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La signification de la crise asiatique:

Le capitalisme mondial confronté à la déflation et à la récession

 

La crise financière qui a d'abord éclaté en Asie du sud-est s'est maintenant étendue à la Corée du Sud et au Japon, secouant gouvernements, banques et marchés boursiers, et menaçant des dizaines de millions de travailleurs de mises-à-pied, coupures salariales, perte de leurs épargnes et coupures drastiques dans les avantages sociaux.

L'énormité de la crise est indiquée par la taille des ressources financières qui sont mises en jeu pour éviter une panique globale. Le renflouage de la Corée du Sud par le Fonds monétaire international nécessitera $55 milliards, soit plus que l'opération de sauvetage du Mexique parrainée par les États-Unis. En fait, c'est le plus important renflouage financier de l'histoire.

De plus grosses sommes sont mises de côté dans le cas du Japon, dont le système financier tremble sous le poids de prêts en défaut de paiement d'une valeur estimée à $800 milliards. La Banque du Japon a été forcée de prélever $82 milliards dans ses comptes d'urgence pour renflouer le système financier afin de rétablir un climat de confiance après la chute de la Banque Hokkaido Takushoku, la dixième en importance dans le pays. Ensuite c'est l'agence Yamaichi qui s'est écroulée, la quatrième plus importante maison de courtage, avec des avoirs de $239 milliards.

La crise financière, bien qu'elle soit initialement survenue en Asie du sud-est, n'est pas fondamentalement un phénomène régional. C'est une crise de confiance qui affecte les marchés financiers partout dans le monde. Les marchés latino-américains, en particulier le Brésil, ont subi des pertes plus importantes en termes de pourcentage que celles en Asie. Les marchés de l'Asie du sud, à savoir l'Inde, le Bangladesh, le Sri Lanka et le Pakistan, ont été frappés également.

La crise se propage maintenant à l'Europe de l'est et à l'ancienne Union soviétique. Le 26 novembre, des dirigeants de la Banque centrale russe sont arrivés à Washington pour tenir des discussions avec le FMI, indiquant par là que l'écroulement des marchés asiatiques avait commencé à affecter la bourse de Moscou.

Les conséquences sociales

Les chocs financiers commencent déjà à avoir des répercussions sociales et politiques. Dans une dépêche en provenance de Tokyo, le New York Times évoquait sur un ton irrité « la crainte largement répandue de voir certains pays payer un prix qui dépasse de loin la débâcle économique actuelle. » Parmi les dangers encourus, s'inquiétait le Times, il fallait ranger « les émeutes, le renversement de gouvernements, les affrontements ethniques » et même « la révolution ».

Quatre premiers ministres ont déjà été forcés de démissionner au cours du mois de novembre: en Nouvelle-Zélande, à Thaïlande, en Inde et en république tchèque. Dans chacun des cas, l'acte de démission n'est pas survenu suite à une défaite électorale mais à cause des conflits politiques qui ont été provoqués au sein de la bourgeoisie par une crise financière de plus en plus aiguë.

En Corée du sud, le gouvernement du président Kim Young Sam fait face à une probable défaite lors des élections présidentielles prévues pour le 18 décembre alors que des compagnies coréennes annoncent les plus importantes mises-à-pied dans l'histoire du pays. Samsung, le grand conglomérat de l'électronique, a fait savoir qu'il imposerait des mises-à-pied ou des coupures salariales à 80 000 travailleurs. Des représentants du gouvernement à Séoul ont prédit que le chômage doublerait dans l'année à venir.

Des grèves et des manifestations sont en train de secouer l'Indonésie, peut-être le pays asiatique le plus politiquement explosif, où la dictature militaire du président Suharto est au pouvoir depuis 32 ans. Une sordide querelle publique a éclaté au sein même de la famille de Suharto après que le FMI ait forcé le régime à fermer 16 banques, y compris une firme contrôlée par un de ses fils. Un ambassadeur occidental en train de discuter des coupures qu'il faudrait effectuer dans les salaires et le niveau de vie pour restabiliser l'économie indonésienne, a fait la déclaration suivante au Far Eastern Economic Review: « Ne me citez pas, mais Dieu merci, cet endroit n'est pas une démocratie. »

L'impact en Amérique

Les commentateurs nord-américains se sont consolés en faisant remarquer que les marchés boursiers aux États-Unis, au Canada et en Europe de l'ouest ont regagné presque tout ce qu'ils avaient perdu lors de la liquidation globale d'actions dans la période du 27 octobre, journée qui avait vu l'indice du Dow Jones chuter de 554 points. Mais c'est une confiance injustifiée, basée qu'elle est sur la fuite de capitaux hors d'Asie. De nombreux investisseurs se débarrassent de leurs actions asiatiques et investissent dans les bons du trésor du gouvernement américain jugés plus sécuritaires, faisant temporairement gonfler ce marché.

Maintenant que la crise a touché le Japon, le processus peut bien travailler dans l'autre direction. Des investisseurs japonais détiennent $320 milliards en bons du trésor américains. Si le Japon se voit forcée de liquider une portion importante de ces avoirs pour faire face à sa propre crise bancaire, l'impact sur les marchés financiers américains et canadiens sera colossal.

Les États-Unis ont déjà commencé à sentir l'impact de la récession en Asie, l'un des plus importants marchés pour les entreprises américaines. Les mesures d'austérité du FMI ont elles-mêmes eu pour effet d'élargir l'impact de la crise en réduisant la demande dans les pays asiatiques. Cette situation ne peut qu'intensifier les tensions commerciales, dans le contexte d'une sur-capacité globale dans des domaines aussi variés que les matériaux de construction, l'automobile, les puces d'ordinateur et les produits électroniques.

Le résultat de tout ça, c'est des profits plus bas que prévus et une nouvelle série de mises-à-pieds aux États-Unis. Kimberly-Clark, la grosse compagnie de pâtes et papier, a annoncé qu'elle couperait 5 000 emplois. General Motors a officiellement décrété la fermeture de son usine d'assemblage de Buick City à Flint, Michigan, ce qui va entrainer la perte de plus de 3 000 emplois. La banque First Union a fait savoir qu'elle éliminerait près de 5 000 emplois dans le cadre de son rachat de banques rivales de la Pennsylvanie et de la Virginie. D'importantes coupures d'emplois ont également été annoncées par Reynolds Aluminium, Dresser Industries, Ingersoll-Rand, Hasbro, Walbro et Quantum.

Faillite du capitalisme

La crise qui a frappé le 27 octobre et qui se propage depuis, est d'une nature fondamentale et structurelle. La presse financière parle en termes de plus en plus ouverts du processus global de déflation, c'est-à-dire de marchés saturés menant à des mises-à-pied massives et à la réduction des investissements, ce qui en retour diminue davantage la demande et crée une spirale vers le bas.

Un chroniqueur économique a écrit ce qui suit: « L'économie globale est certainement moins vulnérable à une panique déflationniste qu'elle ne l'était en 1930. Mais la séquence d'événements survenus en Asie ( krach boursier suivi de faillites bancaires et de dévaluations compétitives) est drôlement similaire. »

Un signe infaillible de déflation globale est la chute du prix de l'or, qui demeure la mesure fondamentale de la valeur. Le prix en dollar de l'or est tombé sous la barre des $300 l'once pour la première fois depuis 1985.

La crise asiatique démontre que même dans une région qui a connu la plus explosive croissance économique, le système capitaliste est incapable de fournir à la grande majorité de travailleurs: emplois, niveau de vie décent et véritable sécurité économique.

Au contraire, le fonctionnement du marché capitaliste a mené à l'anarchie économique et à un désastre social: les usines ferment leurs portes et des millions de gens perdent leur gagne-pain.

Au cours des deux dernières décennies, alors qu'aux États-Unis, au Canada et en Europe de l'ouest, le niveau de vie général restait stagnant ou diminuait, et que la polarisation sociale grandissait, les défenseurs du capitalisme pointaient du doigt, d'abord le Japon, ensuite la Corée du sud et les autres « tigres économiques » asiatiques, comme étant la preuve indiscutable de la prétendue vigueur du système capitaliste lui-même. Ces apologistes minimisent le sens de la crise asiatique en présentant celle-ci comme une simple aberration, et en condamnant les pays asiatiques pour la pratique du « capitalisme de favoritisme », comme si la corruption, le népotisme et les pots-de-vin n'étaient pas chose courante dans l'économie américaine, ou en l'occurrence, canadienne.

Les oligarchies qui dirigent l'Indonésie, Thaïlande, la Corée du sud, etc., ont été portées au pouvoir sous l'égide de l'impérialisme américain, qui a mené des guerres et organisé des coups d'état militaires sur une période de 40 ans afin de maintenir sa domination de la région de l'Asie-Pacifique. Ces régimes font partie intégrante du système capitaliste mondial, qui exige des classes dirigeantes dans les anciens pays coloniaux qu'ils mettent la classe ouvrière au pas et fournissent de la main-d'oeuvre à bon marché aux entreprises transnationales.

Une lutte politique

La crise de plus en plus aiguë qui frappe l'Asie et se répercute à travers le monde va inévitablement provoquer de grandes luttes de classe, non seulement à Thaïlande, en Indonésie et en Corée du sud, mais aussi au Japon, en Allemagne, aux États-Unis et au Canada. La classe ouvrière internationale fait face à la nécessité de lancer une lutte politique contre le système de profit afin de défendre les emplois, le niveau de vie, les services sociaux et les droits démocratiques élémentaires.

Les travailleurs doivent penser aux implications de la crise mondiale croissante: le capitalisme se dirige vers une catastrophe, pour laquelle les anciennes organisations ouvrières, tant les syndicats que les partis politiques, n'ont aucune solution. Ces organisations sont liées au système de profit et à la structure anachronique de l'État national. Mais s'il y a une conclusion qui a été nettement mise en évidence par la crise financière, c'est que la classe ouvrière doit mener sa lutte contre le capitalisme sur une échelle internationale, unissant les efforts des travailleurs en Asie, en Afrique, en Europe et dans les Amériques.

Le développement de l'économie globale a mis fin à tout jamais à l'époque où les économies nationales pouvaient fonctionner en relative indépendance et où la classe ouvrière pouvait se limiter à une lutte pour des meilleures conditions dans un marché national du travail. Les transnationales capitalistes se servent des développements révolutionnaires en technologie et en transport pour mener leurs opérations à une échelle globale. La classe ouvrière doit mener ses luttes à la même échelle.

La tâche critique consiste à bâtir un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière internationale qui défie la domination exercée par le marché capitaliste et se donne pour objectif la reconstruction de l'économie mondiale dans l'intérêt des besoins humains, et non le profit privé. C'est la perspective pour laquelle lutte le Parti de l'égalité socialiste, aux États-Unis, au Canada et à travers le monde.

 

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