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wsws : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Le massacre de Cana: la tuerie d’innocents civils au Liban

Déclaration du comité de rédaction
1 août 2006

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Le massacre israélien de civils libanais, pour la plupart des enfants, dans le village de Cana est un énorme crime de guerre dont les Etats-Unis portent l’entière responsabilité.

Les frappes répétées de missiles, lancés au milieu de la nuit pendant que les victimes étaient endormies, ont réduit en miettes un immeuble à logements de quatre étages et des maisons avoisinantes, tuant au moins 57 résidants, dont 37 enfants.

Le premier ministre libanais Fouad Siniora a qualifié le bombardement de Cana de « crime honteux » commis par des « criminels de guerre israéliens. » S’exprimant en anglais, afin de ne laisser aucun doute que son message s’adressait à l’administration Bush, Siniora fit échouer une visite prévue par la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Condoleezza Rice, en affirmant qu’il ne discuterait pas avec elle tant qu’un cessez-le-feu n’aurait pas été exigé.

Pour des millions de gens à travers le monde, cette atrocité incarnait l’essence même de la guerre contre le Liban, menée avec l’appui des Etats-Unis, illustrant parfaitement sa brutalité et son inhumanité. Alors que les larges masses de l’humanité réagissaient avec horreur aux morts tragiques d’innocents, et avec indignation envers les gouvernements des Etats-Unis et d’Israël, la réponse officielle de Washington a été totalement banale et dure.

Les expressions habituelles de « regret » et de « tristesse » ont été émises, comme si de telles paroles creuses pouvaient légitimer la politique qui a produit ce dernier crime et les innombrables autres qui l’ont précédé.

Le président Bush a répété le mantra américain de « paix durable » au Moyen-Orient – un euphémisme pour donner plus de temps à Israël pour détruire toute résistance au Liban à la domination américaine et israélienne. Alors que les corps de 37 enfants libanais, tués par des missiles fournis par les Etats-Unis et lancés par l’allié de guerre de Washington, n’avaient pas encore été enterrés, Bush a parlé de son « espoir de paix pour les garçons et filles de partout... particulièrement au Moyen-Orient. »

Durant une conférence de presse à Jérusalem, la secrétaire d’Etat des Etats-Unis, Condoleezza Rice, a affirmé qu’elle était « profondément attristée » par les « morts terribles » et a répété que les Etats-Unis étaient « préoccupés » par les attaques israéliennes sur des civils.

Elle a ensuite déclaré : « Nous faisons une urgente pression pour une cessation des hostilités actuelles, mais les perspectives des parties diffèrent sur la manière d’y arriver. » La première partie de cette phrase était un mensonge évident, et la seconde omettait de mentionner que le principal acteur international dont les « perspectives différentes » empêchaient un cessez-le-feu était les Etats-Unis.

D’autres porte-parole américains ont excusé sans pitié les actions d’Israël. Le sous-secrétaire d’Etat, Nicolas Burns, a déclaré que le Hezbollah « positionnait ses forces militaires parmi les civils » et a répété le mensonge que le Hezbollah avait provoqué l’attaque massive d’Israël en conduisant un raid frontalier et en capturant deux soldats israéliens le 12 juillet.

Comme toujours après de telles atrocités, les représentants israéliens ont blâmé leurs victimes. Le premier ministre Olmert a déclaré: « Le village et ses régions avoisinantes étaient la source des lancements de centaines de roquettes. »

Dan Gillerman, l’ambassadeur israélien aux Nations unies, a accusé le Hezbollah d’être responsable des morts à Cana, car il « a utilisé des femmes et des enfants comme boucliers humains. » Il insinua que le gouvernement et le peuple libanais abritaient le Hezbollah et qu’ils récoltaient ainsi ce qu’ils avaient semé.

L’accusation de « bouclier humain » est la justification habituelle donnée par toute armée impérialiste lorsqu’elle attaque des civils. Dans ce cas-ci, elle constitue un prétexte tout usage pour continuer de bombarder la population chiite du Liban, qui appuie le Hezbollah en écrasante majorité – un parti politique de masse qui possède des députés au parlement libanais et des ministres dans le présent gouvernement.

Divers porte-parole israéliens ont répété la position officielle selon laquelle Israël avait laissé tomber des tracts avertissant les résidants d’évacuer les villes et villages au Liban sud – comme si cela enlevait toute responsabilité à Israël d’avoir largué des bombes et lancé des missiles de précision sur leurs maisons ! De toute façon, comme il est bien connu, Israël a détruit des routes et des ponts pour rendre la fuite presque impossible, et a bombardé des convois de civils qui tentaient de fuir vers le nord.

Les réactions officielles des Etats-Unis et d’Israël au massacre ont plutôt mis en plus grande évidence le gouffre qui les sépare de la très grande majorité de l’humanité.

La vague de dégoût international était si grande que Washington s’est senti obligé de faire pression sur l’Etat d’Israël pour qu’il accepte de suspendre pour 48 heures sa guerre aérienne au Liban sud. De peur que l’opposition à la guerre américano-israélienne devienne incontrôlable, l’administration Bush a décidé qu’elle devait poser un geste pour se donner du temps et revoir sa stratégie commune de guerre avec Israël.

Un représentant du département d’Etat américain, Adam Ereli, a annoncé dimanche soir qu’Israël avait accepté la suspension, apparemment pour permettre une enquête sur l’attaque de Cana. Toutefois, Ereli a ajouté qu’Israël avait le droit « d’agir contre des cibles qui préparaient des attaques contre lui », une qualification qui donne amplement le droit à Israël de poursuivre ses attaques sur les populations civiles libanaises.

Des reportages ont cité des autorités israéliennes qui insistaient que la suspension ne se limitait qu’aux attaques aériennes sur le Liban sud, n’était pas un cessez-le-feu, et ne s’appliquait pas aux attaques de l’artillerie ou des forces terrestres israéliennes.

Loin d’être une aberration ou un accident, le massacre de Cana était une tuerie délibérée. Il a mis en évidence le fait que la cible de la guerre n’est pas que le Hezbollah, mais bien le peuple libanais au complet. Son but, planifié longtemps d’avance par l’administration Bush et le gouvernement israélien, est de détruire les infrastructures du pays et de réduire en miettes la majorité du territoire au sud de Beyrouth.

Avec l’appui entier et public des États-Unis, Israël est déterminé à infliger la destruction et le nombre de morts qu’il faudra pour chasser toute la population civile hors du sud du Liban et pour rendre la région inhabitable pour des années à venir.

C’est la stratégie fasciste qui se déroule au même temps que la rhétorique du président Bush de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice et du premier ministre israélien Ehoud Olmert traite de l’établissement de la « sécurité » d’Israël et de la « souveraineté » du Liban. Voilà pourquoi Rice, prenant la parole à Jérusalem alors même que les corps étaient retirés des ruines fumantes de Cana, continue à rejeter les appels désespérés du gouvernement libanais pour un cessez-le-feu.

Washington et Jérusalem espèrent pouvoir continuer leur bain de sang, et même l’intensifier, jusqu’à ce que le carnage ait atteint un niveau suffisant pour réduire le pays entier au statut d’un protectorat des Etats-Unis et d’Israël. Pour l’élite dirigeante américaine — y compris les deux partis de l’impérialisme américain —, cette entreprise criminelle n’est qu’un moyen d’arriver à ses fins : le remplacement des régimes syrien et iranien, au moyen du chantage diplomatique et économique, de la subversion et de la guerre.

Le but ultime est la transformation du Moyen-Orient et de l’Asie centrale, avec leurs immenses réserves de pétrole et de gaz naturel, en colonies virtuelles de l’impérialisme américain et avec Israël comme partenaire mineur et chien d’attaque militaire.

Les frappes israéliennes sur des civils sans défense — la plupart ayant fui vers Cana pour chercher refuge devant le bombardement sans discrimination de Tyr et d’autres villes avoisinantes — n’étaient pas seulement brutales, mais aussi très lâches. Elles ont eu lieu une journée après qu’Israël eut retiré ses forces du château fort du Hezbollah à Bint Jbeil, où des combattants du Hezbollah, largement dépassés en nombre par les Forces de défense israéliennes, ont ébranlé ces dernières par leur résistance féroce et courageuse, forçant la retraite de l’armée israélienne. La réponse israélienne fut l’escalade des meurtres de civils désarmés.

Que la destruction de maisons à Cana fasse partie d’une stratégie délibérée est clair des déclarations et des actes d’Israël. Ce n’est que jeudi dernier qu’Israël a détruit un poste de surveillance de l’ONU au Liban sud dans le but de forcer le retrait des observateurs de l’ONU de la région. Et à la fin de la semaine passée, un membre du conseil de sécurité d’Israël a été cité ainsi : « Nous devons raser les villages du Liban sud si nécessaire. L’armée israélienne est encore loin d’avoir gagné et nous devons changer les règles du jeu… »

Le quotidien britannique Observer a publié un reportage dimanche qui démontrait qu’Israël violait systématiquement les lois internationales de la guerre. Le quotidien a suggéré que le but de cette politique était de chasser la population du Liban sud.

L’Observer a écrit : « Après que des équipes médicales libanaises eurent signifié que des frappes aériennes israéliennes avaient tué une femme et ses six enfants dans une maison du village du Liban sud Nmeiriya, les diplomates occidentaux à Beyrouth ont admis qu’ils étaient " déconcertés " par la politique des attaques israéliennes. Des ambulances, des colonnes de réfugiés et des maisons de civils, l’infrastructure et des postes de l’ONU ont été frappés — et les preuves commencent à affluer que des civils ont subi des brûlures au phosphore.

« Des vidéos commencent à apparaître montrant un usage grandissant de bombes à fragmentation dans des régions peuplées de civils. Les préoccupations ont gagné en importance après qu’Israël ait obtenu livraison d’au moins cent bombes GBU-28 utilisées pour détruire les bunkers contenant des ogives en uranium appauvri pour utilisation au Liban…

« Quant aux témoignages selon lesquels Israël cherche intentionnellement à chasser la population d’une grande partie du territoire au sud, Mair [Lucy Mair est une recherchiste sur le terrain pour Human Rights Watch] a dit : " Il est difficile pour nous de parler de cela. Mais étant donné que le déplacement de la population est si imposant, il est difficile d’imaginer une situation où la population pourrait revenir. " »

Le massacre de civils n’est rien de nouveau pour l’élite dirigeante israélienne. Il y a dix ans, durant la dernière incursion d’importance d’Israël au Liban, l’artillerie israélienne a détruit une base des Nations unies dans le même village où ont eu lieu les atrocités de ce week-end, Cana. Plus de cent civils qui avaient cherché refuge dans la base ont été tués.

De telles méthodes ont été la marque de commerce de l’Etat sioniste depuis sa fondation. La violence et la terreur contre les civils ont été utilisées à répétition pour chasser les Arabes de leurs villages, de leurs fermes et de leurs maisons dans le but d’augmenter le territoire israélien. Après le vote de l’Assemblée générale des Nations unies de 1947 sur la partition de la Palestine, le leadership politique israélien et son armée ont réalisé une série de massacres dans des villages palestiniens dans le but d’expulser leurs résidants et d’agrandir le territoire israélien au-delà des frontières tracées par l’ONU.

Dans un court laps de temps, environ 700.000 Palestiniens sont devenus des réfugiés sans Etat et les politiques d’Israël ont depuis été enracinées dans la détermination à prévenir leur retour, tout en continuant à repousser les frontières d’Israël.

Loin de chercher à retenir leur principal allié au Moyen-Orient, l’élite dirigeante des États-Unis sous l’administration Bush a conclu que son appétit agressif dans la région pourrait être utile pour les propres plans impérialistes de domination mondiale de Washington. Le principal responsable des crimes comme le massacre de Cana de dimanche passé est l’impérialisme américain.

Tous ceux qui sont impliqués dans cet acte barbare sont des criminels de guerre qui doivent être amenés devant la justice. C’est là la tâche de la classe ouvrière internationale.

 





 

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