wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

L'approvisionnement en essence reprend en Grande-Bretagne

Richard Tyler et Chris Marden
14 septembre 2000

Jeudi matin, les agriculteurs et les routiers ont commencé à lever les barrages qu'ils avaient érigés devant les raffineries et les dépôts de carburant pour protester contre les taxes trop élevées sur ces produits. Le blocus a été levé devant l'offensive unie du gouvernement travailliste, du Trades Union Congress (TUC, la confédération des syndicats britanniques) et des médias de masse.

Le soir précédent, le gouvernement a annoncé que l'armée était mobilisée et prête à intervenir selon la loi des pouvoirs d'urgence de la Grande-Bretagne pour que cessent les mouvements de protestations et assurer que l'essence soit livrée. 80 camions-citernes de l'armée ont été déployés vers des points stratégiques du pays mercredi soir. On avait aussi dit à la police d'utiliser toute la force nécessaire pour permettre aux camions de ravitaillement de quitter les dépôts.

Les efforts pour casser le mouvement par des mesures anti-démocratiques a été endossé par le Congrès des syndicats lors d'une conférence qu'il tenait en Écosse le jour même où elles étaient annoncées. Le TUC a condamné les barrages pour être « une tentative inconstitutionnelle et illégale pour forcer le gouvernement à plier... un défi à la démocratie et une tentative grossière de prendre le pays en otage. » Bill Morris, le secrétaire général du Syndicat des travailleurs généraux et du transport qui représente quelques sections de routiers a donné l'ordre de traverser les piquets des protestataires. D'autres syndicats ont demandé que les protestataires soient traînés devant les tribunaux comme l'avaient été les mineurs en 1984-85.

Les médias ont, comme un seul homme, demandé que les barrages soient levés. Certains ont exprimé leur appui pour la réduction des importantes taxes sur les carburants si dévastatrices pour les travailleurs, l'industrie du transport et l'agriculture. D'autres, particulièrement les journaux qui se définissent comme libéraux comme le Guardian ont repris la propagande gouvernementale et des TUC selon laquelle les protestations anti-taxes n'étaient qu'un complot de la droite contre la démocratie. Tous ont appelé les protestataires à prendre en compte la crise que le blocus créait, en particulier dans les services d'urgence et le système de santé public.

Les attaques du gouvernement contre les manifestations ont poussé une masse de protestataires à joindre les piquets, y compris 200 conducteurs de taxi de Liverpool, qui ont marché deux milles pour rejoindre le barrage après que la police leur ait refusé l'accès avec leur véhicule. Aux assemblées populaires tenues par les différents piquets jeudi matin, plusieurs ont déclaré qu'ils mettaient fin au blocus, mais en tant que « vainqueurs moraux », et qu'ils ne voulaient risquer de s'aliéner le très grand appui que leur avait donné la population dans leur campagne contre le gouvernement.

La Grande-Bretagne a durement été touchée par les pénuries de carburant, particulièrement l'industrie automobile et les usines qui dépendent des livraisons « juste à temps » pour leur production. Les hôpitaux et les services de santé de la capitale étaient « à 24 heures de la crise » alors que le manque de carburant forçait les patients et les médecins à l'attente. Les écoles avaient commencé à fermer dans certains secteurs et les supermarchés manquaient de certains aliments à cause de problèmes de livraison et d'un mouvement de panique au sein de la population.

Malgré les inconvénients certains qu'elle subissait, la population appuyait massivement les mouvements de protestations contre le gouvernement. Un sondage téléphonique révélait que 94 pour cent des 711 000 participants condamnaient la gestion de la crise par le gouvernement travailliste de Tony Blair.

Plusieurs représentants gouvernementaux ont désapprouvé la « faiblesse » de Jospin devant les protestations « illégales » en France et, la semaine passée seulement, vantaient le respect pour la loi si caractéristique de la vie politique britannique. Le mouvement de protestation a touché l'ensemble de l'Europe, de la Belgique à la Pologne, en passant par l'Espagne.

Le mouvement de protestation est dirigé par des groupes de petits entrepreneurs et de fermiers, avec l'appui de leurs travailleurs, qui se sont formés pour l'occasion. Parmi ses dirigeants, on trouve Brynle Williams, un éleveur de boeufs et de moutons qui est vice-président de la branche locale du Syndicat des fermiers du pays de Galles à Flintshire, ainsi que Richard Haddock, qui a été candidat perdant au poste de président du Syndicat national des fermiers cette année. Leurs actions ont pour but de défendre les intérêts particuliers de leur industrie et ne sont pas motivées par l'impact qu'ont les différentes taxes de vente régressives sur la vie de millions de travailleurs, la taxe sur le pétrole n'étant qu'une de celle-là.

Qu'un mouvement de petits entrepreneurs ait pu représenter la première menace sérieuse au gouvernement travailliste a pour cause principale du refus odieux des dirigeants syndicaux d'organiser la moindre défense du niveau de vie des travailleurs. Blair, ainsi que le gouvernement conservateur qui l'a précédé, ont tous deux pu compter sur un mouvement syndical qui s'est entièrement rallié aux intérêts de la grande entreprise. Le TUC a isolé et trahi toutes les grèves importantes depuis 1980, s'est intégré aux structures de gestion des entreprises, et a proclamé la fin des conflits syndicaux remplacés aujourd'hui par le partenariat social.

Même si Blair ne ménage pas ses efforts pour se distancier du TUC afin de rassurer le monde des affaires sur le fait que le Parti travailliste n'est plus basé sur la classe ouvrière, le TUC a connu un glissement vers la droite qui n'est pas moins important que celui du parti qu'il a fondé il y a de cela près de cent années. À quelques exceptions près (l'adoption de l'euro, par exemple), le TUC a appuyé toutes les politiques du gouvernement.

Le syndicat le plus directement impliqué dans l'industrie du transport, le Syndicat des travailleurs généraux et du transport demandait à leurs membres dans un communiqué de presse publié le 12 septembre de « continuer à travailler aussi longtemps que leur sécurité n'était pas en jeu » et demandait aux « protestataires de lever leurs barricades et de laisser nos membres faire leurs livraisons. »

Dans une situation où toutes les voies normales de protestation et d'expression du désaccord politique sont bloquées pour la classe ouvrière, où l'opposition tory est en plein désarroi, où le monde des affaires et les médias appuient généralement ses politiques, il semblait que Blair ne pouvait se tromper. Ce que le mouvement de protestation contre les taxes sur les carburants révèle c'est que sous la surface des événements, une immense colère grandit contre le gouvernement qui doit inévitablement trouver une expression politique plus importante.

 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés