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Le Parti conservateur britannique présente un manifeste d'extrême-droite

Par Chris Marsden
8 septembre, 2000

Le Parti conservateur du Royaume-Uni a présenté cette semaine son « mini-manifeste » pour les élections générales prévues pour le mois de mai de l'année prochaine.

« Croire en la Grande Bretagne » est un document d'extrême-droite, même selon les critères des tories (conservateurs). Il marque le remaniement du parti traditionnel des hommes d'affaires en parti d'extrême-droite sur le modèle des formations telles que le Parti de la Liberté de Jörg Haider en Autriche.

Le mini-manifeste se concentre sur l'opposition à l'adoption de la monnaie unique européenne, l'euro, et ce qu'il appelle la « garantie sterling », c'est-à-dire garder la livre comme monnaie tout le prochain mandat gouvernemental, qui dure normalement cinq ans. Le chef du parti, William Hague, a présenté son document un jour après avoir annoncé que les deux grandes organisations faisant campagne contre l'euro, « Business for Sterling » et « New Europe » (« les hommes d'affaires pour la [livre] Sterling » et « la nouvelle Europe »), lançaient ensemble une campagne anti-euro avec le très imaginatif slogan de « Non ». Ni l'une ni l'autre de ces organisations n'a une affiliation stricte avec un parti, mais les conservateurs y ont néanmoins une forte présence.

Les tories croient que cette question leur gagnera des votes comme elle l'a fait pour leurs alliés politiques à travers toute l'Europe. La promesse de garder la livre sterling est une tentative d'attiser le chauvinisme national et se base sur la volonté de faire du Royaume-Uni un centre attrayant pour les investissements, avec de faibles impôts et peu de réglementation. Le document affirme que dans la nouvelle économie mondiale, « Notre liberté de décider nos propres impôts et notre politique sociale sera plus importante quand les sociétés pourront faire leurs affaires n'importe où ... nous défendrons donc l'indépendance et l'unité de notre État-nation ».

S'opposant à ce qu'ils appellent le danger du « super-État intégré », ils soutiennent la préservation des « intérêts nationaux » et du droit de veto sur les lois européennes. Les tories s'opposent explicitement à une Charte de droits fondamentaux que la Cour de justice européenne mettrait en vigueur. Ils prônent qu'il faut refuser que davantage de pouvoirs soient transférés de Westminster vers Bruxelles et se déclarent fermement contre les projets de créer une entité militaire de l'Union Européenne indépendante de l'OTAN.

L'intégration dans l'Union Européenne n'est désirable que pour les « aspects fondamentaux d'ouverture, de libre-marché, et compétitivité », c'est-à-dire quand les mesures économiques arrangent les grandes sociétés.

Plusieurs paragraphes tempêtent contre les restrictions bureaucratiques du marché par Bruxelles et promettent de réformer la politique commune de l'agriculture et de la pêche pour que soit restauré le contrôle national.

Prônant des liens plus étroits avec les États-Unis, ils appellent à « une alliance entre l'UE et NAFTA [la zone de libre échange en Amérique du Nord], pour étendre la zone de libre échange des deux côtés de l'Atlantique ».

Leur discours nationaliste et anti-européen va main dans la main avec les mesures anti-immigrés dirigées contre les demandeurs d'asile. Les tories affirment crûment que « la grande majorité des demandes d'asile ne se justifient pas » et doivent être découragées. Ils promettent qu'un gouvernement conservateur détiendrait tous les demandeurs d'asile dans des centres de réception, déciderait le plus rapidement possible du mérite des demandes, et créerait une nouvelle agence qui s'occuperait des déportations. Ils s'assureraient aussi que les demandeurs d'asile en provenance de « pays jugés sûrs ne seront pas généralement acceptés ».

Le mini-manifeste contient d'autres mesures anti-étrangères, telles que l'introduction du programme « disque BRIT » qui ferait payer l'utilisation des routes britanniques aux compagnies de fret étrangères. Les tories réclament que le pays d'origine soit indiqué sur tout produit alimentaire, et que l'importation de nourritures ne satisfaisant pas « les critères nationaux de qualité » cesse. Avec l'établissement de l'Assemblée Écossaise à Édimbourg, les membres du parlement écossais n'auront plus le droit de voter à Westminster sur des « lois anglaises ».

Les mesures économiques et sociales prônées par Hague développent celles que Margaret Thatcher avaient introduites dans les années 1980 et tentent de dépasser par la droite le gouvernement travailliste de Blair. Dans l'introduction du manifeste tory, on se lamente de « l'intervention du gouvernement central », « des obstacles politiques », et de ceux qui considèrent que « les dépenses publiques sont une mesure de la compassion ». Le « libre échange », la « tradition », l'« indépendance », la « nation », et la « suprématie de la loi » sont si fréquemment invoqués qu'elles en deviennent des mantras; pour exemple : « stop undermining families and marriage and the values of the mainstream majority ; support those who work hard and save hard ; make sure our homes and our streets and our children are safe from the criminals ; make sure government is on the side of the law-abiding ; preserve the stability and traditions of British democracy ». [« arrêtons de miner les familles et le mariage et les valeurs traditionnelles de la majorité ; soutenons ceux qui travaillent beaucoup et qui épargnent beaucoup ; mettons nos maisons et nos rues et nos enfants à l'abri des criminels ; soyons sûrs que le gouvernement prend le parti de ceux qui obéissent à la loi ; garantissons la stabilité et les traditions de la démocratie britannique ».]

Les tories définissent la « Révolution du Bon Sens » comme « une économie qui favorise l'entreprise avec peu d'impôts et de réglementation, capable de rivaliser avec les autres pays en baissant les impôts pour attirer de nouvelles sociétés ». Ils ajoutent que ceci est « moralement juste » dans une « société libre ».

Une des mesures de déréglementation qu'ils avancent est de donner « une véritable indépendance » au comité sur la politique monétaire de la Banque d'Angleterre quant aux taux d'intérêts, pour permettre que l'inflation soit minimale. Les dépenses publiques augmenteraient dans la même proportion que la croissance économique générale, une croissance que l'on projette actuellement à 2,5%; le gouvernement travailliste a prévu une hausse de 3,3% des dépenses publiques. Une telle politique impliquerait des compressions des dépenses publiques d'environ 16 milliards de livres par an (environ 150 milliards de francs français).

Les conservateurs s'engagent à encourager la croissance de l'industrie médicale privée et des fonds de retraite privés. Ce qui reste de logements publics en Grande Bretagne sera aussi privatisé.

Les mesures de privatisation de loin les plus radicales concernent l'éducation. Les agences locales n'auraient plus rien à dire dans la gestion des écoles. Ce sont plutôt les directeurs et les gouverneurs qui auraient toute liberté de trancher sur les questions d'admissions, de discipline, des uniformes, et des salaires. Des compagnies privées, des groupes de bénévoles, ou des groupes de parents pourraient établir des « écoles partenaires » (Partner Schools), des institutions privées recevant des fonds de l'État. Il n'y aurait plus de limite sur le nombre d'élèves pouvant être renvoyés pour ce qui est considéré comme une mauvaise conduite, et les renvoyés se retrouveraient dans des « centres de développement » spéciaux.

Hague propose un grand pas vers la privatisation des universités et la création d'un système universitaire inégal (le « endowment system »), où les universités dépendent pour leurs revenus de fonds qu'ils investissent (un « endowment »), ce qui mettrait fin au financement des universités par l'État. Les revenus générés par les futures ventes de fréquences de télévision et de radio, des actifs, et des privatisations reviendraient à des universités choisies qui auraient pour tâche de créer des établissements d'élite capables de rivaliser avec « les plus grandes institutions universitaires au monde ». Les sommes proposées seraient de l'ordre de 50 milliards de livres, remplaçant l'argent provenant du Conseil pour le financement des études supérieures, et seraient d'à peu près 50 millions de livres par université.

Les universités célèbres telles qu'Oxford et Cambridge ont déjà de grands endowments et seraient les mieux placés pour obtenir le plus d'argent de ce nouveau système, au détriment des universités moins prestigieuses.

Les conseils municipaux qui baisseraient le plus les dépenses publiques deviendraient des « Conseils libres » et ne seraient plus soumis aux interventions et aux règlements du gouvernement central.

Les chômeurs seraient forcés de signer une promesse d'accepter n'importe quel travail qui leur serait offert, ou de perdre leurs assistance sociale. Un chef de famille monoparentale avec des enfants au secondaire devrait travailler et il y aurait « une lutte soutenue et sans précédent » contre la fraude en matière d'assistance sociale, pour laquelle un nouvel organisme chargé des enquêtes serait créé.

Les tories proposent aussi comme mesures pour démanteler l'État-providence que les services sociaux soient offerts par des organisation charitables et « basées sur la foi ». Pour étendre l'influence de la religion, les tories proposent également de financer des organisations à l'aide de fonds publics et de permettre aux organisations religieuses d'établir des stations de télévision.

Sur les questions policières, les tories maintiennent que « la majorité traditionnelle pense que le gouvernement est trop souvent du côté du criminel plutôt que de la victime. Ils ont raison ». Ils promettent d'augmenter le nombre de policiers, d'évaluer la loi sur la légitime défense contre des particuliers soupçonnés d'agir contre la loi et de la loi « double danger », qui fait qu'on ne peut mettre quelqu'un en accusation qu'une fois pour un crime. Ils aboliraient la plupart des diminutions des peines de prison, allongeraient la liste des crimes pour lesquels la sentence est obligatoire dans le cas de récidiviste, une mesure imposée par les travaillistes, et mettrait les jeunes délinquants dans « des centres d'éducation à haute sécurité ».

 

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