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Mouvements de protestation contre Bush en Inde: pour une stratégie socialiste internationale pour combattre l'impérialisme

Par le comité de rédaction du WSWS
Le 1er mars 2006

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Des sympathisants du World Socialist Web Site diffuseront ce tract lors des manifestations en Inde contre la visite du président américain George W. Bush. Nous invitons nos lecteurs et sympathisants en Inde à télécharger et distribuer cette déclaration aussi largement que possible.

Partout dans le pays, des centaines de milliers de travailleurs, de paysans, d'étudiants et d'autres jeunes prendront part aux rassemblements et manifestations dans les jours à venir contre la visite du président américain George W. Bush et contre la course à un partenariat « mondial » de la bourgeoisie indienne avec l'impérialisme américain.

Les manifestants reconnaissent justement que Bush est la tête d'un régime prédateur qui a déclenché deux guerres de conquête durant ces cinq dernières années dans le but d'assurer la prédominance américaine sur les ressources pétrolières du Moyen Orient et d'Asie centrale, et qui menace à présent d'avoir pour prochaine cible l'Iran et la Syrie.

A la consternation du gouvernement de l'Alliance progressiste unie (UPA), le gouvernement Bush a usé de l'intimidation pour forcer l'Inde à s'associer à une entremise internationale contre l'Iran et pour empêcher que l'Inde n'achète des ressources énergétiques à l'Iran et à la Syrie.

Bush et le premier ministre indien, Manmohan Singh, échangeront très certainement des platitudes sur la naissance d'une nouvelle amitié entre les deux plus grandes démocraties mondiales. En réalité, ce que les Etats-Unis et l'Inde ont en commun c'est une croissance phénoménale de l'inégalité sociale et de l'insécurité économique, résultat des programmes respectifs appliqués par leurs élites dirigeantes, à savoir des programmes néolibéraux de privatisation, de dérèglementation et de domination déchaînée du marché dans toutes les sphères de la vie sociale. Ces Etats connaissent également une attaque croissante de l'Etat contre les droits démocratiques.

Le partenariat stratégique indo-américain que le gouvernement Bush et le régime de l'UPA s'efforcent de consolider est dirigé contre les intérêts de la classe ouvrière de l'Inde, de l'Amérique du Nord et du monde entier.

Les Etats-Unis font une cour ardente à l'Inde pour en faire la clef de voûte de leur tentative d'empêcher que la Chine n'en vienne à menacer la position américaine de première puissance d'Asie.

Le gouvernement Bush n'a pas caché le caractère antichinois de sa politique indienne.

Le Financial Times rapporte que les services de renseignement américains et des analystes géopolitiques comparent régulièrement la montée de la Chine et de l'Inde au début du XXIème siècle à l'émergence de l'Allemagne et des Etats-Unis à la fin du XIXème siècle comme puissances industrielles les plus dynamiques du monde, et ce en rapport avec les changements géopolitiques qui préparèrent le terrain aux guerres mondiales du siècle dernier.

Tout en manifestant de la prudence à l'égard des efforts entrepris par les Etats-Unis pour atteler l'Inde à sa stratégie sécuritaire globale, l'élite indienne est soucieuse d'obtenir le soutien de Washington pour que l'Inde soit acceptée comme acteur majeur dans la politique mondiale : Etat disposant de l'armement nucléaire, membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU et puissance dominante reconnue en Asie du Sud et dans la région de l'Océan indien.

Un deuxième objectif clef du partenariat indo-américain proposé consiste à forcer le pas à la transformation de l'Inde en un site de main-d'oeuvre bon marché d'informatique mondiale, de gestion des affaires, de recherche scientifique et de production manufacturière. Bien qu'il y ait des différends entre les grands groupes américains et indiens en ce qui concerne la vitesse à la laquelle l'Inde devrait être complètement intégrée dans l'économie capitaliste mondiale, ces derniers sont d'accord pour supprimer tout soutien des prix et toute subvention, pour assigner aux entreprises le rôle central dans la construction de l'infrastructure publique, pour ouvrir le secteur agricole (qui emploie 60 pour cent de travailleurs indiens) à l'agribusiness (agriculture capitaliste comprenant de puissants groupes agricoles), et pour réécrire le code du travail en vue de faciliter la sous-traitance, les licenciements et les fermetures d'usines.

En d'autres termes, le grand capital américain et indien s'accordent sur le fait que cette politique, qui a produit une détresse sociale terrible dans l'Inde rurale, caractérisée d'ailleurs par le phénomène des suicides des agriculteurs et l'augmentation du chômage dans les villes, doit être intensifiée.

Les protestations de masse sur le sillage de Bush durant son séjour de deux jours en Inde, tout comme le partenariat stratégique indo-américain proposé, posent objectivement une question fondamentale : sur quelle base peut-on construire un mouvement qui réussisse à contrer l'impérialisme et l'offensive mondiale du capital ?

Tout d'abord, il faut dire très clairement que ceux qui sont à la tête des mouvements contre Bush, les staliniens du Parti communiste d'Inde-marxiste (CPI-M), leurs partenaires du Front de gauche et les syndicats, sont farouchement opposés à la mobilisation politique indépendante contre le capitalisme de la classe ouvrière en Inde et de par le monde.

Au lieu de cela, le Front de gauche et les syndicats se servent des mouvements de protestation contre Bush pour faire pression sur l'UPA pour qu'elle positionne l'Inde différemment dans la lutte pour les avantages économiques et géopolitiques que se livrent les grandes puissances, et aussi pour se donner une couverture politique quant à leur soutien au régime de l'UPA.

Le Front de gauche reconnaît volontiers que les 21 mois au pouvoir du gouvernement de l'UPA ont intensifié les réformes néolibérales et la tendance pro-américaine du gouvernement précédent d'Alliance nationale démocratique (NDA) dirigé par le Parti du Peuple indien (BJP). Et, malgré tout, ils insistent sur le fait que la coalition de l'UPA, qui est dominée par le Parti du Congrès, parti gouvernemental traditionnel de la bourgeoisie indienne, doit rester au pouvoir car il est le seul moyen d'empêcher que le BJP, parti chauvin hindou, ne retourne au pouvoir.

Il ne fait pas de doute que le BJP est un vil ennemi de la classe ouvrière. Pourtant il n'était pas inévitable que le naufrage du projet de la bourgeoisie indienne de développement économique national, postérieur à l'indépendance, ait eu des retombées électorales positives pour la droite hindoue qui fut, pendant des décennies, une force marginale dans la politique indienne.

L'émergence du BJP et d'une foule de partis de castes comme principaux partenaires politiques durant les années 1980 et 1990, fut directement imputable à la politique menée pendant des décennies par le CPI-M et le Parti communiste indien (CPI) qui n'offraient à la classe ouvrière qu'une perspective restrictive basée sur le parlementarisme et les luttes syndicales. Les deux partis staliniens, tout en ayant par moment des désaccords quant au choix du parti qui représentait l'aile « progressiste » de la bourgeoisie indienne méritant d'être soutenue contre les réactionnaires féodaux et pro-impérialistes, étaient en accord complet pour dire que la classe ouvrière ne devait pas s'interposer en tant que direction des masses laborieuses contre la bourgeoisie indienne et l'ordre social capitaliste.

Avec toujours cette même perspective, le CPI-M et le CPI insistent aujourd'hui pour qu'un gouvernement, engagé dans un programme néolibéral et socialement régressif et fomentant un partenariat stratégique avec l'impérialisme américain, reste au pouvoir pour barrer la voie à un régime BJP encore plus réactionnaire.

Les événements ont à maintes reprises montré l'énorme colère qui domine parmi les masses des travailleurs indiens et tout le potentiel pour une offensive politique menée par la classe ouvrière contre la course de la bourgeoisie à faire de l'Inde une puissance mondiale en exploitant impitoyablement ses vastes ressources de main-d'oeuvre bon marché, à réarmer massivement, à faire des alliances avec les Etats-Unis ou avec d'autres puissances impérialistes.

La classe dirigeante indienne, comme le démontre l'article du New Indian Express qui a lancé un appel à la suppression des grèves et des syndicats, fut secouée par la participation en masse à la grève de 24 heures de septembre dernier contre la politique économique de l'UPA.

Mais, le Front de gauche a systématiquement supprimé la lutte de classe, et ce récemment encore en se joignant aux syndicats pour étouffer une grève militante contre la privatisation des aéroports du pays, de manière à garantir la survie du régime de l'UPA. Et au Bengal occidental où il fait partie du gouvernement, il applique exactement le même programme de « réforme » économique de l'UPA et de son prédécesseur l'Alliance démocratique nationale (NDA).

En liant la classe ouvrière à l'UPA réactionnaire, le Front de gauche non seulement facilite la mise en oeuvre du programme néolibéral de la bourgeoisie, mais crée également les conditions par lesquelles le BJP et d'autres partis communautaristes et de castes, discrédités, sont en mesure de surfer sur la vague d'opposition populaire à l'encontre de la politique socialement régressive de l'UPA.

Dans la campagne contre le rapprochement de l'UPA avec le gouvernement Bush, le Front de gauche et les syndicats s'efforcèrent tous deux de lier la classe ouvrière et les sentiments populaires anti-impérialistes à la bourgeoisie. En revendiquant que le gouvernement indien poursuive une « politique étrangère indépendante », ils font cause commune avec l'ancien premier ministre V.P. Singh, avec des formations bourgeoises régionalistes de castes tel le Parti Samajwadi (Parti socialiste), et des sections de l'élite en faveur du nucléaire et de la sécurité militaire qui craignent que l'alliance proposée avec les Etats-Unis privera la bourgeoisie indienne de la liberté d'action dont elle a besoin pour concrétiser ses propres ambitions prédatrices.

Le CPI-M défend l'idée du président français, Jacques Chirac, d'un monde multipolaire et à l'alliance indo-américaine proposée, il oppose ouvertement un appel pour que l'Inde s'engage dans une alliance tripartite avec la Chine et la Russie.

De la même manière, le CPI-M et le Front de gauche présentent la position non-alignée adoptée par l'Inde durant la guerre froide comme un héritage progressiste sur lequel il faut construire. (Le programme du parti CPI-M dit que le non-alignement « de manière générale a bien servi les intérêts du pays. »)

En réalité, le « non-alignement » fut un instrument de la bourgeoisie indienne. Il s'appuya sur l'Union soviétique tout en cherchant à développer une économie industrielle relativement exempte du contrôle des multinationales par le biais du remplacement de l'importation et d'une réglementation économique nationale. Le non-alignement fut également une arme contre la classe ouvrière. Il fut systématiquement employé afin de nourrir des illusions quant au caractère progressiste de la bourgeoisie indienne et de son Etat grâce, en grande partie, à un soutien rhétorique apporté à diverses luttes anti-impérialistes. J. Nehru et Indira Gandhi firent le calcul que de bonnes relations avec Moscou seraient une garantie supplémentaire pour que le Parti communiste se tienne bien.

Le soutien accordé au Parti du Congrès par le CPI fut si flagrant qu'une section de sa direction se scinda pour former le CPI-M. Mais ils le firent sur une base entièrement nationaliste et, durant toute son histoire le CPI-M a respecté tous les principes de base du CPI : soutien à la bureaucratie privilégiée qui, sous la direction de Staline, usurpa le pouvoir de la classe ouvrière en URSS et la doctrine stalinienne du « socialisme dans un seul pays », assurance que d'importantes sections de la bourgeoisie indienne ont joué et peuvent encore jouer un rôle progressiste dans la lutte contre l'impérialisme ; affirmation que l'Etat indien, né en 1947 de la lutte anti-impérialiste avortée de la direction du Congrès et de la partition de l'Inde, doit être défendu comme une conquête des masses et devenir le point focal pour opposer l'impérialisme aujourd'hui.

Le World Socialist Web Site et la Quatrième Internationale, parti mondial de la révolution socialiste fondé par Léon Trotsky, prend et fait et cause pour une perspective tout à fait différente.

Les véritables alliés des travailleurs en Inde, qui s'opposent à la fois à l'impérialisme et à l'impact socialement régressif de la mondialisation capitaliste, sont les travailleurs d'Amérique du Nord et de par le monde.

Les travailleurs indiens doivent se mobiliser en tant que force politique indépendante et rassembler les masses laborieuses pour soutenir un programme anticapitaliste. L'oppression de caste, des propriétaires terriens et autres héritages de l'assujettissement impérialiste de l'Inde et de son développement capitaliste tardif ne seront éradiqués qu'avec la révolution socialiste internationale.

Alors que l'impérialisme américain est pour le moment la puissance impérialiste la plus affirmée et la plus agressive, une lutte authentique contre l'impérialisme requiert une lutte contre le système capitaliste tout entier et le système d'Etat-nation dépassé dans lequel il est historiquement enraciné.

Tous ceux qui soutiennent ce programme devraient contribuer à faire du WSWS le fer de lance politique et organisationnel de la renaissance du mouvement ouvrier mondial sur la base d'une perspective socialiste internationale.


 

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