wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Inondations catastrophiques en Europe

Par Ute Reissner
Le 21 août 2002

Utilisez cette version pour imprimer

Au cours des deux dernières semaines, des parties importantes du centre et de l'est de l'Europe ont connu les pires inondations survenues depuis 150 ans.

Des jours entiers de pluies torrentielles qui ont commencé le 10 août, ont fait que de nombreux cours d'eau d'Europe ont débordé. Même de petits ruisseaux ont été transformés en courants bouillonnants balayant sur leur passage des maisons, des arbres et des voitures. Selon les informations actuelles, les inondations ont causé la mort de 100 personnes en Allemagne, en Autriche, en République Tchèque, en Roumanie et en Russie. L'Italie du nord et la ville de Rome ont été également frappées par des pluies torrentielles.

La plupart des victimes sont mortes sur la côte de la Mer Noire. Dans la région de Novorossisk, l'inondation de 15 villages a causé la mort de 60 personnes au total.
Dans la ville de Dresde, en Allemagne orientale, l'Elbe a atteint un niveau de 9,40 mètres - le maximum connu - inondant le centre historique de la ville et noyant sous les eaux de nombreux bâtiments d'intérêt historique majeur.

Les musées que ces bâtiments abritent n'avaient été rouverts que depuis une dizaine d'années après des restaurations et des reconstructions importantes. On pouvait y voir des oeuvres d'art d'une valeur inestimable datant de la Renaissance italienne, de la période baroque tout comme de nombreux tableaux de maîtres flamands ou hollandais. L'étendue des dégâts causés à ces bâtiments reste à être déterminé, mais des volontaires ont pu sauver des oeuvres d'art en les mettant à l'abri aux étages supérieures des bâtiments. Des milliers d'habitants de Dresde ont aidé au remplissage et à la distribution des sacs de sable pour essayer de protéger la cité surnommée "La Florence de l'Elbe". Au fur et à mesure de la montée des eaux, il a été nécessaire d'évacuer certains quartiers de la ville.

Des dizaines de milliers de maisons ont été gravement endommagées en Autriche. En République Tchèque, des parties entières des terres ont été inondées et le gouvernement tchèque a déclaré l'état d'urgence pour certaines régions. Quelques 70.000 Praguois ont été contraints de quitter leur domicile quand la Vltava est sortie de son lit. De source gouvernementale, la restauration du réseau routier et ferroviaire de la ville prendra des mois. Le coût des dégâts a été estimé par le premier ministre à près de 4 milliards d'euros.

Ce sont les états de Bavière et de Saxe qui ont été les plus touchés en Allemagne. Pendant quelques jours, plusieurs agglomérations de ces deux états ont été coupées du monde et ont dû être ravitaillées par les airs. Des pensionnaires de maisons de retraites et des malades des hôpitaux ainsi que des régions entières ont été évacuées. Le long des rives de l'Elbe, 100.000 personnes ont été obligées de passer plusieurs nuits dans des abris d'urgence ou de se réfugier chez des amis ou dans leurs familles. Rien que dans la ville de Dresde, 17.000 personnes ont été obligées de quitter leur domicile. L'état d'urgence a été officiellement décrété dans les montagnes de l'Erzgebirge en Saxe comme à Dresde.

En Roumanie, 30 villages des cinq régions frontalières avec la Moldavie ont été inondés. Depuis le début du mois d'août, 8 personnes au total sont mortes suite aux inondations dans les régions montagneuses.

La ville de Budapest sur le Danube n'a pratiquement subi aucun dégât. Le porte-parole de l'Organisme de Secours d'Urgence Hongrois, Tibor Dobson, a parlé du niveau de solidarité élevé au sein de la population, ce qui a rendu possible l'évacuation sans aucun problème majeur de 2.000 personnes en dehors des zones de danger. Au moment où nous écrivons cet article, les eaux gonflées de la Vltava coulent en direction de la ville yougoslave de Novi Sad, qu'il va peut-être falloir évacuer.

A l'ouest, on peut s'attendre à ce que les digues qui ont été construites près d'Hambourg, en Allemagne du nord, résistent bien aux eaux. Mais au fur et à mesure de la décrue, l'étendue des dégâts se précise de plus en plus. De nouvelles estimations du coût des dégâts sont révisées tous les jours.

Ces pluies exceptionnelles en Europe sont la conséquence d'une corrélation de phénomènes météorologiques. Au lieu de se déplacer vers le nord-est, un front de basse pression au dessus de l'Angleterre s'est déplacé vers le sud. Réchauffé par le climat du sud de la Méditerranée, le front s'est chargé de plus en plus d'eau. Ce front s'est ensuite heurté à de l'air froid dans son déplacement vers le nord en direction de la Mer Baltique, ce qui a occasionné des pluies torrentielles sur de vastes régions. Un phénomène météorologique semblable, appelé front 5-B, a causé des inondations qui ont frappé une grande partie de l'est de l'Allemagne et de la Pologne au cours de l'été 1997.

Il est clair que, suite à la catastrophe de 1997, les gouvernements des pays concernés par ces inondations n'ont pas réussi à se préparer suffisamment pour faire face à de nouvelles inondations et qu'aucune coordination efficace entre les différents pays européens n'a pu être mise en place.

Il a été récemment écrit beaucoup de choses à propos des conséquences du réchauffement de la planète. Quand les températures augmentent, des volumes de plus en plus importants d'eau se condensent, ce qui provoque des chutes de pluie de plus en plus importantes. A l'échelle mondiale, de telles tendances ne peuvent être contestées et elles montrent que les institutions en place sont incapables de développer une stratégie à l'échelle planétaire pour protéger les bases naturelles de la vie moderne.

Un certain nombre d'autres éléments ont joué un rôle important, tout d'abord le redressement artificiel des cours d'eau. Un autre facteur est la construction hasardeuse de bâtiments sur des zones inondables, ce qui empêche toute distribution naturelle et provoque des fuites d'eau importantes. Toutes ces conditions mettent en évidence le peu d'intérêt de la part des responsables politiques pour la protection de la population. Le météorologiste allemand, Jörg Kachelmann, qui dirige sa propre société privée de prévisions météorologiques, accuse depuis plusieurs années l'agence publique allemande de prévision météorologique de ne pas assez prévoir de telles catastrophes. Les importantes pluies récentes étaient déjà évidentes le 11 août, mais les services d'urgence ne sont entrées en action que le lendemain, alors que plusieurs régions se trouvaient déjà sous les eaux. Dans les premiers moments de la crise, ceux qui avaient été touchés par les inondations ont dû se débrouiller tout seul et assister à l'inondation de leur maison ou de leur appartement sans pouvoir faire quoi que ce soit.

Le trésorier principal de la société allemande Allianz, Klaus Friedrich, a chiffré les dégâts des eaux en Allemagne à 15 milliards d'euros et, d'après le Ministère de l'Economie et les sociétés d'assurance, un pourcentage allant de 80 à 90% de cette somme n'est pas couvert par les contrats d'assurance.

Dans les états de Brandenbourg et de Saxe des entreprises de petites ou de moyennes tailles fondées dans les dix ans qui ont suivi la chute de la R. D. A. (République démocratique allemande) ont été très gravement touchées. La plupart de ces entreprises ont lutté pour survivre au cours des deux dernières années. En Saxe, d'après les première évaluation, entre 5.000 et 10.000 entreprises seraient touchées par les dégâts dont le montant se chiffre entre 100.000 et 200.000 euros. Dans une interview à l'édition allemande du Financial Times en date du 20 août 2002, le président de l'association d'épargne et de chèques postaux pour l'est de l'Allemagne, Rainer Voigt, a déclaré «Nous devons étudier chaque cas en particulier pour voir si un délai supplémentaire pour le remboursement des emprunts est justifié.»

Uwe Neumann de la Chambre de Commerce et d'Industrie de Dresde a fait le commentaire suivant: «De nombreuses petites sociétés sont menacées de faillite Elles ont toutes d'énormes crédits en cours. Beaucoup n'ont pu commencer à rembourser leur dette que depuis deux ou trois ans».

«Ce sont les petits commerces qui ont le plus souffert des inondations» d'après l'édition en ligne du Tagesspiegel de Berlin. Eberhard Lucas de la Chambre de Commerce de Saxe a estimé que les inondations ont causé des dommages à 10.000 entreprises commerciales. Il a déclaré «Il y a des villes où il n'est plus possible de faire ses courses. Tous les petits commerces ont disparu». Les groupes hôteliers évoquent une menace envers leur existence. La plupart des maisons n'étaient pas assurées.

De son côté, le syndicat des agriculteurs allemands a rapporté une perte catastrophique des récoltes et a annoncé une augmentation des prix.
A seulement quelques semaines des élections générales allemandes, l'actuel chancelier Gerhard Schröder (SPD - Parti social-démocrate) et son principal rival, Edmund Stoiber (CDU/CSU - Union chrétienne-démocrate / Union chrétienne-sociale) ont promis une aide supplémentaire. Mais, il est inévitable que les deux candidats feront porter le fardeau de la crise sur les épaules de la population tout entière.

Cela fait des années qu'aussi bien les démocrates chrétiens que les sociaux-démocrates poursuivent une politique de redistribution des richesses de la population ouvrière vers les riches, et il n'y a aucune raison d'attendre un changement de cette politique à la lumière de la catastrophe actuelle. Tout au contraire, les inondations seront utilisées pour imposer des taxes supplémentaires à la classe ouvrière. D'après des sources diverses, le gouvernement prévoit de faire passer le taux de la T.V.A de 16% à 21%. Mais en cette période électorale, les porte-parole du gouvernement ont démenti de tels plans.

Lundi dernier, le gouvernement allemand a décidé de reporter d'un an la mise en place du deuxième stade de sa réforme budgétaire. Les changements, visant à réduire encore plus les taxes pour les sociétés allemandes, doivent maintenant entrer en vigueur en 2004. Ces impôts seront à présent versés sur le plan national, des états et des villes et seront rassemblés en un «fond de solidarité». Par ces moyens, d'après le chancelier Schröder, il sera possible de récolter 6,9 milliards d'euros pour contrebalancer les dégâts dus aux inondations. En réalité, aucune somme supplémentaire n'est récoltée des autorités locales ou régionales: les revenus existant ne font que changer de destination.

Des sommes supplémentaires engagées par l'Union européenne (5,1 milliards d'euros) seront également détournées des programmes de l'Union européenne en cours, ce qui entraînera tôt ou tard des réductions budgétaires. De tels plans ont été discutés et des promesses ont été faites au prétendu «Sommet des Inondations» qui s'est tenu dimanche dernier à l'initiative du chancelier Schröder et auquel ont assisté des représentants de premier plan de l'Union européenne ainsi des ministres des pays frappés par la catastrophe. L'argent des fonds européens qui devait être distribué aux Länder de l'est de l'Allemagne d'ici à 2006 sera versé à l'avance pour aider au financement des dépenses occasionnées par les inondations. Des subventions supplémentaires pour l'agriculture et pour l'infrastructure devront également être redistribuées pour couvrir les coûts des inondations.

A la fin de la rencontre au sommet, le chancelier Schröder et le Chef du gouvernement autrichien, Wolfgang Schüssel, (ÖVP - Parti populaire autrichien) ont donné toutes les assurances que le pacte de stabilité européen ne serait pas menacé par les dépenses dues aux inondations.

Le 14 août, Schröder a effectué une visite très médiatisée à la ville dévastée de Grimma et il a répondu que, à la lumière de la situation dans l'est de Allemagne, il n'est plus intéressé à s'en tenir au budget de l'Union européenne. Son ministre des finances, Hans Eichel, (SPD - Parti social-démocrate), a cependant insisté que le gouvernement se tiendrait aux critères de Maastricht, qui limite les nouveaux emprunts à 3% du produit intérieur brut. «Notre attachement au pacte de stabilité européen ne peut être remis en doute».


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés