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Les questions historiques et politiques qui se cachent derrière la campagne antisémite du président iranien

Par Justus Leicht et Stephan Steinberg
Le 30 décembre 2005

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Au cours des derniers mois, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a, à plusieurs reprises, fait publiquement des déclarations antisémites. Il décrivit le génocide nazi de six millions de Juifs durant la Seconde guerre mondiale comme étant un « mythe » inventé pour justifier l'existence d'Israël, il refusa de reconnaître le fait que « Hitler tua des millions de Juifs innocents », appela publiquement à ce qu'Israël soit «rayé de la carte » et exigea que les Juifs vivant en Israël soient déportés au Canada ou en Alaska.

Compte tenu d'une crise sociale croissante et de divisions existant au sein de l'élite dirigeante iranienne, les propos d'Ahmadinejad visent à diviser la population laborieuse selon des clivages nationaux et religieux, à mobiliser des éléments politiques réactionnaires et à dévier les tensions sociales vers des canaux chauvins. C'est la réponse d'une élite dirigeante minuscule mais extrêmement riche qui cherche à maintenir son contrôle sur une société profondément minée par des conflits internes.

Les déclarations antisémites et les menaces à l'encontre d'Israël de la part d'Ahmadinejad représentent une tentative consciente de créer une atmosphère de siège où toute opposition sociale ou politique équivaudrait à un crime de haute trahison pouvant occasionner des poursuites judiciaires et être réprimé par la force. Loin de s'opposer à l'impérialisme et à la politique oppressive du gouvernement israélien, les diatribes d'Ahmadinejad au fond visent directement la classe ouvrière iranienne.

Elles représentent tout particulièrement une menace directe pour la petite communauté de Juifs vivant en Iran qui compte quelques 30.000 personnes et dont l'origine remonte au sixième siècle avant JC. De plus en plus souvent, la direction iranienne cherche à générer un sentiment anti-juif dans le but de cacher la faillite politique de l'élite cléricale dirigeante.

Ce faisant, les déclarations antisémites d'Ahmadinejad contribuent à faire le jeu des forces les plus réactionnaires à l'échelle mondiale. Aux Etats-Unis, le président George W. Bush se servit des remarques faites par le président iranien pour réitérer son affirmation que l'Iran fait partie de « l'axe du mal », au même titre que l'Irak et la Corée du Nord. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères israélien, Mark Regev, réagit par une menace voilée en affirmant « une idéologie fanatique, mêlée à un sens des réalités déformé et à des armes nucléaires est une combinaison qui ne peut être acceptée par personne au sein de la communauté internationale. » Selon un article paru dans le Sunday Times britannique, Israël aurait élaboré un plan détaillé prévoyant une attaque des installations nucléaires iraniennes d'ici la fin mars.

Le rôle de la bourgeoisie iranienne

Ahmadinejad, ancien maire de Téhéran, est un démagogue de droite se faisant passer pour le représentant des pauvres tout en soutenant loyalement les extrémistes religieux qui jouissent de peu de crédibilité auprès de la population mais contrôlent de vastes pans de l'économie, de l'appareil d'Etat, de la justice et de la télévision nationale.

Ahmadinejad débuta sa carrière politique comme officier dans les rangs des forces paramilitaires des Pasdaran (gardes révolutionnaires) crées par l'ayatollah Khomeini. Ahmadinejad fut également instructeur du Basij, milice qui veille à l'application du code moral islamique extrême de l'Iran. Fort de cette expérience, il recourut à ses pouvoirs de maire de Téhéran pour restreindre les libertés sociales et culturelles.

Depuis qu'il occupe les charges de président, Ahmadinejad a systématiquement nommé ses partisans aux postes gouvernementaux, aux médias publics, au corps diplomatique ainsi qu'aux institutions financières de l'Etat. Un grand nombre d'entre eux sont issus des Pasdaran et entrèrent en politique dans les années 1980-1988 au cours de la guerre Iran-Iraq. En bref, Ahmadinejad se base sur un groupe de religieux et de nationalistes réactionnaires qui ne reculent devant aucun conflit et pogrome sanglants avec d'autres groupes ethniques et religieux.

Nonobstant les divisions et les luttes intestines féroces au sein de l'élite iranienne, l'ascension à la plus haute fonction de l'Etat iranien d'un personnage aussi réactionnaire et son recours à des propos ouvertement antisémites sont l'expression de la crise et de l'impasse politique auxquelles la bourgeoisie iranienne tout entière et donc du Moyen Orient dans son ensemble sont confrontées. Cette élite sociale est organiquement incapable d'établir des conditions démocratiques dans son propre pays ou d'engager, sur un plan international, une lutte conséquente et sérieuse contre l'impérialisme.

Le recours aux formes les plus variées de politique communautaire, et toutes les implications réactionnaires que cela comprend, est un phénomène qui caractérise de plus en plus la bourgeoisie nationale des pays du soi-disant « tiers-monde ». L'époque où des mouvements nationalistes bourgeois et des régimes nationalistes de gauche au Moyen-Orient, Afrique, Asie et Amérique latine pouvaient se présenter comme direction anti-impérialiste des « mouvements de libération nationale » des masses populaires opprimées du monde, adoptant souvent une coloration socialiste, est révolue depuis bien longtemps. Elle s'acheva définitivement avec l'effondrement des régimes staliniens de l'ex Union soviétique et d'Europe de l'Est sur lesquels les nationalistes bourgeois pouvaient compter pour faire contrepoids à l'impérialisme américain. L'effondrement de l'Union soviétique et de ses Etats vassaux d'Europe de l'Est, avec leur économie autarcique, était lié lui aussi à la mondialisation croissante de la production et à l'intensification du conflit entre économie mondiale et système d'Etats nations.

L'ascension d'Ahmadinejad révèle en fin de compte la nature des forces sociales qui furent en mesure de prendre la direction de la révolution de 1979, soulèvement de masse qui renversa la dictature haïe et brutale du Shah Reza Pahlavi, principal pilier de la domination américaine dans la région. Alors que la révolution était basée sur un mouvement de masse, la classe ouvrière resta subordonnée à la faction dissidente de la bourgeoisie nationale représentée par des religieux à la tête desquels se trouvait l'Ayatollah Ruholla Khomeini.

La principale base sociale de Khomeini était parmi les couches bourgeoises les plus traditionnelles, tout particulièrement des commerçants du bazar qui étaient hostiles au Shah et à ses liens économiques étroits avec l'impérialisme occidental. Le régime de Khomeini massacra des milliers de militants de gauche, écrasa tout mouvement indépendant de la classe ouvrière et réprima brutalement toute tentative des Kurdes d'obtenir des droits nationaux.

Le stalinisme en Iran

Le fait que les mollahs et les commerçants du bazar aient été en mesure de dominer la révolution de l979 fut le résultat de la politique du Parti stalinien Tudeh et d'autres forces de gauche qui avaient retenu la classe ouvrière et les paysans appauvris. Sur la base d'un soi-disant « front uni des forces nationalistes progressistes » contre le Shah, le Parti Tudeh soutint, au nom du « socialisme islamique » et de « l'anti-impérialisme », Khomeini ainsi que Bani-Sadr, premier président de la République islamique d'Iran.

Ce n'était pas la première fois que le Parti Tudeh et son prédécesseur, le parti communiste d'Iran, trahissaient la classe ouvrière iranienne qui a un long et militant passé politique. Fondé en 1920, le Parti communiste subit l'influence du stalinisme dès le milieu des années 1920 et jeta par-dessus bord le fondement théorique de la Révolution d'Octobre 1917 : la théorie de la Révolution permanente.

Cette théorie, formulée en premier par Léon Trotsky en 1905, soutenait qu'à l'époque de l'impérialisme, la bourgeoisie nationale des pays arriérés était incapable de résoudre les tâches de la révolution démocratique bourgeoise. Confrontée à une classe ouvrière émergente, elle formerait inévitablement une alliance avec les éléments féodaux, les militaires et les forces impérialistes dans le but de défendre sa propriété et l'ordre bourgeois.

C'est pourquoi Trotsky insista sur le fait que « la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale » n'était concevable que si la classe ouvrière établissait son indépendance politique vis-à-vis de toutes les sections de la bourgeoisie, prenait la tête « de la nation opprimée, avant tout de ses masses paysannes » et prenait le pouvoir entre ses propres mains en établissant un Etat ouvrier et en accomplissant non seulement les mesures démocratiques mais aussi les premiers pas vers la transformation socialiste de l'économie. Trotsky insista sur le fait que cette stratégie ne serait couronnée de succès que sur la base d'une perspective internationale révolutionnaire et non sur une base nationale.

Sous l'influence du stalinisme, les sections de l'Internationale Communiste adoptèrent, à l'opposé d la théorie de la Révolution permanente, la théorie de la révolution en deux étapes. Selon cette conception essentiellement nationaliste, la classe ouvrière était obligée, dans des pays où le développement capitaliste était tardif, de céder la direction des luttes révolutionnaires à la bourgeoisie nationale « progressiste ». Celle-ci renverserait le régime des élites féodales et établirait des régimes bourgeois démocratiques sous lesquels le capitalisme se développerait et la classe ouvrière croîtrait. C'est seulement à une date ultérieure non définie que les conditions seraient « mûres » pour que la classe ouvrière prenne le pouvoir par une révolution socialiste.

La signification politique de cette distorsion non historique et schématique du marxisme résidait dans la collaboration des partis communistes à désarmer la classe ouvrière et à la subordonner aux forces bourgeoises qui, inévitablement, se retournèrent violemment contre elle. L'exemple le plus tragique et le plus désastreux de l'application de cette politique se produisit en Chine dans les années 1920 où le Parti communiste fut obligé de travailler sous la discipline du Kuomintang bourgeois. Le résultat en fut la défaite sanglante de la révolution de 1927.

En Iran, la bureaucratie stalinienne proclama Reza Khan Pahlavi « dirigeant révolutionnaire ». Reza Khan était un colonel cosaque, soutenu par les dirigeants politiques de la bourgeoisie qui, avec l'aide de l'impérialisme britannique, avaient organisé un coup d'Etat en 1921. Il recourut à une démagogie de « gauche » et « anti-impérialiste » dans le but d'activer un développement capitaliste de l'économie basée sur un Etat fort. En 1925, il s'installa lui-même sur le « trône du paon ».

Confronté à la difficulté que le développement économique non seulement accroissait le poids social de la classe ouvrière mais intensifiait également les différences sociales entre classes possédantes et grandes masses populaires tant dans les villes que dans les régions rurales, Pahlavi eut recours à l'oppression et au chauvinisme. Au lieu de briser le pouvoir du clergé, des grands propriétaires terriens et de la petite bourgeoisie des commerçants du bazar, Pahlavi s'appuya précisément sur ces couches sociales pour opprimer la classe ouvrière et interdire toutes organisations indépendantes de travailleurs et de paysans. Ses modèles étaient la Turquie d'Ataturk et l'Italie fasciste de Mussolini.

Quand, au début des années 1950, un mouvement social et national grandissant contraignit le fils et le successeur du Shah, Mohammed Reza Pahlavi, à s'exiler temporairement, le Parti Tudeh une fois de plus trahit un mouvement révolutionnaire émergent en s'assujettissant à la bourgeoisie nationale. Il soutint d'abord le gouvernement du premier ministre Mohammed Mossadeq qui nationalisa l'industrie pétrolière jusque-là propriété de British Petroleum. Mossadeq, qui attira la colère de l'impérialisme britannique, s'efforça d'utiliser les Etats-Unis contre la Grande-Bretagne.

Suivant les conseils des Américains, Mossadeq attaqua brutalement les masses populaires, y compris celles qui constituaient sa propre base, en engageant les forces armées contre elles. Suites à cette répression, il fut facile à l'armée et au Shah de s'occuper de Mossadeq. En août 1953, il fut renversé par un coup d'Etat militaire commandité par la CIA.

Ceci fut possible parce que le Parti Tudeh, après que le Front national de Mossadeq ait rejeté son offre d'un « Front commun », n'appela pas à une résistance indépendante contre Reza Shah Pahlavi qui fut donc en mesure de jouir de pouvoirs dictatoriaux. Sa police secrète, la SAWAK, fut bientôt tristement célèbre sur le plan international pour ses techniques de tortures brutales.

Il faut remarquer que la majorité du clergé soutint le Shah au moment du coup d'Etat et durant les années suivantes. Ceci ne commença à changer que lorsque les intérêts économiques du clergé même furent menacés après que le Shah ait introduit la modernisation de l'économie nationale et son ouverture aux groupes internationaux.

La base principale de cette couche était le « bazar », les négociants et commerçants traditionnels qui n'étaient pas compétitifs sur le marché mondial. Seule une petite clique autour du Shah, des capitalistes nationaux et étrangers, ainsi que les grands propriétaires terriens bénéficièrent de la soi-disant « révolution blanche » de modernisation et d'industrialisation qui avait débuté en 1963. Mais ce processus fit aussi entrer l'Iran dans l'économie mondiale et renforça la force sociale capable de renverser le régime de la bourgeoisie autochtone, à savoir le prolétariat urbain qui connut une croissance considérable jusqu'au milieu des années 1970.

Les problèmes sociaux de l'Iran

Dès les premières années, la République islamique enregistra de sévères désaccords au sein l'élite dirigeante, sur la politique économique, le rôle de l'Etat dans l'économie et l'ouverture du pays aux investisseurs étrangers.

Conformément aux intérêts de sa base sociale parmi les commerçants du bazar, Khomeini tenta de limiter l'impact du marché mondial sur l'économie iranienne en nationalisant les banques et les industries clé, y compris l'industrie pétrolière. Cependant, dans le cadre de la mondialisation croissante de l'économie capitaliste mondiale, il fut impossible de préserver un développement économique sur une base purement nationale.

La guerre Iran-Iraq (1980-1988) saigna à blanc le pays en intensifiant ses problèmes économiques. Dans cette guerre, les Etats-Unis soutinrent principalement l'Iraq, tout en basculant de temps en temps du côté de l'Iran, encourageant l'effusion de sang réciproque afin d'affaiblir les deux régimes. En dépit de la propagande anti-américaine et anti-Israël, la direction iranienne collabora secrètement avec les Etats-Unis et Israël, comme le révéla l'affaire Iran-Contra. Sous Reagan, la Maison Blanche organisa secrètement des livraisons d'armes à l'Iran dont elle utilisa les recettes pour financer la guerre sale des Contras contre le Nicaragua.

Durant les années 1990, le Parti Tudeh plaça ses espoirs dans la soi-disant aile « réformiste » du régime iranien, dirigée par Mohammed Khatami et soutenue par les diverses organisations constituant le Front de la participation de l'Iran islamique. Khatami fut élu président en 1997.

Mais le camp de Khatami ne souhaitait pas lutter sérieusement pour la défense des droits démocratiques. A chaque fois que le nouveau gouvernement se sentait menacé par un mouvement de masse des couches populaires, Khatami et ses amis réformistes serrèrent les rangs avec leurs adversaires parmi les conservateurs durs, pour opprimer les étudiants et les travailleurs tout en lançant des avertissements contre les dangers de « l'extrémisme de gauche et de droite ». Même quand des journalistes, des intellectuels et des politiciens réformistes furent persécutés, emprisonnés ou tués, Khatami se contenta de lancer des appels au calme et à la modération.

Khatami poursuivit une politique pro impérialiste et néo libérale hostile aux intérêts d'une grande partie de la population. Il chercha à améliorer les relations avec l'Europe et les Etats-Unis alors même que le gouvernement Bush envahissait et occupait les pays avoisinants, l'Afghanistan et l'Iraq, et proférait des menaces d'intervention militaire contre l'Iran.

En conséquence, le camp de Khatami, qui avait initialement crée des illusions parmi la jeunesse et les adversaires du régime des mollahs, fut complètement discrédité et ne fut plus en mesure de contrôler les antagonismes sociaux et politiques croissants. C'est dans ces conditions que le régime des mollahs avança Adhmadinejad comme successeur de Khatami.

Adhmadinejad prit la présidence sur la base de promesses de combattre une « mafia » mal définie et d'établir un certain degré de justice sociale. Mais son recours au chauvinisme et à l'antisémitisme reste un signe clair que ni lui ni ses adhérents n'ont de solutions aux problèmes sociaux énormes que connaît l'Iran. Bien que l'Iran soit riche en ressources pétrolières et est en mesure de tirer profit des prix du pétrole qui montent, l'infrastructure de son industrie pétrolière est totalement délabrée et des investissements considérables sont nécessaires pour que les recettes provenant du pétrole continuent d'affluer.

Le taux officiel de chômage en Iran est actuellement fixé à 16 pour cent, mais nombreux sont les observateurs qui disent qu'il serait plutôt de l'ordre de 30 à 35 pour cent. Chez les jeunes de moins de vingt ans, le taux de chômage se situe à 42 pour cent. Vu que des millions de jeunes affluent sur le marché de l'emploi tous les ans, ce pourcentage va forcément augmenter. Selon des chiffres officieux, quarante pour cent de la population vivent sous le seuil de pauvreté. Grèves et autres formes de protestations contre des conditions de vie minables et des salaires bas sont très répandues.

D'un autre côté, une petite couche de mollahs et d'hommes d'affaires amassent des richesses considérables en pillant les ressources du pays, en particulier ses réserves de pétrole. Ce processus d'enrichissement est incarné, aux yeux de l'opinion publique, en la personne de l'Ayatollah Rafsanjani, principal concurrent d'Armadinejad lors de l'élection présidentielle. Sa fortune personnelle est évaluée à plus d'un milliard de dollars.

Ces contradictions sociales revêtent des formes de plus en plus violentes. Les six premiers mois de la présidence d'Armadinejad furent d'ores et déjà marqués par des incarcérations, des exécutions et des affrontements sanglants entre manifestants et forces de sécurité dans les régions kurdes de l'Iran. Au début du mois, un garde du corps personnel du président iranien fut tué dans le sud est du pays dans des conditions non élucidées à ce jour.

Le gouvernement Bush et le régime israélien, quant à eux, ont profité des provocations d'Armadinejad pour faire avancer leurs propres préparatifs militaires contre l'Iran. La logique du chauvinisme et du fanatisme religieux auxquels l'élite iranienne fait appel pour contrôler sa crise politique et sociale interne, met directement à l'ordre du jour la menace de balkanisation de la région toute entière et d'une guerre au Moyen Orient.

Les Etats-Unis socialistes du Moyen Orient

Durant la guerre froide, les bourgeoisies arabe et iranienne furent en mesure d'utiliser l'antagonisme entre l'impérialisme occidental et le bloc soviétique pour sauvegarder un certain degré d'autonomie nationale et maintenir un certain contrôle sur leurs propres ressources naturelles. Après l'effondrement de l'Union soviétique et des pays satellites staliniens au début des années 1990, cette marge de manoeuvre a disparu.

L'ensemble du Moyen Orient ressemble de plus en plus à une poudrière. Sous la pression combinée de la mondialisation, des divisions sociales considérables et de la nouvelle offensive de l'impérialisme occidental menée par les Etats-Unis en vue de rediviser la région et de monopoliser ses ressources, les structures de l'Etat mises en place après la Seconde guerre mondiale commencent à se désagréger un pays après l'autre. Aucun des problèmes urgents qui se posent dans la région ne peut être résolu sur une base nationale.

Si l'histoire de l'Iran a prouvé quelque chose, c'est bien l'incapacité totale de n'importe quelle aile de la bourgeoisie nationale à offrir une solution progressiste aux problèmes sociaux des masses populaires, que ce soit la faction de la ligne dure liée à Khomeini, ou l'aile réformiste de Khatami ou encore les éléments « progressistes » défendus par des organisations comme le Parti Tudeh. Même si ces différentes ailes de la bourgeoisie iranienne furent à divers moments engagées dans des luttes factionnelles acerbes, elles ont, à maintes reprises, rangé au placard leurs différends pour s'allier et parer à la menace venue des couches populaires.

La crise sociale et politique qui couve dans l'ensemble du Moyen Orient nécessite de toute urgence l'adoption par les travailleurs et les masses opprimées d'une nouvelle perspective internationale qui rompe, sur la base de principes vraiment socialistes, avec le nationalisme de toutes les sections de la bourgeoisie iranienne et arabe. La propagande antisémite du régime des mollahs en Iran ne sert qu'à isoler les travailleurs iraniens des travailleurs israéliens, en forçant ces derniers à rejoindre le camp du sionisme réactionnaire et en divisant l'ensemble de la classe ouvrière du Moyen Orient selon des critères ethniques et religieux. Ce développement ne peut être combattu que par une offensive de la classe ouvrière dont le but est de réorganiser socialement et économiquement la région entière sur la base de la lutte pour les Etats-Unis socialistes du Moyen Orient.


 

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