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Les premiers ministres d'État australiens réclament une étude sur les compressions budgétaires dans la santé

27 juillet 1999

Par Mike Head

Incapables de s'entendre sur où effectuer de nouvelles compressions dans les soins de santé publics, les huit dirigeants des États et des territoires australiens ont demandé au gouvernement fédéral que la Commission de productivité se penche sur le système de santé, « insupportable » selon eux. Les premiers ministres d'État travaillistes se sont joints à leurs collègues conservateurs lors d'une réunion au sommet le 23 juillet où ils ont tous demandé une révision en profondeur du système de santé public qui existe depuis 25 ans. C'est le gouvernement fédéral qui paye les frais pour la plupart des procédures médicales dans ce système.

Pour la première fois, des politiciens en vue du Parti travailliste tels les premiers ministres des Nouvelles-Galles du Sud Bob Carr, du Queensland, Peter Beattie, et de la Tasmanie, Jim Bacon, se sont entendus avec les dirigeants du Parti libéral et du Parti national en soutenant publiquement le démantèlement du système d'assurance-maladie public universel. Ils ont réclamé que tous les moyens pour réduire les coûts de santé soient étudiés, notamment l'imposition de coûts selon les ressources et le paiement de coûts initiaux pour les services des médecins. D'autres propositions vont jusqu'à l'abolition pure et simple de l'assurance-maladie et la liquidation de la Medibank Private qui est la caisse de l'assurance-maladie publique. « Tout est sur la table », a déclaré Carr.

Dès le début de la rencontre, le premier ministre droitiste victorien Jeff Kennett s'est déclaré en faveur de l'abandon de l'assurance-maladie, qualifiant ce régime de « farce ». Son homologue d'Australie Occidentale, Richard Court, a publié un exposé des alternatives suggérant que les hôpitaux publics devraient facturer des coûts selon les ressources des patients. Carr a refusé d'abandonner l'idée d'imposer aux clients des frais pour les traitements reçus dans les hôpitaux publics.

Les sondages d'opinion témoignent du niveau élevé d'opposition dans le public à l'élimination de la couverture de santé universelle. C'est pourquoi les leaders parlementaires préfèrent que cette proposition vienne d'un organisme soi-disant neutre. Suite à la réunion, Kennett a déclaré que la Commission de la productivité a été choisie pour étudier le système de santé parce qu'elle était un « arbitre indépendant ».

En fait, la Commission de la productivité est un organisme qui est au centre même du programme de compressions budgétaires, de privatisation et de déréglementation appliqué par les gouvernements de coalition tant travaillistes que libéral-national. Ses derniers rapports recommandaient notamment l'élimination des subsides aux centres d'hébergement et l'accentuation de la privatisation des télécommunications, de même que l'imposition de compressions salariales et de mesures empirant les conditions de travail des ouvriers de l'industrie de transformation de la viande et des débardeurs. En 1997, soit il y a de cela deux ans seulement, la Commission déposait un rapport encourageant fortement le développement des fonds d'assurance-maladie privés dans lequel elle remettait carrément en question l'avenir de l'assurance-maladie publique.

Au cours de leur réunion, les chefs d'État et de territoires ont également adopté des « mesures de performance nationales » pour les hôpitaux publics. Selon ces dernières, les hôpitaux devront réduire leurs coûts constamment et atteindre de nouveaux taux de productivité dans le traitement des patients, ce qui ne peut qu'empirer l'état déjà désastreux du système hospitalier public.

Depuis la première année du gouvernement travailliste Hawke de 1984-85, les dépenses fédérales dans les hôpitaux publics ont diminué en termes réels, passant de 1,07 p. 100 du produit intérieur brut à 0,9 p. 100 en 1998-99. Au cours de la même période, l'augmentation des primes a entraîné un net déclin de la couverture d'assurance-maladie privée qui est passée de plus de 65 p. 100 à 30 p. 100 de la population. Par conséquent, plus de gens qu'avant dépendent des hôpitaux publics.

Mais les États ont également fait des compressions dans les dépenses. Ils ont fermé des lits hôpitaux, réduit le personnel, imposé un rationnement plus sévère des services et transféré les coûts vers le système d'assurance-maladie publique financé par le fédéral en sortant des hôpitaux publics la majeure partie des patients autres que les cas d'urgence et de chirurgie pour les envoyer vers des centres médicaux privés.

Selon les statistiques mêmes du gouvernement fédéral, les gouvernements de Victoria, de l'Australie Méridionale et de l'Australie Occidentale ont également réduit les dépenses des hôpitaux publics de façon importante depuis 1991.

De récentes estimations révèlent que plus de 15 p. 100 des patients des urgences doivent maintenant attendre plus de huit heures avant d'avoir accès à un lit dans le système hospitalier de Sydney. Les ambulanciers rapportent que 20 p. 100 des services d'urgence des hôpitaux sont fermés quotidiennement faute de ne pouvoir répondre à la demande.

Depuis 1993, l'hôpital Westmead, le plus important de la banlieue ouest de Sydney, a vu ses effectifs amputés de 1 000 postes, dont 150 médecins sur 500, et plus de 150 lits y ont été fermés. Pourtant, comparativement à il y a cinq ans, 1 000 patients de plus y ont été traités seulement l'an dernier, avec un temps de séjour moyen qui est passé de près de cinq jours à quatre. Les médecins de Westmead se sont récemment prononcés publiquement contre l'imposition de nouvelles compressions supplémentaires de l'ordre de 9,5 millions $ dans le budget de l'hôpital qui est de 250 millions $. « L'hôpital est déjà au bord du gouffre, a déclaré le directeur du département de médecine, le professeur Rick Kefford. Le niveau de gravité de maladie nécessaire pour être admis dans cet hôpital a énormément augmenté et on vous met à la porte dès que vous pouvez marcher. »

Le gouvernement fédéral dirigé par le premier ministre John Howard a été très réservé en réponse aux premiers ministres d'État qui réclament une étude du système de santé par la Commission de la productivité. Depuis son entrée en fonction en 1996, le gouvernement Howard a préféré mettre fin furtivement au système de santé tout en déclarant publiquement le défendre. Il a en effet exacerbé la crise des hôpitaux en détournant des centaines de millions de dollars pour soutenir les fonds de l'assurance-maladie privée. Il a également poursuit la pratique de son prédécesseur travailliste en refusant d'augmenter les paiements accordés aux médecins sous le régime des soins de santé public pour les harmoniser aux coûts réels. Cette décision a eu pour effet de forcé plus de médecins à abandonner ce que l'on nomme communément la facturation en vrac, système dans lequel les factures sont payées directement par l'assurance-maladie publique. Les dernières données de la Commission sur l'assurance-maladie montrent que les médecins demandent de plus en plus aux patients de débourser pour défrayer les coûts initiaux et de tenter ensuite d'obtenir un remboursement partiel du gouvernement.

L'association médicale australienne (AMA), groupe de pression regroupant les professionnels favorables à la médecine privée vient de réclamer l'imposition aux patients de contributions calculées en fonction des ressources pour les traitements dans les hôpitaux publics. Le numéro de juillet de la revue de l'AMA, l'Australian Medicine, révèle l'objectif peu dissimulé de l'Association. Il y est en effet clairement fait mention de l'idée de mener une campagne pour déclarer qu'il y a une crise dans les hôpitaux publics afin d'inquiéter la population et de l'inciter ainsi à prendre des assurances privées. On y lit en effet en toute lettre que « la seule stratégie pouvant réussir à sauver les fonds d'assurance-maladie privés, c'est de faire en sorte que le public n'ait plus confiance dans les hôpitaux publics ».

Les critiques de l'AMA, tels que le groupe Doctors Reform, soutiennent qu'un système médical largement privatisé comme aux États-Unis entraînerait un gonflement massif des coûts car les corporations médicales chargent des prix encore plus élevés et pratiquent ce que les économistes appellent le « surtraitement » de leurs clients. Il en résulte un service coûteux qui n'est facilement accessibles qu'aux mieux nantis, en parallèle à un système inférieur destiné au reste de la société. « L'assurance-maladie publique serait alors remplacé par le 'choix' entre l'assurance-maladie publique des pauvres et l'assurance-maladie profitable privée des riches, écrivait l'an dernier le docteur Tracy Schrader de Doctors Reform. L'assurance-maladie publique des pauvres serait réduite et subirait une tension extrême ».

Doctors Reform souligne que les actionnaires qui investissent dans les fonds d'assurance-maladie privée aux États-Unis peuvent s'attendent à des revenus de 30 p. 100 sur les fonds qu'ils investissent. En contrepartie, beaucoup de malades se voient refuser toute couverture d'assurance-maladie ou encore doivent souvent obtenir préalablement l'approbation de leur fonds avant de pouvoir aller à l'urgence de l'hôpital. Mais les arguments de Doctors Reform pèsent lourd en ce qui a trait aux épargnes qu'offre le maintien de l'actuel système de santé australien sérieusement réduit et semi-privé. Ils soulignent en effet qu'aux États-Unis, les coûts des soins de santé approchent maintenant les 15 p. 100 du PIB, soit presque le double de ceux de l'Australie qui sont de 8,6 p. 100. La même situation se répète pour ce qui est des coûts d'administration qui sont en moyenne de 20 p. 100 aux Etats-Unis alors qu'ils ne sont que de 3 p. 100 en Australie.

La réponse à la crise croissante du système de santé n'est pas de nier qu'une crise existe, ni de défendre la structure actuelle qui est en grande partie basée sur le système des paiements à l'acte. Le système actuel finance effectivement l'ensemble de la nouvelle industrie médicale, des cliniques médicales privées aux gigantesques entreprises pharmaceutiques.

L'effondrement du système de santé public et des hôpitaux selon la tendance actuelle constitue un cas convaincant qui milite en faveur du retrait de la notion de profit des soins de santé et pour l'établissement d'un véritable service gratuit de première classe accessible à tous, basé sur la propriété publique et placé sous contrôle démocratique. Plutôt que de mettre l'accent sur la façon de rationner les services, restreindre l'accès aux soins de santé et diminuer les coûts pour des raisons purement financières et autres que médicales, un tel service mettrait l'accent pour que la plus récente technologie et les avances médicales soient équitablement accessibles à tous.


 

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