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Manifestation internationale contre le sommet du G8 à Evian

Par Marianne et Helmut Arens
Le 3 Juin 2003

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"G8 - illégitime", telle était la devise de la manifestation qui eut lieu dimanche, 1er juin, au bord du lac Léman et dirigée contre la politique des chefs d'Etat rassemblés à Evian.

Selon les estimations des organisateurs ce furent plus de cent mille personnes qui en deux manifestations, depuis Genève en Suisse et Annemasse en France, se réunirent à Thônex-Vallard, à la frontière des deux pays. Ils étaient venus d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne, d'Angleterre, de France et de la Belgique et de toutes les régions suisses et ils parlaient bien des langues différentes.

Beaucoup arboraient des T-shirts portant des messages, des drapeaux de la paix et des banderoles multicolores disant: « Non au G8 ! », « G8 : profit before people » « Stop G8, premier producteur de misère ­ un autre monde est possible», «G8 ­ le conseil de l'insécurité planétaire ­ Pour une mondialisation du bien commun » ou bien encore « Vive l'amitié entre les peuples ­ mort à l'arrogance et à l'unilatéralisme du G8 »

De nombreux slogans étaient dirigés contre la guerre en Irak disant par exemple : « Stop the war », « L'occupation de l'Irak ça suffit ! », « Le droit contre la force ». D'autres mots d'ordre étaient plus généraux comme : « Abolissez le capitalisme et remplacez-le par quelque chose de meilleur », « Hitler, Staline, Dollar ­ nous n'avons pas besoin de dictatures ! », « Le pouvoir aux citoyens et pas aux marchés financiers ».

Certains slogans revendiquaient l'abolition de l'armée suisse ­ « Globalisons le désarmement ! », « La solidarité au lieu de soldats - dissolution de l'armée, solutions civiles » ou bien étaient dirigés directement contre l'actuelle mobilisation de la police et de l'armée : « L'armée protège les faiseurs de guerre et nous payons la facture dur dur! ».

On avait bloqué l'accès à la ville sur des kilomètres. Parvenir jusqu'au Jardin Anglais sur les bords du lac Léman, le point de départ de la manifestation était déjà un problème ; des centaines de manifestants arrivèrent en retard, tentant de rejoindre le gros de la manifestation qui s'était mis en route. Des hélicoptères survolaient le centre ville où seuls les véhicules de la police avaient encore le droit de circuler. Les magasins et les restaurants étaient fermés et barricadés à l'aide de panneaux de bois, les boîtes aux lettres scellées et des policiers en uniformes avaient pris position, prêts à se servir de leurs fusils lance-grenade lacrymogènes.

« C'est complètement fou. J'ai honte pour notre belle ville », dit une Genevoise aux reporters du World Socialist Web Site qui avaient déployé une banderole et installé une table avec de la littérature et discutaient avec les participants à la manifestation, « ce que ces chefs d'Etats rassemblés à Evian ­ avant tout Bush ­ se permettent aujourd'hui, dépasse tout ce qu'on a vu jusque-là. Pour nous, descendre dans la rue contre cela va de soi ».

Beaucoup de manifestants dirent ce qu'ils pensaient du sommet d'Evian, comme Andrew Tate, un Néozélandais vivant à Zurich : « Il semble à présent que les tensions entre Chirac et Schröder et Bush ont diminué mais elles n'ont pas disparues. Chacun d'entre eux poursuit ses propres intérêts. Les Français veulent étendre leur influence de façon militaire en Afrique, ils voudraient bien conserver leurs anciennes colonies et pour ce faire ils veulent un mandat pour une opération de maintien de la paix en Sierra Leone et en Côte d'Ivoire. L'Afrique pourrait bien devenir une nouvelle zone de conflit. Je trouve qu'à long terme le nationalisme est particulièrement dangereux en Europe ; en attisant l'anti-américanisme il intensifie le conflit entre l'Europe et l'Amérique. »

Une femme de Grenoble qui, comme beaucoup de manifestants du côté français, participe déjà depuis de longues semaines à la grève des enseignants, ajouta : « Pour ce qui est de Chirac, en France, on n'a jamais eu beaucoup d'illusions qu'il soit un grand pacifiste. Toute sa politique intérieure montre déjà le contraire, comme ses attaques contre les enseignants et les retraités».

Yves et Elias, deux jeunes venus de Zurich, expliquèrent pourquoi ils étaient venus à Genève : « Nous pensons que ce n'est pas correct que quelques puissants déterminent le sort du monde entier. La nouvelle collaboration entre Chirac-Schröder avec Bush et Blair montre bien qu'ils ne sont pas ce qu'ils prétendaient être auparavant. Ils ne représentent rien de différent, ce qui les motive eux aussi, c'est seulement l'argent et maintenant ils veulent récupérer une part du gâteau. Nous espérons que cette manifestation sera imposante et pacifique ! »

La plupart des manifestants pensaient et parlaient de la même manière que ces deux jeunes et les deux manifestations se déroulèrent dans le calme et la bonne humeur.

Etat d'urgence en Suisse romande

Dans les semaines qui ont précédé le sommet du G8 on avait déjà assisté à une mobilisation démesurée des forces de police et de l'armée dans toute la Suisse romande ainsi que dans le département français de Haute-Savoie. Cela s'accompagna d'une hystérie sans précédent de la part des médias. Dans la presse quotidienne dite sérieuse on pouvait lire des articles suggérant qu'un demi-million de touristes politiques allaient marcher sur Genève dans le but de la saccager.

Afin de protéger les politiciens rassemblés à Evian, l'armée française avait positionné des drones, des missiles air-sol et des batteries anti-aériennes, l'armée américaine avait fait venir des vedettes ultrarapides et le gouvernement suisse avait fermé l'espace aérien au-dessus du lac Léman à l'ensemble du trafic aérien civil. On avait déployé des policiers et des soldats suisses tout autour du lac et du côté français les CRS de réputation notoire.

Pour renforcer la police suisse l'on eut recours à Genève à sept cent cinquante policiers bavarois avec quinze camions lance-eau qui­ de manière tout à fait inhabituelle du point de vue de la souveraineté nationale ­ contrôlèrent les passagers à l'aéroport de Genève Cointrin. Dès dimanche matin ils furent déployés dans le centre ville de Genève, et plus tard ils participèrent à la razzia au camp des militants antimondialisation, où des centaines de personnes furent arrêtées. Deux camions lance-eau allemands furent aussi postés devant le centre culturel «Usine» à Genève, des policiers allemands y interpellant des jeunes gens et vérifiant leur identité ; douze d'entre eux furent arrêtés.

Ce qui devait servir de principal prétexte à cette brutale intervention fut l'activité de soi-disant casseurs, de petits groupes en cagoule qui détruisent délibérément toutes les vitrines d'une rue commerçante et mettent le feu aux magasins. Malgré les énormes mesures de sécurité et les moyens techniques mis en uvre, ces groupes purent cette fois-ci encore causer de nombreux dégâts dans la nuit de samedi à dimanche - tout en étant filmés par des journalistes, la police ne les arrêtant qu'avec beaucoup d'hésitation. Plus tard, on avança ces incidents pour justifier l'interdiction d'une autre manifestation annoncée à Lausanne et pour opérer la fouille du camps des militants antimondialisation.

L'identité des participants à ce « bloc noir » est tout à fait inconnue. Les opposants politiques du G8 avaient à plusieurs reprises pris leurs distances vis-à-vis de celui-ci. Après le sommet du G8 à Gênes en juillet 2001, au cours duquel de semblables excès avaient eu lieu, il s'était même avéré que des provocateurs de la police spéciale Digos et des nervis fascistes s'étaient mêlés à de tels « casseurs ».

Débat télévisé

Vendredi soir, au cours de l'émission politique "Arena" de la chaîne de télévision suisse allemande eut lieu une polémique sur le thème « Etat d'urgence en Suisse romande », à la discussion participèrent tant des politiciens bourgeois en vue que des représentants d'Attac et du comité « Suisse sans armée ». Etait également présent, le chef d'état major Christophe Keckeis qui défendit son opinion selon laquelle cette action était un test important pour l'armée.

Jean Ziegler, rapporteur spécial de l'ONU et ancien membre social- démocrate du Conseil National, décrivit avec indignation la façon dont les policiers allemands avaient contrôlé deux fois son identité à l'aéroport de Genève.

Un conscrit de l'armée suisse qui avait reçu l'ordre de prendre son service à Genève dans le cadre de sa période régulière d'entraînement militaire, expliqua pendant l'émission pourquoi il avait refusé et dit « Une chose est sûre, on ne m'a pas formé à participer à des manifestations avec un fusil chargé. Dans ces manifestations, manifestants et soldats ne sont pas loin les uns des autres, c'est très dangereux. Je préfère dire mon opinion à messieurs Bush et Blair comme tout le monde. Je ne veux pas les protéger. Si je dois agir comme membre de la sécurité, j'aimerais bien les arrêter. »

La dirigeante du FDP, Christine Langenberger, ainsi que d'autres politiciens bourgeois mirent en avant l'argument que le sommet du G8 devait être protégé parce que des politiciens importants s'y retrouvaient pour discuter des problèmes globaux comme le Sida et l'eau potable.

Nico Lutz, le représentant du « Groupe pour une Suisse sans armée ­ GsoA » s'y opposa avec un argument évident : « Certains criminels de guerre sont emmenés à La Hague, les autres sont protégés par l'armée à Evian ! », ce à quoi le directeur de la police, Jean-Luc Vez , également présent, répliqua : « D'un point de vue strictement légal vous avez raison. Mais le monde n'est pas fait comme cela ».


 

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