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La réforme du PQ met la vie des gens en danger

L'assurance-médicament fauche les pauvres

Par François Legras
4 décembre 1998

La réforme de l'assurance-médicament du gouvernement péquiste est une catastrophe pour la santé des personnes âgées et des assistés sociaux. L'étude, dont les résultats ont été largement publiés et commentés dans les médias révèle que le nouveau régime d'assurance-médicament obligatoire aurait provoqué l'hospitalisation de près de 4 000 personnes et entraîné 120 morts depuis son entrée en vigueur en août 1996. L'étude a été commandée par le ministre de la santé Jean Rochon en juin 1997 suite aux inquiétudes des pharmaciens sur les effets pervers du nouveau régime sur la santé des assistés sociaux et des personnes âgées et devait rester confidentielle jusqu'en janvier 1999.

L'étude de 600 pages vient confirmer ce que la plupart des intervenants dans la santé et des services sociaux craignaient. L'étude est basée sur les données administratives des habitudes de consommations de médicaments et de l'utilisation des services de santé de 120 000 assistés sociaux et de 120 000 personnes âgées compilées au ministère de la santé et du Régime d'assurance-maladie du Québec sur une période de dix mois. Les résultats démontrent que les coûts ont provoqué une baisse de consommation des médicaments de 13,6 %, 16,8 % et 14,2 % pour les assistés sociaux au cour des trois phases d'implantation du régime. La baisse chez les personnes âgées est de 4,6 %, 8,9 % et 9,2 % au cours de la même période. L'étude démontre que la baisse de consommation des médicaments jugés essentiels a entraîné 4 046 « événements indésirables » soit des hospitalisations, admissions en Centre d'hébergement de soins de longue durée ( CHSDL ) et morts. Les décès comptent pour 3 % des « événements indésirables », soit environ 120 morts, explique le Dr Tamblyn, coauteur du rapport avec le Dr Latimer, tout deux de l'Université McGill.

Les gens les plus à risques sont ceux qui prennent des médicaments psychiatriques. Sur les 2 241 assistés sociaux victimes d'événements indésirables, 1 276 utilisaient des médicaments psychiatriques, contre 340 pour les 1 805 personnes âgées.

Applaudi par les médias et les porte-paroles du gouvernement, Le PQ avait présenté le nouveau régime obligatoire sous le couvert d'une « réforme » alors que le véritable objectif du gouvernement était de faire payer les médicament par les assistés sociaux et les personnes âgées. Par exemple, l'ancien premier ministre Jacques Parizeau, a donné un discours durant la campagne actuelle pour appuyer la politique fiscale de Bouchard et déclarer que le PQ restait fidèle aux principes sociaux-démocrates, citant l'assurance-médicament comme étant la plus importante réalisation du gouvernement.

Selon les calculs du gouvernement, le régime devait entraîner des économies de 200 à 300 millions de dollars par année. Le nouveau régime couvre 1,4 million de personnes mais oblige les assistés sociaux à payer entre 8,33 $ et 62,50 $ par mois. Les personnes âgées, qui devaient payer 2,00 $ par prescription jusqu'à concurrence de 100 $ par année, doivent maintenant payer 25 % du coût total des prescriptions pour un maximum annuel de 750,00 $, plus une prime annuelle de 175,00 $.

Avant même le lancement du programme, le gouvernement avait reçu des avertissements de plusieurs groupes : l'ordre des pharmaciens, le protecteur du citoyen, de nombreux médecins, des groupes en santé mentale, groupes communautaires, etc., sur les dangers du nouveaux régime, notamment concernant l'accessibilité aux médicaments pour les plus pauvres. Ces avertissements ont été dramatiquement confirmés.

Au lendemain de la parution de l'étude, le premier ministre Bouchard est intervenu pour défendre le régime en déclarant « qu'il y a eu un charriage sur l'affaire des décès. Il n'y a personne qui peut dire qu'il y ait des conclusions qu'on peut tirer en termes de causalité entre des décès et la mise en vigueur du nouveau régime. »

Le nombre de décès relié aux effets du régime est une extrapolation et aucun lien direct ne peut être établi, mais 120 morts, c'est « probablement une estimation conservatrice » selon l'économiste de la santé à l'hôpital Douglas et membre de l'équipe de recherche, Eric Latimer. « Lorsque les gens commencent à réduire leur consommation de médicament essentiels, les problèmes commencent : Il y a des hospitalisations , une petite proportion d'institutionnalisés et un nombre restreint de décès. », affirme Robyn Tamblyn, épidémiologiste de l'université McGill.

Le nouveau régime sur les médicaments introduit par Québec démontre que la politique sociale du gouvernement Bouchard n'a rien à voir avec l'amélioration des services à la population. Comme tous les paliers de gouvernement, non seulement au Canada mais à l'échelle internationale, le gouvernement québécois sacrifie les besoins les plus vitaux de la population aux exigences antisociales des marchés financiers.

« Il y a eu des coupes incessantes à l'aide sociale. Quand tu fais crever le monde de faim , qu'ils tombent malades et qu'après, tu les fais payer pour leurs médicaments, c'est odieux » déclare Denise Lacelle, du projet Genèse dont les responsables avaient aussi avisé le ministre des conséquences dangereuses pour la santé de certaines personnes. Le nombre d'assisté sociaux qui n'ont pas adhéré au régime d'assurance-médicament obligatoire à triplé depuis la mise en place du régime.

Durant la même période, le gouvernement a coupé des milliards dans la santé, forçant la fermeture de sept hôpitaux et des mises à pieds massives.

Un autre aspect très révélateur de cette crise est l'attitude des médias. Bien que critique sur la question des médicaments, les journaux ont tous applaudis l'intervention « rapide » de Bouchard et défendu le bilan de son gouvernement en matière de santé et de fiscalité. Le commentaire de l'éditorialiste en chef de La Presse, Alain Dubuc, publié le 14 novembre, est significatif à cet égard : « Depuis quatre ans, nous avons appuyé la réforme du système de santé du ministre Jean Rochon et dénoncé à plusieurs reprises les attaques démagogiques de l'opposition libérale. Nous n'avons donc pas l'intention de jeter le bébé avec l'eau du bain. »

Voir aussi: Le nouveau régime sur les médicaments menace la santé publique Février 1997

 

 

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