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Les amis canadiens de Joerg Haidar

Par Keith Jones
23 février 2000

Ce que Joerg Haidar, cet extrémiste de droite autrichien, est venu faire durant son séjour au Canada et qui il a rencontré, reste un mystère. Mais une chose est certaine cependant. Sa visite «privée» était motivée par un agenda politique bien défini. Le dirigeant du Parti de la liberté autrichien cherche à laver son image publique, salie par les stigmates associés aux accusations qu'il est un raciste et un apologiste nazi.

En se redéfinissant lui-même comme un politicien de droite ordinaire, voué à la réduction des dépenses sociales, un contrôle plus sévère de l'immigration et une politique basée sur l'imposition de la «loi et de l'ordre», Haidar espère dissiper tant l'opposition nationale que celle parmi les alliés autrichiens de l'Europe de l'ouest à son gouvernement de coalition formé avec le Parti du Peuple conservateur.

Haidar a passé la plupart de son temps au Canada à essayer de séduire les dirigeants de la communauté juive canadienne. Il était accompagné dans ses efforts par un homme d'affaires israélien et par Peter Sichrovsky, un juif membre du Parti de la liberté et membre du parlement européen. La plupart du temps, Haidar a été cavalièrement repoussé. Sa demande pour une visite spéciale et guidée du Musée de l'Holocauste à Montréal a aussi été refusée, ayant été reconnue, avec justesse, comme une tentative de mettre en scène une séance de photo. La demande, a déclaré Dorothy Zalkman Howard, dirigeante du Congrès Juif Canadien, section de Québec, était de la « pure exploitation ». « C'était une tentative de se réinventer et de se récréer lui-même» a-t-elle dit.

Sichrovsky a fait grand cas de la décision du musée. «Un ridicule petit musée qui prétend préserver la mémoire de l'Holocauste qui ferme ses portes pour des raisons politiques. Nous n'avons jamais eu une attaque hystérique et haineuse de la sorte avant.» Le «ridicule petit musé» de Sichrovsky rassemble les témoignages des victimes et survivants des camps de concentration nazis de la communauté montréalaise. Le musée est supporté financièrement par la communauté qui, selon certaines estimations, constitue la deuxième ou troisième plus importante communauté de survivant des camps nazis au monde.

Pourquoi le Canada ?

Questionné par les journalistes, sur la raison pour laquelle il a choisi le Canada comme première destination à l'étranger après l'entrée controversée du Parti de la liberté au gouvernement, Haidar répond qu'il a été invité à un mariage hassidiste en banlieue de Montréal. Mais un porte-parole de la secte religieuse a nié avoir invité Haidar et à la fin, le chef du Parti de la Liberté n'y est pas allé.

La véritable raison du choix de Haidar est vraisemblablement liée au fait qu'il a au Canada de nombreux amis influents.

Frank Stronach, l'industriel d'origine autrichienne qui possède la plus importante usine de fabrication de pièces automobiles, Magna International, a des liens étroits avec tous les partis politiques autrichiens importants, incluant le Parti de la Liberté. Selon Haidar, Stronach est «intéressé à tous les partis parce qu'il est un joueur global. » Karl-Heinz Grasser, choisi par Parti de la Liberté pour combler le poste de ministre des finances dans le gouvernement de coalition, était jusqu'à tout récemment un cadre de la direction de Magna International en Autriche.

Le baron de la presse, Conrad Black a fait campagne pour appuyer Haidar. Sur plusieurs jours consécutifs, son journal britannique, le Daily Telegraph, a publié des commentaires arguant que Haidar ne méritait pas d'être condamné par l'opinion publique internationale. Le premier, écrit par la femme de Black, Barbara Amiel, a dit qu'Haidar était la victime d'une campagne «politique d'hystérie» menée par l'Internationale Socialiste. Le second, intitulé, «ne soyons pas désobligeants avec les Autrichiens» a été produit par Lord Georges Wiedenfeld, un juif viennois qui a trouvé refuge en Angleterre en 1938 et qui siège maintenant au conseil d'administration d'une des compagnies de Black.

Un des vice -présidents de Southam, une des chaînes de journaux canadiens de Black, a nié le fait que la compagnie ait été impliquée dans l'organisation de la visite de Haidar. Le chef du Parti de la liberté a accordé à la chaîne le Montréal Daily et à The Gazette, une entrevue exclusive, la seule de sa visite canadienne.

The Gazette a qualifié «d'effrayantes» les directives que le ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, a données à ses représentants officiels, soit de faire en sorte qu'il (Haidar) garde pour lui ses «opinions répugnantes».

Par ailleurs, le National Post, le plus important quotidien canadien de Black, accusait Axworthy d'hypocrisie, notant que l'année dernière le gouvernement canadien avait été l'hôte, lors du sommet de la francophonie, de plus d'un dictateur accusé de violations flagrantes des droits de l'homme. Ce point de vue était aussi adopté par le parti réformiste, qui a lui-même une riche histoire de chauvinisme anti-immigrant et anti-québécois. Le réformiste Keith Martin accusait Axworthy «de faire preuve d'hypocrisie» en fustigeant Haidar.

Il y a, sans aucun doute, une grande part d'hypocrisie dans l'attitude des gouvernements de l'Ouest face au nouveau gouvernement autrichien. Non seulement parce qu'ils appuient régulièrement des dictatures et ignorent les violations des droits de l'homme pour des raisons commerciales et géopolitiques. A plusieurs égards, le programme socio-économique réactionnaire de Haidar est semblable a celui poursuivi par le gouvernement libéral du Canada et de bien d'autres gouvernements des pays de l'Ouest.

Mais les accusations provenant des journaux de Black et du parti réformiste sont motivées par des considérations à plus long terme. Ils tentent d'introduire dans le paysage politique et de rendre légitime, le programme politique de l'extrême droite, incluant la politique basée sur la race et le nationalisme. N'oublions pas que la campagne en défense du dictateur chilien Augusto Pinochet était menée par nul autre que le Daily Telegraph de Black.

Voir aussi:
Les sanctions de l'Union européenne contre l'Autriche 22 février 2000


 

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