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La classe ouvrière et les élections présidentielles américaines de l'an 2000

Première partie : le terrain mouvant de la politique américaine

Communiqué du Parti de l'égalité socialiste des États-Unis
3 octobre 2000

Alors qu'elle entre dans sa dernière phase, la campagne présidentielle aux États-Unis a encore une fois exposé le gouffre qui existe entre les deux partis établis et la masse de l'électorat américain. Malgré les centaines de millions de dollars qu'ont dépensés pour leur promotion le gouverneur républicain George W. Bush ou le vice-président démocrate Al Gore, ni l'un ni l'autre ne peut sérieusement dire qu'il jouit d'un véritable appui populaire. Les électeurs n'ont confiance ni aux candidats ni aux partis.

Encore plus que ce qui est la norme dans la politique américaine, le processus électoral est un exercice de faux-fuyants, de supercheries, et parfois même de mensonge. Malgré tous leurs appels à l'appui des électeurs, les deux candidats font tout ce qu'ils peuvent pour cacher les véritables intérêts économiques et politiques défendus par leurs partis. Ni Gore ou Bush ne peut ouvertement parler de la réalité politique qui sous-tend la campagne : la politique du gouvernement après l'élection du 7 novembre ne sera pas déterminer par les promesses faites aux électeurs, mais plutôt par les besoins des entreprises qui ont financé les candidats républicains et démocrates.

Alors même que le jour du vote approche, les signes de crise économique sont partout : le prix de l'essence monte, les licenciements se multiplient, et les indices suggèrent un ralentissement économique mondial mettant fin au boum engendré par des dépenses massives et impossibles à soutenir par les investisseurs et les PDG. Les meilleurs analystes économiques remarquent que les tensions économiques internationales pourraient mener à une récession sévère, une dépression même, aux États-Unis. Malgré l'apparence de la prospérité, comme l'indiquait Business Week dans son numéro du 2 octobre, « des vulnérabilités existent dans tous les recoins de l'économie mondiale À présent la question est de savoir si l'économie mondiale est soumises à des tensions qui pourraient dégénérer en vrais problèmes ».

Que la prospérité si acclamée se transforme en récession dans les mois après l'élection ou non, il est universellement reconnu que les gains de l'expansion économique de la dernière décennie sont presque entièrement revenus aux 5 ou 10 pour cent les plus riches de la population. Les contradictions sociales et les problèmes sociaux qui s'accumulent depuis les 20 dernières années s'expriment aujourd'hui et viennent changer le terrain politique américain.

L'élection sera suivie d'une période de tensions sociales grandissantes et de conflit de classes. Que la prochaine administration soit celle de Gore ou celle de Bush, elle tentera de faire subir le pire de la crise par la classe ouvrière.

Si l'un des partis secondaires devait être élu, cela ne représenterait pas non plus de véritable alternative aux partis établis. Le candidat du Parti réformiste, Pat Buchanan, est un nationaliste d'extrême-droite qui tente de développer les bases politiques d'un mouvement fasciste de la même mouture que les partis anti-immigrés et racistes de l'extrême-droite européenne. Ralph Nader du Parti vert alimente l'illusion que les politiques de réforme libérale répudiées par les démocrates peuvent revivre si l'on fait suffisament pression sur le patronat américain. En même temps il fait appel aux mêmes sentiments nationalistes qui font le pain et le beurre de la campagne de Buchanan.

Tous ces candidats essaient de cacher la vérité fondamentale : la source de ce gouffre social entre l'élite privilégiée et les masses d'ouvriers est le système de profit lui-même.

Inévitablement, lorsque le jour de l'élection s'approchera, les ouvriers se feront demander de voter pour « le moindre des maux », c'est-à-dire, selon la bureaucratie syndicale, le démocrate Gore. Le Parti de l'égalité socialiste refuse cette fausse perspective. Le principal devoir des ouvriers est de tirer les leçons des décennies de subordination politique au Parti démocrate.

Les huit dernières années sous les démocrates et Bill Clinton ont souligné la futilité de toute tentative de trouver une solution progressiste à l'inégalité sociale, au militarisme, et à l'érosion des droits démocratiques dans le contexte du système politique des deux partis capitalistes.

Le Parti de l'égalité socialiste, par son organe international d'analyse politique, le World Socialist Web Site, s'emploie à construire une vraie alternative pour les ouvriers. La question décisive des élections est l'organisation indépendante de la classe ouvrière sur la base d'un programme égalitaire, démocratique et socialiste.

Sur fond de crise sociale

La caractéristique la plus remarquable de ces élections est que le Parti démocrate et le Parti républicain ont soudainement découvert que la vaste majorité de la population américaine est consistué de travailleurs qui ont peu, ou pas, profiter du boum boursier de Wall Street au cours des dernières années.

Depuis 20 ans, les deux partis ont mené une politique de réduction d'impôts pour les riches, de réduction des dépenses sociales pour les ouvriers et les pauvres et, en général, de redistribution de la richesse des ouvriers vers les riches, au nom de la toute-puissance du marché capitaliste. Le démocrate, Al Gore, et le républicain, George W. Bush, tentent tous deux de se présenter comme les défendeurs des personnes qui « travaillent dur et qui paient les comptes ».

Heure après heure, surtout dans les importants États du Midwest industriel, les médias sont saturées par des publicités proclamant que le Parti républicain et le Parti démocrate, financés et contrôlés en fait par les élites financières américaines, sont des tribunes populaires.

Le vice-président Gore a pris de l'avance dans les sondages après la convention démocrate, au cours de laquelle il a posé comme adversaire des intérêts des corporations. Le candidat démocrate s'est insurgé contre les projets républicains de réductions d'impôts, les dénonçant pour être un cadeau aux riches, et s'est proclamé un combattant pour les droits des « familles qui travaillent ».

Gore a passé une semaine entière à écorcher une à une les industries les moins populaires : les compagnies d'assurance médicale (les HMO), les compagnies pharmaceutiques, l'industrie du tabac, et point culminant, les compagnies pétrolières, alors qu'il appellait pour puiser dans les réserves nationales stratégiques de pétrole pour lutter contre les prix élevés des carburants.

Le gouverneur du Texas, George Bush, a basé sa campagne pour la nomination républicaine sur le slogan du « conservatisme compatissant » voulant suggérer qu'à la différence des républicains qui dirigent le Congrès, il n'était pas indifférent aux besoins du peuple. Il a essayé de faire concurrence aux démocrates avec des projets sur l'éducation, des subventions pour les médicaments des retraités, et sur la Sécurité sociale.

Parce qu'il perdait du terrain dans les sondages, Bush a changé la façon dont il vendait son projet fiscal, qui bénéficie ouvertement aux riches, pour le présenter comme le pan central d'un « Projet pour la classe moyenne ». Dans les ralliements et dans les publicités républicaines, on voit souvent des familles gagnant environ 40 000 dollars américains par an expliquer comment ils bénéficieront du projet de Bush.

Des appels semblables ont lieu au Congrès, tandis que les démocrates et les républicains dénoncent à tour de bras l'avarice de la grande entreprise lors des enquêtes sur le désastre des pneus Firestone, bien que les deux partis aient voté pour la déréglementation des années 1980 et 1990 qui a mené à ce désastre.

Dans les élections pour la Chambre et le Sénat, les candidats des deux partis ont mis en sourdine leur démagogie anti-crime, leur patriotisme hystérique et leurs attaques contre les personnes qui reçoivent l'assistance publique. Ils se sont métamorphosés en champions des soins à des prix raisonnables et des dépenses pour l'éducation, l'environnement et l'infrastructure sociale.

Il y a matière à comédie évidente dans le spectacle de deux rejetons multi-millionaires de la classe dirigeante, un fils de sénateur et un fils de président, qui tentent de se présenter comme les champions de la classe ouvrière. Mais ce changement subit des priorités de la vie politique américaine ne devrait pas être simplement interprétée comme une hypocrisie cynique.

Les efforts que font les deux partis pour se gagner un appui parmi les travailleurs sur les questions économiques et sociales reflètent un malaise profond au sein même des milieux politiques. C'est une réponse aux changements du sentiment populaire qui prennent place sous la surface de la vie politique officielle, et que les deux partis du patronat ont commencé à percevoir et à craindre.

Le virage vers la droite pendant les deux décennies précédentes était si prononcé que taxer un politicien de libéralisme, la version américaine de la philosophie de l'État-providence qui fut aussi la philosophie dominante de l'élite politique bourgeoise depuis les années 1930 de Franklin Roosevelt, était une insulte dans le monde de la politique officielle et que toute critique du gouffre entre les riches et les pauvres était considérée comme une crime de lèse-majesté.

Le tour populiste que prend la campagne présidentielle actuelle a une grande importance objective. Dans un système politique qui a longtemps été le plus isolé au monde des questions de classe, où on dépense de vastes sommes sur les campagnes des médias pour désorienter et manipuler l'opinion publique, il est devenu impossible de cacher l'écart entre le portrait officiel de prospérité générale et les réalités de la vie pour la vaste majorité des Américains.

La campagne électorale a ainsi acquis une certaine tension, même un air de crise. Les anciens clichés conservateurs qui ont dérouté l'électorat durant les années 1980 et 1990 n'ont plus le même impact. Les candidats républicains et les animateurs des talk-shows de droite se plaignent tous que, selon les mots mêmes de l'un d'entre eux, « personne ne s'intéresse plus aux réductions d'impôts ».

Les véritables tensions économiques et tensions de classe commencent à apparaître sur la surface de la vie politique américaine. Les États-Unis sont, et de loin, le pays le plus polarisé des pays industrialisés, avec l'écart les plus important entre les riches et les pauvres, ou, à vrai dire, entre les riches et le reste de la population.

Malgré le boum le plus long de l'histoire américaine, le niveau de vie de la vaste majorité des gens a stagné, quant il n'a pas diminué. Depuis les années 1970, les salaires des travailleurs salariés et payés à l'heure ont constamment baissé si l'on tient compte de l'inflation, tandis que la production économique américaine a triplé. Les travailleurs produisent de plus en plus, et reçoivent de moins en moins. Pour la plupart des familles, ceci signifie travailler davantage et se retrouver de plus en plus endettés en essayant de s'assurer un niveau de vie constant. Pour les plus vulnérables, les conséquences ont été même plus graves : pauvreté, phénomène des sans-abri, analphabètisme fonctionnel et faim.

Ce n'est pas simplement une question du déclin relatif, ou même absolu, des revenus de millions de familles américaines, mais une dégénerescence évidente de l'infrastructure sociale et du fonctionnement journalier de la société : la crise de l'éducation publique, l'impossibilité grandissante de payer les frais énormes des soins médicaux, l'érosion des systèmes de transport : des routes en ruines, des pneus qui explosent, et un système de trafic aérien surchargé.

Presque tous les jours des agences de services sociaux présentent de nouveau rapports qui documentent la crise sociale :

Une étude du 10 septembre a trouvé que dans le plus riche pays du monde, 30 pour cent des enfants des familles monoparentales courent le risque d'être mal nourris.

Un rapport du New York Times du 17 septembre, basé sur des données de l'Internal Revenue Service (l'agence qui gère la collection des impôts) a remarqué que les revenus moyens des 90 pour cent des moins riches ont monté de 1,6 pour cent au cours de la décennie précédente, alors qu'en comparaison, le 1 pour cent le plus riche a vu ses revenus monter de 89 pour cent.

Une étude publiée le 20 septembre par un groupe de défense du logement a trouvé qu'un ouvrier payé au salaire minimum national ne pouvait se payer le loyer d'un apartement à deux chambres « modeste » en aucune région des États-Unis.

La publication le 22 septembre de la liste des 400 dans Forbes, une liste des américains les plus riches, dont la plupart sont milliardaires, montre le contraste énorme entre l'accumulation de la richesse aux plus hauts niveaux de la société et la détérioration des conditions pour la vaste majorité de la population.

Une récente description dans la presse des divisions sociales aux États-Unis utilisait les données de l'impôt pour démontrer que « la marée montante des bits et des octets fait monter plus les yachts que les barques », une référence à une maxime célèbre du milieu du vingtième siècle qui décrivait l'État-providence : « une marée montante fait monter tous les bateaux ». Mais de tels rapports laissent de côté une question essentielle. Quel genre de « boum » économique bénéficie à une si petite minorité et en laisse autant derrière ? Comment peut-on parler de progrès économique alors que les travailleurs, ceux-là mêmes qui créent la richesse, font face à une lutte de plus en plus difficile pour survivre ?

Ni Gore ni Bush ne veulent que soient discutées de telles questions. Les deux sont des défenseurs de longue date du système de profit. Si la question de l'inégalité sociale se trouve au centre de la campagne, ce n'est pas à cause des désirs des hommes politiques démocrates ou républicains, mais à cause de l'accumulation des contradictions objectives au sein de la société américaine. Quel que soit le parti qui gagne les élections, la voie vers une explosion de conflits sociaux et politiques sous la prochaine administration est maintenant ouverte.

Un quart de siècles d'assauts sur les ouvriers

Il y a une contradiction fondamentale dans les prétentions d'ouverture aux travailleurs des deux partis. La campagne électorale de l'an 2000 suit 25 ans d'assauts continus des deux partis contre la classe ouvrière. Les démocrates et les républicains parlent des conditions sociales de plus en plus difficiles, mais oublient de mentionner que ces conditions sont le résultat de politiques menées par des administrations démocrates et républicaines depuis les années 70. Ils semblent compter sur un genre d'amnésie politique du peuple américain.

Bush se plaint de l'état de l'éducation, bien que le parti républicain ait approfondi la crise des écoles publiques avec des réductions des dépenses fédérales et des États ainsi qu'avec son alliance avec des groupes fondamentalistes et d'extrême droite qui veulent carrément démanteler l'éducation publique. Gore dit qu'il s'inquiète des millions d'Américains sans assurances médicales, sans parler de l'histoire de l'administration Clinton-Gore, qui a vu le nombre de ceux sans assurances passé de 38 à 44 millions de personnes.

Chacun des deux partis accuse démagogiquement son rival, mais ni l'un ni l'autre ne peut faire oublier leur responsabilité commune dans les conditions que doivent confronter les travailleurs. Depuis l'élection du démocrate Jimmy Carter en 1976, les démocrates et les républicains ont tous deux eu la présidence pendant 12 ans. Pendant 18 des 20 dernières années, un parti a contrôlé la présidence tandis que l'autre contrôlait une ou deux des chambres du congrès. Malgré tous leurs conflits internes, les démocrates et les républicains ont soutenu un même programme : enrichir une minuscule élite richissime aux dépens du reste de la population.

Ce processus a commencé sous la présidence de Carter, tandis que le patronat essayait de changer les rapports entre les classes après les explosions politiques et sociales des années 1960 et du début des années 1970. Face à une concurrence internationale de plus en plus vive, les grandes entreprises américaines ont exigé une plus grande liberté pour leurs restructurations, les augmentations de cadence et autres mesures pour augmenter la productivité. Leur arme stratégique contre la classe ouvrière a été la création délibérée d'un chômage généralisé qui avait pour but d'affaiblir la résistance des travailleurs face à l'exploitation croissante.

Carter a nommé un banquier de Wall Street, Paul Volcker, pour diriger la Réserve Fédérale (la banque centrale aux États-Unis), avec le mandat d'imposer un resserement du crédit qui a culminé en des taux d'intérêt de plus de 20 pour cent. Les mesures de Volcker ont eu l'effet recherché : une récession profonde et une montée dramatique du chômage.

Carter a vu au redressement financier du constructeur d'automobiles Chrysler, où pour la première fois un syndicat majeur, les United Auto Workers, ont négocié des réductions de salaires et des augmentations de la productivité pour éviter des fermetures d'usines et des licenciements en masse. Son administration a aussi vu la déréglementation de l'industrie aérienne, dirigée par le démocrate « de gauche » Edward Kennedy, la première tentative pour imposer la « flexibilité » dans le marché du travail et pour réduire les obligations des grandes entreprises relativement à la sécurité au travail, l'environnement, et à la protection des consommateurs.

En 1980 l'élection de Reagan a signifié le début d'un assaut massif contre la classe ouvrière à l'étranger et aux États-Unis. Reagan a imposé la plus grande réduction des impôts pour les riches de l'histoire, en même temps qu'il dépensait des sommes énormes sur les forces armées avec deux buts en tête : la banqueroute de l'URSS, rival des États-Unis de la guerre froide, et le tarissement des ressources du gouvernement américain à un point tel qu'il ne pourrait plus faire de dépenses sociales importantes.

L'administration Reagan a préparé une grande confrontation avec les syndicats, provoquant délibérément une grève du syndicat PATCO des aiguilleurs du ciel, licenciant tous les grévistes, mettant les dirigeants de la grève en prison, et acculant le syndicat à la faillite. Il fallait que les syndicats subissent une défaite importante et très publicisée, qui permettrait au gouvernement fédéral de légitimiser un assaut tous azimuts contre les gréves dans toutes les secteurs de l'économie avec un barrage de mesure permettant le congédiement et l'emprisonnement des grévistes et la faillite des syndicats par des amendes colossales. La défaite de PATCO était le début de toute une période d'élimination des syndicats et de congédiements en masse sans précédent depuis 50 ans, entrepris par de puissantes compagnies telles que Phelps Dodge, Greyhound, Continental Airlines et Hormel, pour n'en citer que quelques unes.

Ces assauts étaient sanctionnées par l'AFL-CIO (la grande fédération syndicale aux États-Unis), qui a collaboré avec les patrons pour isoler les travailleurs en gréve ou en lockout ainsi que pour saboter leurs luttes dans le but de démoraliser les ouvriers et affaiblir l'influence des membres de la base au sein des syndicats. Tandis que les syndicats perdaient leurs membres, que les grèves devenaient de plus en plus rares et que les salaires en termes réels baissaient, les revenus et le pouvoir des bureaucraties syndicales grandissaient.

Les changements politiques au début des années 1980 ont non seulement mis fin à une entente sociale qui interdisait les assauts ouverts contre les syndicats, mais aussi à l'idée que les politiques du gouvernement tenteraient d'atténuer les pires conséquences du capitalisme en encadrant les entreprises et en offrant un minimum de protection sociale. L'administration Reagan, avec le soutien du Congrès qui était largement contrôlé par les démocrates, a fait voter des réductions immenses des impôts sur les profits et sur le revenu qui ont principalement profité aux riches, a déréglementé de grandes sections de l'industrie américaine, et a commencé à réduire le financement des programmes d'assistance sociale. Il y a donc eu une montée explosive de la richesse et des revenus des strates supérieures de la société américaine, et une détérioration continue des conditions de vie pour des millions de travailleurs.

L'enrichissement des riches au dépens du reste des Américains n'a pas été un accident, ou le résultat inattendu de forces mondiales que les représentants gouvernementaux et les dirigeants d'entreprise ne pouvaient contrôler. L'intention de ceux qui étaient aux plus échelons de l'État était d'éliminer tout obstacle au profit des entreprises et à l'enrichissement personnel. Les politiques subjectives et les processus objectifs, surtout le révolution en informatique et en télécommunications, ont ensemble produit une polarisation sociale grandissante.

De Reagan à Clinton

L'élection de Clinton en 1992 était en partie dûe à la réaction populaire contre une décennie de compressions budgétaires, de réductions de salaires, et d'autres assauts contre la classe ouvrière. Mais le Parti démocrate qui est arrivé au pouvoir en 1992 avait une relation différente avec le patronat américain que celle des administrations Roosevelt ou Johnson aux époques du New Deal (années 1930) ou de la Grande Société (années 1960).

Clinton avait bénéficié d'un appui financier important de Wall Street pour gagner la nomination présidentielle de son parti. Il était cofondateur du Conseil de la direction démocrate (Democratic Leadership Council), un groupe d'hommes politiques formé pour imposer un programme plus à droite au parti démocrate, mettant fin aux promesses de réforme sociale et renonçant à toute redistribution plus égalitaire de la richesse, et reprenant à son compte la démagogie des républicains pour des questions comme l'État-providence, le crime, et l'armée.

Pendant huit ans sous l'administration Clinton, dont six connurent la cohabitation avec un Congrès républicain, le pays a connu une orgie d'enrichissement devant lequel « décennie d'avarice » des années 1980 paraît bien pâle. Après que Clinton eut laissé tomber sa seule réforme importante, l'accès universel aux soins médicaux, son administration a été paralysée par l'élection d'un Congrès républicain en 1994 et une série d'enquêtes pour des causes inventées de toutes pièces qu'ont organisées les républicains pour le déstabiliser.

Il est un domaine pour lequel Clinton a été encore plus agressif que ses prédécesseurs républicains. On se rapellera de l'administration Clinton pour une augmentation marqué de l'usage de la force militaire pour imposer au monde les vues économiques et stratégiques du capitalisme américain. Sous Clinton, les troupes américaines ont été envoyées dans des douzaines de points chauds à travers le monde et il a plu des missiles américains sur les États soi disant dissidents, de l'Iraq au Soudan en passant par la Yougoslavie et l'Afghanistan. Clinton laisse en héritage à son successeur une politique de militarisme virulent, tel que le montre les augmentations importantes des dépenses du Pentagone dans ses deux derniers budgets.

Alors qu'il a sauvagement défendu les intérêts du patronat américain à l'étranger, Clinton a capitulé aux diktats de l'élite dirigeante sur les questions de politique sociale aux États-Unis, déclarant dans son discours sur la Condition de la Nation de 1995 que « l'ère du gros gouvernement est révolue ». Il a approuvé des lois en 1996 qui éliminaient le programme d'aide fédérale aux familles monoparentales, peut-être la mesure sociale la plus cruelle des derniers vingt ans. Son sécrétaire du Trésor, Robert Rubin, a travaillé en collaboration étroite avec Alan Greenspan, le président de la Federal Reserve, pour alimenter le boum sur Wall Street de 1995-99 au cours duquel le prix des actions a triplé et des fortunes immenses ont été amassées presque du jour au lendemain.

Loin de représenter une négation des politiques de Reagan et Bush, l'administration Clinton-Gore a mené à bien une concentration toujours plus extrême de la richesse dans les mains d'une élite financière. Selon le Bureau des budgets du Congrès (Congressional Budget Office), un bureau contrôlé par les républicains et conséquemment loin d'être un bastion de l'égalitarisme, 90 pour cent des nouvelles richesse créées au cours du dernier quart de siècle ont été accaparés par le 1 pour cent le plus riches des Américains.

 

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