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  La politique anti-immigration tue un projet de loi de « réforme » au Sénat américain

Par Bill Van Auken
Le 8 avril 2006

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L’échec du Sénat américain à voter une loi de « compromis » sur l’immigration, bénéficiant clairement du soutien aussi bien des directions démocrates que républicaines, fut le résultat de débats amers et réactionnaires sur la sévérité de la punition à infliger, pour être entrés illégalement dans le pays, aux quelques 12 millions d’immigrés clandestins vivant et travaillant aux Etats-Unis.

Le soi-disant compromis échoua suite à une querelle de procédure entre les Démocrates et les Républicains pour savoir si les sénateurs républicains opposés à la loi auraient la permission de soumettre et de débattre d’une longue liste d’amendements destinés à la rendre encore plus punitive, ce qui en fait n’était rien d’autre qu’une tactique visant à tuer cette loi.

Le projet de loi, accepté par les dirigeants démocrates et républicains était essentiellement la reprise d’une loi identique instaurée en 1986 sous le gouvernement républicain du président Ronald Reagan. Compte tenu, cependant, d’une série de mesures répressives appliquées à la frontière et d’une proposition encore moins généreuse pour régulariser les travailleurs sans papiers séjournant déjà dans le pays, la loi se révéla être encore plus réactionnaire. Le fait qu’une telle loi puisse être acceptée par le Parti démocrate et ensuite être sabordée par les opposants à l’immigration est révélateur de l’ampleur du tournant à droite pris par l’élite politique américaine au cours de ces deux dernières décennies

Le fait que le Sénat ne fut pas en mesure d’instaurer une réforme aussi minimale soit-elle en dépit des manifestations qui firent descendre dans la rue des millions de personnes exigeant que les travailleurs immigrés soient traités avec justice est aussi un signe du gouffre qui sépare le système bipartite de l’intérêt de la population laborieuse.

La loi sabordée était censée permettre aux deux partis de combler le fossé entre les sentiments anti-immigrés et un retour de bâton politique lors des élections de novembre de la part de dizaines de millions d’électeurs qui sont eux-mêmes immigrés récents ou qui par des liens familiaux ou personnels leurs sont apparentés.

Ainsi, cette loi prévoyait des mesures pour militariser la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique, longue de plus de 2.000 kilomètres, en plus que doublant le nombre des agents de la patrouille frontalière pour en faire une armée de 25.000 hommes d’ici cinq ans, tout en établissant « littéralement un mur » de caméras, de détecteurs, de drones aériens et autres techniques de surveillance. Elle inclut également un nouveau programme obligatoire strict obligeant les employeurs à vérifier le statut d’immigrant de tous ceux qu’ils recrutent.

La partie de la loi traitant des douze millions d’immigrés sans papiers séjournant déjà dans le pays les aurait essentiellement répartis en trois catégories en fonction de la durée de leur séjour aux Etats-Unis. Ceux ayant séjourné dans le pays pendant plus de cinq ans et pouvant le prouver, auraient eu la permission de demander un permis de séjour permanent après avoir travaillé de façon continue pendant une période supplémentaire de six ans. Il serait aussi exigé d’eux le paiement d’une amende de 2.000 dollars ainsi que des arriérés d’impôts, ils devraient apprendre l’anglais et se soumettre à une vérification de leurs antécédents.

La catégorie suivante comprendrait ceux qui ont séjourné aux Etats-Unis entre deux et cinq ans. Ils seraient contraints de quitter le pays pour retourner dans leur pays d’origine afin de faire une demande de permis de travail temporaire.

Le dernier groupe, comptant entre un et deux millions de travailleurs sans papiers entrés dans le pays après le 1er janvier 2004, ferait l’objet d’expulsion sommaire.

Serait également inclus dans la version sénatoriale, un programme pour travailleurs immigrés « bracero » [travailleur agricole migrant mexicain] dans le but de fournir de la main-d’œuvre agricole bon marché aux puissants groupes agricoles.

Même si le Sénat avait voté cette loi, elle aurait dû être mise en harmonie avec un projet de loi encore plus draconien voté par la Chambre des représentants et qui à la place même de ces propositions tout à fait inadéquates permettant aux immigrés de régulariser leur situation, exige la criminalisation à la fois des travailleurs sans papiers et de toutes personnes ou organisations qui les aident et inclut des mesures encore plus répressives destinées à fermer hermétiquement la frontière américaine.

Il s’agit de la loi anti-immigration réactionnaire votée en décembre par la Chambre des représentants – HR 4437 – qui fut à l’origine des récentes protestations de masse, des manifestations et des arrêts de cours de la part des lycéens ainsi que de la journée nationale d’action du 10 avril.

Quelle que soit la version finale résultant des négociations entre la Chambre et le Sénat, elle ne pouvait que renforcer les pouvoirs répressifs du gouvernement tout en maintenant des millions de travailleurs immigrés à l’état de main-d’œuvre opprimée et ultra-exploitée.

Tout le débat dans les deux chambres du Congrès s’est concentré sur le fait de savoir si la loi proposée offrirait ou non une « amnistie » aux « transgresseurs de la loi ». On a pu voir des politiciens des deux partis réclamer que les travailleurs immigrés qui sont parmi les plus pauvres et les plus opprimés de la société, soient punis d’amendes et de pénalités.

Même la version du Sénat, prétendument moins sévère, avance la perspective cauchemardesque d’imposer à des millions de travailleurs la menace de l’expulsion et de l’interdiction de travailler tout en brisant des familles et créant un nouveau dispositif de taille pour la répression des immigrés.

L’échec de l’accord sénatorial, fait cependant qu’il devient très improbable qu’une loi d’ensemble puisse être adoptée cette année. Après avoir sabordé la loi, le Congrès entama ses deux semaines de vacances de printemps et aucune nouvelle date ne fut retenue pour débattre d’une loi d’immigration.

Ce qui est probable à présent c’est que les sections répressives de la loi de la Chambre soient introduites par morceaux sous la bannière de la « sécurité nationale » et de la « guerre contre le terrorisme » qui fut déjà employée pour terroriser les travailleurs nés à l’étranger et priver les immigrés de leurs libertés civiques.

L’élite financière américaine et les deux partis représentant leurs intérêts – les Démocrates et les Républicains – n’ont ni l’intérêt ni la capacité de résoudre d’une manière démocratique et socialement progressiste le problème soulevé par l’accroissement historique de l’immigration vers les Etats-Unis.

Leurs inquiétudes premières, et l’origine de leurs différends amers sur la question, sont contradictoires. D’une part, ils désirent garantir aux grosses entreprises un flot constant de main-d’œuvre de travailleurs immigrés, forcés de quitter leur pays du fait des conditions extrêmes créées par le grand capital transnational et qui sont privés des droits fondamentaux dans ce pays. D’autre part, toutefois, ils désirent se servir des travailleurs immigrés comme boucs émissaires pour détourner la colère populaire causée par l’inégalité sociale, le manque d’emplois payés décemment et les attaques contre les soins de santé, l’éducation et autres programmes sociaux.

Les salariés doivent s’opposer à ces deux stratégies réactionnaires en avançant leur propre politique indépendante basée sur la lutte pour l’unité de la classe ouvrière et la revendication de droits démocratiques et de citoyenneté entiers pour les douze millions de travailleurs sans papiers. Contre l’amplification de la libre circulation des capitaux multinationaux de par les frontières nationales alors même que les travailleurs sont prisonniers de ces frontières, il faut soulever la revendication que les travailleurs doivent pouvoir vivre et travailler dans le pays de leur choix.

L’on ne pourra lutter pour cette politique qu’en rompant avec les Démocrates et les Républicains pour construire un nouveau mouvement indépendant de la classe ouvrière basé sur un programme socialiste et une perspective internationaliste unifiant les luttes des travailleurs américains à celles des travailleurs partout dans le monde.

C’est le programme et la perspective pour lesquels luttent le Parti de l’Egalité socialiste (SEP – Etats-Unis) et le World Socialist Web Site. Nous invitons tous ceux qui veulent lutter pour la défense des droits des travailleurs immigrés à rejoindre la campagne visant à placer le candidat du SEP sur la liste électorale de 2006 en faisant connaître ce programme à un public le plus vaste possible.

Voir aussi :

États-Unis: Le candidat du SEP en Californie: extension de tous les droits à tous les immigrés !

Des milliers d'étudiants en grève en Californie pour protester contre les lois anti-immigration

 

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