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France: un assaut de la police laisse un manifestant dans le coma

Par Rick Kelly
21 mars 2006

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Un travailleur français des télécommunications âgé de 39 ans se retrouve dans le coma suite à une brutale intervention de la police anti-émeutes samedi soir dernier. Cyril Ferez a été attaqué durant la manifestation de masse contre la loi sur le CPE (contrat première embauche) qui permet aux patrons de licencier sans raison les jeunes salariés pendant les deux premières années suivant l'embauche. Plus d'un million de travailleurs et étudiants, dont 350.000 à Paris, ont marché contre la mesure samedi dernier.

Ferez a été attaqué par la police alors qu'il manifestait Place de la Nation, étape finale de la marche de protestation de samedi.

Ferez, membre du syndicat Sud-PTT, se trouve dans un état critique. Il est à l'unité neurologique de l'hôpital parisien Henri-Modor de Créteil, souffrant de ce que l'hôpital qualifie de «traumatisme crânien sévère avec lésions traumatiques intracérébrales». Le représentant syndical Bernard Allaire a fait savoir à Reuters que «sa situation est plus qu'alarmante. Personne n'est autorisé à le voir sauf sa famille immédiate.»

Des témoins rapportent que le travailleur a été blessé après que les gardes mobiles aient chargé une section de la manifestation Place de la Nation. Ils disent que Ferez a été piétiné à la tête par la police. Des gens présents à la scène ont également rapporté que la police a refusé d'appeler les premiers secours, même après que l'homme blessé soit resté immobile sur le sol pendant 20 minutes. D'autres manifestants ont fait appel à des pompiers de la zone, qui ont mené Ferez à l'hôpital.

L'état de Ferez est un tragique témoignage de la féroce politique menée par le gouvernement gaulliste et toute l'élite dirigeante française, qui sont déterminés à imposer la loi sur le CPE en tant qu'étape majeure dans la destruction de toute forme de protection sociale et d'avantages sociaux élémentaires. Lundi, des chefs d'entreprise français ont exigé du premier ministre Dominique de Villepin qu'il maintienne sa promesse d'imposer le CPE malgré l'opposition populaire de masse et la vague montante de protestations. Leurs déclarations ont été faites après une rencontre entre le premier ministre et vingt-quatre des plus puissants chefs d'entreprise du pays.

L'un de ceux convoqués par Villepin pour la rencontre à son bureau a déclaré: « Il y avait un sentiment parmi de nombreux participants que si la loi était retirée, on pouvait dire adieu à la réforme pour les dix prochaines années. Ce serait un terrible signal à lancer.»

Elie Cohen, membre du Conseil d'analyse économique, un panel d'économistes chargé de conseiller le premier ministre, a déclaré: «Il ne s'agit plus simplement du CPE, il s'agit de la capacité de réformer la France.»

Villepin a montré qu'il était prêt à augmenter la violence policière contre les étudiants en grève et les travailleurs protestataires en refusant de faire toute déclaration de regret ou même de reconnaître la sauvage attaque contre Ferez.

Entre-temps, le parti socialiste, le parti communiste et les syndicats travaillent de façon assidue pour contenir le mouvement d'opposition au CPE et l'empêcher de devenir une lutte politique pour faire tomber le gouvernement gaulliste. Lors d'une réunion tenue lundi soir entre des dirigeants du mouvement de protestation étudiant et des représentants syndicaux, les trois plus importants syndicats -- la CGT liée au parti communiste, la CFDT associée au parti socialiste et Force Ouvrière -- ont rejeté un appel des étudiants qu'ils lancent une grève générale jeudi le 23 mars, date de la prochaine manifestation nationale étudiante à Paris. Les syndicats ont plutôt appelé à une autre «journée nationale d'actions» le 28 mars, ce qui laisse au gouvernement le temps de préparer d'autres manoeuvres et provocations tandis que les chefs syndicaux et les partis de la «gauche» officielle s'efforcent de fatiguer et de démoraliser le mouvement d'opposition.

Cyril Ferez habite à Torcy, juste à l'extérieur de Paris. Il est employé par Orange, une compagnie de télécommunications. Son syndicat, SUD-PTT (Solidaires, Unitaires et Démocratiques - Postes et Télécom), a réuni des témoignages et des photographes de l'incident. Il affirme qu'ils forment «un dossier accablant contre la police.»

La déclaration émise par le syndicat affirme notamment: «A la fin de la manifestation contre le CPE, il était présent place de la Nation. Il a eu la malchance de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Il a été violemment piétiné par les forces de l'ordre. Ces dernières n'ont pas 'jugé utile' d'alerter les secours. Aujourd'hui, Cyril, adhérent à Sud-PTT, est entre la vie et la mort.

«Tous les manifestants et tous les passants ont pu le constater, l'attitude des forces de l'ordre se fait de plus en plus menaçante et plus provocante à chaque manifestation. Les risques de débordements et de bavures vont croissant. En province, comme à Paris, les charges de police se multiplient, les arrestations aussi. Les jugements en comparution immédiate deviennent monnaie courante. Samedi, l'irréparable est arrivé. Cyril, qui n'a rien d'un casseur, s'est retrouvé à terre et a été piétiné sans vergogne par une charge policière. Comme si cela n'était pas suffisant, les flics ont refusé d'alerter les secours. Cyril est resté au moins 20 minutes sans soin.»

Sandra Demarq, membre du conseil fédéral de Sud-PTT, a été témoin de l'assaut policier. «Nous avons vu des chocs avec la police, puis tout à coup une grosse charge sur la place», a-t-elle déclaré à Radio Europe 1. «Puis ils sont partis et il y avait quelqu'un sur le sol. Nous avons vu un membre de PTT sur le sol, le visage lacéré, les yeux grossis et le nez en sang. Il était couché sur le côté, il bougeait à peine, il parlait avec difficulté. Il y avait des gardes mobiles là, ils n'ont pas levé le petit doigt. Deux jeunes étudiants sont partis chercher de l'aide et ont eu les pompiers.»

Il n'y a eu aucune réaction officielle du gouvernement Villepin sur l'incident. Un porte-parole a déclaré au Figaro que le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy «ne fera pas de déclaration puisqu'il n'aura pas encore toute l'information».

L'hospitalisation du travailleur en télécommunications a attiré l'attention sur les méthodes violentes employées par la police anti-émeutes française contre les manifestants lors des manifestations anti-CPE. Au moins 17 personnes ont été blessées par la police à la manifestation de samedi dernier à Paris, et 18 autres à la manifestation étudiante du 16 mars. La police anti-émeutes a employé du gaz lacrymogène, des canons d'eau et des charges au bâton contre des sections de manifestants à Paris, Marseille, Bordeaux, Rennes et Lille.

Ce n'était plus qu'une question de temps avant que ces tactiques se soldent en blessure sérieuse et possiblement fatale. La responsabilité de la violence repose en fin de compte sur les épaules du gouvernement de Villepin et du président Jacques Chirac. L'assaut policier sur Ferez révèle l'attitude de l'état français envers les travailleurs et les jeunes qui résistent à la destruction des gains sociaux obtenus par la classe ouvrière dans la période de l'après-guerre.

Les autorités ont émis une déclaration après la manifestation de samedi donnant le nombre de manifestants blessés mais laissant croire que personne n'était sérieusement blessé. L'hospitalisation de Ferez n'a été officiellement confirmée que lundi. La police a ensuite dit aux médias que le travailleur blessé était dans un «état avancé d'ébriété» lorsqu'on l'amenait à l'hôpital. Elle n'a pas expliqué comment elle était arrivée à une telle évaluation d'un homme qui avait subi des blessures à la tête mettant sa vie en danger.

La déclaration de Sud-PTT a dénoncé cette allégation. «Une nouvelle fois, pour se disculper, la police choisit de salir la victime, en affirmant que cet accident a pour cause son état d'ébriété», a déclaré le syndicat. «Alors qu'une enquête de l'IGS [inspection générale des polices] est en cours, le seul élément qui a 'filtré' auprès de la presse est celui-ci Comme toujours, les flics s'estiment investis de tous les pouvoirs, et n'hésitent pas à salir leur victime pour se disculper.»

Selon la BBC, un ambulancier paramédical de la police anti-émeute (CRS) affirme que Ferez aurait dit avoir été battu par d'autres manifestants. Le syndicat Sud-PTT a accusé la police de vouloir se blanchir.

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