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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les syndicats bradent les emplois à l’usine Volkswagen de Bruxelles

Suppression d’emplois massifs chez Volkswagen avec l’assentiment des syndicats

Par Marianne Arens
27 décembre 2006

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Il y a plus de quatre semaines, les travailleurs de l’usine Volkswagen à Bruxelles-Forest entamaient une grève et occupaient leur usine pour protester contre la décision de la direction du groupe de transférer la production du modèle Golf de Bruxelles à ses usines en Allemagne. Les actions entreprises par les travailleurs n’ont pourtant pas réussi à contrecarrer la trahison des dirigeants syndicaux et à empêcher que la direction ne concrétise ses projets.

Alors que des messages de solidarité affluaient à l’usine de Forest, les conseils d’entreprise et les délégués syndicaux planifiaient l’isolement systématique des grévistes de l’usine Volkswagen belge.

Aucune mesure efficace de soutien n’a été organisée pour les grévistes dans les six grandes usines Volkswagen en Allemagne. Le conseil européen d’entreprise de Volkswagen a fait tout son possible pour réduire toute expression de solidarité à des protestations symboliques afin d’empêcher une quelconque défense de principe et unitaire de tous les emplois.

Le 7 décembre, lors d’une réunion de conseils d’entreprise issus des diverses usines européennes, une lutte conjointe pour la défense des emplois a été rejetée. Ceci a été le signal pour que le dirigeant du conseil général d’entreprise de Volkswagen, Bernd Osterloh, fasse étalage d’un discours démagogique déclarant qu’au cas où la direction du groupe ne prendrait pas position « en faveur de nos collègues… nous penserons à envisager des formes concrètes de solidarité et ce, pas sur le papier, mais par une véritable mobilisation physique dans la rue. »

Comme si les membres du conseil d’entreprise et ceux du conseil de surveillance n’étaient pas déjà au courant des projets du groupe, Osterloh en appela à la direction pour qu’elle « joue cartes sur table en indiquant quels sont les projets de restructuration des autres sites en Europe de l’Ouest. »

Qui Osterloh cherche-t-il à rouler dans la farine ? Tout le monde sait que les conseils d’entreprise ont été achetés par la direction et que de nombreuses mesures de rationalisation ont soit été élaborées en étroite collaboration avec les conseils d’entreprise soit initiées par ces derniers mêmes.

Eu égard à cette situation, la direction de VW s’est sentie encouragée à imposer ses conditions à ses salariés à Bruxelles.

Le week-end dernier, VW annonçait son nouveau système de planification de la production qui prévoit que sur les 5370 salariés actuellement employés à l’usine de Bruxelles, seuls 2000 garderaient leur emploi. Dès 2009, Volkswagen projette de construire à Bruxelles son nouveau modèle Audi A1 avec un effectif estimé à 3000 salariés. Cette décision est toutefois liée à la condition « que la production du modèle Audi à Bruxelles soit économique, » selon Norbert Steingräber, qui parlait au nom de la direction de Bruxelles.

Le 18 décembre, en pleines négociations avec le conseil d’entreprise, Jos Kayaerts, le directeur du personnel de l’usine VW Forest, a déclaré que la condition première de la venue de l’Audi était la baisse des coûts horaires de la main-d’œuvre.

Le premier ministre belge, Guy Verhofstadt, a également cherché à intensifier la pression sur les travailleurs en déclarant à la télévision que les travailleurs de VW Forest seront contraints de travailler plus et d’accepter une diminution des salaires.

Le nouveau système de planification de la production prévoit la production accrue de la Polo avec un effectif d’à peine 2000 salariés qui devront travailler 38 heures par semaine au lieu de 35 heures actuellement, et ce, sans augmentation de salaire.

Il existe de vagues promesses selon lesquelles un millier de travailleurs en plus ne seraient pas licenciés, mais feraient partie de cellules de reconversion et se retrouveraient au chômage technique jusqu’en 2009 où il pourrait à nouveau être fait appel à eux. A ce sujet, il n’existe pourtant pas de décisions concrètes. Il est fort probable que la direction ait l’intention de démarrer, dans deux ans, la production de l’Audi A1 avec un effectif nouveau, moins cher et non syndiqué. Ce qui est sûr c’est que plus de 2000 travailleurs perdront immédiatement leur emploi.

La production d’un volume plus important du modèle Polo à Bruxelles menace également des emplois à d’autres sites Volkswagen qui assemblent la Polo, tels Pampelune et Martorell en Espagne et Bratislava en Slovaquie. Le nouveau système de planification de la production prévoit la construction de 46 000 Polos à Bruxelles au lieu des 10 000 présentement.

Le délégué principal FGTB (Fédération générale du Travail de Belgique) chez VW Forest, Jan Van Der Poorten, a expliqué lundi que les négociations devraient se poursuivre vu qu’aucun chiffre concret de production n’a été avancé jusque-là. Il a déclaré à l’adresse de journalistes belges qu’il avait bon espoir « qu’un redémarrage symbolique de l’entreprise cette semaine encore » n’était pas impossible.

Il est clair que les syndicats et le conseil d’entreprise ont déjà accepté les suppressions d’emplois et se préparent à signer le contrat sous peu. Ceci a été confirmé dans un commentaire fait par Manuel Castro du syndicat belge FTGB qui a revendiqué « de meilleures garanties pour la suppression d’emplois, les accords sur les retraites et la production de 2007-08. »

Afin de s’assurer une trahison sans heurts, le conseil d’entreprise et la direction ont convenu de verser des indemnités de départ d’un montant relativement élevé à tous ceux qui quitteront volontairement l’entreprise. Les indemnités perçues varient selon le nombre d’années de service entre 25 000 et 144 000 euros, un accord qui est censé inciter les travailleurs plus âgés à partir. La direction du groupe VW se félicite d’assumer pleinement sa responsabilité en tant qu’employeur, sur la base de ces indemnités.

L’on rapporte que, dans ces conditions, plus de 1500 travailleurs ont annoncé leur intention d’accepter un licenciement anticipé, un chiffre qui, à lui seul, traduit le manque de confiance des travailleurs dans les syndicats et le conseil d’entreprise. Plus personne ne s’attend à ce que les syndicats mènent une lutte de principes pour la défense des emplois.

Ce faisant, l’affaire de corruption au sein du conseil d’entreprise et qui a éclaté chez VW s’est étendue progressivement et concerne à présent des personnes, telles l’ancien président du conseil central d’entreprise, Hans Jürgen Uhl, cofondateur du comité d’entreprise européen de VW et député social-démocrate (Parti social-démocrate, SPD) au Parlement allemand. Vendredi dernier, son immunité parlementaire a été levée permettant ainsi la conduite de poursuites judiciaires. On soupçonne qu’Uhl est l’un des principaux bénéficiaires de privilèges et de primes versées par la direction du groupe Volkswagen à certains permanents syndicaux.

Vendredi dernier, des reporters du World Socialist Web Site ont parlé sur le site de Wolfsburg avec des travailleurs de VW lors du changement d’équipe pour leur demander ce qu’ils pensaient du conseil d’entreprise et de son acceptation de transférer la production du modèle Golf de Bruxelles en l’Allemagne.

Bernd, 26 ans, travailleur en horaires alternants a dit, « tous les accords portant la signature du conseil d’entreprise doivent être annulés. Depuis l’affaire Volkert (ancien président du conseil d’entreprise de VW, actuellement mis en examen pour abus de confiance) nous savons qu’ils peuvent être achetés. Et donc, les accords qu’ils ont signés ne sont plus valables.

« Et maintenant, à Bruxelles, ils veulent rapidement tout boucler parce qu’ils savent ce qui se passe parmi le personnel. Les esprits sont très échauffés. Il est clair que le syndicat ne nous représente plus. A quoi bon continuer à verser des cotisations syndicales ? »

Gisela S est conductrice d’engins de déplacement de charges depuis dix ans. Elle a parlé de la détérioration des conditions de travail à l’usine de Wolfsburg. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau modèle de temps de travail, les travailleurs sont forcés de travailler quatre heures et demie de plus par semaine et qui ne sont payées que pour la moitié.

« Les heures supplémentaires ne sont plus payées et nous travaillons déjà le vendredi pour rien, » dit-elle. « Dans de telles conditions, on n’a plus de motivation. Je ne fais plus que ce que l’on me demande de faire. »

En ce qui concerne le conseil d’entreprise, elle a déclaré, « on ne peut pas leur faire confiance. Ils ne s’intéressent absolument pas à nous. »

Un autre travailleur a ajouté, « qui peut encore croire qu’Osterloh [le dirigeant du conseil général d’entreprise de Volkswagen] n’était pas au courant de ce que Volkert était en train de tramer ? Après tout, il avait été son adjoint. Soit il est complètement stupide soit il ment. »

Karin a rapporté que plusieurs représentants syndicaux avaient démissionné de leur poste parce qu’ils n’étaient plus en mesure de justifier les décisions allant à l’encontre des intérêts des travailleurs. « Les représentants du personnel ont jeté l’éponge les uns après les autres, » a dit Karin.

« Pour ce qui est des membres du conseil d’entreprise, on les voit à peine, et si c’est le cas, on les voit dans des voitures de service. Cela veut tout dire. A mes yeux, ce ne sont pas des représentants du personnel. »

Elle a ajouté que le travail a complètement changé, des équipes rodées de travailleurs ont été démantelées et l’ambiance à l’usine est au plus bas.

Karl a également exprimé son manque de confiance dans le conseil d’entreprise. « Klaus Volkert a été à l’origine de ce manque de confiance qui nous affecte tous, » dit-il.

« A qui peut-on encore faire confiance ? Pour ce qui est du syndicat, il est devenu normal que chacun s’occupe d’abord de soi-même. Il n’y a plus d’engagement social. »

Karl travaille à Wolfsburg depuis 2002. Il a été engagé sur la base du modèle de temps de travail connu comme le « 5000 fois 5000 » qui a procuré un emploi à 5000 nouveaux travailleurs à des conditions de travail plus médiocres et à des salaires plus bas. « Depuis, » dit-il « nous avons enduré des réductions de salaire systématiques… L’ambiance de travail dans l’entreprise s’est détériorée et la tension ne cesse de monter. »

(Article original paru le 19 décembre 2006)

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