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Paris frappée par des émeutes anti-police

Par Antoine Lerougetel
2 novembre 2005

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Deux garçons sont morts dans la nuit du 27 octobre alors qu'ils essayaient d'échapper à la police dans une cité qui loge des travailleurs pauvres et immigrés. La mort des deux garçons, à Clichy-sous-Bois, dans la banlieue nord, a provoqué de violentes confrontations entre principalement de jeunes immigrés et 400 à 500 CRS envoyés par le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy.

Des affrontements entre les jeunes et la police se sont poursuivis pendant tout le week-end. Quelques 70 voitures et de nombreuses poubelles ont été brûlées. La police a tiré près de 150 flashballs (balles en caoutchouc et plastique) et un nombre indéterminé de bombes lacrymogènes et continue à maintenir une présence importante sur les lieux.

Sarkozy, président du parti gaulliste au pouvoir et qui espère devenir le candidat de son parti pour l'élection présidentielle de 2007, a construit sa réputation sur une plateforme agressive du tout sécuritaire. Il a aussitôt promis de renforcer l'arsenal d'armes « non fatales » des policiers. Il annonça aussi que dix-sept compagnies de CRS et sept brigades mobiles seraient postées en permanence dans les cités « difficiles », et que des policiers en civil seraient envoyés pour identifier « les meneurs, les trafiquants et les caïds ».

Les événements de jeudi dernier à la cité du Chêne Pointu démontrent l'intense peur et hostilité ressenties à l'égard de la police et de l'Etat par les habitants des cités de banlieue en France. Ces cités sont habituellement reléguées à la périphérie des villes.

Il y a un grand contraste entre ces cités et les centre villes souvent impeccablement entretenus ; elles sont dominées par des barres HLM et manquent d'équipements, notamment pour les jeunes. Le taux de chômage dans ces cités tend à être plus de cinq fois plus important que le taux national qui s'élève à dix pour cent. Paris est entouré de cités qui sont pour la plupart administrées par des mairies et des conseils généraux du Parti socialiste et du Parti communiste.

Vers 17h30 jeudi dernier, Bouna, 15 ans, Zyed, 17 ans et Metin, 21 ans escaladèrent le mur de plus de trois mètres, surmonté de fils barbelés, d'un transformateur EDF. Bouna et Zyed furent électrocutés et Metin est à l'hôpital souffrant de graves brûlures.

Un jeune dit à la presse: « Ils revenaient d'un match de foot. Ils avaient décidé d'aller taper le ballon» Les versions diffèrent légèrement mais une chose est claire, c'est que la police est arrivée et que les garçons ont essayé de leur échapper.

Le procureur de Bobigny dit à la presse que « C'est d'autant plus dramatique qu'il ne s'agissait pas de délinquants et qu'ils n'avaient rien fait de mal». C'est là une réfutation de la déclaration initiale de Sarkozy et du Premier ministre Dominique de Villepin selon laquelle les garçons étaient impliqués dans un vol et des actes de vandalisme.

L'avocat représentant les parents des victimes, Jean-Pierre Mignard, posa une question essentielle: «Pourquoi des jeunes gens qui n'ont rien à se reprocher se sont-ils sentis suffisamment menacés pour pénétrer sur un site dangereux? »

Le journal Le Figaro du 29 octobre écrit : «Bon nombre [d'habitants de la commune], choqués par les événements, hier, s'emportaient contre le comportement des policiers à leur égard : 'Les képis nous harcèlent et jouent les cow-boys mais personne ne vient quand on a besoin d'eux. »

Les insultes, les arrestations arbitraires et la violence de la police envers les jeunes et les personnes qui semblent être d'origine étrangère sont tellement courantes en France qu'il est rare que les médias y prêtent attention. L'éditorial du Monde du 31 octobre signala que « l'année 2004 a été marquée par une augmentation de 18,5 pour cent de violences policières illégitimes alléguées ». Tous les policiers sont armés et les bavures policières à l'arme à feu sont une caractéristique persistante de la vie en France.

Sarkozy a fait des déclarations provocatrices contre les jeunes des cités. Il a promis de nettoyer au Kärcher « la racaille » et « la gangrène » des cités. Il a aussi fait la promesse de se rendre chaque semaine dans un quartier « difficile ».

Le Premier ministre Villepin et le Président Chirac n'ont fait aucun commentaire sur les provocations de Sarkozy. Dans le gouvernement, seul le Ministre délégué à la Promotion de l'égalité des chances, Azouz Begag s'est exprimé contre Sarkozy.Le 30 octobre, il déclara : «Il ne faut pas dire aux jeunes qu'ils sont des racailles, il ne faut pas leur dire qu'on va leur rentrer dedans et qu'on va leur envoyer la police ».

L'éditorial du Figaro du 31 octobre exprima une certaine nervosité parmi les cercles de Droite: « Les récents propos de Nicolas Sarkozy sur la nécessité 'd'éradiquer la gangrène' des banlieues, de 'nettoyer les cités au 'Kärcher' sont maladroits dans la forme, mais sur le fond ? »

Prenant exemple sur le premier flic de France, la police qui patrouille les cités de Clichy-sous-Bois apparaît sur une vidéo prise à partir d'un téléphone portable, en train de tirer de très près des balles en caoutchouc et en plastique en criant : « Revenez, bande de bâtards ».


 

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