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France: des centaines de jeunes arrêtés après les protestations anti-gouvernement

Par Rick Kelly and Antoine Lerougetel
18 mars 2006

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272 personnes au total ont été arrêtées en France jeudi soir après les manifestations massives d'étudiants s'opposant aux attaques du gouvernement contre les conditions de travail des jeunes salariés. Au moins 18 manifestants et quelques policiers furent blessés lors d'échauffourées. La plupart des arrestations et des blessures se produisirent à la fin de la manifestation parisienne, où 120 000 lycéens et étudiants avaient défilé contre le CPE (Contrat première embauche), qui donne le droit aux patrons de licencier les jeunes salariés sans fournir de justification pendant les deux premières années suivant l'embauche.

La police arrêta 187 jeunes dans la capitale après qu'un petit nombre de manifestants masqués aient jeté des pierres et autres missiles sur la police. Les CRS utilisèrent gaz lacrymogène et canons à eau contre une partie de la manifestation. Un kiosque à journaux et quelques voitures furent incendiés lors des échauffourées, et quelques magasins auraient été endommagés. D'autres affrontements se produisirent à la Sorbonne et dans quelques banlieues.

Des sources policières communiquèrent au Nouvel Observateur que plusieurs des personnes arrêtées appartenaient à divers groupes néofascistes, dont le Front national de la jeunesse (FNJ), mouvement des jeunes du Front national de Jean-Marie Le Pen. Le dirigeant du FNJ, Alexandre Ayroulet faisait partie de ceux qui furent arrêtés. Les fascistes attaquèrent des groupes d'étudiants durant la manifestation de jeudi dernier et plus tard participèrent aux émeutes de fin de manifestation.

La situation reste tendue dans un certain nombre d'universités. Des reporters du World Socialist Web Site qui essayaient d'interviewer des étudiants à la Sorbonne hier se virent barrer la route par les CRS. Un nombre important de policiers, dont une bonne partie portaient des lance-grenades de gaz lacrymogène, bouclait l'accès à l'université ne laissant passer que le personnel. Le long d'une toute petite section du périmètre de la rue des Ecoles il y avait sept énormes camions de police et 20 autres véhicules de police. Des barrières de métal de 3 mètres de haut étaient érigées au moins à l'une des entrées. Les cours sont suspendus à l'université depuis lundi, suite aux affrontements entre étudiants et forces de police.

Des représentants du gouvernement du premier ministre Dominique de Villepin dénoncèrent les heurts violents. « Je tiens à exprimer mon indignation sur le comportement violent absolument intolérable auquel nous avons assisté hier soir, » déclara le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé. « Ce qui s'est passé hier soir est intolérable ». Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a lui accusé quelques centaines de délinquants venus pour la bagarre, des gens d'extrême gauche, d'extrême droite, des voyous des alentours.

L'opposition au CPE du gouvernement continue de s'amplifier. Un sondage publié hier dans le Parisien montrait que 68 pour cent souhaitent que le gouvernement retire cette mesure, chiffre plus élevé que les 55 pour cent de la semaine dernière. Seuls 27 pour cent exprimèrent leur soutien au CPE. Malgré cette opposition, le gouvernement persiste à dire que la loi ne sera pas abrogée. Villepin et d'autres ministres ont simplement promis davantage de dialogue avec les étudiants et les syndicats.

"Le gouvernement est prêt à dialoguer et j'espère que le dialogue commencera dès que possible", a dit le président Chirac hier affirmant que le CPE apporte des opportunités et de nouvelles garanties aux jeunes en difficulté.

Une journée nationale d'action contre le gouvernement se tiendra samedi, avec des manifestations d'étudiants, de jeunes et de salariés dans tout le pays. On attend plus d'un million de personnes dans les rues.

* * *
Les reporters du World Socialist Web Site se sont entretenus hier avec des étudiants devant la faculté de Jussieu à Paris. Les étudiants se sont mis en grève et ont bloqué l'entrée de l'université. Le personnel enseignant s'est aussi mis en grève en solidarité avec la protestation anti-CPE des étudiants.

Audrey, étudiante en anglais, espère devenir professeur. « Je n'appartiens à aucune organisation ou syndicat, je suis simplement étudiante », dit-elle, « j'espère que le CPE sera retiré, je crois que l'on y arrivera. Mais le problème ce n'est pas juste le CPE, parce que au-delà de cette mesure il y a toute la question de la loi sur l'égalité des chances qui contient des éléments inacceptables comme l'apprentissage dès 14 ans, le travail de nuit à 15 ans. Tout cela représente une régression qu'on ne peut pas accepter.

« Nous devons faire comprendre aux gens que nous ne nous battons pas juste contre le CPE. Nous avons toute une série de revendications. Il y a aussi le problème du nombre de postes offerts aux concours d'enseignement, les revendications des étudiants et chercheurs, et nous voulons aussi la libération des lycéens et étudiants qui ont été arrêtés l'an dernier dans la lutte contre la réforme Fillon de l'éducation. »

Le WSWS lui demanda si elle pensait que les mouvements anti-CPE devraient envisager la démission du gouvernement. « Oui, mais quel autre gouvernement ?", dit-elle, "c'est ça la question, mais je n'ai pas de réponse. Villepin en fait une affaire personnelle. S'il démissionne, cela résoudra la question, mais seulement à très court terme, parce que la personne qui le remplacera ne sera pas mieux. Je parle des hommes politiques en général, aujourd'hui. A mon avis, ils se valent tous. »

Audrey se montra critique à l'égard du rôle joué par les syndicats. «A Jussieu la mobilisation dure depuis trois semaines maintenant, et nous avons fermé l'université mais les syndicats montrent peu d'intérêt. Ils ont exprimé leur soutien et ont attendu. Si nous n'avions pas bougé, les syndicats n'auraient rien fait. »

Hicham, autre étudiant de l'université s'entretint aussi avec le WSWS. «Je serai bientôt affecté par le CPE, puisque je serai bientôt à la recherche d'un emploi. Avec le CPE, le patron peut vous mettre à la porte comme ça sans raison. Pour avoir un appartement ou obtenir un prêt, il faut avoir un emploi stable. »

"La raison principale des émeutes de l'an dernier dans les banlieues c'était la discrimination à l'emploi, et le CPE aggrave encore la situation. Même si le gouvernement interdit la discrimination au niveau de l'entretien, les gens pourront ensuite être licenciés à tout moment. Si, par exemple, les entreprises étaient obligées de prendre un quota d'immigrants, cela n'empêcherait pas le patron de les licencier par la suite. »

Le WSWS demanda à Hicham à quoi aboutiraient les protestations anti-CPE. «Le gouvernement va remodeler le CPE, un petit maquillage pour en cacher les vrais effets », répondit-il. « Mais si les manifestations se poursuivent, on peut se débarrasser du CPE. La loi touche tout le monde, tous les salariés, même ceux qui ont un emploi stable. A l'avenir il y aura des licenciements et ces salariés seront à la recherche d'un emploi, et ils seront confrontés au même type de problème. Donc ce qu'il faut c'est un mouvement général pour lutter contre le gouvernement et ce problème. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés maintenant prouvent que le système capitaliste ne peut pas marcher. Le gouvernement de droite n'est pas capable de satisfaire à la fois le patron et le salarié. Un mouvement général pour mobiliser les salariés en France et ailleurs est aussi nécessaire. Le CPE sera copié dans d'autres pays. Il faudra un mouvement international pour stopper ce contrat de travail. »

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