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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les élections en Grande-Bretagne : une débâcle pour le Parti travailliste et un réquisitoire contre le nationalisme

Déclaration du Socialist Equality Party (GB)
8 mai 2007

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Le Labour Party (Parti travailliste) de Grande-Bretagne a perdu sa majorité parlementaire en Ecosse pour la première fois depuis un demi-siècle dans ce qui représente une série de revers pour le Labour dans les élections régionales de jeudi dernier, y compris à l’Assemblée nationale de Galles et dans les collectivités territoriales (local authorities) en Angleterre.

Les résultats du vote ont toutefois été quelque peu éclipsés par la débâcle due à l’annulation de dizaines de milliers de bulletins de vote en Ecosse.

Les résultats définitifs ont été retardés des heures durant, après que les décomptes aient été suspendus dans plusieurs régions en raison de problèmes liés au système de vote électronique. Les choses ont été encore aggravées du fait de la confusion largement répandue créée par l’utilisation d’un bulletin commun pour désigner à la fois les conseillers sur la liste régionale et les députés pour le parlement écossais, connu sous le nom de Holyrood, et la tenue en même temps d’élections locales utilisant un mode de scrutin entièrement différent pour enregistrer les voix.

On estime que les annulations de bulletins de vote avoisinent les 100.000, soit jusqu’à 10 pour cent de l’ensemble des bulletins de vote. Dans certaines régions, le nombre de voix rejetées était supérieur à l’avance du candidat victorieux sur son plus proche adversaire. Dès vendredi soir, le Scottish National Party (Parti national écossais, SNP) annonçait déjà une « victoire historique » en emportant 47 sièges contre 46 pour le Labour.

En Angleterre, le décompte a été suspendu dans cinq régions où le décompte électronique avait été mis en place pour la première fois. La seule différence existant entre la situation au Royaume-Uni et celle en Floride en 2000 lors des élections présidentielles américaines est qu’il n’y a pas de preuve de sabotage politique délibéré. Ce qui est commun aux deux expériences c’est le fait que l’incompétence affichée dans l’organisation du vote est directement liée au mépris manifesté à l’encontre de l’électorat et du processus démocratique en général. La nouvelle technologie avait été mise en place sans préparation adéquate et le scrutin organisé le même jour et ce en dépit de l’avis de personnes bien informées.

De plus, le vote par correspondance a aussi suscité la colère pour n’être pas arrivé à temps  dans de nombreuses régions en Ecosse. Ceci est aussi un embarras politique étant donné que lors d’élections antérieures il y avait eu plusieurs scandales où le vote par correspondance avait été utilisé pour fausser le résultat des élections. En Angleterre, de nombreuses régions n’ont été en mesure de transmettre des décomptes définitifs que tard vendredi soir en raison de l’introduction de nouvelles mesures destinées à combattre la fraude électorale.

Le tableau qui a finalement émergé est sombre pour le Labour qui a subi des pertes significatives en sus de sa position déjà faible au départ. Bien qu’étant le parti le plus important au Pays de Galles, les voix en faveur du Labour ont chuté de 8,5 pour cent et il lui manque trois sièges pour atteindre les trente sièges requis pour former une majorité. Les nationalistes gallois, le Plaid Cymru, bénéficient de trois sièges supplémentaires et totalisent quinze sièges, les conservateurs en gagnant douze et les démocrates libéraux six. Le Labour ne sera en mesure de former un gouvernement au Pays de Galles qu’au moyen d’une alliance.

Il en va de même pour le SNP en Ecosse qui aura besoin du soutien de deux autres partis pour former une majorité. Le taux de participation était de l’ordre de 60 pour cent, les conservateurs remportant 17 sièges, les démocrates libéraux 16 et les Verts tout juste 2 sièges.

En Angleterre la situation est tout aussi mauvaise pour le Labour. La ministre de la lutte contre l’exclusion sociale, Hilary Armstrong, a dit qu’alors que le peuple britannique aimait de temps en temps secouer un peu l’establishment « ... la situation ne semble pas être aussi mauvaise qu’on pouvait l’escompter, » tandis que le premier ministre, Tony Blair, a déclaré que l’échec cuisant prévu pour le parti ne s’était pas concrétisé et qu’il disposait « d’un bon tremplin » pour gagner les prochaines élections législatives.

Ils essaient tout simplement de se rassurer. Les pronostics donnent 27 pour cent du total national des voix au Labour qui vient derrière les conservateurs à 40 pour cent et les démocrates libéraux ont à peu près autant que le Labour. Les conservateurs ont remporté 870 sièges supplémentaires d’élus des collectivités territoriales et bien qu’ils aient moins progressé dans le nord, si l’on considère leurs votes en terme de circonscriptions pour les élections législatives nationales, leur avance aurait été plus significative. Si leurs résultats se maintiennent, ils pourraient obtenir une majorité gouvernementale en cas d’élections législatives nationales et le dirigeant du parti, David Cameron, a réclamé la tenue d’élections législatives après la démission de Blair.

C’est un réquisitoire dévastateur contre le gouvernement travailliste. Le retour des Tories (Conservateurs) et la montée du SNP ne sont pas l’expression de la popularité de ces partis, mais plutôt du fait que des millions de travailleurs dans les anciens bastions du Labour lui ont tourné le dos. Dans le même temps, les Tories semblent avoir retrouvé les partisans qu’ils avaient perdus au profit du Labour en 1997.

Pendant que les sondages d’opinion enregistraient que l’opposition à la guerre en Irak avait été le principal facteur dans de nombreuses régions du Royaume-Uni, Blair faisait connaître son intention de démissionner de son poste de dirigeant du parti une semaine après les élections dans l’espoir d’endiguer les pertes du gouvernement. Mais les résultats montrent que les efforts entrepris pour dépeindre le chancelier Gordon Brown comme politicien plus proche du « Old Labour » [le Labour traditionnel d’avant le New Labour de Tony Blair] n’ont eu que peu d’impact.

Comme le remarquait quelque peu cyniquement Martin Kettle, ami personnel de Blair, dans le Guardian « Cela a été une élection abominable pour le Labour. Il ne fait pas de doute qu’un soutien de 27 pour cent de l’électorat, même s’il devait atteindre 28 pour cent ou culminer à 29 pour cent après le décompte final, reste quoi qu’il en soit lamentable...

« Le Labour conserve pour le moment le pouvoir à Westminster [siège du parlement britannique] mais quasiment nulle part ailleurs de significatif. Il détient ce pouvoir grâce à un niveau de soutien millésimé1935, soit de l’ordre de 30 pour cent. Ah, mais après la baisse de 1935, les membres de la tribu travailliste diront que finalement le faste de 1945 arriva, année qui demeure la plus iconique de la mythologie travailliste. Avec Gordon au gouvernail, la situation peut être retournée. Oui, mais il aura fallu une guerre mondiale pour placer le Labour à ce niveau en 1945, et ça, c’est décidément bien trop cher payer pour que le Labour aille mieux. »

L’on pourrait ajouter que la victoire du Labour en 1945 s’était faite sur la base d’un vaste programme de réformes sociales et économiques et non sur une politique le plaçant à la droite du parti conservateur sur de nombreuses questions.

Ce qui est tout aussi remarquable dans ces élections, c’est l’absence de toute tendance politique qui exprime même partiellement les sentiments antimilitariste et de gauche, qui sont à l’origine de ces pertes pour le Labour.

Au Pays de Galles, les difficultés du Labour n’ont presque pas profité aux autres partis officiels. Plaid Cymru, tout spécialement, n’était pas considéré par les travailleurs comme une alternative viable au gouvernement et une grande méfiance se fait sentir à son égard quant à sa prétention à représenter « un socialisme décentralisé ». Au cours des prochaines semaines, une alliance de travail devra être conclue entre les différents partis, soit sous forme de coalition permanente soit sous forme d’accord sur la base du cas par cas.

En Ecosse, les pertes subies par le Labour auraient sans doute été encore plus importantes si le principal parti d’opposition n’avait pas été le parti pro-patronat SNP.

Le SNP avait insisté sur le fait que l’élection serait un référendum sur l’indépendance, une affirmation qui fut appuyée avec enthousiasme par toutes les tendances qui se présentent comme alternative de gauche au Labour et au SNP : le parti Solidarité de Tommy Sheridan, le Scottish Socialist Party (Parti socialiste écossais, SSP) et les Verts.

Ceci s’est avéré vital au Labour qui a cyniquement manipulé une vaste opposition au séparatisme écossais pour se présenter comme le gardien de l’« Union ». Cela s’est reflété le jour des élections dans le titre du quotidien pro-Labour Daily Record: « Les élections d’aujourd’hui ne sont pas sur la guerre en Irak. Elles ne sont pas sur Tony Blair... Ne vous aventurez pas les yeux fermés dans l’indépendance. Ne laissez pas un vote protestataire démanteler la Grande-Bretagne. »

Tout aussi criminel était le fait que des organisations se qualifiant de socialistes aient cultivé des illusions concernant le SNP et la perspective nationaliste. Le parti Solidarité et le SSP méritent tous deux entièrement les pertes qu’ils ont subies en conséquence. Il y a huit mois, avant sa scission opportuniste, le SSP comptait six députés au Holyrood. Cette fois, aucun des deux partis ne s’est présenté aux élections législatives, laissant le champ libre au SNP. Tous deux ont lancé des appels à voter pour les partis pro-indépendance, sans mentionner spécifiquement le SNP. Pour ce qui est de leurs anciens partisans, cela n’était pas nécessaire. Le message a été reçu cinq sur cinq. La plupart de ceux qui avaient voté pour le SSP auparavant ont choisi de voter directement pour le SNP. Avec l’effondrement de leurs voix, les deux partis ont perdu tous leurs sièges.

Un bilan du SSP et de son groupe dissident conduit par Sheridan confirme qu’ils ne sont rien de plus que l’antichambre du parti d’Alex Salmond.

Le Socialist Equality Party (Parti de l’Egalité socialiste, PES) a remporté 292 voix au Pays de Galles Sud et 139 voix en Ecosse de l’Ouest. Dans ces deux régions au moins trois plus grands partis se disant socialistes se présentaient aux élections. Parmi ceux-ci, Solidarité, le SSP et le Socialist Labour Party (SLP) d’Arthur Scargill présentaient des candidats dans chaque région et bénéficiaient de temps d’antenne à la télévision. De plus, Sheridan et, à un moindre degré, le SSP jouissaient d’une importante couverture médiatique quotidienne. En comparaison, comme l’a rapporté le World Socialist Web Site, même là où la campagne électorale du PES était mentionnée, son nom était estropié et sa politique dénaturée.

Toux ceux qui ont voté pour le PES l’ont fait en connaissance de cause et sur la base d’un accord avec son programme anti-militariste et antiguerre et pour la construction d’un parti authentiquement socialiste basé sur l’internationalisme. Le PES était le seul parti de gauche à ne pas présenter le séparatisme national comme le chemin à suivre et à insister sur l’unité des travailleurs en Grande-Bretagne avec leurs frères et soeurs en Europe et de par le monde.

En à peine quatre semaines, notre parti a organisé une campagne énergique et ambitieuse et vendu des milliers de manifestes électoraux. Notre travail avait pour objectif de clarifier les questions politiques essentielles auxquelles sont confrontés les travailleurs et les jeunes. Pour cette raison, nous sommes particulièrement fiers d’avoir initié, dans les universités de Glasgow et de Cardiff, des conférences où est intervenu le président du comité de rédaction du WSWS, David North, pour répudier la falsification historique de la vie et de la pensée de Léon Trotsky.

La mise en garde que nous avions faite en disant qu’une opposition au gouvernement travailliste ne pouvait pas être basée sur un appel au nationalisme et à des réformes limitées appliquées par Holyrood et l’Assemblée nationale de Cardiff a été confirmée. Dans la période à venir, le PES s’emploiera à travailler systématiquement à la consolidation des progrès qui ont été faits, notamment en construisant des sections de l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale (IEES). Avant tout, nous continuerons à nous concentrer sur les questions essentielles de l’éducation politique et de l’élaboration de la perspective requise pour le développement d’un mouvement politique de la classe ouvrière contre le système capitaliste.

(Article original anglais paru le 5 mai 2007)


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