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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

L'Union européenne et la Grèce

Par Peter Schwarz
7 mars 2012

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Il faut revenir à des dictatures militaro-fascistes comme celle du régime Pinochet au Chili pour retrouver l'équivalent des attaques perpétrées actuellement par l'Union européenne contre la population laborieuse en Grèce. Avec un zèle sadique, les commissaires de Bruxelles font dépendre chaque nouveau plan financier de nouvelles exigences de destruction des moyens d'existence des travailleurs grecs, transformant ainsi, sur ordre de Berlin, Paris et Londres, leur vie en véritable enfer.

Les événements qui se déroulent en Grèce révèlent le véritable caractère de l'Union européenne. Ce n'est pas un moyen pour obtenir une unité authentique mais bien plutôt un instrument pour soumettre l'ensemble de l'Europe à la dictature du capital financier.

Les institutions de l'UE bafouent les principes démocratiques. Des commissaires non élus, n'ayant de comptes à rendre à personne, décident du sort de pays entiers. Les décisions du Conseil européen sont régulièrement entérinées sur la base de compromis signés entre la chancelière Angela Merkel et le président français, Nicolas Sarkozy, les dirigeants des deux Etats-membres les plus forts de l'UE. Le parlement européen, qui ne décide rien, ne sert que de caution pseudo-démocratique.

Depuis sa mise en place, il y a deux décennies, l'UE a systématiquement fait reculer le progrès social en Europe. Au lieu d'unir le continent, l'euro a augmenté encore plus l'influence des pays économiquement forts, avant tout l'Allemagne, par rapport aux nations plus faibles.

En Europe de l'Est, l'UE a supervisé la destruction des systèmes d'éducation, de santé et de protection sociale. Elle a favorisé la croissance d'une élite corrompue qui s'est enrichie grâce à la privatisation des biens publics et des subventions communautaires. Pour la grande majorité de la population, l'entrée à l'UE est devenue un cauchemar.

On a longtemps prétendu que le déclin social en Europe de l'Est n'était qu'une phase transitoire. Que ces pays auraient hérité des anciens régimes staliniens des économies défaillantes mais qu'ils passaient par une préparation en vue d'un avenir florissant.

Le sort de la Grèce montre que le déclin social en Europe de l'Est n'est pas une exception, mais la règle pour toute l'Europe.

Le but des soi-disant « plans d'aide » pour lesquels la population grecque doit saigner n'est pas pour aider les gens mais pour enrichir les banques, les fonds spéculatifs et les spéculateurs.

Pour de nombreux experts et responsables, la faillite de la Grèce était prévue d'avance. Selon Spiegel Online, ces derniers reconnaissent en privé : « Bien sûr, les 130 milliards [d'euros] ne résoudront pas le problème. Il s'agit seulement de gagner du temps. Du temps, jusqu'à ce que les marchés financiers se soient stabilisés pour faire face à la faillite de la Grèce sans entraîner une réaction en chaîne. »

Sur les 130 milliards d'euros approuvés lundi par les ministres des Finances européens, 30 milliards d'euros iront directement sur les comptes des banques créancières pour garantir le remboursement (intérêts compris) d'une part de leurs prêts à la Grèce que celles-ci avaient déjà passés en perte irrécouvrable. Le reste de l'argent est placé sur compte bloqué afin de s'assurer qu'il servira à rembourser les dettes et pas le financement des dépenses essentielles du gouvernement,

La colère contre les dictats de l'UE grandit non seulement en Grèce mais aussi au Portugal, en Espagne et en Irlande qui ont également été ciblés par les marchés financiers. Des centaines de milliers de personnes y sont descendues dans les rues au cours de ces derniers jours.

Il devient de plus en plus évident que la classe ouvrière ne peut défendre aucun des droits sociaux ou démocratiques sans une rupture avec l'Union européenne.

Certaines forces politiques nationalistes, tant au sein qu'en dehors de la Grèce, réclament un retrait de l'UE. Elles le font sur une base pro-capitaliste qui résultera à la fois en un appauvrissement accru de la classe ouvrière et en une plus grande balkanisation de l'Europe. La classe ouvrière ne doit pas permettre que l'opposition populaire contre l'UE tombe sous la coupe de telles forces.

Ce sont avant tout ces forces - qu'elles soient de droite ou se disant de « gauche » - qui recourent au nationalisme pour canaliser la classe ouvrière derrière la classe dirigeante de chaque pays en bloquant l'émergence d'un mouvement indépendant de la classe ouvrière et l'unification des luttes de la classe ouvrière à travers l'Europe.

Un capitalisme grec autarcique n'est pas viable. Le pays resterait à la merci des marchés financiers internationaux, tout à l'exemple de la Macédoine, du Monténégro, de la Serbie, du Kosovo et d'autres petits Etats sortis de l'éclatement de la Yougoslavie.

Certains porte-parole du capital international préconisent un tel développement. Le président de l'Institut allemand pour la recherche économique IFO, Hans-Werner Sinn, estime que la sortie de la Grèce du groupe euro et la dévaluation de sa monnaie pourrait entraîner une nouvelle réduction des niveaux de vie des travailleurs grecs de 30 pour cent tout en évitant une nouvelle réduction directe des salaires qui, prévient-il, conduirait le pays « au bord de la guerre civile. »

Ceci souligne la nécessité des travailleurs grecs de lutter pour un retrait de l'UE sur la base d'un programme socialiste révolutionnaire et internationaliste. Le rejet des dictats de l'UE par les travailleurs grecs fournirait une puissante impulsion aux travailleurs en Allemagne, en France, en Italie, en Grande-Bretagne, en Espagne, au Portugal et internationalement - qui sont les véritables alliés de la classe ouvrière grecque. Ceci réunirait les travailleurs européens dans une lutte commune contre la rigueur, le chômage et les attaques contre les droits démocratiques.

Les élites dirigeantes en Europe et en Grèce sont en train de planifier la faillite nationale de la Grèce et les conflits sociaux qui s'ensuivront inévitablement. D'un côté, ils envisagent de faire entrer au gouvernement des organisations pseudo-gauches comme la Gauche démocratique, SYRIZA et le Parti communiste stalinien (KKE). Un tel gouvernement de « gauche » aurait pour tâche de contenir et de dissiper toute offensive lancée par la classe ouvrière tout en gardant intact l'appareil d'Etat jusqu'à ce que la classe dirigeante soit prête à une contre-offensive.

Parallèlement, des préparatifs sont en cours pour imposer des formes dictatoriales de gouvernement, comme celui imposé par l'armée grecque entre 1967 et 1974. Au sein de l'OTAN, les généraux grecs travaillent en étroite collaboration avec les officiers américains, britanniques et allemands. La plus grande alliance militaire mondiale a pendant longtemps soutenu les dictatures militaires dans ses rangs. Le Portugal fasciste fut un membre fondateur de l'OTAN en 1949, et l'alliance menée par les Etats-Unis a collaboré étroitement avec Franco en Espagne. La Grèce et la Turquie, où les généraux ont fomenté des coups d'Etat à trois reprises, y ont adhéré en 1952.

La classe ouvrière grecque ne peut éviter la pauvreté de masse et la dictature qu'en résistant non seulement à l'UE mais aussi à la bourgeoisie grecque et à son Etat. Les travailleurs grecs doivent lutter pour la mise en place d'un gouvernement ouvrier. Un tel gouvernement exproprierait les grandes fortunes, les banques et les grands groupes en réorganisant l'économie sur une base socialiste pour le bénéfice de la société en général au lieu des intérêts de profit de l'aristocratie financière.

Les travailleurs doivent rompre avec les syndicats et tous les partis politiques qui cherchent à les lier à l'UE et aux capitalistes grecs. Ils doivent former des comités d'action sur les lieux de travail et dans les quartiers en se chargeant de l'organisation de la vie quotidienne, pour préparer la lutte contre les mesures d'austérité et pour organiser des actions défensives contre les attaques des fascistes et de l'armée.

De tels comités d'action doivent coordonner leur lutte au niveau national en établissant des contacts avec les travailleurs en Allemagne, en France, en Espagne, au Portugal et dans d'autres pays européens dans le but de renverser l'UE et de la remplacer par les Etats socialistes unis d'Europe.

La question la plus urgente est celle de la direction révolutionnaire. Une nouvelle direction doit être construite sur la base d'une lutte pour l'unité internationale et de l'indépendance politique de la classe ouvrière et de lutte pour le socialisme. Les travailleurs en Grèce et partout en Europe devraient prendre la décision de mettre en place cette direction en construisant une section du Comité International de la Quatrième Internationale dans chaque pays.

 (Article original paru le 23 février 2012)

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