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Pour une réévaluation de l'héritage de Trotsky et de sa place dans l'histoire du XXe siècle

Conférence prononcée par David North
Le 29 juin 2001

Voici le texte d'accompagnement de la conférence prononcée le 21 janvier dernier par David North, président du comité de rédaction international du WSWS et secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste des États ­Unis, à l'école internationale organisée à Sydney par le Parti de l'égalité socialiste d'Australie.

Introduction : le CIQI de 1991 à 2001

j'aimerais commencé en lisant un extrait tiré d'un article écrit par Léon Trotsky en 1923.

« Les révolutionnaires de notre époque, ne peuvent s'allier qu'à la classe ouvrière. Ils possèdent des caractéristiques psychologiques, des qualités intellectuelles et une volonté qui leur sont propres. Lorsque c'est nécessaire et possible, les révolutionnaires font voler en éclat les obstacles historiques. Mais lorsque c'est impossible, ils prennent des détours. S'ils ne peuvent prendre de détour, les révolutionnaires patientent et grugent peu à peu l'ordre établi. Ils sont révolutionnaires justement parce qu'ils ne craignent pas de détruire les obstacles ou d'employer la force. Ils comprennent la valeur historique de ces choses. Leurs efforts constants pour exercer la pleine capacité de leur travail destructeur et créatif à la fois visent à extraire de toute situation historique donnée le maximum possible permettant de faire avancer la classe révolutionnaire.

« Dans leurs activités, les révolutionnaires ne sont limités que par des obstacles externes et non internes. C'est à dire qu'ils doivent s'habituer à évaluer leur situation, la réalité matérielle et concrète de leur sphère d'activité dans ses aspects positifs et négatifs, et dresser le bilan politique correct qui s'impose ».

Pour moi, ce passage est remarquablement pertinent si l'on se penche sur la période historique que nous venons de traverser ces dix dernières années. L'année 2001 marque la fin de la décennie qui a suivi le déclenchement de la Guerre du Golfe en janvier 1991, la même année où en décembre survenait la dissolution de l'Union Soviétique. Nous savons tous que ces événements ont inauguré pour la classe ouvrière internationale une des périodes les plus difficiles de son histoire. Certes non pas comme les difficultés des années 1930 et 1940, car c'était alors une période de crise capitaliste extrême et explosive. Mais je pense qu'il serait exact de dire que la décennie passée a vu un déclin immense de la conscience politique de vastes sections de la classe ouvrière. Ce déclin est le produit de décennies de distorsion politique, de falsification et d'opportunisme incessants qui caractérisaient les politiques de toutes les vielles bureaucraties staliniennes et social-démocrates et qui ont privé la classe ouvrière d'une perspective et d'une orientation politiques révolutionnaires. Ainsi la classe ouvrière s'est-elle retrouvée mondialement non préparée pour faire face aux changements radicaux survenus dans la situation politique et la structure de l'économie mondiale qui ont exposé la banqueroute complète des programmes nationalistes des vieilles organisations qui prétendaient représenter ses intérêts.

La dernière décennie a été le théâtre d'un déclin général des luttes sociales indépendantes de la classe ouvrière. Parallèlement à ce processus, on a assisté dans le monde entier à la décrépitude et à l'éclatement des vielles organisations qui prétendaient représenter la classe ouvrière, ainsi qu'à l'effondrement quasi virtuel des organisations radicales qui, sous une forme ou une autre, prétendaient défendre et représenter une orientation révolutionnaire. Hormis notre tendance, le Comité International de la Quatrième Internationale, il est littéralement impossible d'identifier un seul parti politique de gauche qui ait été en mesure au cours de la dernière décennie d'encaisser l'impact destructeur de cette décrépitude quasi universelle.

Je ne nierai pas que les conditions de la dernière décennie ont eu une influence complexe sur nos cadres. Notre mouvement ne peut en effet s'isoler entièrement des pressions de l'environnement social et politique dans lequel il évolue. Nombre de camarades de notre mouvement comptent une dizaine d'années de plus et ont bien connu les problèmes qui s'accumulent sur les épaules des individus avec les années qui passent. Notre activité quotidienne a énormément changé.

En l'absence d'un vaste mouvement de masse duquel nos partis pourraient obtenir un soutien matériel et des appuis, il a fallut changer en profondeur certaines caractéristiques formelles de notre organisation. Dans bien des cas, des camarades qui travaillaient politiquement à plein temps pour le parti ont du chercher un emploi ou aller étudier pour gagner leur vie dans un environnement économique beaucoup plus difficile que celui du boum d'après-guerre. Entreprendre de tels changements à une étape avancée de la vie peut entraîner certainement bien des problèmes.

Mais lorsque l'histoire de notre mouvement sera écrite, je ne pense pas que cette expérience sera vue comme la principale caractéristique de notre tendance au cours de cette période. Ce qui restera plutôt, c'est le fait indéniable que les années 1990 ont vu une avance véritable du niveau politique et théorique de notre mouvement, et que c'est pendant cette décennie que le Comité International est apparu et est devenu, sous bien des aspects, le chef de file reconnu du socialisme international.

Partant de la prémisse que la théorie révolutionnaire oriente la pratique révolutionnaire, la dernière décennie aura été le théâtre d'une véritable éclosion de la théorie marxiste au sein de notre mouvement international. Cette éclosion de la théorie marxiste a rendu possible l'élaboration d'une nouvelle perspective pour notre mouvement qui a pris la forme de la transition des ligues en partis. Apprenant de l'analyse des profonds changements survenus dans la structure du capitalisme mondial et des développements technologiques, notre perspective est devenue la base pour créer une nouvelle forme d'organisation politique qui s'est exprimée par le lancement du World Socialist Web Site en février 1998.

Je n'ai pas pris connaissance des plus récentes statistiques, mais je sais que notre lectorat a progressé de façon exponentielle au cours des deux dernières années. Nous recevons en effet entre un million et demi et deux millions de visites mensuelles, ce qui se traduit net par plus de 100 000 lecteurs par mois. C'est là une croissance extraordinaire de l'auditoire international du mouvement trotskyste mondial.

Le point à se rappeler ici, je me permets d'attirer de nouveau l'attention sur la citation, c'est qu'en dépit de conditions objectives qui apparaissent comme étant des plus défavorables, et littéralement insupportables pour les staliniens et les diverses organisations radicales et opportunistes, nous avons réussi à extraire le matériel politique nécessaire pour assurer un développement authentique du marxisme et étendre l'influence politique du Comité International de la Quatrième Internationale. Si c'est ce que nous pouvons faire dans ces conditions de crise profonde au sein du mouvement de la classe ouvrière, nous avons toutes les raisons de penser que l'éclatement assuré des luttes de la classe ouvrière se reflétera par une croissance véritablement explosive de notre tendance politique.

Un parti politique fait ses preuves dans des conditions d'adversité politique. Notre mouvement a démontré son immense créativité et son ingéniosité dans l'identification et l'utilisation des possibilités inhérentes de la situation objective ­ des possibilités qui n'ont été détectées par aucune autre organisation prétendant représenter la classe ouvrière. Ces conditions ont permis de réaliser un important développement historique du travail du mouvement marxiste international.

En dernière analyse, sur quoi repose ce gain ? Du point de vue de l'histoire immédiate du Comité International, le facteur le plus important a été la lutte du CIQI contre l'opportunisme du Workers Revolutionary Party qui a commencé en 1982. Cette lutte a été essentielle pour revivifier les principes de base du trotskysme au sein de notre organisation.

Ceci nous amène vers un facteur beaucoup plus profond. Car que faisions-nous en fait ? Nous établissions ou plutôt rétablissions les principes que Trotsky lui-même avait développé et défendu et qui sont à la base même du développement de notre mouvement révolutionnaire. Voilà qui nous amène au thème du rapport d'aujourd'hui : la réévaluation de l'héritage de Trotsky et de sa place dans l'histoire de la Quatrième Internationale.

Soixante ans depuis l'assassinat de Léon Trotsky

Il y a un peu plus de soixante ans, le 21 août 1940, un homme mourrait. Un homme qui indiscutablement occupera toujours une place importante dans l'histoire de la lutte de l'humanité pour son émancipation. Dans les années et les décennies à venir, le personnage de Léon Trotsky apparaîtra encore plus important pour les historiens qui étudieront, analyseront et interpréteront le XXe siècle. Aucune autre vie n'a en effet reflétée aussi profondément les luttes, les aspirations et les tragédies du siècle passé avec autant de profondeur et de noblesse que celle de Trotsky. Si nous acceptons comme véridique la remarquable observation de Thomas Mann selon laquelle « à notre époque, le destin de l'humanité se présente en termes politiques », alors nous pouvons dire sans crainte d'exagération que les soixante années vécues par Trotsky représentent la réalisation la plus consciente du destin. La biographie de Léon Trotsky est l'expression la plus essentielle et concentrée des vicissitudes de la révolution socialiste mondiale au cours de la première moitié du XXe siècle.

Trois ans avant sa mort, lors d'un entretien avec un journaliste américain sceptique et hostile, Trotsky expliqua qu'il voyait sa vie non pas comme une série d'épisodes déroutants et en dernière analyse tragiques, mais bien comme un reflet des différentes étapes de la trajectoire historique du mouvement révolutionnaire. Son arrivée au pouvoir en 1917 était le produit d'un soulèvement sans précédent de la classe ouvrière. Pendant six ans, son pouvoir découlait des relations sociales et politiques créées par ce soulèvement. Le déclin de son sort politique personnel résulte inexorablement du recul de la vague révolutionnaire. Trotsky a été chassé du pouvoir non pas parce qu'il était un politicien moins adroit que Staline, mais bien parce que la force sociale sur laquelle son pouvoir était basé ­ la classe ouvrière russe et internationale ­ battait politiquement en retraite. L'épuisement de la classe ouvrière russe au lendemain de la guerre civile, le pouvoir politique croissant de la bureaucratie soviétique, et les défaites subies par la classe ouvrière européenne ­ notamment en Allemagne ­ furent, en dernière analyse les facteurs décisifs responsables de la chute du pouvoir de Trotsky.

Toutes les défaites subséquentes subies par la classe ouvrière internationale se retrouvent dans le sort personnel de Trotsky : la démoralisation politique provoquée par la défaite de la révolution chinoise en 1927 fournit à Staline l'opportunité d'expulser l'Opposition de gauche de l'Internationale communiste et d'envoyer Trotsky en exil, d'abord à Alma Ata, puis peu de temps après, hors de l'URSS. La victoire de Hitler en 1933 ­ rendue possible par les politiques criminelles et irresponsables du Parti communiste allemand dirigé par les staliniens ­ mit en branle toute une chaîne d'événements horrifiants qui aboutit aux procès de Moscou, aux catastrophes politiques des fronts populaires staliniens et à l'expulsion finale de Trotsky du continent européen vers le lointain Mexique.

C'est dans ce pays, à Coyoacan, en banlieue de Mexico, que Trotsky fut assassiné par un agent stalinien. La mort de Trotsky survint au même moment où l'orgie sanglante de la contre-révolution fasciste et stalinienne battait son plein. À cette époque, pratiquement tous les anciens camarades de Trotsky en Union Soviétique avaient été liquidés. Ses quatre enfants étaient morts, les deux filles les plus âgées étant mortes prématurément du fait des privations imposées par la persécution de leur père, alors que les deux fils, Sergei et Lev, avaient été assassinés par le régime stalinien. Lev Sedov mourût à Paris en février 1938. Il était à cette époque le cadre politique le plus important après son père dans la Quatrième Internationale. D'autres membres exceptionnels du secrétariat de la Quatrième Internationale ­ Erwin Wolf et Rudolf Klement ­ furent assassinés respectivement en 1937 et en 1938.

En 1940, Trotsky voyait son assassinat comme inévitable. Mais il ne se résigna pas en un état de quelconque pessimisme à propos de son sort. Il fit tout en son pouvoir pour parer et retarder le coup préparé par Staline et ses agents du GPU/NKVD. Il comprenait que les conspirations de Staline étaient nourries par la contre-révolution. « Je vis non pas selon la règle mais bien en exception qui la confirme ». Il prédit que Staline profiterait de la reprise de la guerre en Europe occidentale au printemps de 1940 pour frapper. Sa prévision allait s'avérer juste.

La première tentative sérieuse d 'assassinat survint dans la soirée du 24 mai 1940 alors que l'attention mondiale était tournée vers la déroute des armées françaises devant les troupes de Hitler. La seconde tentative réussit et survint en pleine bataille d'Angleterre, à la fin de l'été de la même année.

Pourquoi Trotsky exilé et apparemment isolé était-il toujours aussi craint ? Pourquoi sa mort était-elle voulue par certains ? Trotsky offrit une explication politique à cela. À l'automne 1939, quelques semaines après la signature du pacte Hitler-Staline (qu'il avait d'ailleurs prédit) qui aboutit au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, Trotsky signala une conversation, rapportée dans un journal parisien, entre Hitler et l'ambassadeur français Coulondre. Alors que Hitler vantait son traité conclu avec Staline qui lui libérait les mains pour s'occuper des ennemis de l'Allemagne à l'Ouest, Coulondre l'interrompit en l'avertissant : « mais le véritable vainqueur (en cas de guerre) sera Trotsky. Y avez-vous pensé ? » Hitler reconnut la justesse de l'évaluation de l'ambassadeur français, mais blâma ses adversaires de lui forcer la main. Citant cet inqualifiable entretien, Trotsky écrivit : « Ces gentlemen aiment bien mettre un nom sur le spectre de la révolution... tant Coulondre que Hitler sont des représentants de la barbarie qui s'étend en Europe. Mais aucun des deux ne doute cependant que leur barbarie sera défaite par la révolution socialiste ».

Trotsky était certes craint par les camps fasciste et démocratique, mais encore plus par la bureaucratie soviétique. Staline n'avait pas oublié comment les défaites subies par les armées russes pendant la Première Guerre mondiale avaient discrédité le régime et mobilisé les masses. Le même danger n'était-il pas toujours présent si une nouvelle guerre éclatait, indépendamment de l'entente avec Hitler ? Aussi longtemps qu'il vivrait, Trotsky resterait la plus grande alternative révolutionnaire à la dictature bureaucratique, la personnification même du programme, des idéaux et de l'esprit d'Octobre 1917. C'est pourquoi Trotsky ne pouvait vivre.

Mais même après sa mort, la peur suscitée par le nom de Trotsky ne disparut pas. Il est difficile de penser à un autre personnage qui, non seulement de son vivant, mais même plusieurs décennies après sa mort, continue de faire frémir le pouvoir en place. L'héritage historique de Trotsky résiste à toute forme d'assimilation et de cooptation. Dix ans seulement après la mort de Marx, les théoriciens de la social-démocratie allemande avaient trouvé le moyen de rendre ses écrits acceptables pour la perspective du réformisme social. Le sort de Lénine fut encore plus terrible ­ ses restes furent embaumés et son héritage théorique falsifié et refaçonné par la bureaucratie en une religion d'État sanctifiée. Une telle distorsion fut impossible avec Trotsky. Ses écrits et ses gestes étaient trop précis et concrets dans leurs implications révolutionnaires pour cela. De plus, les problèmes politiques analysés par Trotsky, les rapports sociopolitiques qu'il a définis, de même que les caractérisations de partis qu'il a effectué avec tant de précision, de justesse et de mordant, ont gardés toute leur pertinence pendant la majeure partie du restant du siècle.

En 1991, la Duke University publiait une étude de 1 000 pages sur le mouvement trotskyste international rédigée par Robert J. Alexander, un fervent antimarxiste considéré au sein des milieux universitaires comme un spécialiste du domaine. Dans son introduction, Alexander fit une remarquable observation : « à la fin des années 1980, les trotskystes n'étaient jamais accédés au pouvoir dans aucun pays. Bien que le trotskysme international ne jouisse du soutien d'aucun régime bien établi, contrairement aux staliniens, la persistance de ce mouvement dans une vaste diversité de pays, conjuguée à l'instabilité de la vie politique qui règne dans la plupart des États du monde, fait qu'on ne peut écarter tout à fait la possibilité qu'un parti trotskyste n'accède au pouvoir dans un avenir assez rapproché ».[1]

Le « régime bien établi » est disparu peu de temps après la publication du livre d'Alexander. La bureaucratie soviétique n'a jamais réhabilité Léon Trotsky. Comme c'est souvent le cas, l'histoire a été la plus ironique. Pendant des décennies, les staliniens ont prétendu que Trotsky avait cherché à détruire l'Union Soviétique, qu'il avait conspiré avec les impérialistes pour démanteler l'URSS, raison pour laquelle il avait été condamné à mort par contumace par le régime soviétique. Mais c'est finalement la bureaucratie soviétique même, comme Trotsky l'avait prédit, qui a démembré et liquidé l'URSS. Et elle s'y est appliquée sans même avoir jamais répudié ouvertement et clairement les accusations contre Trotsky et son fils Lev Sedov. Il était en effet plus simple pour Gorbachev et Eltsine de signer l'arrêt de mort de l'URSS que de reconnaître la fausseté évidente des accusations portées contre Trotsky.

Sans aucunement sous-estimer les dimensions colossales des transformations économiques et sociales qui sont survenues au cours des 60 dernières années, les problèmes, questions et thèmes traités par Trotsky ne sont pas si lointains que cela. Même après la chute de l'Union Soviétique, les écrits de Trotsky revêtent un caractère contemporain extraordinaire. L'étude des écrits de Trotsky est non seulement toujours essentielle pour comprendre la politique du XXe siècle, mais aussi pour s'orienter politiquement dans le monde très complexe de cette première décennie du XXIe siècle.

Si la grandeur d'un personnage politique se mesure par la portée et la pertinence subsistantes de son héritage, Trotsky doit figurer parmi les plus grands leaders du XXe siècle. Pensons un instant aux grandes figures politiques qui dominaient l'arène politique en 1940. Il est difficile même de mentionner les noms des chefs totalitaires de l'époque ­ Hitler, Mussolini, Staline et Franco ­ sans s'emporter. Ces hommes n'ont laissé derrière eux que le souvenir de crimes indescriptibles. Tant qu'aux « grands » leaders des démocraties impérialistes que sont Roosevelt et Churchill, on ne peut nier qu'ils étaient des personnalités remarquables et adroites dans le cadre de la politique parlementaire. Plus brillant que le président américain, Churchill était un orateur talentueux et possédait certes quelques habiletés à l'écriture. Mais peut on vraiment parler de l'héritage politique de ces hommes ? Peut-on soutenir sérieusement que les discours et les ouvrages de Churchill et de Roosevelt (ce dernier n'ayant d'ailleurs jamais rien écrit), leurs analyses et leurs idées du monde permettent de comprendre les problèmes politiques que nous confrontons en ce début de XXIe siècle ?

Même à cette époque, Trotsky était bien plus grand que ses contemporains politiques. L'influence de tous ces hommes que j'ai mentionnés dépendait directement de leur contrôle des instruments du pouvoir d'État. Sans ces pouvoirs, ils auraient difficilement attirés l'attention du monde. Staline, sans le Kremlin et son appareil de terreur, n'aurait jamais été rien de plus que ce qu'il était avant octobre 1917 : « un flou grisâtre ».

Trotsky a été privé de tous les atours officiels du pouvoir en 1927. Mais il a toujours été influent. Il aimait bien la fameuse parole du docteur Stockman, ce personnage d'Ibsen qui dit à la fin de l'ouvrage Un ennemi du peuple : « l'homme le plus fort du monde est celui qui est le plus seul ». L'idée même du grand dramaturge norvégien s'est incarnée dans la vie du plus grand des révolutionnaires russes. Trotsky a fait la plus inspirante et la plus persistante démonstration du pouvoir qu'ont les idées et les idéaux qui correspondent et articulent les tendances progressistes de l'humanité et qui partant, recèlent en leur sein la force de la nécessité historique.

Suite....

 

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