our
manifester leur opposition à la catastrophe économique créée par les
soi-disant plans de sauvetage que ces partis ont négociés avec l’Union
européenne (UE). L’économie de la Grèce s'est contractée de plus de 20 pour
cent depuis 2009, enregistrant le plus grand effondrement depuis
l’occupation du pays par les nazis durant la Deuxième Guerre mondiale.
Les travailleurs veulent récupérer les salaires et
les services sociaux que l’UE leur a volés et détruire la dictature des
banquiers qui est supervisée par la « troïka » - l’UE, le Fonds monétaire
international (FMI) et la Banque centrale européenne (BCE).
SYRIZA a réagi à la colère grandissante en
critiquant la politique d’austérité de l’UE. Avant son récent voyage à Paris
et à Berlin, le dirigeant de SYRIZA, Alexis Tsipras, a toutefois dit aux
politiciens et aux journalistes de ne pas prêter attention à ces
déclarations.
En soulignant, dans une interview accordée à
Reuters, que « ce qui se dit sur nous en Europe ne correspond pas à ce que
nous sommes et à ce que nous voulons, » il a promis des « réformes sur le
long terme ». Sur la base de ses réformes, Tsipras escompte préserver
l’unité de l’UE et de l’euro en garantissant aux banques de leur
« rembourser l’argent qu’[elles] nous ont donné. »
Tsipras a omis de mentionner le fait que les
banques sont remboursées grâce à un abaissement massif du niveau de vie de
la classe ouvrière. Sa tentative de lier la critique de l’austérité au
soutien du cadre de l’UE s’est rapidement révélée être intenable. Son
attitude de politicien « radical de gauche », grâce à laquelle SYRIZA espère
obtenir 28 pour cent des voix, n’a même pas duré de temps qu’il lui fallait
pour boucler ses valises avant de se rendre à Berlin.
La tentative de SYRIZA de parvenir à un meilleur
accord avec les classes dirigeantes européennes a été réduit à un effort
pour introduire des changements cosmétiques aux mesures d’austérité imposées
aux travailleurs. En ceci, Tsipras représente les couches de la classe
moyenne supérieure grecque et de la bourgeoisie. Il en appelle aux sections
de la bourgeoisie européenne, y compris le président français nouvellement
élu, François Hollande, qui préfère une politique d’austérité telle qu’elle
est conçue par les Etats-Unis que par la chancelière allemande, Angela
Merkel.
Tsipras a fait l’éloge du renflouement plus
important des banques par Obama, ce qui a rendu « la récession moins sévère
qu’en Europe ». Il a dit au New Times qu’il voulait « faire pression
sur Merkel pour qu’elle suive l’exemple de l’Amérique où l’on n’a pas abordé
la crise de la dette avec des mesures d’austérité mais avec une approche
expansionniste. »
Quelle imposture! Alors que Washington a dépensé
des milliers de milliards pour renflouer Wall Street et pour les guerres
impérialistes au Moyen-Orient, la classe ouvrière américaine a été saignée à
blanc par des coupes sociales. Aux Etats-Unis, comme en Grèce, l’accès aux
soins de santé et à l’éducation est drastiquement réduit, des millions de
gens sont sans emploi et le taux de chômage des jeunes dans les principales
villes américaines telles Washington DC et Detroit correspond au même taux
de 50 pour cent qu’en Grèce.
La classe ouvrière fait face à une lutte non pas
contre tel ou tel politicien impérialiste individuel mais contre un ordre
social – le capitalisme – qui a fait faillite dans le monde entier.
En Europe, ceci est lié à une lutte internationale
pour renverser l’Union européenne, un repaire de brigands dans lequel les
politiciens impérialistes – de droite ou, comme Tsipras, de la « gauche »
bourgeoise – bricolent des plans pour attaquer le prolétariat à une échelle
jamais vue depuis que Hitler a gouverné l’Europe. Les travailleurs doivent
rejeter tout appel au sacrifice au nom du sauvetage de cette institution
réactionnaire.
Dans les luttes de classe à venir, le parti SYRIZA
affrontera les travailleurs comme son ennemi. Son objectif, qu’il soit au
pouvoir ou non, est de contenir l’opposition populaire à la politique
d’austérité et de maintenir la domination politique du capital financier sur
la classe ouvrière. Si la classe dirigeante grecque permettait à SYRIZA de
prendre le pouvoir, dans une tentative de parer à la radicalisation de la
population, ceci se soldera par de nouvelles déceptions et défaites pour la
classe ouvrière.
De nombreux alliés internationaux de SYRIZA, tel
le parti allemand Die Linke et le Parti communiste français (PCF), ont un
long passé de coupes sociales dans des gouvernements locaux ou nationaux.
Quant aux autres partis qui se félicitent de la montée de SYRIZA dans les
sondages, tel le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) en France et
l’International Socialiste Organisation (ISO) aux Etats-Unis, eux aussi sont
issus de couches sociales aisées qui espèrent tirer un profit matériel de
leurs liens avec des gouvernements qui attaquent les travailleurs.
La vérité sur la base de classe de ces partis et
l’imposture que représente leur attitude soi-disant de gauche sera révélée
au grand jour. Ils ne sont ni socialistes ni révolutionnaires ni même
réformistes. Leur politique propose non pas une amélioration mais une
régression du niveau de vie de la classe ouvrière.
La seule façon pour les travailleurs grecs de
s’opposer aux exigences qui leur sont imposées est d’en appeler à la classe
ouvrière d'Europe occidentale et au-delà en faveur d’une lutte commune
contre la dictature du capital – cela veut dire adopter une politique
révolutionnaire. L’unique perspective viable est la lutte pour le socialisme
en s'emparant du pouvoir de l’Etat et en arrachant le contrôle de l’économie
des mains des capitalistes.
Les travailleurs et les jeunes à l’esprit
socialiste doivent lutter pour briser l’influence des partis de
pseudo-gauche et construire une direction socialiste au sein de la classe
ouvrière fondée sur les traditions du trotskysme tel qu’il est défendu par
le Comité international de la Quatrième Internationale. La tâche historique
des luttes à venir en Grèce est le renversement de l’Union européenne et la
construction des Etats socialistes unis d’Europe en tant que partie
intégrante de la révolution socialiste mondiale.
(Article original paru le 24 mai 2012)