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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada : le Parti québécois lance un appel ouvert à la grande entreprise

Par Éric Marquis
21 novembre 2006

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La déclaration du chef du Parti québécois qu’il faut « soulager le capital » a une fois de plus dévoilé la véritable nature du PQ en tant que parti de la grande entreprise.

Le 1er octobre dernier, lors d’une émission radiophonique du télédiffuseur public Radio-Canada, André Boisclair a déploré « qu’il n’y a pas assez de riches au Québec pour assumer nos vrais problèmes ». Sa prescription ? Faire du Québec « l’endroit au monde où le capital est le mieux accueilli possible, créant de l’emploi et donnant de la richesse aux gens ».

Ce que Boisclair préconise, c’est un régime de baisses d’impôts pour les entreprises et de coupures drastiques dans les programmes sociaux, c’est-à-dire une redistribution encore plus prononcée de la richesse sociale en faveur de la petite minorité de « gens » déjà extrêmement riches.

Il s’agit, à l’approche de possibles élections provinciales, d’un message sans équivoque en direction de l’élite dirigeante québécoise qu’elle peut faire faire confiance au PQ pour mener de front l’assaut sur les travailleurs que les libéraux de Jean Charest ont promis, mais tardent à implanter à cause de la résistance populaire.

Ce programme de guerre de classe, insiste Boisclair, doit prévaloir sur toute autre considération – y compris les aspirations des éléments ultra-nationalistes au sein de son parti qui veulent mettre à l’ordre du jour le partage des pouvoirs entre Québec et Ottawa.

Prenant ses distances vis-à-vis de la plateforme politique du PQ en ce qui concerne l’engagement d’un éventuel gouvernement péquiste à utiliser les leviers du pouvoir pour faire la promotion de la souveraineté du Québec, Boisclair a déclaré : « Au-delà de l'analyse fine du texte, il y a des réalités politiques. Et moi, je suis un fiduciaire, comme chef de parti, de l'atteinte de ses objectifs ».

Ces propos, qui font de la poursuite d’une politique néo-libérale agressive l’élément essentiel du programme gouvernemental du PQ, ont obtenu l’appui de Gilles Duceppe, chef du Bloc québécois, le parti frère du PQ au niveau fédéral. Le BQ constitue le principal appui parlementaire du gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper et soutient l’intervention néo-coloniale des forces canadiennes en Afghanistan.

Dans un autre geste, posé cette fois à l’occasion du conseil national du PQ le 29 octobre dernier, Boisclair a balayé du revers de la main une proposition de nationaliser l’énergie éolienne qui avait pourtant recueilli une majorité d’appuis parmi les délégués. Défendant la position de son chef, le député François Legault a résumé ainsi les enjeux : « Si on veut un Québec prospère, le PQ doit se réconcilier avec l'entreprise. Il faut dire non à cette position dogmatique, la nationalisation ».

Autrement dit, Boisclair s’oppose énergiquement à toute mesure qui pourrait limiter de quelque façon la capacité du capital à tout transformer en source de profit – y compris l’air ambiant qui fournit l’énergie éolienne.

Cette position a été chaudement accueillie par André Pratte, éditorialiste à La Presse, le plus influent quotidien du Québec. Dans un texte intitulé « Un chef est né », Pratte écrit : « M. Boisclair a fait montre d'un cran peu ordinaire, prouvant à la population qu'il ne se ferait pas imposer par quelques dizaines de militants des politiques néfastes pour le Québec et suicidaires pour le PQ ».

Pour M. Pratte, toute politique contraire aux intérêts économiques dominants est « néfaste » et « suicidaire ». C’est un message que Boisclair a compris il y a longtemps.

Lorsque le gouvernement libéral du Québec, suite au jugement de la Cour suprême du Canada sur l’affaire Chaoulli, a pris des mesures ouvrant grand la porte au privé dans les soins de santé, Boisclair a cherché à cacher les véritables implications de cet assaut sur le réseau public de la santé, se déclarant soulagé que les libéraux aient « limité » la portée du jugement Chaoulli.

En décembre 2005, après que le gouvernement libéral ait décrété la loi 142 qui sape les salaires et conditions de travail de 500 000 travailleurs du secteur public jusqu’en 2010, Boisclair a fait savoir qu'il ne souhaitait pas « fédérer tous les insatisfaits du gouvernement Charest », autrement dit, qu’il appuyait une des mesures les plus réactionnaires imposées par le gouvernement libéral du Québec.

Boisclair a également endossé la politique du déficit zéro instaurée par son parti en 1996 et qui a donné lieu à un assaut frontal sur les services publics.

La présence à la tête du PQ d’un homme politique de droite comme André Boisclair s’inscrit dans la logique même de ce parti.

En 1982-83, le gouvernement péquiste de René Lévesque avait rouvert les conventions collectives des employés du secteur public québécois pour leur imposer des coupures salariales allant jusqu’à 20 pour cent dans le cas des enseignants.

Durant la majeure partie des années 90, des gouvernements du PQ ont, avec la collaboration des syndicats, sabré dans les services publics en imposant des compressions annuelles de 2 milliards $ dans les soins de santé et de 1,9 milliard $ dans l'éducation. Dans le cadre d'un programme de retraites anticipées, le PQ a éliminé plus de 30 000 emplois dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la fonction publique. En 2000, dans une mesure profitant aux plus riches, le PQ a diminué les impôts pour un total de 4,5 milliards $ en trois ans.

Le virage à droite du PQ, amorcé depuis une bonne vingtaine d’années et qui prend aujourd’hui un caractère si accentué à cause de la profonde crise du système de profit, se fait avec le soutien inconditionnel de la bureaucratie syndicale.

C’est le sens de l’intervention de Marc Laviolette en réaction aux propos de Boisclair sur la nécessité de « soulager » le capital. « Nous voulons nous débarrasser de Charest à cause précisément de ses politiques pro-patronales », a soutenu l’ancien chef syndical et actuel président du club politique formé par la bureaucratie syndicale au sein du PQ sous le nom de SPQ Libre. « Nous le ferons, je l'espère, avec Monsieur Boisclair et non malgré lui. »

Les syndicats ont collaboré à l’assaut anti-ouvrier lancé par le PQ dans les années 90. Ils ont saboté l’opposition de masse aux plans de démolition sociale du gouvernement Charest qui avait donné lieu à de grosses manifestations anti-gouvernementales en décembre 2003 puis à une longue grève étudiante au printemps 2005. Les syndicats se préparent aujourd’hui à détourner de nouveau la colère populaire accumulée contre les libéraux de Charest derrière l’autre parti de la grande entreprise que constitue le Parti québécois de Boisclair. Ils implorent seulement ce dernier, par l’intermédiaire de SPQ Libre, à ne pas leur compliquer la tâche en s’affichant ouvertement comme un défenseur du capital.  


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