wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Sarkozy, candidat gaulliste à la présidence et allié des post-fascistes italiens

« Dis-moi qui sont tes amis et je te dirai qui tu es »

Par Peter Schwarz
27 février 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Jugé d’après le proverbe cité ci-dessus, Nicolas Sarkozy, le candidat gaulliste à la présidence française, est un homme politique qui entretient des rapports consistants avec l’extrême-droite au niveau européen. Parmi les amis politiques les plus proches de Sarkozy, on trouve en effet Gianfranco Fini, le dirigeant du parti post-fasciste italien Alleanza Nazionale (AN, Alliance nationale).

Ce dirigeant de la droite italienne avait écrit la préface de la version italienne du livre de Nicolas Sarkozy, La République, les religions, l’espérance en 2005. Cette année, Fini a recommencé en écrivant la préface de la version italienne du dernier livre de Sarkozy, Témoignage. Dans les deux livres, les préfaces de Fini sont annoncées en gros caractères sur la page de garde.

Fini n’a que du bien à dire sur le dirigeant de l’UMP gaulliste (Union pour un mouvement populaire). Il décrit Sarkozy comme un homme qui « a su mettre en oeuvre des idées dans la vie quotidienne, qui a su appliquer les expériences faites en tant que ministre aux grands problèmes mondiaux auxquels il est confronté : immigration, ordre public, réforme de l’administration, banlieues en flammes, crises d’entreprises prestigieuses comme Alstom [société française du secteur des transports et de l’énergie]. »

Le journal d’AN, Il Secolo d’Italia (Le siècle italien), note les affinités intellectuelles existant entre Sarkozy et Fini et écrit qu’il « existe une quasi-symbiose politique, caractérielle, générationnelle » entre les deux hommes.

Sarkozy a répondu en exprimant son admiration. Pendant l’été 2006, il eut une longue discussion avec Fini à Rome. Il refusa bien une invitation à participer au congrès d’AN en février de cette année, parce qu’il avait d’autres obligations, mais fit néanmoins parvenir à ce congrès des salutations où il donnait son appui à la droite italienne.

Sarkozy envoya ainsi ses « meilleures pensées » à ce « cher Gianfranco » pour « l’organisation et l’exécution réussies de cette rencontre qui, je suis convaincu, confirmera une fois de plus qu’AN représente l’une des plus importantes forces constructives du paysage politique italien ».

Sarkozy transmit aussi ses salutations à « tous les sympathisants d’AN qui, dans la mesure où ils ont suivi [Fini] dans la voie du renouveau, ont permis à AN de devenir ce qu’elle est aujourd’hui : une organisation qui, avec Forza Italia [le parti de Berlusconi], incarne la modernité et l’innovation de la droite ».

Et il ajouta : « Le courage de lutter contre les idées préconçues ainsi que votre indépendance intellectuelle, qui vous permettent d’oser défendre des solutions innovatrices, voilà les deux éléments qui permettent à la droite italienne de tenir tête à l’Unione [la coalition gouvernementale italienne de centre-gauche dirigée par Romano Prodi] en tant que mouvement populaire, et que nous devons absolument cultiver afin de demeurer la plus importante force de modernisation de la vie politique. »

Cette effusion de sympathie et de soutien de la part de Sarkozy pour Alleanza Nazionale est significative à plusieurs égards.

AN est le successeur direct du MSI (Mouvement social italien), le parti néofasciste qui dans la période d’après-guerre a été, des décennies durant, le lieu de rassemblement des partisans du dictateur fasciste Benito Mussolini. Fini, qui a maintenant 55 ans, a été pendant longtemps le bras droit du chef du MSI, Giorgio Almirante.

En 1977, Fini devint président de l’organisation de jeunesse du MSI et en 1987 il succéda à Almirante à la tête du MSI. En 1994, alors qu’il était ministre dans le premier gouvernement de Silvio Berlusconi, Fini loua Mussolini, l’appelant « le plus grand homme d’Etat du vingtième siècle ».

Depuis, Fini s’est à plusieurs reprises dissocié publiquement du passé fasciste de l’Italie et a tenté de présenter AN sous une forme nationaliste conservatrice plus modérée. Cela ne s’applique cependant pas à tout son parti qui arbore toujours sur son blason le symbole fasciste de la flamme tricolore. Des images du Duce ornent toujours les murs du siège du parti et celui-ci compte de nombreux skinheads néofascistes parmi ses adhérents.

Au niveau européen, AN collabore avec les forces nationalistes de droite. Ses députés au parlement européen appartiennent au groupe parlementaire de l’Union pour une Europe des nations, qui compte différents partis nationalistes de droite, en majorité opposés à l’Union européenne.   

Parmi les partis actifs au sein de l’Union pour une Europe des nations il y a la Ligue du Nord italienne, notoirement raciste, les partis polonais de droite Loi et Justice, Samoobrona et la Ligue des familles polonaises qui forment l’actuel gouvernement, le Parti du peuple danois, un parti de droite, et le parti nationaliste français Rassemblement pour la France, fondé par Charles Pasqua.

Officiellement cependant, L’UMP de Sarkozy est membre du Parti populaire européen qui comprend les principaux partis conservateurs et les partis démocrates-chrétiens européens comme les partis allemands CDU (Union chrétienne-démocrate) et CSU (Union chrétienne-sociale).

Il n’y a rien d’accidentel dans le flirt de Sarkozy avec les post-fascistes italiens. Ce fils d’aristocrates hongrois a dû lutter pour se tailler une place au sommet de l’UMP et il a obtenu la candidature aux élections présidentielles dans une lutte parfois acerbe contre l’establishment gaulliste.  

Il tente de mettre en place de nouveaux mécanismes de gouvernement pour la bourgeoisie française, dans un contexte où la France est régulièrement secouée par une contestation sociale militante, comme ce fut le cas ces dernières années, et où en même temps l’influence des partis socialiste et communiste et des syndicats est en déclin. Ceux-ci ont jusqu’à présent contenu ces mouvements d’opposition de la classe ouvrière, soutenant par là l’ordre bourgeois.

Dans sa campagne pour l’élection présidentielle, Sarkozy tente de combiner un appel autoritaire au renforcement des pouvoirs de l’Etat à des appels populistes et démagogiques en direction de parties frustrées de la petite bourgeoisie et de parties confuses de la classe ouvrière. Ce faisant, il cherche à s’appuyer sur les traditions et sur l’idéologie du fascisme. 

(Article original paru le 23 février 2007)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés