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Grande-Bretagne : Les organisations caritatives préviennent qu'en cas de guerre 11 millions d'Irakiens seraient confrontés à la famine

Par Julie Hyland
Le 15 mars 2003

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Les organisations caritatives du Royaume-Uni ont averti, qu'en cas d'attaque des Etats-Unis contre l'Irak, quelque 11 millions de personnes courraient un risque immédiat de famine.

Le 12 mars dernier, lors d'une conférence à l'intention des députés de la Chambre des Communes, les organisations Care International, Christian Aid et Save the Children ont prévenu qu'une intervention militaire pourrait acculer 60 pour cent des Irakiens à la famine. Près de 60 pour cent de la population irakienne a moins de 14 ans.

Raja Jarrah, le directeur de programme de Care International UK, a déclaré que la guerre pourrait déstabiliser les transports, l'approvisionnement en carburant et en énergie et interrompre sérieusement le système de rationnement alimentaire.

Au cours des douze dernières années, la mise en place des sanctions des Nations unies a fait que 60 pour cent de la population en Irak dépend de l'aide alimentaire du gouvernement. Ces personnes seraient immédiatement « confrontées à la faim si ce n'est à la famine » en cas de conflit. Il est presque sûr que la distribution de l'aide alimentaire à travers un réseau de 45.000 points établis sur l'ensemble du territoire irakien serait stoppée, tout particulièrement après le départ des officiels des Nations unies avant les bombardements. Bien que le mois dernier, le gouvernement irakien ait doublé les rations alimentaires, les associations d'aide expliquent que la pauvreté a obligé de nombreuses familles, parmi les plus pauvres, à en revendre une partie.

Jarrah a expliqué qu'en Irak près 90 pour cent des stations de traitement des eaux usées sont menacées si l'électricité baisse, ce qui entraînerait une pollution des eaux potables, avec toutes les conséquences sanitaires catastrophiques que l'on devine.

« Même si nous ne pouvons pas faire de pronostic sur les conséquences exactes de la guerre, nous pouvons prévoir que celles-ci seront terribles et catastrophiques pour beaucoup de familles. »

Il a averti qu'il n'était absolument pas sûr que le monde était prêt à affronter une « catastrophe de cette ampleur ».

Les organisations caritatives qui fournissent une aide humanitaire en Irak même, ont affirmé que les conditions de vie de nombreuses personnes étaient déjà tellement fragiles qu'une nouvelle détérioration de ces conditions serait insupportable.

Dans un rapport précédent, CARE International avait déclaré : « Les Irakiens vivent déjà dans des conditions terribles. Ils ne peuvent se permettre d'affronter une crise supplémentaire déclenchée par une intervention militaire ».

En janvier dernier, lors d'une conférence devant les membres du Conseil de Sécurité des Nations unies, Margaret Hassan, directrice de CARE Irak, a déclaré que depuis plus de dix ans le pays souffrait d'une crise humanitaire pour la nourriture, pour l'eau, pour les soins médicaux et pour l'éducation.

Les sanctions prises par les Nations unies en 1991 ont entraîné une augmentation de la malnutrition chez les jeunes enfants de moins de cinq ans, passant de 18,7 pour cent en 1991 à 30 pour cent en 2000, et une augmentation de la mortalité infantile de 166 pour cent. Un enfant sur trois n'est plus scolarisé. Dans de nombreuses régions du pays, l'électricité, essentielle pour de nombreux services, n'est au maximum disponible que pendant 12 heures par jour tandis que 500.000 tonnes d'eaux usées non traitées sont déversées quotidiennement dans les eaux de source - 300.000 tonnes à Bagdad.

L'agence a affirmé que si l'intervention militaire se poursuivait en plus d'une disette immédiate, 39 pour cent de la population n'aurait aucun accès à l'eau pure et cinq millions de personnes n'auraient plus aucun accès aux soins de santé.

D'après le témoignage du directeur général de l'association Save the Children, Mike Aaronson, l'aide alimentaire qui était actuellement distribuée à 16 millions de personnes serait interrompue en cas d'attaque militaire. Cependant, « on ne peut pas affirmer que les organismes gouvernementaux et internationaux envisagent comment ils vont garantir l'apport alimentaire pour la population pendant ou après une guerre, ou l'accès aux eaux non polluées ou à d'autres éléments sanitaires essentiels. »

Au nord de l'Irak, les Kurdes souffriraient gravement du conflit. Save the Children estime que 60 pour cent de la population kurde vit en-dessous du seuil de pauvreté et que le revenu moyen est de 3 à 6 dollar US par jour. En ce moment, Bagdad fournit tous les mois des rations alimentaires au nord. Celui-ci dépend presque entièrement de l'aide extérieure pour subvenir à ses besoins.

Selon Rob MacGillivray, conseiller de la branche régionale britannique de Save the Children, «Le conflit dans le nord de l'Irak où la population est fortement concentrée, entraînerait une interruption de l'apport en nourriture, en électricité, en eau et en système sanitaire. Ceci pourrait résulter en un déplacement de la population à grande échelle, séparant ainsi les enfants de leurs familles. Si une aide humanitaire rapide n'était pas fournie en accord avec le statut des réfugiés, la situation pourrait devenir menaçante. L'accès à des zones montagneuses isolées est difficile, tout particulièrement en hiver. Les carburants commencent déjà à manquer, ce qui sera le cas pour le stock en nourriture, tout spécialement en hiver. »

L'association prévient que « les Irakiens du sud et du centre du pays sont encore plus mal lotis. » Une intervention militaire aggraverait considérablement la crise humanitaire en Irak et pousserait la population « au-delà des limites du supportable » précisa-t-elle.

Les Nations unies prévoient que deux millions de personnes deviendraient des sans-abri dont on s'attend à ce que nombre d'entre eux essaient de fuir le pays. Un demi million de personnes seraient déplacées à l'intérieur de l'Irak même, et essaieraient vraisemblablement de se réfugier dans le nord du pays, qui est contrôlé par les Kurdes.

Les associations humanitaires rapportent que presque rien n'est prévu pour faire face à des arrivées en si grand nombre et que les prévisions des Nations unies pour la nourriture et pour les médicaments sont loin d'être suffisantes en cas de guerre.

Un appel du Programme alimentaire mondial d'un montant de 23 millions de dollars US pour financer « un plan d'urgence initial » afin de fournir des maigres rations pour 900.000 personnes sur 10 semaines est loin d'avoir atteint son but ­ il n'a reçu que 7,5 millions de dollars US. La section d'aides aux enfants du Haut Commissariat aux Réfugiés a annoncé qu'elle n'avait reçu que 16,3 millions de dollars sur les 60 millions requis.

Les organisations caritatives du Royaume-Uni ont prévenu que les affirmations des Américains et des Britanniques d'agir dans l'intérêt du peuple irakien en continuant résolument leurs intentions d'imposer militairement un « changement de régime » étaient « gravement incompatibles » avec la situation à laquelle des millions de personnes auront à faire face suite à la guerre.

Sans mandat des Nations unies, les efforts humanitaires seraient encore plus difficiles à réaliser. Will Day, directeur de Care International UK a affirmé : « Nous ne voulons pas apparaître comme des serviteurs de gouvernements bellicistes et, sans mandat des Nations Unis pour la guerre, il serait très difficile pour nous d'accepter de l'argent de la part des gouvernements américain ou britannique ».

Voir aussi :

La crise du capitalisme américain et la guerre contre l'Irak 21 mars 2003


 

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