Le Parti de l’égalité socialiste (SEP)
exige que le gouvernement sri lankais ouvre une enquête urgente sur la disparition
d’un membre du parti, Nadarajah Wimaleswaran et de son ami, Sivanathan
Mathivathanan, qui ont disparu depuis jeudi soir sans laisser de trace.
L’ensemble des preuves réunies à ce jour indique l’implication de
la marine qui contrôle le nord de l’île près de Jaffna où vivent les deux
hommes.
Le SEP a des inquiétudes sérieuses concernant la
sécurité des deux hommes et tient le gouvernement pour responsable de leur
bien-être. Des centaines de personnes ont été enlevées, ont « disparu »
ou ont été tuées par l’armée et ses alliés paramilitaires dans le nord et
dans l’est au cours de l’année passée et depuis que le président
Mahinda Rajapakse a replongé le pays dans la guerre civile.
Wimaleswaran, un pêcheur âgé de 27 ans, est
membre du SEP depuis 1998. Il est connu dans toute la région pour être un
adversaire de la guerre et un défenseur des droits de la classe ouvrière. Il a
un enfant de trois ans et sa femme, Sifajini, est enceinte de leur deuxième
enfant. L’ami de Wimaleswaran, Mathivathman, âgé de 24 ans, est marié et
a deux enfants.
Le 22 mars, à la fin d’une journée de
pêche sur l’île de Kayts, Wimaleswaran rentrait au village de Madathuveli
situé dans l’île voisine de Punguduthivu, assis à l’arrière de la
moto de son ami. Il voulait aller chercher quelques vêtements dans une maison
qu’il avait louée récemment à Madathuveli et où il pensait emménager.
Kayts et Punguduthivu sont reliés par un sentier du littoral de 3,8 kilomètres
traversant des eaux peu profondes. A chaque extrémité se trouve un barrage routier
où est posté du personnel armé de la marine.
Wimaleswaran et Mathivathanan ont passé le
barrage routier à Kayts vers 17 heures 30. Tous deux sont arrivés à la maison à
Madathuveli où ils ont été vus. Wimaleswaran a discuté avec un parent, Arul, et
un ami, Kumaran, qui a vu les deux hommes repartir vers 18 heures 30 en
direction de Kayts. Aucun des deux n’est arrivé chez lui, et la moto de
Mathivathanan, un modèle de la marque Bajaj, immatriculée NPMR 2098, a
également disparu.
Vendredi, après avoir eu connaissance de la
disparition, le SEP a immédiatement déposé plainte au camp de la marine de
Gotaimbara à Punguduthivu et à celui de Velanai sur l’île de Kayts. Les
officiers en charge, Hemantha Peiris à Punguduthivu et Silva à Velanai, ont tous
les deux nié avoir arrêté Wimaleswaran et Mathivathanan et ont déclaré ne pas
être au courant de la disparition des deux hommes.
Samedi, le SEP a procédé à une demande
officielle auprès du ministère de la Défense à Colombo pour exiger l’ouverture
d’une enquête d’urgence sur le lieu de séjour des deux hommes. Des
membres du SEP de Jaffna, ville située au nord du Sri Lanka, ont également
déposé plainte auprès de la Commission des droits de l’Homme.
Samedi matin, l’officier en charge à
Gotaimbara, Peiris a demandé à Arul de dire à la femme de Wimaleswaran de venir
le voir. Lorsque Sivajini, son père et des membres du SEP sont arrivés à
l’entrée du camp, un soldat de la marine en colère leur a dit que la
marine n’avait pas arrêté les deux hommes.
Le soldat a accusé les deux hommes d’être
des membres des Tigres
de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) en disant qu’ils s’étaient
enfuis vers Wanni, la région contrôlée par le LTTE qui se trouve bien au sud,
en pleine mer patrouillée par la marine. Le soldat de la marine, un Tamoul,
savait parfaitement qui était Wimaleswaran. Il s’est servi du surnom de
Wimaleswaran, Jeeva, et dit qu’il connaissait aussi Mathivathanan et
d’autres membres de sa famille.
Après avoir fait rentrer le
soldat, l’officier en charge, Peiris, est venu à l’entrée. Il a dit
aux personnes présentes que la marine n’avait pas arrêté Wimaleswaran et
son ami, mais a négligé d’expliquer pourquoi il avait fait venir la femme
de Wimaleswaran au camp. Il n’a pas dit mot des allégations émises par le
soldat.
Cette rencontre est très inquiétante.
L’affirmation que Wimaleswaran est un membre du LTTE est fausse et une calomnie
fréquemment employée par l’armée pour justifier ses méthodes répressives.
Le SEP est très connu, notamment sur l’île de Kayts, pour son opposition
politique au programme séparatiste du LTTE et Wimaleswaran a été un membre
actif du SEP durant toute sa vie d’adulte.
Samedi soir, le SEP
s’est de nouveau adressé à l’officier en charge Peiris pour obtenir
des informations. Il a dit que le registre du sentier du littoral tenu du côté
de Punguduthivu indique que Wimaleswaran et son ami avaient passé le barrage
routier à 18 heures 30. Peiris a insisté sur le fait qu’il était
impossible qu’il y ait d’arrestation sans qu’il ne soit
averti. Silva, l’officier en charge au camp de Velanai, a affirmé
qu’aucune arrestation n’avait eu lieu du côté de Kayts.
De telles dénégations ne
valent rien. Les forces de sécurité nient de façon routinière toute implication
dans les enlèvements, disparition et meurtres même si de fortes preuves du
contraire existent. Des centaines de cas se sont produits l’année
dernière et pourtant aucun agent militaire n’a été inculpé et encore
moins poursuivi. L’arrestation abusive aux barrages routiers est devenue
tout à fait normale.
Tandis que la guerre
s’intensifie, la marine renforce son contrôle dans Kayts et dans les îles
avoisinantes qui sont stratégiquement situées près de la péninsule de Jaffna à
la pointe nord du pays. La marine dispose de plusieurs zones de haute sécurité
autour de ses bases clé et soumet les pêcheurs de la région à des restrictions sévères
en les accusant de soutenir les infiltrations et les attaques du LTTE par voie
de mer. Une interdiction de pêche en mer a privé de nombreux pêcheurs de leur
gagne-pain.
La marine opère en directe
collaboration avec le Parti démocratique populaire de l’Eelam (EPDP) pour
intimider la population tamoule locale. Le EPDP est un partenaire du
gouvernement de coalition de Rajapakse mais opère également comme une force
armée paramilitaire, imposant ses dictats dans Kayts et dans les îles
avoisinantes.
Le SEP a une longue histoire
de luttes politiques sur l’île de Kayts contre le gouvernement et
l’armée ainsi que contre le LTTE. C’est le seul parti à exiger le
retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes du nord et de
l’est et à mener une campagne pour l’unification de tous les
travailleurs, Tamouls, Cinghalais et musulmans, afin de lutter pour une
République socialiste du Sri Lanka et de l’Eelam comme partie intégrante de
la lutte pour le socialisme de par l’Asie du sud et internationalement.
Le SEP a été la cible des deux parties pour avoir pris fait et cause pour les
droits de la population laborieuse et pour opposer toute forme de politique
communautaire, le chauvinisme cinghalais du gouvernement de Colombo et le
séparatisme tamoul du LTTE. En mars 2000, un politicien local du EPDP et ses nervis
armés avaient menacé et attaqué physiquement des membres du SEP sur Kayts qui
avaient boycotté une réunion organisée dans le but d’imposer des
restrictions de pêche.
Après la signature du cessez-le-feu en 2002, le
LTTE avait proféré des menaces contre des membres du SEP qu’il
considérait être des obstacles à l’établissement de sa politique de
domination dans la région. En 2002, le LTTE avait tenté de tuer un membre du
SEP, N. Kodeeswaran alors qu’il cherchait à l’obliger, lui et
d’autres membres du SEP, à lui remettre l’argent de l’Union
coopérative des pêcheurs d'Ampihainagar, une organisation fondée par le SEP.
Lorsque le pays fut replongé l’année derrière dans la guerre, le EPDP et
ses nervis étaient retournés à Kayts sous la protection de la marine.
Face au mécontentement populaire croissant à
l’encontre de la guerre et de détérioration des conditions de vie, le
gouvernement et l’armée n’ont pas hésité à recourir aux méthodes
les plus impitoyables contre leurs adversaires politiques. Le 7 août de
l’année dernière, le partisan du SEP, Sivapragasam Mariydas, a été
assassiné à Mullipothana dans le district de Trincomalee, sur la côte orientale
de l’île, au moment où de violents combats avaient lieu dans la région
voisine, à Muttur. Les preuves rassemblées jusque-là montrent que l’armée
ou ses alliés paramilitaires sont responsables. Suite à ce meurtre,
l’armée locale avait aussi répandu le mensonge selon lequel Mariyadas
était un partisan du LTTE.
Dans ce contexte, la disparition de Wimaleswaran
et de son ami est profondément troublante. Le refus de l’armée de fournir
toute explication adéquate sur ces événements dans une région qui se trouve
sous son strict contrôle constitue une preuve circonstancielle très forte de sa
complicité. Le SEP invite instamment ses partisans au Sri Lanka et les lecteurs
du WSWS de par le monde à exiger que le gouvernement mène une enquête
urgente et sérieuse afin de localiser et de libérer les deux hommes.
Les lettres devront être adressées à :
Gotabhaya Rajapakse,
Secretary of Ministry of Defence,
15/5 Baladaksha Mawatha, Colombo 3, Sri Lanka
Fax: 009411 2541529
N. G. Punchihewa
Director of Complaints and Inquiries,
Sri Lanka Human Rights Commission,
No. 36, Kinsey Road,
Colombo 8, Sri Lanka
Fax: 009411 2694924
Prière de faire parvenir une copie de vos
lettres au Parti de l’égalité socialiste (Sri Lanka) et au World
Socialist Web Site.