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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Le président Sarkozy fait des appels du pied à l'électorat neofasciste

Par Antoine Lerougetel et Olivier Laurent
21 mars 2012

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Lors de son rassemblement électoral du dimanche 11 mars, le président Nicolas Sarkozy a promis d'obliger l'Union européenne à mettre fin à la libre circulation des personnes dans l'espace Schengen et à renforcer les frontières de cet espace connu sous le nom de « Forteresse Europe » contre l'immigration venue de l'extérieur de l'UE.

Déclarant que l'Europe risquait « la dislocation, » Sarkozy a dit: « Il faut une discipline commune dans les contrôles aux frontières... Si je devais constater que dans les douze mois qui viennent il n'y avait aucun progrès sérieux dans cette direction, alors la France suspendrait sa participation aux accords de Schengen jusqu'à ce que les négociations aient abouti. »

Les déclarations provocatrices de Sarkozy lors du rassemblement comprenaient aussi une attaque contre le « multiculturalisme » et le recours à des référendums pour durcir les conditions de naturalisation et de droits de séjour des immigrants. Il a aussi proposé d'obliger les chômeurs à accepter le premier emploi qui leur est proposé après une formation obligatoire.

Sarkozy renforce sa stratégie consistant à prendre des voix à la candidate du Front national neofasciste (FN) Marine Le Pen en adoptant le programme des neofascistes, dans un contexte où l'ensemble de l'élite dirigeante de France et d'Europe prend un caractère de plus en plus ouvertement fascisant.

Ceci fait suite à la déclaration télévisuelle de Sarkozy le 6 mars sur France 2, selon laquelle « Nous avons trop d'étrangers sur notre territoire. » Il a proposé de réduire drastiquement le nombre relativement peu élevé d'étrangers qui viennent en France chaque année: « Sur le quinquennat, il faut diviser par deux le nombre de gens que nous accueillons, c'est-à-dire passer de 180.000 [à] autour de 100.000. »

Il a fait comprendre qu'il avait l'intention de rendre plus difficile le regroupement familial des immigrés, y compris pour les immigrés mariés à des Français. Une autre mesure administrative appliquée depuis mai 2011 impose une interdiction formelle pour les étudiants étrangers de travailler en France une fois qu'ils ont fini leurs études.

Ces remarques montrent comment la classe dirigeante française utilise collectivement le FN pour donner le ton du débat politique, en laissant Sarkozy et le candidat du Parti socialiste (PS) François Hollande soutenir des mesures anti-immigrants d'extrême-droite. Le mois dernier, Hollande avait proposé comme « solution » à la présence en France de Roms leur internement dans des camps. (Voir: Le candidat PS à la présidentielle demande l'internement des Roms )

Sarkozy cherche à exploiter la colère populaire envers l'UE pro-patronale et réactionnaire, fonctionnant comme un outil des puissances impérialistes européennes rivales pour ruiner la classe ouvrière, pour pousser le climat politique radicalement à droite.

Adopté lors d'un meeting dans le village luxembourgeois de Schengen en 1985, l'accord de Schengen avait supprimé les contrôles de passeport et d'immigration entre les 25 pays européens signataires, mais avait jeté les bases d'attaques réactionnaires contre les droits des immigrants, notamment en provenance d'Europe de l'Est et de l'extérieur de l'UE. Dans une situation où les frontières de l'Europe sont de plus en plus militarisées afin de stopper l'immigration, quelque 1 500 personnes se sont noyées en 2011 lors de traversées de la Méditerranée pour atteindre l'Europe, selon les chiffres des Nations Unies.

Mediapart a cité Migreurop, groupe de défense des droits des immigrants: « Schengen, conçu pour faciliter la circulation, maintient en réalité mille frontières impalpables destinées à hiérarchiser les mobilités internes selon le statut (citoyen européen, étranger résident, visiteur, etc.) et les contrôles dans les zones frontalières ou sur l'ensemble du territoire demeurent une nécessité induite de cette trompeuse liberté de circuler: loin de disparaître, la coopération policière entre Etats membres devient alors un objectif majeur de l'UE, où chacun se méfie d'un possible laxisme du voisin. »

Les appels de Sarkozy à réécrire les accords de Schengen font partie d'un mouvement plus vaste de par l'Europe pour durcir la législation anti-immigrants afin de promouvoir des sentiments d'extrême-droite. Une commission européenne doit rendre, en mai prochain, un rapport sur les modifications à apporter au traité de Schengen et la commission sur les conditions de réciprocité entre l'UE et ses partenaires commerciaux, rendra son rapport ce mois-ci.

Les accords de Schengen ont déjà à maintes reprises été suspendus unilatéralement durant de brèves périodes, notamment en avril dernier. La France avait alors fermé ses frontières avec l'Italie au moment où des milliers de réfugiés tunisiens de langue française arrivés en Italie cherchaient à rejoindre la communauté de 600 000 Tunisiens vivant en France. (Voir: La France rétablit les contrôles douaniers à la frontière avec l'Italie au milieu d'un conflit concernant les migrants africains

La déclaration de Sarkozy est liée au Pacte fiscal qu'il a contribué à rédiger avec la chancelière allemande Angela Merkel et qui a été signé par 25 des 27 Etats membres de l'UE le 2 mars dernier. Ce pacte exige des gouvernements européens qu'ils imposent des coupes budgétaires significatives, ce qui place le fardeau du remboursement des dettes de l'Etat envers les banques sur les épaules de la classe ouvrière.

Comme ce pacte mine de plus en plus l'économie de la Grèce et d'une grande partie des pays du sud de l'Europe, les projets visant à rétablir des contrôles aux frontières au sein de l'Europe ont aussi un autre sens. Ces projets changeraient les Etats européens en prisons, où les travailleurs et les jeunes de pays tels la Grèce, l'Espagne et l'Irlande cherchant à quitter leur pays pour échapper au chômage et à la pauvreté seraient empêchés de le faire, comme le sont déjà leurs homologues d'Afrique du nord.

Sarkozy a été en mesure de poursuivre cette politique en grande partie du fait que la « gauche » bourgeoise et petite-bourgeoise française a soutenu sa campagne de diabolisation des immigrants et des étrangers. Jean-Christophe Cambadélis du PS a fait l'éloge de la position de Sarkozy car elle montre «que les traités européens peuvent être renégociés », une référence aux propositions de Hollande de « renégocier » le Pacte fiscal européen.

Ceci démasque aussi les groupes de « gauche » petits-bourgeois, telle la Ligue communiste révolutionnaire, précurseur du Nouveau Parti anticapitaliste, qui avaient appelé en 2002 à voter pour le candidat de droite Jacques Chirac afin de vaincre le candidat FN Jean-Marie Le Pen et empêcher le soi-disant danger d'une prise de contrôle neofasciste.

Ayant soutenu la venue au pouvoir de la droite et, en grande partie, appuyé ses attaques toujours plus dévastatrices contre les immigrants et les droits démocratiques, ils sont complices de l'adoption de mesures neofascistes par l'ensemble de l'establishment politique.

(Article original paru le 16 mars 2012)

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