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Clinton et Kerry établissent le programme pro-guerre des démocrates pour les élections de 2006

Par Bill Van Auken
candidat du Parti de l’égalité socialiste au Sénat américain dans l’Etat de New York
28 septembre 2006

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Dans deux interventions politiques importantes qui ont eu lieu coup sur coup plus tôt cette semaine, l’ancien président démocrate Bill Clinton et le candidat démocrate à la présidence lors des élections de 2004, John Kerry, ont clairement établi que le programme militaire pour les démocrates lors des élections de mi-mandat de novembre 2006.

Clinton a fait sa déclaration lors d’une entrevue animée dimanche par Chris Wallace de la chaîne de télévision de droite Fox News.

Pressé par Wallace d’expliquer pourquoi son administration n’avait fait pas plus pour contrer al-Qaïda et Oussama ben Laden, l’ancien président démocrate Clinton a répondu avec colère, accusant — avec une certaine justesse — Wallace de poser des questions en ligne avec la campagne concertée de la droite du Parti républicain pour falsifier l’histoire et pour détourner l’attention du public des échecs catastrophiques des politiques de l’administration Bush.

La contre-attaque de Clinton, toutefois, n’a pas été d’accuser l’administration Bush pour sa politique criminelle de guerre d’agression — en fait, il n’a pas eu un seul mot pour critiquer la débâcle actuelle en Irak —, mais plutôt de défendre ses états de service en tant qu’ardent défenseur de l’agression militaire.

La partie la plus extraordinaire de sa défense passionnée de ses états de service (et par extension de ceux du Parti démocrate) a été lorsqu’il a affirmé qu’il avait élaboré des plans pour conquérir et occuper l’Afghanistan, presque un an avant les attentats terroristes du 11 septembre 2001 sur New York et Washington.

« Après le [l’attentat à la bombe du destroyer américain] Cole, a dit Clinton dans l’entrevue, j’ai planifié aller en Afghanistan, renverser les talibans et lancer une attaque à grande échelle pour trouver ben Laden. »

La seule chose qui l’a empêché de faire la guerre que Bush a commencée un an plus tard, a-t-il dit, c’est que l’armée américaine « avait besoin d’établir une base en Ouzbékistan », ce que ce pays n’a autorisé qu’après le 11-Septembre. Il y a aussi le temps qu’a mis la CIA et le FBI à certifier que c’était bien ben Laden qui était responsable de l’attentat du Cole, ce que les deux agences ont fait après que Bush ait été à la Maison-Blanche.

Clinton a continué en déclarant « Si j’étais toujours président, nous aurions plus que 20 000 soldats là-bas pour tuer » Oussama ben Laden.

Ce que cette déclaration de Clinton révèle, c’est que le programme de militarisme global lancé par l’administration Bush après le 11-Septembre faisait consensus au sein de l’élite dirigeante américaine et était soutenu par ses deux partis importants, les démocrates et les républicains.

En fait, il semble que la première guerre déclenchée par la Maison-Blanche de Bush, celle d’Afghanistan, l’ait été sur la base de plans dressés par l’administration Clinton.

Cette intervention pour évincer le régime taliban, comme la guerre non provoquée contre l’Irak, n’avait pas pour but d’écraser le terrorisme ou de venir en aide à une population vivant sous une dictature. Plutôt, ce fut la réalisation d’une ambition de longue date des Etats-Unis d’exercer leur hégémonie sur les régions riches en pétrole de l’Asie centrale et du Moyen-Orient. Les démocrates tout comme les républicains ont cherché à exploiter les attentats du 11-Septembre et à promouvoir la « guerre globale au terrorisme » comme prétexte pour réaliser ces objectifs impérialistes.

Clinton s’est plaint que les républicains avaient sali les démocrates en les décrivant comme étant « laxistes sur la question du terrorisme » lors des dernières élections de mi-mandat en 2002. « Notre parti les a soutenus lorsqu’il s’agit d’entreprendre les inspections des armes en Irak et était à cent pour cent pour les actions en Afghanistan et ils n’avaient rien pour nous faire paraître comme si nous ne nous préoccupions pas du terrorisme » a-t-il déclaré, accusant les stratégistes républicains d’avoir délibérément provoqué un conflit en introduisant « une pilule empoisonnée » dans la loi sur la sécurité de la patrie en proposant quelque 170 000 fonctionnaires fédéraux de leurs protections.

La réalité est que les démocrates ont donné à Bush le pouvoir sans précédent de lancer une guerre non provoquée comme partie d’une stratégie électorale cynique et couarde qui cherchait à mettre la question de l’Irak en arrière-plan en se concentrant seulement sur les questions économiques et sociales. Au cours des préparatifs ouverts pour la guerre, le Parti démocrate n’a offert aucune alternative à ceux qui s’opposaient à une telle agression. Au même moment, il ne pouvait mettre de l’avant une politique sérieuse sur les questions du chômage, du déclin du niveau de vie, de l’éducation et de la santé. En conséquence, une administration qui avait pris le pouvoir en volant l’élection et envers laquelle l’opposition était très grande a pu obtenir des gains importants dans les deux chambres du Congrès.

Comme le fait clairement remarquer Clinton, le leadership démocrate prévoit mener cette nouvelle élection législative en évitant encore une fois tout débat sérieux sur l'Irak. Toutefois, cette fois-ci, il prévoit présenter l'administration Bush comme étant « laxiste sur la question du terrorisme » et vendre le Parti démocrate comme le champion de l'intensification militaire en Afghanistan. 

Clinton s'est également vanté que « le secrétaire à la Marine sous Reagan », James Webb, se présentait comme candidat démocrate au poste de sénateur en Virginie et qu'un « contre-amiral, qui faisait partie de mon Conseil de sécurité nationale et qui a aussi combattu le terrorisme », Joe Sestak, se présentait contre le candidat sortant républicain au Congrès en Pennsylvanie. « Notre campagne compte une très grande présence militaire », a déclaré Clinton. « Et nous ne pouvons laisser leur rhétorique nous catégoriser faussement. »  

Dans un commentaire rédigé pour la page éditoriale du Wall Street Journal, le sénateur démocrate du Massachusetts John Kerry, candidat démocrate à la présidence en 2004, a exprimé les mêmes idées. Regrettant l'opposition grandissante à l'occupation américaine de l'Afghanistan, Kerry a déclaré : « Nous devons modifier notre trajectoire, en commençant par le déploiement immédiat d'au moins 5000 soldats américains de plus. »  

Il poursuivit : « C'est-à-dire plus de forces spéciales pour vaincre les talibans, plus de troupes d'affaires civiles pour soutenir les prometteuses équipes de reconstruction provisoire, plus d'infanterie pour empêcher que les talibans ne s'infiltrent davantage au Pakistan, et plus d'unités de renseignements clandestines pour traquer al-Qaïda des deux côtés de la frontière. C'est-à-dire aussi plus de drones « Prédateur » pour fournir des renseignements en temps réel, plus d'hélicoptères et d'avions de transport pour permettre un déploiement rapide, et plus d'équipement de combat lourd pour dominer les forces ennemies. »  

« Les États-Unis ne doivent pas laisser tomber le véritable front dans la guerre au terrorisme. Nous devons nous engager de nouveau à une victoire en Afghanistan », a conclu Kerry. 

L'entrevue de Clinton et le commentaire de Kerry expriment clairement que le leadership démocrate désire avant tout ne pas permettre aux républicains d'attaquer le parti comme étant « laxiste sur la sécurité ou sur le terrorisme » juste avant l'élection de novembre. 

Il est clair que ceci est une stratégie nationale coordonnée alors que le leadership démocrate est demeuré muet et les bras croisés pendant que l'administration Bush tentait de faire rapidement passer une loi lui donnant le droit de torture et le pouvoir de mettre sur pied des tribunaux militaires pour exécuter de présumés « combattants ennemis » et même pendant que l'administration Bush espionnait en masse le peuple américain. Le leadership démocrate n'a rien fait pendant qu'une poignée de législateurs républicains s'opposait aux projets de loi. 

Pendant ce temps, le président du Comité national démocrate, Howard Dean, a louangé Clinton pour sa performance à Fox News. « Le président Clinton a répliqué aux tactiques trompeuses de la machine de propagande de droite, » a déclaré Dean. « Comme l'a montré aujourd'hui le rapport d'évaluation des renseignements nationaux, la guerre en Irak et les politiques ratées de l'administration Bush ont diminué notre capacité de remporter la guerre au terrorisme. Comme l'a dit le président Clinton, les démocrates représentent des politiques qui sont à la fois musclées et raisonnées et nous maintenons l'engagement de gagner la guerre au terrorisme. »

La sénatrice Hillary Clinton de New York a repris cette rhétorique, avec sa manière pénible et inarticulée. Dans une déclaration publiée sur son site Internet au Sénat américain, elle répond aux témoignages que trois commandants militaires récemment retirés ont donnés lundi devant un comité du Parti démocrate se penchant sur la guerre en Irak. Tout en critiquant le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, les officiers militaires appelaient pour une expansion de la guerre, pour l’augmentation du nombre des soldats envoyés là-bas et une présence militaire à plus long terme.

Le général-major Paul Eaton, dirigeant l’entraînement des militaires en Irak, a témoigné que quelque 60 000 soldats supplémentaires devraient être déployé en Irak. Le général-major  Batiste, ancien commandant de la première division  d’infanterie de l’armée en Irak, a déclaré : « Il n’y a pas de substitut à la victoire et je crois que nous devons finir ce que nous avons commencé en Irak et en Afghanistan. » Il a ajouté «  Nous devons mobiliser notre pays pour un défi de longue durée. » Un troisième témoin, un colonel de la Marine, a dit que la guerre allait durer pour une autre décennie. » 

Exprimant un accord général avec ces appels pour une escalade de la violence américaine en Irak, Hillary Clinton déclarait, « Notre problème avec l’administration est, comme nous l’avons dit, vous savez, leur rhétorique n’a pas été soutenue par l’allocation de ressources ou gérée comme il fallait qu’elle le soit et nous entendons donc constamment l’appel pour, vous savez, "Nous ne pas pouvons changer, nous devons faire ceci" comme on nous a dit de le faire. »

Ce que toute cette campagne rend absolument clair c’est qu’en 2006 — comme en 2002 et 2004 — le Parti démocrate va faire en sorte que les élections ne deviennent pas un référendum sur la décision de l’administration Bush de mener la guerre d’agression en Irak.  

Plutôt, les démocrates sont déterminés à mener une bataille contre l’administration Bush basée sur la prémisse qu’il a gâché la guerre, qu’elle peut être menée plus efficacement, ce qui implique que Bush a détourné les ressources militaires requises en Afghanistan et pour de nouvelles guerres à venir.

Alors que les dirigeants démocrates offrent un élargissement de la guerre en Afghanistan et se solidarisent avec les officiers qui proposent une occupation plus importante et indéfinie de l’Irak, il n’y a aucune figure de premier plan au sein du parti qui mette de l’avant une proposition pour le retrait de toutes les troupes de l’Irak — une action qui a l’appui d’une majorité claire d’Américains comme l’indique une série de sondages. Une vaste section de la population, celle qui reconnaît que la guerre est la question la plus brûlante, est encore une fois effectivement abandonnée par le système des deux partis. 

Une lutte véritable contre la guerre en Irak et la menace d’une guerre encore plus terrible d’agression ne peut être menée qu’en brisant le monopole politique exercé par les deux partis contrôlés par l’oligarchie financière américaine. Cela nécessite l’émergence d’un nouveau parti politique de masse indépendant de la classe ouvrière, basé sur un programme socialiste qui s’attaque aux racines de la guerre, le système de profit.  

C’est ce pour quoi le Parti de l’égalité socialiste et ses candidats luttent dans les élections de 2006, avançant une alternative socialiste au programme bipartisan de guerre, d’attaques contre les droits démocratiques et de destruction du niveau de vie et des conditions sociales de la classe ouvrière américaine.

 (Article original paru le 27 septembre 2006)

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