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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le chômage et les baisses de salaires détruisent le niveau de vie de millions de Grecs

Par nos correspondants
24 mars 2012

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Les slogans qui figurent sur les affiches collées aux vitres de l'agence pour l'emploi dans le quartier Neos Kosmos d'Athènes dénoncent les mesures d'austérité imposées par le gouvernement non élu de Lucas Papademos. L'une d'entre elles a été apposée par les employés de l'agence pour l'emploi. Une autre, apposée par les membres du syndicat des médecins revendique des soins de santé gratuits pour tous.

Une feuille de papier collée sur la porte dit que l'allocation chômage de base est passée de 460 euros par mois à 360 euros. C'est le montant total des prestations que perçoit de l'Etat une personne au chômage.

Le directeur du bureau a dit au World Socialist Web Site que le nombre de chômeurs avait considérablement augmenté dans le quartier mais il n'a pas voulu fournir de chiffres concrets, expliquant avoir reçu des instructions dans ce sens.

Les jeunes qui arrivaient pour s'inscrire au chômage étaient visiblement en colère. Une femme nous a dit, « C'est terrible comme situation. Je veux tout juste vous dire une chose, c'est que les politiciens mentent tout simplement. Ils mentent tous. »

L'une des principales caractéristiques de la récession en Grèce, qui est maintenant dans sa cinquième année, c'est l'énorme augmentation du chômage des jeunes. Il y a maintenant davantage de jeunes qui sont au chômage que de jeunes ayant un emploi, 51,1 pour cent des jeunes sont sans emploi.

Le Dr Kostas Dimoulas, maître de conférences en sociologie du travail à l'université Panteion, a dit au WSWS que même ce chiffre était une sous-estimation. Les chiffres véritables sont de l'ordre de 60 pour cent. Dimoulas est conseiller expert pour l'Institut du travail de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE).

Plus d'un million de gens sont à présent au chômage. En décembre 2011, le taux se situait à 21 pour cent, contre 14,8 pour cent le même mois en 2010.

Dimoulas prévoit une hausse massive cette année, disant que d'ici la fin de 2012, le chômage aura vraisemblablement augmenté d'au moins 300.000 pour atteindre 24 pour cent. « La plupart des entreprises recourent déjà à la nouvelle loi qui permet aux employeurs de licencier 5 pour cent de leur personnel par mois, » a-t-il dit.


Dimitra

Dimitra, 20 ans, nous a dit à l'agence pour l'emploi qu'elle avait l'habitude de travailler pour un salaire bas. Elle a travaillé pendant des années dans un centre d'appel pour 700 euros par mois par ce qu'elle ne pouvait rien trouver d'autre dans sa profession, à savoir le secteur agricole. Elle a été licenciée il y a un ans.

En Grèce, les allocations chômage sont strictement limitées à 12 mois. « Ce mois-ci, je reçois mon dernier versement de l'assurance chômage, » a dit Dimitra. « Heureusement pour les six prochains mois, j'ai pu trouver un emploi intérimaire dans un hôtel à Crète. »

Elle veut quitter la Grèce à la fin de son contrat pour trouver un emploi.

Charilaus, 65 ans, est un ancien cuisinier d'hôtel. Il n'arrive pas à trouver du travail. Au cours de son dernier emploi, il avait travaillé comme intérimaire pendant un an. Dans un an, il espère bénéficier de sa retraite d'Etat. « J'espère recevoir 500 euros par mois, mais je ne le pense pas, vu qu'il y aura des coupes en juin, » a-t-il dit.


Charilaus

Charilaus est père de trois enfants et a cinq petits-enfants. Il a parfois été obligé de demander de l'argent à ses enfants pour acheter de la nourriture et des vêtements mais « ils n'en ont pas assez non plus, » a-t-il dit. L'une de ses filles est professeur mais est incapable de trouver du travail. « C'est dur lorsque vous n'avez même pas quelques euros pour acheter du chocolat à vos petits-enfants. Dans le même temps, il y a dix riches familles en Grèce qui vivent à nos dépens. »

Le chômage affecte aussi des sections de la classe moyenne. Irène est mariée et a une fille. Elle avait précédemment travaillé à son propre compte en gestion d'événements. Au cours de ces deux dernières années, elle n'a guère eu de contrats. Elle a essayé de gérer la situation pendant un an sans s'inscrire au chômage mais a dû le faire pour percevoir des allocations pendant ces quatre derniers mois.

Lorsque son affaire allait bien, elle gagnait jusqu'à 3.000 euros par mois. Son mari, journaliste à la télévision, a eu des baisses de salaire tous les deux ou trois mois. Son salaire a été réduit de 1.500 euros par mois et est passé à tout juste 2.000 euros. « Nous ne savons pas comment rembourser les prêts de notre maison, » a-t-elle dit. « Nous avons déjà dû considérablement réduire nos dépenses. »


Irene

Elle a poursuivi en disant: « On peut dire qu'au moins une personne par famille est au chômage et d'autres membres de la famille ont eu d'importantes réductions de salaire. L'année prochaine sera même encore plus difficile. »

« C'est maintenant tout à fait courant pour les entreprises de réduire le nombre de jours de travail à quatre par semaine et de réduire les salaires en conséquence, » a dit le Dr Dimoulas. « Les employeurs utilisent le taux de chômage élevé pour faire accepter des salaires bas. »

Un demi-million de travailleurs ne reçoivent pas leur plein salaire et de nombreux employeurs retardent le versement des salaires durant des mois et ce carrément jusqu'au moment de licencier les travailleurs. Jusqu'à 25 pour cent des salariés grecs ont des contrats de travail à temps partiel et payés en conséquence, mais travaillant à plein temps.

Zana, qui élève seule ses enfants, est venue en Grèce il y a 20 ans de l'Albanie dans l'espoir d'une vie meilleure. Elle a eu deux enfants dans son pays d'adoption, 14 et 18 ans. Elle avait travaillé précédemment comme femme de ménage mais a été licenciée. « Je gagne maintenant tout juste 360 euros et je dois payer 250 euros de loyer et 100 euros pour l'électricité et le gaz, » a-t-elle dit. « Je suis obligée de demander de l'argent à des proches pour pouvoir nourrir mes enfants. »

Après avoir travaillé 13 ans comme technicien informatique, Takis a été licencié il y deux mois. Son employeur a réduit de 10 pour cent ses effectifs. Takis était payé 1.000 euros par mois et maintenant il ne reçoit plus que 360 euros. Sa femme travaille à l'aéroport d'Athènes et gagne tout juste 900 euros par mois après une réduction de 10 pour cent de son salaire. Ils ont une fille de deux ans. « La vie est en train de devenir de plus en plus difficile, » a-t-il dit.

Au cours de ces trois dernières années, il a participé à de nombreuses manifestations contre le gouvernement. « Les riches se sont servis de la crise pour recevoir encore plus d'argent et pour exploiter les pauvres, » a-t-il dit.

Takis était sceptique au sujet à la fois des syndicats et des partis de pseudo-gauche en Grèce, tels SYRIZA (la coalition de la gauche radicale). « Les grèves et les manifestations sont dirigées par les partis de gauche, mais ils ne veulent pas réellement changer les choses, » a-t-il dit. « Les gens devraient s'organiser indépendamment – pas seulement en Grèce, mais partout en Europe. La Grèce n'est qu'un terrain d'expérimentation pour l'application de mesures identiques dans tous les autres pays européens.

Dans un article publié cette semaine par le quotidien Ta Nea, Robolis Savvas, professeur de politique économique et sociale à l'université Panteion et directeur de l'Institut du travail du GSEE estime que les salaires baisseront de 40 pour cent d'ici 2015.

Le Dr Dimoulas a dit que des négociations sont actuellement en cours entre le gouvernement grec, le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, et des entreprises allemandes pour la mise en place de « zones d'économie spéciales » dans le Nord de la Grèce où le chômage est particulièrement élevé. Une réduction du taux d'imposition des sociétés de 20 à 2 pour cent est envisagée dans ces zones de même qu'un salaire minimum d'à peine 300 euros.

(Article original paru le 17 mars 2012)

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