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Grande-Bretagne : La police essaie de censurer une peinture représentant une scène des émeutes de Brixton

Par Paul Bond
Le 11 novembre 2005

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Des officiers de police visitant une galerie d'art du sud de Londres ont demandé le retrait de l'une des toiles exposées. La galerie Bettie Morton de Brixton présente actuellement une exposition, Fall/Uprising [Descente/Montée], qui se compose de sept nouvelles peintures de l'artiste peintre Kimathi Donkor. Ces oeuvres marquent le vingtième anniversaire des émeutes de Brixton et de Tottenham, deux quartiers de Londres, lorsque l'aliénation et le mécontentement général provoquèrent des violences dans les cités ouvrières habitées en majorité par une population noire.

Donkor s'est spécialisé dans les scènes historiques. Sa dernière grande exposition qui fait actuellement la tournée des galeries est consacrée à Toussaint l'Ouverture et à la révolte des esclaves d'Haïti.

Les deux officiers de police en civil arrivèrent à la galerie le 4 novembre à 17 heures 30, la veille de l'ouverture de l'exposition, alors que la propriétaire, Bettie Morton et son assistant, Rab MacGibbon, s'adonnaient aux derniers préparatifs en suspendant les tableaux. Les policiers s'identifièrent au moyen de leur badge comme étant les brigadiers Turne et MacGarry. Ils dirent qu'ils venaient suite à des plaintes du public pour nudité. La peinture Helping with Enquiries 198, [Assistance à l'enquête, 1984] montre un homme nu en train d'être battu par des officiers de police. Ils ont demandé que cette peinture fut retirée de l'exposition, ce que Morton refusa.

Bettie Morton expliqua au World Socialist Web Site que Helping With Enquiries 1984 était à peine visible de la vitrine de la galerie. Elle voulait savoir comment la peinture avait attiré l'attention de la police, en faisant remarquer que l'exposition n'était même pas encore ouverte au public au moment de la visite des policiers. En fait, dit-elle, Donkor venait tout juste de terminer certaines des peintures qui n'avaient même pas pu être photographiées pour être affichée sur le site web de la galerie.

Dans un communiqué, la police fit savoir qu'elle avait reçu le 3 novembre une plainte du public qui concernait une oeuvre présentée dans la vitrine de la galerie et pouvant être visible de la rue. Les policiers faisaient partie du Brixton Town Centre Team (police urbaine de proximité) qui traite des affaires de la communauté. Au cours de leur visite, ils parlèrent beaucoup de responsabilité envers la communauté.

Cet encouragement à l'autocensure sous couvert de la «responsabilité» est une attitude qui est de plus en plus fréquemment adoptée à l'égard des arts, comme en témoignent la comédie musicale Behzti, Jerry Springer-the Opera [Behzti, Jerry Springer : l'Opéra] tout comme à la décision prise dernièrement par le Musée d'art moderne de New York de retirer, God is Great, une oeuvre de John Latham. Morton, tout en faisant remarquer qu'elle aussi faisait partie de cette communauté, dit : «Je n'ai rien fait de mal.»

L'exposition fut affichée sur le site web de la galerie site http://www.bettiemortongallery.co.uk et le site internet de l'artiste http://www.kimathidonkor.net, en même temps que des informations sur d'autres peintures dépeignant à la fois la police et la colère ressentie à l'époque. Madonna Metropolitan montre une femme noire entourée de policiers dont l'un, très en colère, gesticule violemment devant elle alors que Under Fire représente un policier armé d'un pistolet et tirant à bout portant sur une femme. Dans Coldharbour Lane 1985, des jeunes au visage masqué lancent des pierres sur des policiers.

Juste après la visite de la police, Morton afficha une notice comme quoi certaines images de l'exposition pourraient être considérées comme offensantes par certains. Au cours de la discussion cependant les policiers insinuèrent que l'artiste voulait «en découdre» avec la police, indiquant ainsi que la nudité n'était pas leur principal souci. Ils étaient surtout intéressés à souligner combien la police de proximité d'aujourd'hui était différente de ce qu'elle avait été il y a vingt ans. Ceci se passe dans le contexte où la police britannique se voit attribuer des pouvoirs répressifs sans précédents.

Morton refusa de décrocher la moindre peinture en disant que l'exposition marquait le vingtième anniversaire d'événements dont l'importance était d'un ordre national et qui sont représentés par un artiste engagé à reproduire dans ses oeuvres des événements historiques avec une extrême fidélité. «Un vrai artiste, a-t-elle ajouté, se doit de représenter les événements d'une façon véridique.»

Donkor s'est déclaré sceptique quant à la plainte au sujet de la nudité en faisant référence à l'imposante statue de femme nue de l'artiste britannique Marc Quinn que l'on peut voir depuis le printemps 2005 sur la place de Trafalgar Square. Il a déclaré au site web artdaily.com que «ce qui sous-tend cette affaire c'est une question bien plus fondamentale qui concerne les droits de l'homme et la liberté d'expression.»

La répression policière a été l'étincelle qui déclencha les émeutes de 1985. Deux femmes âgées d'une cité ouvrière de Londres y sont décédées. Donkor dit avoir été «stupéfait» de voir que la police était prête à présent à s'aventurer dans «une auto-parodie aussi évidente».

Après que Morton ait refusé de retirer la moindre peinture, les brigadiers Turner et McGarry quittèrent la galerie. Ils déclarèrent s'attendre à devoir revenir. Au cas où ce serait le cas, la galerie tout comme l'artiste précisa qu'elle aurait recours à un avis juridique. La police n'a pas fait savoir si elle allait donner suite à l'affaire

A une époque où les pouvoirs de la police britannique sont élargis, toute oeuvre d'art traitant de ce genre de questions est susceptible de faire l'objet d'un examen rigoureux de la part des autorités et de tomber sous le coup de la censure. Il est vital de s'opposer à toute tentative de cette nature.


 

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