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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Italie : Le premier ministre démissionne après avoir perdu le vote sur sa politique étrangère

Par Stefan Steinberg et Barry Grey
27 février 2007

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Les développements politiques depuis la parution de cet article le 23 février dernier confirment  que la démission du premier ministre italien Romano Prodi avait pour but de discipliner les neuf partis de sa coalition. Des représentants de Refondation communiste, un des parti membre de la coalition de Prodi, et successeur du défunt parti stalinien, le Parti communiste de l’ Italie, avaient participé à des manifestations contre le gouvernement.

Samedi, le président italien a refusé la démission de Prodi qui doit retourner devant les deux chambres du parlement italien pour organiser un vote de confiance envers son gouvernement. Deux jours auparavant, lors d’une réunion de crise, Prodi a exigé des partenaires de sa coalition un soutien inconditionnel pour un programme en 12 points qui leur fut présenté.

Tous, y compris Refondation communiste, ont accepté le plan de Prodi qui comprend la continuation des missions militaires italiennes en Afghanistan et au Liban, l’agrandissement de la base militaire américaine à Vicence, la soi-disant libéralisation de l’éducation, du commerce, des services et des pensions, ainsi que plus de pouvoirs pour Prodi pour que ce dernier soit moins soumis à ses partenaires politiques.

Mercredi dernier, après avoir perdu un vote au Sénat italien portant sur la politique étrangère de son gouvernement de coalition centre-gauche, l’Unione, le premier ministre italien Romano Prodi a remis sa démission. L’effondrement du gouvernement, au pouvoir depuis neuf mois, s’est produit dans un contexte où l’opposition populaire envers sa politique de droite, tant intérieure qu’étrangère, gagne en importance.

Quatre jours seulement avant le vote au Sénat et la démission de Prodi qui s’en est suivie, plus de 100 000 personnes ont manifesté à Vicence au nord de l’Italie. Ils voulaient signifier leur opposition au soutien apporté par Prodi à l’élargissement d’une base militaire américaine dans cette ville et à ses projets d’augmenter le nombre des soldats italiens déployés en Afghanistan faisant partie de l’occupation de ce pays par l’OTAN. Les manifestants ont aussi dénoncé la guerre en Irak et exigé que le gouvernement mette fin à sa collaboration avec la politique militariste de l’administration Bush.

Prodi et le ministre italien des Affaires étrangères Massimo D’Alema, ancien  secrétaire national du parti stalinien, le Parti démocratique de la gauche (devenu  Démocrates de gauche) et ancien premier ministre, avaient appelé à un vote dans le but de faire la démonstration publique de l’unité des neufs partis de la coalition formant le gouvernement, ciblant particulièrement Refondation communiste (Rifondazione Comunista), reste stalinien du vieux Parti communiste italien qui prend des airs de parti socialiste anti-impérialiste.

D’Alema, principal représentant du gouvernement lors du débat au Sénat, a exprimé la duplicité de la gauche officielle italienne en affirmant d’un côté que la coalition de l’Unione « n’a pas soutenu la politique néo-conservatrice de l’administration américaine et n’a pas envoyé de soldats en Irak » et de l’autre qu’il défendait les déploiements de l’armée italienne en Afghanistan et au Liban et en déclarant que s’opposer au projet américain d’élargissement de la base de Vicence « serait un acte hostile envers les Etats-Unis ».

La décision de mettre la politique étrangère du gouvernement au vote était basée sur l’idée selon laquelle le soutien apporté à l’expansion de la base militaire américaine et au rôle militaire de l’Italie en Afghanistan étaient des questions cruciales sur lesquelles le gouvernement ne ferait pas de compromis, et ce malgré l’opposition croissante de la population italienne. En défendant cette position, le gouvernement Prodi répondait à la fois aux pressions des Etats-Unis et à celles des sections les plus puissantes de l’élite dirigeante italienne.

En réalité, Prodi et D’Alema adressaient un ultimatum politique à la direction de Refondation pour qu’elle rappelle à l’ordre ses factions dissidentes qui ont cherché à apaiser l’opposition grandissante au sein des partisans et des électeurs du parti envers sa participation dans un gouvernement qui se fait le champion de l’austérité économique à l’intérieur et de l’élargissement des interventions militaires à l’étranger.

Refondation communiste avait indiqué qu’elle soutiendrait le gouvernement lors du vote au Sénat et tous ses sénateurs, sauf un, ont respecté la ligne du parti. Toutefois, l’abstention de cet unique sénateur de Refondation, Franco Turigliatto, ainsi que l’abstention d’un sénateur du Parti vert et du sénateur à vie, Giulo Andreotti, ancien premier ministre démocrate-chrétien et éminence grise de la politique italienne, ont eu pour conséquence qu’il a manqué deux voix au gouvernement, qui avait besoin de 160 voix pour remporter le vote.

Même si la motion n’était pas présentée comme un vote de confiance envers le gouvernement, Prodi a rapidement pris la décision de remettre sa démission, précipitant une sérieuse crise politique et faisant monter la pression sur Refondation communiste pour qu’elle discipline ses propres rangs.

Après avoir remis sa démission, Prodi a déclaré qu’il était prêt à demeurer à la tête du gouvernement seulement à condition d’avoir une « majorité solide comme le roc » et une « plus grande marge de manœuvre ». Des proches de Prodi ont déclaré qu’il était « prêt à continuer au poste de premier ministre si, et seulement si, on lui garantissait le soutien entier de tous les partis de la majorité à partir de maintenant. »

Le président italien Giorgio Napolitano a accepté la démission de Prodi mais lui a demandé de continuer à s’occuper des affaires du gouvernement et à participer à des négociations pour trouver une solution à la crise. Les deux principales voies qui s’offrent à lui sont de nouvelles élections ou un remaniement ministériel qui donnera en quelque sorte une majorité fonctionnelle à Prodi. Dans les deux cas, il en résultera inévitablement un gouvernement plus à droite.

Prodi a déclaré qu’il était prêt à discuter avec les démocrates-chrétiens conservateurs qui ont quitté Forza Italia, l’organisation de tutelle de l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi. Dans une coalition de centre-gauche remaniée, un plus grand nombre de conservateurs augmenterait l’influence de Prodi sur la gauche officielle.

Bien que des sénateurs des partis de la droite officielle — surtout Forza Italia de Berlusconi et l’Alliance nationale de Gianfranco Fini — aient appelé à la tenue d’une nouvelle élection suite au vote au Sénat, Berlusconi n’a pas encore émis une telle demande. Ce dernier avait dû quitter son poste de premier ministre suite à un vote en mai dernier, en raison de l’opposition populaire et du mécontentement d’importantes sections de l’élite dirigeante.

Le Financial Times de Londres a exprimé la préférence générale du capital financier international dans un éditorial publié jeudi sur son site Internet et intitulé « Pour une coalition des forces centristes italiennes ». Le journal a loué Prodi pour avoir « réduit le déficit budgétaire » et a affirmé que son « programme de réforme » avait « beaucoup contribué à redonner confiance ».

Il a critiqué le gouvernement de Berlusconi pour n’avoir pas eu « de discipline fiscale et ne pas avoir apporté les réformes nécessaires à l’économie italienne », et a demandé aux « partis centristes italiens » de « tenter de former une coalition ». 

Ce vote de confiance de la bourgeoisie internationale envers Prodi a été repris par le parti soi-disant anticapitaliste, Refondation communiste. En 1998, le parti avait retiré son soutien parlementaire à la coalition de centre-gauche dirigée par Prodi, précipitant ainsi la chute du gouvernement. Cette fois-ci, Refondation était plus que désireux d’assurer son soutien à Prodi.

Selon La Republica, le secrétaire national du parti, Franco Giordano, a déclaré : « Le gouvernement doit survivre », ajoutant qu’« il aura le soutien indéfectible et la confiance inébranlable de Refondation communiste ».

Le site Internet de Refondation a affiché une déclaration bien en vue déclarant sa loyauté envers le gouvernement de Prodi. Dans cette même déclaration, le parti attaquait la position prise dans le débat sénatorial par le transfuge Turigliatto en la qualifiant d’« antidémocratique ». Turigliatto a entre temps annoncé qu’il quittait son poste de sénateur.

Les Démocrates de gauche ont eux aussi donné leur soutien à une nouvelle version du gouvernement Prodi. Marina Sereni a exigé non seulement que « tous les membres de l’Unione votent « oui », mais aussi qu’ils promettent de soutenir les prochaines actions du gouvernement telles que le déploiement de troupes italiennes en Afghanistan ».

A l’heure qu’il est, on ne peut prédire les conséquences immédiates de l’effondrement de ce gouvernement de centre-gauche. Toutefois, son bilan en tant qu’instrument de la grande entreprise italienne visant à attaquer les conditions de vie de la classe ouvrière à l’intérieur du pays tout en poursuivant une politique impérialiste à l’étranger, démontre une fois de plus la banqueroute des soi-disant partis de la gauche : les Démocrates de gauche et Refondation communiste. Aucune de ces organisations n’est véritablement indépendante de la bourgeoisie. Les deux ont pour rôle d’étrangler le mécontentement populaire et de maintenir la subordination politique des masses ouvrières au capital italien.

Leur participation au régime de droite de Prodi et leurs efforts pour le ressusciter après son ignominieux effondrement démontre de manière concluante que la lutte contre la guerre et contre une politique sociale réactionnaire nécessite une rupture avec ces partis et la construction d’un véritable mouvement politique indépendant et socialiste de la classe ouvrière.

(Article original paru le 23 février 2007)


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