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Les Etats-Unis et Israël complotent pour renverser l'Autorité palestinienne dirigée par le Hamas

Par Rick Kelly
Le 18 février 2006

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Un article du New York Times en date du 13 février, intitulé « Les Etats-Unis et Israël envisageraient le renversement du Hamas » fournit une preuve supplémentaire de la détermination de Washington et de Tel Aviv à renverser l'Autorité palestinienne (AP) nouvellement élue dirigée par le Hamas.

« L'intention c'est de priver l'Autorité palestinienne d'argent et de relations internationales jusqu'au point où d'ici quelques mois son président, Mahmoud Abbas, soit obligé de tenir une nouvelle élection, » précise l'article. « L'espoir étant que les Palestiniens soient tellement mécontents de la vie sous un gouvernement Hamas qu'ils remettront au pouvoir un mouvement Fatah réformé et qui aura tiré des leçons de son échec

« Si un gouvernement Hamas s'avère incapable de payer les salariés, d'importer des marchandises, de transférer de l'argent, et de recevoir un montant important d'aides extérieures, M. Abbas, le président, aurait l'autorité nécessaire pour dissoudre le parlement et convoquer de nouvelles élections, disent les responsables [américains et israéliens], même si ce pouvoir n'est pas explicitement énoncé dans la loi fondamentale palestinienne. »

L'article du Times expose une fois de plus l'hypocrisie que renferme l'affirmation du gouvernement Bush de vouloir promouvoir la démocratie au Moyen Orient. Lors des élections au Conseil législatif palestinien du 25 janvier on a pu voir l'organisation islamiste Hamas obtenir la majorité des voix car elle bénéficia d'une opposition de masse contre l'administration corrompue dirigée par le Fatah et du désenchantement des Palestiniens face au « processus de paix » soutenu par les Etats-Unis. La réponse de Washington face à ce bouleversement est d'uvrer pour la déstabilisation de l'AP nouvellement élue.

Les nouveaux représentants élus au conseil législatif palestinien prêteront serment samedi. Le Hamas dit avoir l'intention de former un gouvernement d'ici deux semaines.

On s'attend à ce que les Etats-Unis et Israël exigent que l'administration menée par les Islamistes renonce publiquement à la violence, reconnaisse le droit à l'existence d'Israël et accepte les contrats déjà établis entre Israël et l'AP. Mais, comme le reconnut le New York Times personne à Washington ou Tel Aviv ne s'attend à ce que le Hamas accepte cet ultimatum. Leur but est d'appliquer un vernis de légitimité à leur campagne de subversion.

Les Etats-Unis et Israël justifient publiquement leur embargo contre les Palestiniens au motif que le Hamas passe sur le plan international pour une organisation terroriste. Mais leur véritable objectif est de supprimer toute résistance à l'occupation israélienne de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza et d'infliger une nouvelle ronde de punition collective au peuple palestinien.

Au moment même où le gouvernement Bush publiait un démenti formel de l'article du New York Times, des hauts fonctionnaires faisaient des commentaires publics confirmant la thèse de l'article. Le 15 février, la secrétaire d'Etat, Condoleezza Rice parut devant le Comité des relations étrangères du Sénat et déclara qu'un gouvernement mené par le Hamas ne recevrait pas d'argent américain.

Le gouvernement Bush veut supprimer tout financement de l'AP, et exerce à cet effet des pressions sur l'Union européenne, sur des Etats européens individuels, et les alliés des Etats-Unis au Moyen Orient pour qu'ils fassent de même. Le budget annuel de l'AP totalise quelques 1,9 milliards de dollars et connaît un déficit de 750 millions de dollars. Des contributions internationales comptent pour environ 1 milliard de dollars de l'ensemble des revenus palestiniens. Les 140.000 employés de l'AP utilisent leurs revenus pour soutenir une part de la population palestinienne évaluée à un tiers.

Rice dit au Comité des relations étrangères du Sénat qu'une certaine somme d'argent continuerait d'aller à des projets humanitaires à Gaza et en Cisjordanie, mais à la seule condition qu'aucun de ces programmes ne soient liés à l'AP. Le gouvernement Bush a essayé de présenter cette décision comme un geste humanitaire, mais cette décision est basée sur un calcul politique selon lequel un embargo total susciterait une condamnation internationale excessive. La majorité de la population palestinienne appauvrie dépend de l'aide internationale pour sa subsistance et une suppression totale exposerait des centaines de milliers de gens à un risque de famine.

La stratégie fut crûment exprimée par Dov Weissglas, conseiller du premier ministre israélien, Ehud Olmert. « C'est comme un rendez-vous avec un diététicien, » aurait-il dit selon Haaretz lors d'une réunion gouvernementale privée. « Nous devons les rendre [les Palestiniens] bien plus minces, mais pas au point qu'ils meurent. »

Israël est en train de préparer une série de mesures de grande envergure. L'Etat sioniste scellera sous peu ses frontières avec Gaza, empêchant ainsi tous les travailleurs palestiniens d'entrer dans le pays. Ceci éliminera le revenu dont dépendent quelques 4.000 familles.

La Cisjordanie sera également entièrement coupée de Gaza. Et donc, des élus parlementaires de Gaza ne seront pas en mesure de siéger au conseil législatif qui est situé en Cisjordanie, à Ramallah. Ce fait met en doute la possibilité pour le Hamas de former un gouvernement viable. Plus d'un représentant élu sur dix se trouve déjà dans des prisons israéliennes, dont dix des 74 représentants du Hamas.

Israël va également suspendre le transfert des taxes et droits de douane palestiniens qu'il perçoit. Ces sommes représentent un montant de 50 millions de dollars par mois pour l'AP et sa confiscation par Israël exacerbera la crise du financement de l'AP. « Ce qui est important c'est que les Palestiniens se rendent compte des conséquences de leur vote, » dit un haut fonctionnaire israélien à Reuters.

Olmert a également décidé de forcer le gel de projets de construction d'un port maritime à Gaza et de reconstruction de l'aéroport, qui fut détruit par l'armée israélienne en 2002. Le gouvernement n'a pas encore décidé si Israël devrait ou non couper l'approvisionnement en eau et en électricité dans les territoires occupés. Des avertissements furent émis comme quoi une mesure aussi dévastatrice pourrait se retourner contre Israël. Le général de division, Amos Gilad, chef du bureau politico-militaire au ministère de la Défense, lança l'avertissement selon lequel le fait de couper l'électricité à Gaza et en Cisjordanie « n'est pas nécessairement productif toute mesure qui parait alléchante n'est pas forcément celle qui convient. »

Une nouvelle offensive israélienne dans les territoires occupés est aussi une autre option envisageable. Selon le Jerusalem Post, le gouvernement israélien envisage de classer officiellement l'AP comme un Etat ennemi, au même titre que la Syrie et la Lybie. « Un gouvernement Hamas signifiera une autorité de terrorisme et de meurtre, » déclara le ministre de la Défense, Shaul Mofaz. « Le Hamas fait déjà aujourd'hui partie de l'axe du mal qui commence en Iran, se poursuit jusqu'en Syrie, le Hezbollah et maintenant l'Autorité palestinienne. »

Les provocations américaines et israéliennes intensifiées ont à nouveau souligné la vénalité des régimes arabes. Des Etats du Moyen Orient, dont l'Arabie saoudite, la Jordanie et la Turquie, se sont contentés d'encourager Washington de traiter avec l'Autorité palestinienne dirigée par le Hamas plutôt que de l'isoler. Ils accueillirent favorablement l'invitation adressée par le président russe, Vladimir Poutine, à une délégation du Hamas pour des pourparlers à Moscou le mois prochain. Ce geste fut dénoncé par le gouvernement israélien comme une « trahison » et suscita des inquiétudes à Washington.

Cependant, Poutine souligna que son intention était d'accentuer la pression sur le Hamas selon les exigences du « Quartette » qui participa à l'élaboration de la soi-disant « feuille de route » pour la paix entre Israël et la Palestine - la Russie, les Etats-Unis, l'Union européenne et les Nations unies. La France souscrivit à l'approche de Poutine. Mais quelles que soient les différences tactiques, aucun gouvernement européen n'est prêt à défier la position agressive du gouvernement Bush. Les efforts des régimes arabes à encourager des illusions du contraire, sans parler du fait de dépeindre les Etats-Unis et la Russie comme des intermédiaires honnêtes, représentent une trahison politique des Palestiniens.

 


 

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