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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Des habitants d'Argenteuil parlent des élections et des conditions sociales

Par Kumaran Ira à Paris
5 mai 2012

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Mercredi des reporters du WSWS se sont rendus à Argenteuil, dans la banlieue nord-ouest de Paris, pour y interviewer des habitants sur les élections présidentielles et les conditions sociales en France. Les habitants ont fait part de leur manque d'intérêt pour l'élection présidentielle, faisant remarquer que le candidat du Parti socialiste (PS) François Hollande et le président sortant Nicolas Sarkozy sont indifférents à leurs besoins sociaux.

Argenteuil, deuxième ville la plus peuplée de la banlieue parisienne, était devenue un centre industriel important à la fin du 19e siècle. Des peintres impressionnistes de renom y ont peint, dont Claude Monet, Alfred Sisley, Camille Pissarro et Vincent Van Gogh. Certains quartiers d'Argenteuil sont maintenant embourgeoisés du fait que les classes moyennes fuient les prix de l'immobilier qui flambent dans le centre de Paris, mais il reste encore d'importants noyaux de HLMs dans la ville. Argenteuil a vu des confrontations entre la police et des étudiants durant la grève de 2010 contre les coupes dans les retraites, mises en place par Sarkozy. 

Les reporters du WSWS ont parlé avec Ali à un arrêt de bus. Il a pris sa retraite après 40 ans et trois mois de travail à l'usine Peugeot de Poissy. Il s'est plaint de la baisse du niveau de vie des travailleurs: « Il faut que les choses changent. Il faut davantage de travail, les choses sont chères. Les loyers sont à 500 ou 700 euros, mais les ouvriers gagnent très peu. »

Ali a dit qu'il avait été licencié en 2007, puis il avait pris sa retraite. Il a fait remarquer: «Les syndicats étaient d'accord, ils font sortir les vieux. »

Il s'est souvenu des luttes à l'usine de Poissy en 1980: «Il y a eu de grandes grèves... Deux mois de grève en 1980. A Poissy ils ont licencié 3.000 travilleurs, ils ont augmenté les salaires mais les grévistes ils les ont tous mis dehors. La CGT n'a rien fait. »

Amandine, animatrice de centre de loisirs a dit: «Je ne suis pas ce qui se passe avec l'élection, je n'ai pas d'opinion sur les candidats.» Elle a dit qu'à son avis il n'y aurait pas de changement après les élections. Elle a fait remarquer que le salaire des travailleurs ne suffisait pas à payer le loyer et à élever ses enfants. Elle a dit, «Il faut plus de travail et plus d'argent pour ceux qui ont des enfants. Il faut aussi des logements. Les loyers sont à 500 euros pour un HLM, dans le privé ça fait 700 à 900 euros. »

Antoine, Lauren, Melissa, Coline, Mireille, Sumitha

Les reporters du WSWS ont aussi parlé à un groupe de lycéens. Interrogés sur le second tour de l'élection présidentielle entre le candidat du PS François Hollande et Nicolas Sarkozy, ils ont dit que le but ultime des deux candidats était le même, sans vraiment trop savoir ce qu'il était. Mais Lauren a de la famille au Portugal et a dit craindre que la crise de la dette et les attaques contre les droits sociaux de la population ne se propagent à la France.

Elle a dit, «Au Portugal, les gens n'ont plus à manger, il n'y a plus d'emploi, les grandes sociétés licencient. Il y a de grandes chances que ce soit comme ça ici. » Elle a ajouté, « Ma cousine au Portugal, elle a des problèmes à payer le loyer.»

Les reporters du WSWS ont eu un court entretien avec Anne, qui vote à droite. Elle a dit que les élections sont «une catastrophe. Hollande vend du rêve  et Sarkozy ... .. » Elle a haussé les épaules et ajouté: « J'ai voté Sarkozy par dépit avec le PS. » Elle a expliqué, «Je suis plutôt de droite, du fait de mon éducation, socialement, j'étais d'un niveau social élevé. Alors les parents inculquent des idées de droite. »

Lorsqu'on lui a demandé les raisons pour lesquelles elle votait pour les partis de droite, elle a dit: «Il y a trop d'immigrés, avant de s'occuper de toutes les personnes qui ont des difficultés, il faut s'occuper des gens en France. On ne peut pas accepter toute la misère du monde.»

Le WSWS a aussi parlé avec un groupe de jeunes (Amine, Fares et Rayan) dans une cité HLM. Amine et Fares sont au chômage et Rayan est étudiant. Ils ont dit, «On a tous voté Hollande, mais Hollande et Sarkozy c'est les mêmes. Ils ont le même but. Mais toutes les personnes ici ont voté de même. ... Que ce soit Sarkozy ou Hollande, rien ne changera, ils sont tous pareils. »

Interrogés sur les soulèvements de la classe ouvrière l'an dernier en Tunisie et en Egypte contre les dictatures soutenues par l'occident, ils ont dit: «Ils ont tous raison. S'ils ont besoin d'aide, on y va. » Ils ont dit être d'accord avec le reporter du WSWS qui a fait remarquer qu'un vrai changement politique nécessiterait une révolution en France, comme ce qui avait commencé en Egypte, avec une intervention massive de la classe ouvrière.

Ils se sont plaints avec colère du harcèlement policier. Montrant du doigt le coin d'une rue, ils ont dit: «Les policiers, ils s'arrêtent là-bas et ils nous provoquent. »

Obtenir le permis de conduire est difficile et cher, ils ont dit: « Rouler sans permis, beaucoup le font parce qu'obtenir un permis ça coûte très cher. C'est un problème. » Ils espèrent que Hollande va réduire le coût du permis. Conduire sans permis est passible de deux heures de garde à vue au commissariat et d'une amende de 350 euros.


Cécile

Sur le boulevard Karl Marx, les reporters du WSWS ont rencontré Cécile, femme de ménage et mère de quatre enfants. Parlant des candidats à la présidentielle, elle a dit: « Je n'aime ni l'un ni l'autre, peu importe ce qu'ils disent, ils ne le feront pas. Chaque fois qu'un candidat se présente, il ne tient pas ses promesses. ... Je m'en fiche totalement, les choses ne changeront pas. En fait, il faut aider tout le monde. »

Lorsqu'on lui a demandé son opinion sur le score du Front nation néo-fasciste au premier tour de l'élection, elle a fait remarquer: «Un jour le FN passera, les gens en ont marre. »

Lorsqu'on lui a demandé pourquoi c'était le FN qui profitait de la crise, elle a dit: « Je ne sais pas pourquoi, mais la gauche c'est la même chose que la droite. L'extrême-gauche, ça ne bouge pas quoiqu'ils disent. Il y a ceux qui ont des discours radicaux, mais même s'ils sont élus ils ne feront pas quoi que ce soit.» Elle a vite rejeté le porte-parole du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot par ces mots: «Ce sont des beaux discours que l'on aime entendre. »

Elle s'est dit opposée aux projets de forcer la France et les autres pays européens à financer davantage le renflouement des banques pour la dette grecque avec en retour l'imposition de coupes sociales en Grèce: «Ils ne pourront jamais rattrapper la dette. Débourser l'argent pour les autrres pays, ça sert à quoi, notre pays est déjà endetté. En plus, ça n'aide pas les Grecs. »

Elle a dit que les travailleurs avaient du mal à joindre les deux bouts: «J'habite à Argenteuil, la vie est très dure. Voici un cas tout bête: j'étais au RSA [Revenu de solidarité active], j'ai tout fait pour chercher un travail, j'en ai trouvé un comme femme de ménage. On me paie 500 euros [par mois], on m'a supprimé la Carte Orange, la CMU [Couverture maladie universelle]. On vous dit de travailler, c'est bien beau, mais ... »

Avec son salaire et 250 euros mensuels d'aide de l'Etat, elle a fait remarquer, «A 750 euros par mois on ne vit pas, on survit. Je suis hébergée chez ma mère. »

Elle a dénoncé les campagnes anti-immigrés des partis officiels: «Il faut qu'on accepte les étrangers, parce qu'on en a besoin. Puis, pourquoi les renvoyer, ce n'est pas les aider non plus. Si on les accepte, il faut accepter tout le monde. Sans étrangers, beaucoup de choses n'auraient pas vu le jour. »

Cécile a aussi dénoncé les suppressions de postes dans l'enseignement. Parlant de l'école de ses enfants, elle a dit: «L'école est bien, ça dépend des quartiers. Maintenant ça manque de profs ... Il manque des instits, les classes sont trop nombreuses (30-35 élèves), ils mettent ensemble différentes classes d'âge. »

 

(Article original publié le 4 mai 2012)

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