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France: l'état d'urgence intensifie les attaques contre les droits des jeunes et des travailleurs

Par Antoine Lerougetel
Le 10 novembre 2005

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L'instauration de l'état d'urgence par le gouvernement français du président Jacques Chirac et du premier ministre Dominique de Villepin a conféré au ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, le pouvoir d'imposer, où bon lui semble, des conditions d'Etat policier.

De nombreux commentateurs notèrent l'ironie amère contenue dans le fait que le cadre juridique de l'état d'urgence, en l'occurrence la loi du 3 avril 1955, fut décrété comme partie intégrante des efforts de l'impérialisme français pour écraser les aspirations légitimes du peuple algérien visant à la libération nationale du règne colonial. Le fait de réactiver cette loi en France métropolitaine, cinquante ans plus tard, est une insulte aux enfants, petits-enfants et familles de ceux qui furent exploités, brutalisés, torturés et tués par le régime colonial durant la guerre de libération nationale de l'Algérie. Nombre d'entre eux vivent aujourd'hui dans les cités HLM, les ghettos de misère où les jeunes se révoltent et où la répression à leur égard s'exerce.

Tout comme en 1955, cette loi est utilisée pour écraser les aspirations des jeunes à accéder à une éducation de qualité et à la perspective d'emplois décents et stables, avec tous les droits et toutes les opportunités qui en découlent.

Et c'est là qu'intervient la deuxième insulte contre les jeunes, plus blessante encore, en quelque sorte, que tous les propos tenus par Sarkozy sur la « racaille » et la « gangrène ». Villepin après avoir expliqué, dans le style courtois et le ton aristocratique qui lui sont propres, les implications de l'instauration de l'état d'urgence, présenta ensuite son programme social qui, prétendit-il, a pour but de corriger les injustices, la discrimination, l'aliénation et le sens d'abandon des jeunes des cités.

Il proposa l'apprentissage dès 14 ans pour les enfants en difficulté, abaissant de ce fait de deux ans l'âge de la scolarité obligatoire. Gérard Aschiéri, secrétaire général de la Fédération syndicale unitaire (FSU), principal syndicat de l'enseignement, dit : «Je suis atterré. C'est lamentable. Loin d'améliorer la situation, cela va enfoncer encore plus les jeunes en situation de précarité, les mettre à l'écart de toute possibilité de vraie qualification et d'emploi le gouvernement veut accentuer le tri social, condamner définitivement à l'exclusion les jeunes les plus en difficulté.»

Une autre mesure prévoit l'augmentation à 100 000 du nombre des bourses au mérite qui, pour l'heure, stagne pitoyablement à 30 000. Le ridicule de cette proposition devient évident au vu de ce que près de cinq millions de gens vivent dans ces cités réservées aux pauvres. Le succès de cette petite minorité de « méritants » ne résoudra pas les problèmes de la majorité. La proposition d'établir dix internats supplémentaires « pour les élèves les plus prometteurs et les plus motivés » va dans le même sens.

Villepin promit que chaque personne de moins de 25 ans, quelle soit ou non à la recherche d'un emploi et vivant dans l'une des 750 « zones sensibles » bénéficiera d'un « entretien approfondi » dans une agence nationale pour l'emploi et qu'une « solution spécifique » lui sera offerte dans les trois mois (formation, stage, contrats). Il ne proposa nullement de revenir sur la législation pénalisant ceux qui refusent d'accepter des emplois mal payés et qui de ce fait voient leurs allocations chômage supprimées.

Il y a encore insulte dans le projet de créer 5 000 postes « d'assistants pédagogiques » ou auxiliaires. Ces derniers ne seront pas des personnels formés mais des étudiants qui, pour des salaires et des conditions de travail minimaux, « aideraient les élèves en difficulté ». Villepin n'annonça aucun plan mettant fin à la réduction, incessante depuis trois ans, des postes d'enseignants, ni concernant la suppression des « surveillants ». Ceux-ci sont des étudiants qui, depuis la création de ce statut dans les années 1930, ont pu financer leurs études en se chargeant de tâches organisationnelles dans l'enseignement secondaire, bénéficiant ainsi d'un contrat, d'un emploi stable de sept ans, avec droits aux vacances et congé de maladie payé et accumulation d'années d'ancienneté.

100 000 millions d'euros supplémentaires furent alloués aux 14 000 associations et ONG qui opèrent dans les cités ouvrières dans le but de soulager les besoins les plus urgents de la population. Cette mesure ne fait que restituer les coupes que le gouvernement impose depuis son entrée au pouvoir. Villepin promit d'augmenter de 25 pour cent le financement de l'« Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine. »

Même le contrôle policier renforcé des communes devra se faire au rabais avec les « contrats d'aide à l'emploi » - contrats de six mois, à faible rémunération et sans avenir.

Evidemment, Villepin n'a pas annoncé l'arrêt des attaques contre les services publics au moment où le gouvernement poursuit la privatisation en masse des services du gaz et de l'électricité, des autoroutes et des télécommunications. Il n'envisage pas non plus de rétablir les droits des travailleurs, supprimés avec la destruction des garanties du Code du Travail et dont la perte prive ces mêmes jeunes d'un emploi stable.

Au moment même où les ministres et les députés de l'Assemblée nationale débattaient de l'état d'urgence, qui fut accepté par l'opposition (le Parti socialiste), les syndicats étaient engagés dans des négociations avec les associations patronales, principalement le Mouvement des entreprises de France (Medef), au sujet des 14 milliards d'euros de déficit de l'Assedic, caisse d'assurance chômage, gérée conjointement par la CFDT, (Confédération française démocratique du travail), centrale syndicale proche du Parti socialiste et le Medef. Ce fonds est constitué en partie par les contributions déduites des salaires des travailleurs et par les employeurs. Au cours de ces vingt dernières années, la participation financière du gouvernement est passée de 30 pour cent à 10 pour cent.

En 2002, syndicats et patrons se mirent d'accord pour augmenter les contributions directement déduites des salaires des travailleurs tout en réduisant la durée de versement des indemnités chômage, qui sont calculées sur le salaire moyen et non pas en fonction des ressources. Le Medef, principale force derrière la politique sociale du gouvernement, plaide en faveur d'attaques supplémentaires sur les droits des chômeurs tout en exigeant la liberté sans entrave pour licencier. Les syndicats n'ont nulle intention d'engager une lutte sérieuse contre ces attaques. Villepin ne fit pas mention de cette question qui touche brutalement les habitants des cités où la révolte des jeunes est la plus explosive.

Les destructions et dégâts occasionnés par la révolte désespérée des jeunes appauvris paraît bien insignifiante au vu de la destruction de grande envergure des conditions sociales perpétrées, en toute conscience politique, par les élites financières et politiques.

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