wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Manifestations contre l’EPR (European Pressurized Reactor)

22 mars 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

 Ce compte-rendu d’une manifestation anti-nucléaire française a été envoyé par un lecteur du WSWS de Nancy, en France.

Samedi 17 mars, une manifestation commune à cinq villes (Lille, Lyon, Rennes, Strasbourg et Toulouse) protestait contre la prochaine génération de centrales nucléaires conçue par Siemens et Framatome, appelée EPR (pour European Presurized Reactor, ou Evolutionary Presurized Reactor pour le marché américain). Cette manifestation se déroulait à l’appel du « collectif stop-EPR » dans lequel se retrouvent la plupart des associations du mouvement « alternatif ». 

La manifestation de Lyon s’est formée place Bellecour. L’assistance était relativement importante mais loin de remplir toute la place. La plupart des gens affichaient clairement leur affiliation à l’un des mouvements organisateurs. Les plus nombreux étaient les Verts suivis par la LCR et les anarchistes de la CNT (Confédération nationale du Travail). Les plus minoritaires étaient un militant qui faisait la promotion de l’espéranto et un autre qui plaidait pour une humanité entièrement végétarienne. Les simples curieux qui espéraient s’informer sur l’industrie nucléaire n’étaient pas très nombreux non plus. Peu de passants s’arrêtaient pour s’informer, certains, et surtout les jeunes, faisant quelques remarques sarcastiques. 

Il faut reconnaître que le spectacle qui leur était présenté était assez lamentable. 

Trois intervenants ont pris la parole pendant quelques minutes avant le départ du cortège. Ils ont tous les trois mis justement en avant les méthodes douteuses par lesquelles EDF, AREVA et le gouvernement font la promotion du nucléaire (études d’impact absentes ou bâclées, mensonges…) ainsi que les faiblesses du nouveau système EPR (technologie développée en 1992 qui ne diffère pas fondamentalement des réacteurs des années 50, les nombreuses difficultés techniques du réacteur de ce type en construction en Finlande…). 

Cependant, la critique s’insérait parfaitement dans le cadre nationaliste du débat posé par le gouvernement. En tentant de répondre point par point aux arguments pro-nucléaires, les intervenants en sont arrivés à se plaindre de ce que l’uranium était importé et ne garantissait donc pas l’indépendance énergétique de la France. Ils ont aussi expliqué que le parc de centrales françaises était trop développé puisque la France exporte une partie de sa production et que cette exportation concerne l’électricité de base (produite en continu dans les centrales nucléaires) qui est moins chère que l’électricité de pointe qu’elle doit importer (produite pendant les pics de consommation par des centrales qui peuvent démarrer et s’arrêter rapidement). Ils y voyaient surtout un déficit de la balance commerciale. 

A la fin des discours, l’assistance a été priée de participer à un « soulèvement moral contre EPR et pour la démocratie » : il s’agissait de s’accroupir et de se relever au moment où des jeunes filles déguisées en Marianne, avec bonnet phrygien et cocarde tricolore, passaient en tenant de petites hélices. Toutes les tendances présentes s’y sont associées, sauf la CNT. 

L’autre point sur lequel ont insisté les intervenants était « l’opportunité » que constituaient les élections présidentielles pour faire pression sur les dirigeants afin qu’ils reconsidèrent leurs décisions. Le collectif « stop-EPR » a édité 600 000 coupons « Non à EPR », l’idée est que chaque électeur envoie au candidat de son choix n’ayant pas encore pris position contre l’EPR (Buffet du Parti communiste (PC), Le Pen du Front national (FN), Royal du Parti socialiste (PS), Bayrou de l’Union pour la démocratie française (UDF), Laguiller de Lutte ouvrière (LO) et Sarkozy de l’Union pour un mouvement populaire (UMP)) en leur signifiant qu’il ne voterait pas pour lui s’il ne changeait pas d’avis. 

A aucun moment, ni dans les discours ni dans les tracts des différents groupes, il n’a été question de confier la production d’énergie à un service public européen contrôlé par les travailleurs (qui sont les premiers concernés par la sécurité de ces installations). 

Dans leurs tracts, tous ces groupes blâment la « surconsommation de l’occident ». Pour les anarchistes, la perspective « pour 2050, la population est estimée à 9 milliards d’individus !» semble dramatique et justifie la promotion du refus d’enfanter. 

Les Verts expliquent qu’avec la même somme que celle investie dans l’EPR (3,3 milliards d’euros), on pourrait produire autant d’énergie avec des énergies renouvelables « et générer 15 fois plus d’emplois ». Cet argument rejoint en partie celui des luddites du début du XIXe siècle qui cassaient les machines car elles « prenaient leur travail ». 

Incapables de faire la différence entre le progrès technologique et son cadre libéral, tous ces groupes forment des demandes réactionnaires telles que l’abandon immédiat du nucléaire, la fin des lignes électriques à très haute tension (et donc la fin des échanges d’énergie à longue distance), et l’arrêt des recherches sur la fusion nucléaire du programme ITER à Cadarache. 

En mêlant ce genre d’arguments aux revendications légitimes pour tout citoyen d’être informé et consulté sur des orientations aussi importantes, et en ne proposant aucune perspective sérieuse pour y parvenir, ces groupes ne font qu’ajouter à la confusion. 

Le cortège a défilé dans une bonne ambiance qui contrastait avec l’indifférence de la plupart des passants.


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés