La poussée vers un Etat policier
américain qui avait débuté sous George W. Bush est en train de s'accélérer sous
son successeur démocrate. Le gouvernement Obama fait actuellement valoir le
droit de tuer ou d'emprisonner quiconque est désigné par le président comme
étant une menace à la sécurité nationale américaine. Obama et ses conseillers
juridiques déclarent que ceci est un pouvoir absolu de l'exécutif, échappant au
contrôle de tout tribunal ou du Congrès.
Le 5 mars à l'université Northwestern de
Chicago spécialisée en droit, le procureur général d'Obama, Eric Holder, a
défendu la doctrine des assassinats dans un discours où il a présenté le
fondement légal de l'assassinat d'Anwar al-Awlaki, le citoyen américain qui fut
brûlé en septembre dernier au Yémen par un missile tiré à partir d'un drone
contrôlé par la CIA.
Selon Holder, la résolution du Congrès,
adoptée immédiatement après les attentats terroristes du 11 septembre 2001,
confère au président, en sa qualité de commandant en chef, un pouvoir permanent
d'ordonner des assassinats d'Etat extrajudiciaires entièrement et uniquement à
sa discrétionet sans même le besoin d'un prétexte ni même de toute
autre forme de contrôle judiciaire.
Ce discours a fait l'affirmation
extraordinaire que le droit à la « procédure légale régulière »,
garanti à tous les Américains en vertu du Cinquième amendement, ne signifie pas
un « processus juridique. » Ceci veut dire que la détermination du
président à ce qu'un citoyen américain puisse être tué - n'importe où, y
compris aux Etats-Unis mêmes - répond aux critères de la Constitution.
Le discours du procureur général a été
grandement ignoré par les médias de masse et, le lendemain, lors de la
conférence de presse d'Obama pas un seul journaliste ne lui a posé la moindre
question sur cette nouvelle doctrine du droit présidentiel au meurtre. Ceci ne
fait que montrer l'extrême érosion qui s'est produite au cours de ces dernières
décennies dans la conscience démocratique de la classe dirigeante américaine,
depuis les élections présidentielles volées de 2000. Il n'existe pas de groupe
significatif qui défende les droits démocratiques dans quelque section que ce
soit de l'élite dirigeante américaine, démocrate ou républicaine.
Le discours de Holder fait suite au décret
d'Obama du 28 février faisant officiellement entrer en vigueur les dispositions
de la National Defense Authorization Act de 2011. Cette loi confère au
président le pouvoir d'interpeller aux Etats-Unis toute personne, citoyen
américain ou non, et de les emprisonner indéfiniment sans jugement.
Alors que ce décret prétend
ostensiblement lever le pouvoir de détenir indéfiniment des citoyens
américains, ce n'est en fait qu'une fraude cynique de la part du gouvernement.
La loi subsiste et peut être appliquée à tout moment.
Holder a été désigné comme l'agent du
président pour prendre des décisions quotidiennes sur le sort des non-citoyens
qui sont capturés en tant que suspects dans le cadre de la « guerre contre
le terrorisme. » Il est en mesure d'ordonner que les personnes arrêtées
soient placées en garde à vue militaire où leur détention échapperait au
contrôle d'un juge ou qu'elles soient transférées à un système judiciaire civil
où elles seraient jugées par une cour fédérale.
Finalement, Obama a promulgué jeudi la
loi HR 347, un projet de loi qui élargit considérablement les lois
antidémocratiques existantes interdisant les protestations et la désobéissance
civile à la Maison Blanche ou en tout autre endroit où se rendent le président,
le vice-président ou d'autres responsables en vertu de la protection des
services secrets. Ceci comprend trois des quatre candidats présidentiels
républicains restants, Mitt Romney, Rick Santorum et Newt Gringich.
L'interdiction s'appliquerait aux
congrès et aux débats nationaux démocrates et républicains ainsi qu'aux
rassemblements lors des campagnes électorales pour les présidentielles sous
peine d'un an d'emprisonnement ou jusqu'à dix ans si les manifestants sont
jugés avoir été « violents. »
Le Federal Restricted Buildings and
Grounds Improvement Act de 2011 (« loi de 2011 sur les bâtiments fédéraux
et les terrains fédéraux à accès restreint ») a été adopté à 388 voix
contre 3 à la Chambre des Représentants et au Sénat sans un seul vote contre.
Les médias américains ont quasiment gardé le silence sur cette loi et le site
internet de la Maison Blanche a publié une note disant qu'Obama l'avait signée
sans y apporter d'autre commentaire.
Le démantèlement des principes
démocratiques les plus fondamentaux est la conséquence d'une croissance extrême
de l'inégalité sociale. L'aristocratie des ultra-riches requiert que le
gouvernement fonctionne de plus en plus ouvertement comme un instrument de la
dictature de classe. Durant la dernière décennie, les attaques perpétrées
contre les droits démocratiques ont été menées sous la bannière de
l'« anti-terrorisme ». Mais, la véritable cible des méthodes de
surveillance de masse, de détention sans jugement, de torture d'Etat et de
meurtre n'est pas une poignée de fondamentalistes islamistes mais la grande
masse des travailleurs.
Il est impossible pour l'élite
dirigeante d'imposer démocratiquement son programme de réduction drastique des
emplois, du niveau de vie et des services sociaux. Au lieu de cela, ce qu'on
voit émerger en Amérique c'est un « Etat de sécurité nationale »
(« national security state ») impliquant des centaines de milliers de
policiers, d'espions et de nervis, soutenus par le pouvoir militaire du
Pentagone qui commande davantage de ressources que toutes les forces militaires
du reste du monde réunies.
Le Parti de l'Egalité socialiste
(Socialist Equality Party) appelle les travailleurs à lancer une
contre-offensive pour la défense des droits démocratiques, comprenant la
fermeture de toutes les filiales des appareils d'Etat policier, du Département
de la sécurité intérieure au FBI et de la CIA, en abrogeant le Patriot Act, la
NDAA, la HR 347 et une multitude d'autres lois antidémocratiques.
La défense de la démocratie doit être
liée à la mobilisation de masse de la classe ouvrière en opposition au système
capitaliste. Le socialisme requiert l'extension la plus large des droits
démocratiques parce que cela signifie pour la première fois dans l'histoire,
que la grande majorité des gens, la classe ouvrière, exercera le pouvoir de l'Etat.
En d'autres termes ceci signifie la mise
en place d'une démocratie authentique, non seulement dans le domaine politique
mais sur les lieux de travail aussi, donnant aux travailleurs le contrôle sur
les emplois, les conditions de travail, les salaires et les prestations ainsi
que sur le processus de production en général, et l'abolition de la dictature
de la richesse du patronat.