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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les élections grecques: les travailleurs n'ont pas voix au chapitre

Par Christoph Dreier
1er mai 2012

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Un nombre record de partis encore jamais atteint depuis la fin de la dictature militaire en 1974 participera aux élections grecques du 6 mai. La semaine passée, la Cour suprême a décidé que 32 des 36 organisations enregistrées étaient autorisées à y participer. Mais, malgré le grand nombre de partis inscrits, les travailleurs n'ont pas voix au chapitre dans cette élection.

La semaine passée, le président de la Commission européenne Barroso a annoncé le programme que l'UE envisage d'imposer au prochain gouvernement grec. Cette « Communication sur la croissance et l'emploi » requiert non seulement des coupes budgétaires additionnelles mais aussi une privatisation extensive affectant des secteurs telles les compagnies d'électricité ainsi que la libéralisation des marchés. De plus, Barroso a annoncé des réductions de salaire d'au moins 15 pour cent à imposer d'ici 2014 par le gouvernement, dans le secteur privé.

Les attaques précédentes perpétrées contre la classe ouvrière et qui ont résulté en une réduction drastique allant jusqu'à 65 pour cent des salaires réels, à un taux de chômage officiel de plus de 50 pour cent pour les jeunes et à de longues queues devant la soupe populaire ont été directement ordonnées et organisées par la troïka de l'UE, le FMI et la Banque centrale européenne.

Lorsque le gouvernement social-démocrate PASOK de George Papandreou avait eu de plus en plus de difficulté à imposer ces attaques, il avait été carrément remplacé par le gouvernement « technocrate » de l'ancien vice-président de la BCE, Loukas Papadimos. Même la date de l'actuelle élection a été fixée sur ordre de la troïka.

Dans ces conditions, les droits sociaux des travailleurs ne peuvent être défendus que par une lutte contre les institutions communautaires et l'élite dirigeante en Grèce. Mais, pas un seul des partis se présentant aux élections ne préconise une telle perspective indépendante, de la classe ouvrière. Ils parlent tous au nom de l'une ou de l'autre section de la bourgeoisie grecque et se querellent tout au plus pour savoir comment au mieux appliquer les attaques contre la classe ouvrière.

En plus du PASOK et du parti conservateur Nouvelle Démocratie (Nea Dimokratia, ND) qui à eux deux forment l'actuel gouvernement, participe à ces élections la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA). Cette dernière le fait sous la bannière du « Front social uni » en alliance avec les anciens députés de PASOK qui pendant longtemps ont soutenu les mesures d'austérité en ne se prononçant que très tardivement contre elles - une fois que leurs propres voix avaient perdu toute importance.

Dans son manifeste électoral, l'alliance s'oppose à de nouvelles coupes dans les dépenses sociales en promettant de revenir sur les réductions faites à ce jour. Parallèlement à ceci toutefois, elle défend l'adhésion de la Grèce à l'UE et à la zone euro et, de ce fait, donc aux dictats de ces institutions. L'alliance dit que le fardeau de la dette grecque ne devrait pas être effacé mais seulement renégocié. Dans ces conditions, toute promesse de révoquer les attaques sociales ne sont que paroles en l'air.

Il devient évident que SYRIZA tient à jouer le rôle joué précédemment par PASOK aux dernières élections. A l'époque, PASOK avait fait campagne en faveur d'une augmentation des dépenses sociales pour se servir ensuite de ses lien étroits avec les syndicats pour imposer les coupes sociales inédites de toute son histoire et que la Grèce ne cesse d'endurer depuis trois ans.

C'est ce que montre non seulement l'alliance avec les députés de PASOK mais aussi les nombreuses propositions faites à la Gauche démocratique (DIMAR) en vue de la formation d'une coalition de l'ensemble de la « gauche. » Il y a deux ans, DIMAR avait fait scission d'avec SYRIZA et tente depuis de former une coalition avec PASOK. L'objectif de ce parti est de défendre à tout prix l'adhésion de la Grèce à la zone euro - autrement dit, de poursuivre la contre-révolution sociale.

Le président de SYRIZA, Alexis Tsipras, a dit dernièrement que son parti allait également former une coalition avec certaines sections du parti nationaliste droitier « Grecs indépendants » dans le but de garantir une majorité gouvernementale.

Le Parti communiste de Grèce (KKE) joue un rôle particulier. Lors de la campagne, le KKE a dit à maintes reprises qu'il ne participerait à aucune coalition gouvernementale. Il fait campagne en formulant des revendications très radicales tel le retrait de l'UE, l'annulation de la dette gouvernementale et même la nationalisation des banques et des grandes entreprises.

En réalité, ces revendications ne servent qu'à répondre à la colère des travailleurs pour les canaliser dans une impasse sûre. Selon le secrétaire du KKE, le général Aleka Papariga, une révolution sociale en Grèce n'est pas à l'ordre du jour. Dans ces circonstances, un appel correct au retrait de l'UE se voit transformé en une perspective nationaliste réactionnaire pour la réintroduction de la drachme sur une base capitaliste.

Alors que le KKE attaque les deux principales fédérations syndicales pour leur collaboration avec le gouvernement, il cherche à empêcher que les travailleurs se libèrent de la camisole de force syndicale.

Ceci s'est vu ces dernières années lorsque les syndicats ont organisé une série de grèves générales inefficaces de 24 heures. Le KKE n'a pas repris la revendication exprimée par de nombreux travailleurs d'étendre la grève mais a réclamé des grèves isolées et temporaires. Son personnel de sécurité a contribué à ce que les manifestants défilent correctement regroupés dans les rues d'Athènes. Arrivés sur la place centrale Syntagma, le personnel de sécurité s'est alors posté devant le parlement dans le but de protéger l'institution face aux travailleurs en colère.

Hormis, DIMAR, le KKE et SYRIZA, d'autres groupes plus petits sont inscrits sur les listes électorales et qui gravitent depuis des décennies autour de ces partis et des syndicats. Le groupe le plus important est Antarsya dans lequel on trouve des pablistes, des capitalistes d'Etat, des maoïstes et des groupuscules issus du KKE. De par leur discours radical sur la « révolution » et une « rupture avec le capitalisme, » ils constituent une caution de gauche pour un éventuel gouvernement SYRIZA. Une « action conjointe » entre SYRIZA et le KKE est présentée dans leur manifeste électoral comme l'un des principaux objectifs à atteindre.

Compte tenu de la faillite totale des organisations pseudo-gauches et des syndicats ainsi que du manque d'une alternative progressiste sérieuse, les partis de l'extrême-droite agissent de plus en plus ouvertement. Il est également pronostiqué qu'en plus des Grecs indépendants et du parti d'extrême-droite LAOS, le parti ouvertement fasciste l'« Aube dorée » fasse son entrée au parlement.

Les partis dirigeants actuels, le PASOK et Nouvelle démocratie (ND), qui dans les sondages ont chuté de 77,4 pour cent à 40 pour cent, se préparent déjà à inviter ces partis d'extrême-droite à participer au gouvernement. Le LAOS avait même fait partie pendant un temps de l'actuelle coalition gouvernementale. Le PASOK et ND recourent à une démagogie droitière identique et organisent la chasse aux sorcières contre les immigrés clandestins. Il ne fait aucun doute que ces partis sont prêts à imposer avec brutalité à l'encontre de la classe ouvrière les coupes supplémentaires exigées par l'UE.

Pour contrer de telles mesures dictatoriales et pour défendre leurs droits sociaux, les travailleurs grecs doivent rejeter les partis de « gauche » et les syndicats. Ils ont besoin d'un parti révolutionnaire internationaliste qui s'oppose à l'élite dirigeante en Grèce et aux institutions européennes, et qui unisse tous les travailleurs d'Europe sur la base de la perspective des Etats socialistes unis d'Europe.

(Article original paru le 28 avril 2012)

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