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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Irak : montée des affrontements entre les forces américaines et la milice sadriste

Par James Cogan
14 mai 2007

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Des troupes américaines et irakiennes ont déclenché une série d’attaques sur le mouvement chiite loyal à l’imam Moqtada al-Sadr dans son bastion de Bagdad le week-end du 5 mai.  Le mouvement sadriste, qui a un large soutien au sein de la classe ouvrière chiite, possède une grande milice armée et demande le retrait des forces américaines. Il est considéré par Washington comme une menace à la domination à long terme de l’Irak par les Etats-Unis.

Une des principales raisons ayant poussé Bush à accroître le nombre de soldats déployés en Irak est de détruire, ou à tout le moins de sérieusement affaiblir, la milice sadriste, particulièrement à Bagdad. Quatre des cinq brigades supplémentaires étant maintenant déployées (il est prévu que la dernière le sera le 1er juin), le commandant de l’armée américaine, le général David Petraeus, et le gouvernement irakien intensifient leurs opérations contre la direction politique des sadristes et son aile armée, l’Armée du Mahdi.

L’armée américaine a entrepris une série d’attaques contre les sadristes vendredi et dimanche derniers. Les maisons de quelques dirigeants du mouvement dans le quartier chiite à majorité ouvrière de Sadr City ont été l’objet de descentes au petit matin.

Selon l’armée américaine, les descentes visaient une prétendue « cellule secrète d’un réseau terroriste » qui fait entrer en Irak des armes et des explosifs en provenance d’Iran de type EFP (Explosively Formed Penetrators ou Pénétrateurs à explosion), actionnés à distance et capables de transpercer un blindage, et en font usage contre les troupes américaines. Seize prétendus terroristes furent arrêtés lors des descentes de vendredi.

Les descentes de dimanche ont provoqué un échange de tirs dans les rues de Sadr City. Des miliciens munis d’armes légères et de lance-grenades ont affronté les forces qui les attaquaient. Des hélicoptères de combat américains ont été appelés pour qu’ils tirent sur des bâtiments où l’on croyait que des défenseurs se trouvaient.

Jusqu’à huit personnes ont été tuées et les hôpitaux ont rapporté au moins vingt blessés. Quelque quarante familles vivant dans les environs ont fui vers un camp de déplacement aux limites du quartier.

Selon le major général William Cladwell, les forces américaines et irakiennes ont par la suite trouvé 150 mortiers, des munitions, des « composants » servant à la construction de bombes utilisées sur les routes et « ce qui semble être une chambre de torture » dans une des maisons. Il a dit à la presse : « Nos renseignements indiquent que la cellule secrète est liée à un réseau de kidnappeurs qui mènent des attaques partout en Irak, et qui est en contact avec des voyous dans tout l’Irak et l’Iran. »

On a ensuite fait exploser la maison, à cause de prétendues « inquiétudes » sur la façon de déplacer les munitions capturées. Au même moment, la démolition assurait de façon commode que les déclarations américaines ne puissent pas être vérifiées de façon indépendante.

Des porte-parole du mouvement sadriste ont immédiatement rejeté les allégations américaines que les personnes arrêtées étaient des « terroristes » liés aux Iraniens et qu’ils opéraient des chambres de torture, tel que rapporté sans critique dans les médias américains et internationaux.

Alwan Hassan, un parlementaire sadriste, a déclaré au journal Azzaman : « Les opérations des troupes d’occupation à Sadr City ont mené à l’arrestation d’un grand nombre de nos membres et les allégations américaines selon lesquelles il existe des groupes armés et violents à Sadr City sont complètement fausses. Les troupes d’occupation ciblent des chefs du mouvement sous prétexte qu’ils dirigent des escadrons de la mort et des gangs de kidnappeurs. Elles tentent de fausser l’image du mouvement sadriste, qui représente la tendance nationale s’opposant à l’occupation. »

Ahmad al-Sharifi, un leader sadriste de Sadr City, a dénoncé l’Alliance irakienne unifiée chiite (AIU), qui domine le gouvernement, pour avoir collaboré avec les attaques sur l’Armée du Mahdi. Les sadristes font encore officiellement partie de l’AIU, bien que Moqtada al-Sadr ait signalé aux six membres de son mouvement de quitter le cabinet du premier ministre Nouri Al-Maliki, car celui-ci n’avait pas exigé une date de retrait de toutes les forces étrangères de l’Irak.

Sharifi s’en est ainsi pris au Conseil suprême de la révolution islamique en Irak (CSRII), un rival. Le CSRII et les sadristes sont présentement engagés dans une lutte pour le contrôle politique dans de nombreuses zones chiites au sud du pays. Azzaman a rapporté que les forces de sécurité irakiennes participant aux opérations de Sadr City aux côtés des troupes américaines étaient membres de la milice du CSRII, l’organisation Badr.

Sharifi a déclaré : « Ces affrontements sont le résultat du contraste entre le programme local [irakien] du mouvement sadriste et celui du CSRII, qui est soutenu par des parties étrangères... L’AIU est devenue une alliance pleine d’incompatibilités. Chaque parti qui la constitue attend l’opportunité de détruire l’autre. »

Ces commentaires et la résistance opposée aux attaques de dimanche sont d’autres signes qu’une rébellion se développe parmi les sympathisants sadristes contre les instructions de Moqtada al-Sadr de ne pas offrir de résistance ni se laisser provoquer par les Etats-Unis ou par les troupes du gouvernement. La détention de dizaines de leaders sadristes et de centaines de jeunes hommes suspectés d’être des combattants de l’Armée du Mahdi a provoqué l’indignation, particulièrement alors que les extrémistes sunnites continuent de perpétrer à répétition d’horribles attentats-suicides contre les civils et les mosquées chiites.

Avant dimanche, les miliciens avaient déjà commencé à répliquer. Le 29 avril, les combattants du Mahdi ont repoussé une tentative menée par les forces américaines et du gouvernement irakien de les déloger de leur position défensive autour d’une mosquée chiite vénérée dans la banlieue de Bagdad.  Huit miliciens et un soldat irakien ont été tués lors de cette confrontation, est-il rapporté.

Des sources irakiennes et américaines ont rapporté à Associated Press que des troupes gouvernementales ayant reçu l’ordre de prendre part à l’offensive se seraient mutinées et auraient rejoint les combattants chiites. Le lendemain, des milliers de chiites ont protesté dans les rues et les législateurs chiites ont fait passer une motion au parlement interdisant aux troupes étrangères d’approcher à moins d’un kilomètre du lieu sacré.

La réponse à l’incursion a forcé les militaires américains à céder pour le moment la mosquée aux sadristes.  Le lieutenant-colonel Steve Miska, le commandant américain dans la région, à dit à Associated Press en fin de semaine : « Il y a beaucoup de personnes affiliées au JAM (l’armée du Mahdi) et si nous en faisons tous des ennemis, nous allons être dans l’eau chaude. »

Le 4 mai dernier, à Najaf, site du plus important lieu saint chiite et base des établissements cléricaux chiites, des miliciens de l’Armée du Mahdi ont temporairement pris le contrôle du centre de la ville. La mobilisation était en réponse à la rumeur voulant que les forces de sécurité gouvernementales, aient tué le dirigeant clérical de Najaf, Salh al-Ubaidi, au moment où il tentait d’entrer dans la ville. Il est rapporté que de miliciens ont encerclé et désarmé les soldats irakiens et les gardes du corps personnels d’Ammar al-Hakim, le fils du dirigeant du CSRII, Abdel Aziz Hakim. Un intense face-à-face entre les renforts gouvernementaux et l’Armée du Mahdi n’a pris fin qu’après des négociations entre le bureau local sadriste et le gouverneur de Najaf. 

Depuis la fin de semaine, la presse irakienne a rapporté que les forces gouvernementales ont été soumises à des attaques à Diwaniyah, à l’est de Bagdad, et dans les principales villes du sud de Basra et Amarah, toutes des régions où l’appui pour les sadristes est en croissance. Loin de stabiliser l’occupation américaine, la décision de l’administration Bush de prendre pour cible l’Armée du Mahdi ne fait qu’enflammer les masses chiites et prépare le terrain pour une autre expansion de sa sanglante guerre néo-coloniale. 

(Article original paru le 9 mai 2007)


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