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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

L’offensive droitière de l’ancien chancelier allemand, Gerhard Schröder

Par Ulrich Rippert
14 novembre 2006

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La presse allemande fut dominée ces deux dernières semaines par l’ancien chancelier Gerhard Schröder (Parti social-démocrate, SPD). Il a figuré dans l’hebdomadaire Der Spiegel, il est apparu dans une multitude de shows télévisés et il a donné de nombreuses conférences de presse.

Cette campagne publicitaire avait débuté le 26 octobre lorsque Schröder a présenté à la « maison Willy Brandt » (le siège du SPD à Berlin), son nouveau livre, Décisions, ma vie en politique. Il a entamé depuis une série de réunions et de rencontres dans une vingtaine de villes pour lire des extraits de son livre.

C’est le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Junker qui fit l’éloge de Schröder lors de la présentation de son livre à la « maison Willy-Brandt ». Le chrétien-démocrate conservateur fut très élogieux à l’égard de son « ami social-démocrate », en déclarant, « Gerd, tu as été un grand chancelier ! »

Junker était avant tout impressionné par la manière avec laquelle quelqu’un « qui est issu du bas de la société » s’est frayé un chemin vers le pouvoir. Certes, il aura fallu du temps à Schröder pour arriver au point où il a pu occuper le poste de chancelier allemand, mais à partir de là il a pris « des décisions courageuses » dont la signification à long terme est indéniable, a dit Junker.

La plupart des commentaires sur le contenu du livre furent très superficiels. Le Süddeutsche Zeitung écrivit au sujet du volume qui compte 544 pages : « Un livre lourd, assurément, mais a-t-il également son poids en contenu ? » Le journal poursuivit en décrivant le livre comme étant « très léger » avec « beaucoup de marge permettant des annotations, du gros papier et de gros caractères ». Le journal remarquait que « des mauvaises langues disent que le livre est comme son auteur, un peu gonflé et suffisant ».

En fait, le livre est bien plus qu’une « mise en scène astucieuse pour gagner de l’argent », comme l’ont affirmé d’autres commentateurs. Le livre de Schröder comme l’intense campagne médiatique de l’ancien chancelier pour le promouvoir font partie d’une offensive droitière délibérée.

Le livre contient peu de choses nouvelles ou surprenantes, mais Schröder montre clairement deux choses : d’abord, il défend inconditionnellement la politique de son gouvernement SPD-Verts, et ce bien que les conséquences sociales et politiques désastreuses qui ont résulté de ses deux mandats (1998-2005) soient visibles pour tous. Depuis la catastrophe sociale des années 1930, aucun gouvernement n’avait pratiqué une redistribution aussi agressive de la richesse des pauvres aux riches et n’avait aussi outrageusement violé les normes démocratiques que le gouvernement de Schröder et de son ministre des Affaires étrangères du Parti des Verts, Joschka Fischer. Ensuite, Schröder partage l’avis catégorique que l’offensive qu’il a initiée doit se poursuivre indépendamment de l’opposition populaire.

Dans une interview qui a précédé la publication du livre, Schröder a accusé l’actuelle chancelière, Angela Merkel, (Union chrétienne-démocrate, CDU) de faire preuve de faiblesse dans sa direction. Il a accusé celle qui lui a succédé de manquer de volonté et de détermination pour poursuivre les mesures qu’il avait lancées. Au moyen de sa biographie, Schröder a cherché à s’immiscer de force dans le débat politique actuel.

Au cours de ces dernières semaines, le gouvernement de grande coalition dirigé par Merkel et que forment les partis conservateurs traditionnels, le CDU et le CSU (Union chrétienne sociale), et le SPD, a fait l’objet de vives critiques. Les milieux d’affaires et les médias ont exigé « un rythme plus accéléré des réformes », à savoir, une intensification du programme de démantèlement de l’Etat social. La chancelière Merkel a été accusée de ne pas vraiment avoir le contrôle ni de son parti ni du gouvernement qu’elle dirige.

Lorsque le premier ministre CDU du Land de Rhénanie-du-Nord Westphalie, Jürgen Rütgers, a dernièrement suggéré d’édulcorer faiblement la réforme de l’assurance-chômage Hartz IV, le patronat et les médias ont déclenché une avalanche de critiques. Rüttgers avait suggéré que les travailleurs qui avaient cotisé à l’assurance-chômage durant des décennies ne perdent pas les allocations chômage après seulement douze mois comme le stipule la loi votée par le SPD et les Verts.

Le journal Frankfurter Allgemeine Zeitung commenta ainsi la proposition de Rüttgers : « il est temps de s’inquiéter de la compétence du CDU en matière de politique économique », en mettant en garde contre un retour à la politique économique et sociale de l’ancien chancelier CDU, Helmut Kohl. L’actuel ministre fédéral du Travail et des Affaires sociales, Franz Müntefering (SPD) fut applaudi par les milieux d’affaires lorsqu’il rejeta catégoriquement l’initiative de Rüttgers et déclara qu’il ne permettrait pas aux partis conservateurs allemands d’édulcorer les réformes du marché de l’emploi pour l’adoption desquelles l’ancien gouvernement SPD-Verts s’était donné tant de mal et qu’il avait mises en œuvre.

Schröder intervient à présent directement dans ce conflit. Il accentue la pression sur la grande coalition pour qu’elle soit téméraire et qu’elle intensifie les attaques contre les bénéfices sociaux, si besoin est, en recourant à des moyens ouvertement antidémocratiques.

La signification des élections anticipées de 2005

Schröder accorde dans son livre une place essentielle à sa décision de mai 2005 d’organiser des élections anticipées. Un chapitre entier lui est imparti sous le titre « Les élections ». Il entame également un long chapitre intitulé « Du courage pour le changement », qui traite en détail du programme gouvernemental draconien de coupes sociales (les réformes de l’agenda 2010 et des quatre réformes Hartz) avec sa décision de lancer des élections anticipées.

Schröder décrit les discussions qu’il a eues avec son allié le plus proche au SPD, le président du parti, Franz Müntefering, après les défaites enregistrées par le SPD lors du scrutin municipal au Schleswig-Holstein (mars 2005) et en Rhénanie-du-Nord Westphalie (mai 2005) : « Franz Müntefering et moi sommes convenus que nous déciderions de la suite à donner sur la base des résultats électoraux. Nous nous sommes rencontrés le 22 mai 2005 à midi dans mon bureau à la chancellerie et nous nous attendions au pire. Nous avons pourtant été choqués par les chiffres que nous avons finalement reçus. Le résultat fut catastrophique pour le SPD ce qui permit au CDU d’obtenir une victoire plutôt convaincante dans l’ancien bastion du SPD en Rhénanie-du-Nord Westphalie… Franz avait préparé deux alternatives. L’une des réponses possibles au scrutin en Rhénanie-du-Nord Westphalie était une réorganisation ministérielle ; l’autre, une nouvelle élection. »

Schröder ne cache pas le fait que la défaite du parti en Rhénanie-du-Nord Westphalie, le Land allemand le plus fortement peuplé et un ancien centre industriel, était due à la vaste opposition populaire contre sa politique sociale. Il écrit : « Nous avons perdu onze élections de suite… même moi j’étais surpris par l’étendue et l’intensité de la vague de protestations contre l’agenda 2010. » Il reconnaissait que « les tentatives de réformes en 2003 et en 2004 avaient provoqué des tumultes dans le pays entier ».

Regardant en arrière, Schröder montre clairement que sa conception de la démocratie n’a absolument rien à voir avec la volonté du peuple. Lorsque l’opposition et l’indignation contre le SPD s’intensifièrent au point où des œufs « et même des pierres » étaient jetés sur Schröder lors des manifestations, il décida de lancer une contre-offensive. « A partir de là, j’étais déterminé de poursuivre ma voie avec d’autant plus de véhémence en montrant clairement au public que de telles attaques ne m’avaient pas impressionné. Je voulais aussi montrer ceci tout particulièrement en Allemagne de l’Est. »

Le chômage était en Allemagne de l’Est, et l’est encore, le double de celui à l’Ouest, et l’opposition manifestée contre la politique du gouvernement SPD/Verts était spécialement forte dans cette région. En Allemagne de l’Est, c’était le vote substantiel en faveur du SPD qui procura la victoire à Schröder lors de l’élection de 1998, mais, dès l’été 2004, des milliers d’Allemands de l’Est avaient pris part aux manifestations contre la réforme Hartz IV et ce dans un espoir trompeur de faire fléchir le gouvernement, tout à l’image de la chute du vieux régime stalinien de l’Allemagne de l’Est à la suite des protestations de masse de 1989.

Schröder attaqua les manifestants de front et montra clairement que les mots d’ordre ayant trait à « la démocratie et à la liberté » et qui avaient été glorifiés lors de la réunification allemande n’avaient rien à voir avec la vraie démocratie populaire ou le fait de rendre le gouvernement réceptif aux souhaits de la majorité.

« Quelque chose dont j’ai toujours été sûr », écrit Schröder, c’était que « Je devais à tout prix poursuivre la voie que nous avions empruntée. L’agenda 2010 était une politique décisive et tout changement de cours de ma part était inconcevable et aurait été un désastre pour le SPD. Si des pressions exercées par certaines parties du parti ou par son groupe parlementaire avaient imposé un tel changement, ma démission aurait été inévitable. Voilà la situation telle que je la voyais, et c’était aussi la raison pour laquelle j’avais soumis l’idée d’une élection anticipée à Franz Müntefering. »

Donc, la décision de lancer des élections anticipées faisait clairement partie d’une offensive pour effectuer des coupes sociales en dépit d’une large opposition populaire. « Je reste convaincu, qu’il s’agissait d’une décision politique de nécessité nationale », écrit Schröder.

L’expression « politique de nécessité nationale » est révélatrice. Qui détermine ce qui est une « politique de nécessité nationale ? » La volonté démocratique de la majorité de la population ou les intérêts économiques d’une petite élite privilégiée ? Schröder se situe sans ambiguïté du côté de cette dernière.

Et parce qu’une telle politique suscite forcément une résistance, la « politique de nécessité nationale » requiert des mesures radicales appliquées par un Etat autoritaire. Schröder plaide clairement pour la suppression de tout scrupule démocratique. Ce faisant, il évoque une tradition qui eut des conséquences désastreuses au siècle dernier.

Depuis son vote historique en 1914 en faveur des crédits de guerre, le SPD a placé la défense de l’ordre bourgeois au-dessus de la défense des intérêts de la classe ouvrière. En 1930, le parti a soutenu les décrets d’urgence imposés par le chancelier Brüning contre les travailleurs. Même l’Etat social en Allemagne de l’Ouest avait été principalement conçu par les sociaux-démocrates comme un moyen de contrôle. En 1970, le chancelier SPD, Willy Brandt, fut encore en mesure de lier des mesures aussi antidémocratiques que les lois sur l’état d’urgence et l’interdiction pour les radicaux d’exercer leur profession dans la fonction publique à une amélioration des conditions de vie. Mais la mondialisation de la production a fauché l’herbe sous les pieds de toute politique de réformisme social du capitalisme.

C’est pourquoi, le SPD recourt de plus en plus directement à des formes autoritaires de gouvernement dans l’intérêt de la « politique de nécessité nationale ». Les extraits dans lesquels Schröder traite du jugement de la Cour constitutionnelle allemande concernant sa décision de lancer des élections anticipées montrent jusqu’où le SPD va dans son rejet des principes démocratiques.

La constitution allemande proscrit la dissolution du parlement sur la base d’une motion de confiance invoquée sur la base d’une mise en scène. Cette disposition avait été établie après la Seconde Guerre mondiale précisément dans le but d’éviter le genre d’instabilité politique qui avait caractérisé la République de Weimar d’avant-guerre. Schröder a toutefois rejeté cette disposition constitutionnelle, et en cela il bénéficia du soutien de tous les autres corps constitutionnels : le président, le parlement et la Cour constitutionnelle. Regardant en arrière, Schröder décrit cette manœuvre comme ayant été un grand succès.

Il fait l’éloge du jugement prononcé par la Cour constitutionnelle qui a légitimé les élections anticipées en écrivant que la plus haute cour d’Allemagne a accordé au chancelier le droit de mettre en scène « une fausse motion de confiance, à savoir de provoquer la dissolution du parlement, s’il a l’impression de manquer au Bundestag [parlement] d’une majorité suffisante pour la poursuite de sa politique ».

De ce fait, et selon Schröder, le rôle du « chancelier est nettement renforcé au sein de la structure constitutionnelle ». En d’autres termes : à l’avenir, le pouvoir exécutif est habilité à agir de façon plus autonome vis-à-vis du parlement et de la volonté des électeurs.

L’alliance avec Poutine

La conception qu’a Schröder des structures démocratiques et son soutien pour des formes autoritaires de gouvernement ressortent également dans d’autres passages de son livre. A la page 34, il loue Vladimir Poutine comme un grand homme d’Etat et un ami personnel, en approuvant l’étroite collaboration entre l’Allemagne et la Russie. Alors qu’il était encore au gouvernement, Schröder avait qualifié le président russe de « démocrate pure à la loupe ».

Schröder rejette toute critique à l’encontre de la Russie de Poutine en ignorant tout simplement les attaques croissantes contre la liberté de la presse, les meurtres de journalistes, le tournant de plus en plus flagrant vers le militarisme à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, les signes de racisme et d’antisémitisme, et l’aggravation de la misère sociale dans le pays. Reprenant les paroles de Poutine, Schröder parle de la « résurrection de la Russie » et loue Poutine en tant que garant de la « pensée sur les vertus du libre marché» et des « valeurs économiques » axées sur l’occident.

Depuis que Poutine est arrivé au pouvoir en Russie, les investisseurs ne craignent plus pour leurs investissements, écrit Schröder. Il poursuit : « Dans sa fonction de président, Poutine a rendu possible le rétablissement de structures nationales et a mis en place pour la première fois pour ses citoyens tout comme pour les entrepreneurs et les investisseurs quelque chose comme une sécurité juridique. C’est ce qui constitue son vrai mérite historique. »

Au vu de la « politique étrangère américaine désastreuse », Schröder soutient que l’Allemagne devrait œuvrer pour une coopération plus étroite entre l’Union européenne et la Russie et mettre en avant les relations traditionnellement bonnes de Moscou avec la Syrie et l’Iran pour stabiliser la situation au Proche-Orient. « Au lieu de fantaisies d’encerclement », telles qu’elles sont encore préconisées par les milieux conservateurs, les intérêts sécuritaires de la Russie devraient être pris au sérieux et des efforts devraient être entrepris pour parvenir à une étroite coopération économique, politique, culturelle et militaire.

Dans la partie qui traite de la Russie, Schröder rend évident qu’il s’est pleinement intégré à l’élite corrompue qui a pris le pouvoir en Union soviétique il y a quinze ans et qui a pillé les ressources économiques et la richesse du pays sur la base de la politique de restauration capitaliste pour ensuite découvrir son allié le plus important dans l’ancien fonctionnaire du KGB, Vladimir Poutine. En effet, il y a à peine quelques mois, après son départ de la chancellerie, Schröder a annoncé qu’il assumerait la présidence de la North-European Gas Pipeline (NEGP) dont Gazprom est le principal actionnaire, tout en empochant un salaire d’appoint somptueux.

Coupes sociales et militarisme

Dans son livre, Schröder révèle au grand jour le lien étroit existant entre le principal aspect de sa politique intérieure, l’agenda 2010, et la politique étrangère poursuivie par son gouvernement destinée à établir l’Allemagne comme une « puissance moyenne » sur la base d’un militarisme accru.

La participation militaire de l’Allemagne à la guerre au Kosovo en 1999 avait été « indubitablement une charnière durant la première période législative », écrit Schröder. « Durant nos discussions, le lien entre la résolution de crises ayant trait à la politique étrangère et la force intérieure du pays a toujours joué un rôle considérable. Nous étions de plus en plus conscients de combien la souveraineté de la politique étrangère était liée au potentiel économique de l’Allemagne. »

« Nous serions seulement capables de maintenir notre indépendance en ce qui concerne les décisions relatives à la politique étrangère et sécuritaire en augmentant notre potentiel économique et en étant socialement et politiquement mobiles », écrit Schröder un peu plus loin. « C’est pourquoi nous devions être prêts à opérer un changement sur le front intérieur. »

Si l’on écarte les euphémismes, deux conclusions apparaissent : d’abord, l’opposition de Schröder à la guerre en Iraq reposait avant tout sur le désir de sortir de l’ombre des Etats-Unis afin de concrétiser le postulat de la « souveraineté allemande » par la pratique politique. Ensuite, le programme gouvernemental de réductions sociales était directement lié à la résurgence du militarisme allemand. Des milliards qui avaient été économisés dans le domaine social et l’assurance sociale pouvaient à présent servir à transformer l’armée allemande en une armée d’intervention bien équipée.

Schröder ne mentionne pas directement le lien entre le militarisme à l’extérieur et la militarisation de la société à l’intérieur, mais il peut être aisément découvert en lisant entre les lignes.

Responsabilité pour la grande coalition

Dans les dernières pages de son livre, Schröder retourne une fois de plus aux élections anticipées de l’année dernière. Au cours d’une campagne électorale courte et vigoureuse, le SPD fut en mesure de réduire en grande partie l’avance de 20 pour cent dont avaient disposé les partis conservateurs au début de la campagne. Ce faisant, le SPD devenait la force motrice de la grande coalition qui fut formée après les élections. « Le SPD a pu imposer son cachet sans équivoque au programme accepté par le gouvernement », a souligné Schröder.

Le résultat découlant des négociations de coalition fut un « programme social-démocrate modéré » qui « dans l’ensemble… aurait pu être endossé par un gouvernement Rouge-Verts ». En conséquence, la « tâche du SPD est en fait définie : le cours de l’agenda 2010 doit être défendu et appliqué de façon conséquente ».

Quelques pages plus loin, Schröder exige la poursuite et l’intensification des coupes sociales par le biais d’un soi-disant « agenda 2020 ». Le SPD, affirme-t-il, vient d’entamer son troisième mandat gouvernemental de suite et est de ce fait la force la plus cruciale et la plus créatrice de la politique allemande.

On ne pourrait l’exprimer plus clairement : « l’ère sociale-démocrate » à laquelle Schröder se réfère « avec une grande satisfaction » est en fait un complot contre la population laborieuse organisé par l’ensemble des partis politiques établis allemands sous la direction du SPD.

Tout en ne contenant rien de neuf, le livre de Schröder est utile en montrant à quel point la social-démocratie s’est déplacée à droite. Au cours des dernières quinze années, 400.000 membres, près de la moitié des adhérents, ont quitté le parti, et des rapports récents font état de branches locales entières qui se sont dissoutes.

Mais que personne ne s’y méprenne. Schröder, Müntefering et compagnie se soucient moins de ces pertes qu’ils le prétendent. Ils sont tout à fait disposés à accepter les départs de tous ceux qui escomptent du SPD qu’il applique une politique visant à la justice sociale. L’actuelle direction du SPD est disposée à prendre la tête d’un parti croupion capable de faire avancer les intérêts de l’élite dirigeante allemande. Après tout, ils ne se préoccupent guère des besoins et des problèmes auxquels la population laborieuse qui représente la grande majorité des gens est confrontée.

Le nouveau livre de Schröder montre clairement combien les affirmations et les espoirs de ceux qui prétendent que le SPD peut être réformé par la pression d’en bas sont déplacés. Le contraire est le cas : à chaque pression d’en bas, le parti réagit avec un autre virage à droite.

(Article original paru le 8 novembre 2006)


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