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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Sarkozy et Hollande présentent une politique de droite lors du débat de la présidentielle

Par Alex Lantier et Johannes Stern
4 mai 2012

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Le président conservateur, Nicolas Sarkozy, et son adversaire du Parti socialiste (PS), Françoise Hollande, se sont opposés mercredi soir lors d'un unique débat télévisé avant le second tour de l'élection le 6 mai. Quelque 18 millions de téléspectateurs auraient suivi l'événement.

Dans un débat confus et argumentatif, Hollande et Sarkozy ont tous deux cherché à gagner le soutien de l'élite financière sur la base d'un programme de coupes sociales, de racisme anti-immigration et de poursuite des guerres impérialistes. Hollande notamment a lancé une diatribe droitière, anti-musulmans cherchant apparemment à gagner les voix des électeurs du Front national (FN) néo-fasciste qui a recueilli 18 pour cent des voix au premier de l'élection le 22 avril.

Ceci faisait suite à la décision de la dirigeante du FN Marine Le Pen la veille de ne pas appeler à voter Sarkozy. Elle a annoncé qu'elle voterait blanc dimanche. L'appel de Le Pen a affaibli Sarkozy qui arrive derrière Hollande avec plus ou moins 45 pour cent des voix dans la plupart des sondages.

 Hollande a mis l'accent sur son engagement à rembourser aux banques les dettes de la France et à respecter le pacte de stabilité européen qui impose des limites strictes sur les déficits budgétaires des pays de l'Union européenne (UE.) Il a appelé à des coupes budgétaires annuelles de 90 milliards d'euros et à l'indexation des augmentations de salaire non pas sur l'inflation mais sur la croissance économique très basse de la France, une mesure qui verrait le pouvoir d'achat des travailleurs grignoté par l'inflation.

Il a aussi proposé diverses mesures d'investissement et de subvention pour les entreprises, prétendant que "les choses étaient en train de changer"grâce à un rapprochement en matière de politique économique avec le directeur de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi et le gouvernement droitier de l'Espagne.

Sarkozy n'a pas réussi à défendre la politique d'austérité profondément impopulaire de son quinquennat. Au lieu de cela il a attaqué Hollande en l'avertissant que les gouvernement socio-démocrates d'autres pays de l'UE avaient fait grimper en flèche le chômage. Il a cité le premier ministre espagnol José Luis Zapatero et le premier ministre grec Giorgios Papandreou qui a dévasté le niveau de vie en Grèce avec les coupes sociales draconiennes exigées par les banques et l'UE.

Il est à noter que Hollande a répondu en prenant la défense de Papandreou, faisant porter la responsabilité de la crise grecque sur le prédécesseur conservateur de Papandreou, Costas Karamanlis. En fait les coupes que Papandreou a approuvées ont fait grimper le chômage à 22 pour cent (et à plus de 50 pour cent chez les jeunes), ont réduit les salaires de 30 pour cent et plus et conduit à une vague de suicides dans toute la Grèce.

Le fait que Hollande prenne la défense du bilan de Papandreou montre qu'à sa place Hollande aurait appliqué une politique anti-ouvrière similaire.

Les deux candidats ont fait l'éloge du rôle de la bureaucratie syndicale dans les négociations des coupes sociales avec le gouvernement. Sarkozy a dit que durant son quinquennat il "n'avait qu'une idée en tête", c'était d'éviter toute "violence." Hollande a félicité la bureaucratie syndicale d'avoir évité tout "débordement" lors des manifestations, et ajouté: "Heureusement qu'il y a les partenaires sociaux", c'est à dire des négociations entre la bureaucratie syndicale et le patronat.

Sur les questions sociales, le débat s'est surtout concentré sur l'immigration et les deux candidats se sont engagés à appliquer des attaques réactionnaires contre les droits démocratiques des immigrants. Hollande a commencé et a attaqué les gouvernements conservateurs pour avoir accepté trop d'immigrés en disant que sous le gouvernement PS seuls 150 000 immigrés par an entraient en France, contrairement aux 200 000 par an sous Sarkozy.

Sarkozy a répondu en s'engageant à réduire de moitié le nombre d'immigrants entrant en France et a accusé le PS de n'avoir pas soutenu l'interdiction de la burqa. Hollande a répondu par une diatribe vibrante de colère disant que s'il était élu, il ferait respecter l'interdiction de la burqa et l'interdiction antérieure du voile islamique dans les établissements scolaires, qu'il n'autoriserait pas des heures d'ouverture spéciales pour les femmes dans les piscines et qu'il ne "tolèrerait" pas que l'on serve de la viande halal dans les cantines scolaires françaises.

Cette déclaration remarquable, qui foule aux pieds le principe de la neutralité de l'Etat en matière de religion, signifie que les élèves musulmans n'auraient pas le droit de manger de la viande à la cantine. Cela montre que l'élection d'un gouvernement PS n'améliorerait pas mais aggraverait le traitement raciste des immigrés en France.

L'une des caractéristiques les plus remarquables de tout le débat a été la quasi absence des questions de politique étrangère auxquelles on n'a accordé que 10 minutes d'attention durant le débat de deux heures et demi. Il n'y a eu aucune mention de la guerre contre la Libye de l'an dernier, ni des préparatifs actuels de guerre contre la Syrie et l'Iran.

Après son élection en 2007, Sarkozy avait immédiatement cherché à aligner la France plus étroitement au militarisme américain, en rejoignant l'OTAN en 2009. Sarkozy avait participé aux efforts diplomatiques déployés en faveur d'une guerre de l'OTAN visant à évincer et assassiner le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui a été remplacé par un régime soumis à l'occident; les chasseurs bombardiers français ont joué un rôle majeur dans ce conflit. La guerre de l'OTAN a tué des dizaines de milliers de Libyens et a dévasté des villes entières.

Avec les menaces de guerre contre la Syrie et les menaces contre l'Iran, la France est maintenant impliquée dans la préparation d'un crime plus important encore. Une guerre contre la Syrie mettrait en danger la vie de millions de personnes et pourrait déclencher un conflit plus grand de par le Moyen-Orient, voire même un conflit entre les grandes puissances mondiales.

Sarkozy et Hollande soutiennent tous deux les guerres françaises et le fait que ces questions n'aient même pas été mentionnées dans le débat, en souligne le caractère frauduleux. Bien que la population soit contre ces guerres de la classe dirigeante française, les questions fondamentales de politique étrangère n'ont pas été à l'ordre du jour durant toute la campagne électorale.

Mais les quelques remarques de politique étrangère des candidats ont néanmoins révélé leur politique favorable au militarisme. Tous deux ont fait l'éloge du rôle de l'armée française en Afghanistan. Hollande s'est engagé à retirer les troupes françaises en 2012 s'il est élu, tandis que Sarkozy a insisté sur le fait que les soldats français n'ont pas encore achevé leur mission et qu'il leur faudrait rester jusqu'en 2013.

En ce qui concerne ce que Hollande a qualifié de "situation instable" en Afrique sub saharienne, les candidats ont clairement fait comprendre qu'il est nécessaire que la France joue un rôle majeur dans la région. Sarkozy a déclaré que "La France, en tant qu'anciennne puissance coloniale ne peut intervenir mais doit travailler avec les puissances régionales" pour intervenir indirectement.

Ce débat télévisé a souligné le fait que la classe ouvrière n'est pas représentée politiquement  dans l'establishment politique réactionnaire et schlérosé, qui ne peut que présenter des candidats de l'austérité et de la guerre qui défendent les intérêts de la classe dirigeante. Les travailleurs doivent se préparer à des luttes acharnées contre le gouvernement à venir et les intérêts de classes qu'il représente.

(Article original publié le 3 mai 2012)

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