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Des immigrants africains désespérés prennent le risque de traverser la mer jusqu'aux îles Canaries

Par Barry Mason
13 avril 2006

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Tandis que les frontières de la Forteresse Europe sont de plus en plus renforcées, des immigrants africains prêts à tout pour échapper à la pauvreté et la guerre civile recourent à des moyens toujours plus risqués pour essayer d'atteindre le continent.

Les frontières des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla sur le sol marocain ont été bouclées de façon efficace par une clôture de six mètres de haut. Les eaux au large de la côte sud de l'Espagne sont intensément patrouillées, surtout dans la région de Gibraltar où l'écart entre l'Afrique et l'Europe est le plus étroit ; il n'est que de quelques 13 kilomètres de large (soit 8 miles).

Comme ces itinéraires deviennent toujours plus difficiles, de plus en plus d'immigrants entreprennent la périlleuse traversée maritime vers les îles Canaries. Les Canaries sont des îles espagnoles au large du Maroc, sur l'océan Atlantique. Bien que ces îles soient, depuis un certain nombre d'années, une option parmi d'autres pour les immigrants, il y a depuis peu une recrudescence du nombre de personnes qui entreprennent ce voyage.

Le Maroc et le Sahara occidental sous contrôle marocain sont très près des Canaries et le point de départ logique pour une traversée maritime jusque vers l'île. Depuis 2005, suite aux exigences du gouvernement espagnol, les autorités marocaines ont renforcé les patrouilles frontalières et côtières. Auparavant, les trafiquants faisaient entrer clandestinement les immigrants potentiels dans le Sahara occidental par la ville de Zouerat en Mauritanie en soudoyant gardes et policiers marocains.

Suite aux mesures prises par des autorités marocaines, les trafiquants opèrent à présent à partir de la Mauritanie. Le point de départ le plus populaire est autour de la région portuaire de Nouadhibou, à l'extrême nord de la Mauritanie, au plus près de la frontière avec le Sahara occidental. De là ils ont devant eux un voyage de plus de 500 miles jusqu'aux Canaries. Alors que le moyen le plus sûr serait de longer la côte en direction du nord, la présence de patrouilleurs au large des côtes marocaines fait que les bateaux, chargés d'immigrants, prennent le large sur l'océan Atlantique ce qui rend leur voyage encore plus dangereux.

On fait pression maintenant sur la Mauritanie pour qu'elle réduise le nombre d'immigrants cherchant à atteindre les Canaries à partir de son territoire. Un reportage sur le site Internet d'informations EUobserver.com déclara que le 16 mars des fonctionnaires des ministères des affaires étrangères et de l'intérieur avaient pris part à des discussions avec des fonctionnaires du gouvernement mauritanien.

Bernardino Leon déclara aux médias espagnols, "c'est un problème international et il est nécessaire aussi que l'Union européenne et l'Afrique s'engagent à y faire face".

L'Espagne propose des patrouilleurs et son aide pour mettre en place des centres de détention en Mauritanie afin d'y détenir les immigrants chassés de l'Union européenne avant d'essayer de les rapatrier. Sidi Mohamed Ould Boubacar, premier ministre mauritanien fut cité par les médias espagnols, « nous ne sommes pas à même de résister à cette pression qui augmente. Nous avons besoin d'aide Un pays ne peut à lui seul faire face à un phénomène comme celui-ci. Nous avons besoin d'aide de toutes sortes : des avions, des bateaux, des véhicules. »

Les autorités mauritaniennes estiment que près d'un demi million de subsahariens sont en ce moment dans le pays en attente d'entreprendre la traversée vers le nord. La plupart sont originaires des pays d'Afrique de l'ouest comme le Sénégal et le Mali.

Réduire le nombre de bateaux au départ de la Mauritanie voudrait dire que les immigrants devraient commencer leur voyage plus bas sur la côte ouest africaine, au départ de pays comme le Sénégal. Le journal britannique The Guardian expliqua dans un reportage du 27 mars, « une embarcation entrée dans le port touristique de Los Cristianos à Tenerife la semaine dernière, avec 70 personnes à bord, faisait 20 mètres de long et était décoré dans un style sénégalais ».

L'article cita ensuite une publication de La Vanguardia paru en Espagne. Citant des propos tenus par la police espagnole qui croyait que le bateau était venu du port sénégalais de Saint-Louis, l'article poursuivit ainsi, « une source policière exprima sa surprise, non pas qu'une telle chose se soit produite mais qu'un nouvel itinéraire pour rivaliser celui au départ de Nouadhibou ait été ouvert si rapidement ».

Bon nombre de ces embarcations se lançant dans le périlleux voyage au départ de la Mauritanie sont connues sous le nom de "pirogues". Il s'agit de canoës creusés d'environ dix mètres de long avec un moteur hors bord fixé à l'arrière. Les bateaux sont ouverts à tous vents et ne comportent pas de gilets de sauvetage en nombre suffisant ni de vêtements de protection. Les trafiquants envoient en mer les immigrants, 60 à 70 entassés sur un bateau, avec uniquement une boussole à la main pour se guider. Ils n'ont ni téléphone ni radio pour appeler à l'aide en cas d'urgence.

Le 4 avril dernier, un reportage de la BBC des îles Canaries donna une idée des épreuves endurées par ces immigrants. Le journaliste parla avec un Malien qui était venu en bateau ce jour-là après quatre jours passés en mer. Un autre, Siad, était aussi du voyage. Dans un récit déchirant il décrivit une traversée sans nourriture et sans eau, entouré de gens qui ne cessaient de vomir. Expliquant les raisons pour lesquelles il était prêt à supporter de telles conditions il ajouta, « vous ne pouvez le comprendre que si vous venez d'où je viens ».

C'est l'extrême pauvreté qui règne dans leur pays qui pousse tous ces milliers d'immigrants africains à risquer leur vie. Le 27 mars, l'agence Reuters fit un reportage portant le titre « Emigrer ou mourir ». « Un grand nombre parmi les 10 000 à 15 000 Africains subsahariens à Nouadhibou (Mauritanie) qui essaient à grand peine de réunir les 150 000 ouguiya (489¤) nécessaires pour acheter une place sur un bateau sont prêts à risquer leur viejuste pour travailler. Plus des deux tiers de la population d'Afrique de l'ouest ont moins de 30 ansle chômage dans certains pays atteint 30 pour cent, enlevant à beaucoup tout espoir de trouver un travail ».

C'est ce qui explique le fait que, malgré les dangers, le nombre de personnes qui entreprend de faire le voyage est en augmentation. Un reportage de Associated Press du 5 avril fit état de plus de 4 000 personnes ayant fait la traversée jusqu'aux les îles Canaries depuis seulement le début de l'année, contre 4 751 pour la totalité de l'année dernière.

Pour tous ceux qui réussissent à atteindre les îles, il y en beaucoup d'autres qui périssent en chemin. La Croix Rouge évalue à environ 1 000 le nombre de personnes qui sont mortes cette année. D'autres pensent que le chiffre est plus élevé. Manuel Pombo, chargé de mission espagnol estime que 40 pour cent de ceux qui tentent le voyage meurent. C'est maintenant chose courante que de voir des corps d'immigrants africains rejetés par la mer sur les différentes plages touristiques des îles Canaries.

La majorité de ceux qui réussissent à atteindre les îles sont rapatriés dans leur pays africain d'origine ; Quelques-uns sont envoyés en Espagne où ils sont largués et abandonnés sans aucune aide.


 

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