la Turquie et les États de Golfe préparent activement une intervention militaire en Syrie. Les services de sécurité de la Russie affirment avoir des preuves concrètes d'un changement imminent vers un "scénario à la libyenne" d'"intervention militaire directe", commençant par l'établissement d'une zone d'interdiction aérienne, le même moyen qui a été utilisé pour autoriser le bombardement par l'OTAN de la Libye.

Mais ce n'est pas uniquement une zone d'interdiction aérienne qui relie le renversement du régime libyen du Colonel Muammar Kadhafi avec le destin maintenant planifié pour Bashir Al-Assad. La Libye était la première expression majeure d'une contre-offensive menée par Washington en réponse à la chute de deux de ses alliés clé dans la région, Zine El Abidine Ben Ali en Tunisie et Hosni Mubarak en Égypte, pour s’assurer de son hégémonie sur les richesses pétrolières de la région.

Cela a impliqué la préparation du renversement militaire direct de Kadhafi par l'OTAN, en ayant recours à une force intermédiaire, le Conseil national de transition, dominé par les forces islamistes et financé et armé par les alliés régionaux américains. C’est ce qui émerge maintenant comme un scénario type à travers tout le Moyen-Orient.

En Egypte même, on a pu assister à la mise en place d'une alliance entre Washington, les Frères musulmans et même des groupes salafistes, qui, par le passé, auraient été qualifiés de terroristes.

Le New York Times a évoqué le 3 janvier "un changement historique" vers un soutien en faveur du parti Liberté et justice des Frères musulmans qui est en voie de dominer le nouveau parlement égyptien. Le journal a écrit que des membres de l'administration Obama voient cela comme "un premier pas vers un scénario qui pourrait prendre la forme de l'accession au pouvoir des partis islamistes dans la région dans le prolongement des insurrections du Printemps arabe. Les islamistes ont acquis une place importante au Maroc, en Libye, en Tunisie et en Egypte en moins d'une année."

Les contacts américains avec la Frères musulmans remontent au début des années 1990, mais ils se sont beaucoup renforcés après que les Frères ont démontré qu’ils étaient prêts à travailler sous le dictat américain, à commencer par la Libye. Lors de la période de la "Guerre contre le terrorisme", proclamée après les attentats du 11 septembre, maintenir des relations déclarées avec les groupes islamistes, comme cela avait été le cas en Afghanistan au cours des années 1980, était politiquement impossible. Maintenant cela est considéré comme un impératif politique.

Le Conseil national de transition libyen comprenait un important contingent de Frères musulmans et d'islamistes comme le Groupe islamique combattant en Libye. Le chef d'état-major britannique de la défense, Sir David Richards, a reconnu qu'ils ont été, à leur tour, soutenus par les États du Golfe, avec le Qatar, les Émirats et la Jordanie fournissant les indispensables "éléments d’appui au sol sans lesquels le résultat souhaité aurait été impossible.”

Les Frères musulmans semblent prêts à jouer un rôle significatif dans le nouveau gouvernement en Libye, grâce à l'argent fourni par le Qatar et par les condisciples des Frères dans la région. C'est aussi la force dominante dans le Conseil national syrien (CNS) et il est probablement tout aussi influant dans l'Armée syrienne libre (ASL) encore plus obscure.

L'intervention en Syrie est préparée par la Turquie grâce au parrainage du CNS et de l’ASL. Le Premier ministre Tayyip Erdogan a averti cette semaine que la Syrie "se dirigeait vers une guerre religieuse, sectaire, raciale. " Il a déclaré que la Turquie "jouerait un rôle de direction" pour prévenir un tel conflit. En réalité, la Turquie provoque des tensions sectaires en parrainant une insurrection sunnite contre le régime d'Assad, dominé par les Alaouites, qui est allié avec l'Iran chiite.

Les États du Golfe sont étroitement impliqués, selon des rapports sur l'entraînement de brigades de l’ASL au Qatar et en Arabie Saoudite.

Politiquement, la décision de suspendre la Syrie de la Ligue arabe a été fondée sur une résolution du Conseil de coopération du Golfe dominée par les Saoudiens. A l’occasion de la réunion où cette décision a été prise, le ministre des Affaires étrangères algérien a été mis en garde par le Qatar, "Arrêtez de défendre la Syrie sinon votre tour viendra."

Le Qatar et l'Arabie Saoudite travaillent en liaison quotidienne avec les Etats-Unis dans le but de déclarer que la mission des observateurs de la Ligue arabe en Syrie est un échec et pour rechercher une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, fondée sur la "Responsabilité de protéger", des dispositions qui ont ouvert la voie au bombardement de Tripoli. Le Qatar accueille une base aérienne américaine qui est un centre de transit pour les opérations militaires dans le Golfe. Le Qatar a également accepté de fournir aux talibans un bureau dans le cadre des tentatives de Washington de négocier un règlement en Afghanistan.

Derrière leur rhétorique démocratique, les Etats-Unis sont entièrement indifférents aux déprédations provoquées par les dictatures qu'ils ont, dans beaucoup de cas, soutenues pendant des décennies. Le principe directeur de leur politique est de soutenir les mouvements qui facilitent les efforts menés en vue d'exclure la Russie et la Chine de toute influence régionale, en isolant et en déstabilisant leurs alliés, l'Iran et la Syrie. Quand il s’agit de mouvements populaires contre ses alliés, comme au Bahreïn, qui abrite la Cinquième flotte de la marine des Etats-Unis, les troupes saoudiennes sont autorisées à y entrer pour écraser l'opposition.

Cette contre-offensive ne peut se développer qu'en faisant dérailler le mouvement des masses qui se sont soulevées contre d'anciens clients des Américains, Ben Ali en Tunisie et Moubarak en Egypte et en les canalisant derrière des directions qui agissent sous l'autorité de Washington. Une couverture politique essentielle est fournie par des figures bourgeoises telle celle de l’Egyptien Mohamed el Baradei, par des agents de la CIA et par des éléments de l’ancien régime au sein de groupes comme la Déclaration de Damas ainsi que par les syndicats supposés "indépendants", qui sont en fait sous le contrôle de l’Organisation internationale du Travail, dominée par l’AFL-CIO.

Ces forces sont présentées comme l'"opposition démocratique" selon la dénomination des sphères officielles, tandis qu'elles oeuvrent avec les islamistes contre les régimes dont on vise le renversement, comme la Syrie, et pour préserver d'autres régimes, comme la junte égyptienne.

Un rôle essentiel est joué par les groupes de l’ex-gauche, qui décrivent chaque mouvement social et politique au Moyen-Orient comme la dernière expression en date du "Printemps arabe". S’étant alignés derrière la guerre menée par les Etats-Unis contre la Libye sur cette base, ils se préparent maintenant à faire de même en Syrie.

Après avoir fait des reportages sans le moindre recul critique sur le rôle du Conseil national syrien et de l’Armée syrienne libre, le Socialist Workers Party britannique n'a reconnu que ce mois-ci que "l'apparition" du CNS et de l’ASL constituait "un développement dangereux". Le CNS a été monté en Turquie en août de l'année dernière et les forces qu'il représente ont joué un rôle clé pour définir l'agenda du mouvement d'opposition anti-Assad depuis son origine. Pourtant le SWP soutient toujours que toutes les déclarations à propos d'un "complot de l'occident et des régimes arabes pro-occidentaux" sont "absurdes" et une "calomnie portée à l’encontre du mouvement populaire".

Ce à quoi les tendances de l’ex-gauche s'opposent avant tout, c’est à la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière contre les régimes de répression tel que celui d’Assad, ainsi que contre les adversaires pro impérialistes de celui-ci.

L'impulsion sociale révolutionnaire qui a commencé en Tunisie et en Egypte anime toujours les masses du Moyen-Orient. Mais la Libye prouve que sans son propre programme et sa propre direction, le sentiment oppositionnel au sein de la classe ouvrière peut être réprimé et mis sur la touche, ou même canalisé derrière des mouvements réactionnaires et pro impérialistes, dont le but est de protéger leurs propres positions en tant qu’exploiteurs régionaux et alliés fidèles de Washington, Londres et Paris.

Le renversement des régimes corrompus de la région nécessite la construction de sections du Comité international de la Quatrième Internationale partout au Moyen-Orient pour fournir aux travailleurs une stratégie socialiste et internationaliste. Les travailleurs et les jeunes doivent s'opposer à toutes les tentatives de semer des divisions le long de lignes religieuses et ethniques en luttant pour l'unité internationale de la classe ouvrière, dans la lutte contre la domination impérialiste et l'exploitation capitaliste et pour l'établissement de gouvernements ouvriers à travers le Moyen-Orient et dans le monde entier.

L’auteur recommande également la lecture de :

The Egyptian Revolution, the Muslim Brotherhood and the apologetics of the Revolutionary Socialists
[7 janvier 2012]

 

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