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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne: le CWU trahit les postiers

Les militants de base doivent se mobiliser indépendamment de leur direction

Déclaration du Parti de l’égalité socialiste (Grande-Bretagne)
27 novembre 2007

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Le Parti de l’égalité socialiste appelle les postiers à rejeter l’accord concocté entre la direction de Royal Mail et le syndicat des postiers, Communication Workers Union (CWU), et à se mobiliser pour défendre leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de travail.

Cet accord est une gifle pour les 130 000 postiers qui se sont fortement mobilisés en perdant des journées de salaire pour sauvegarder leurs droits.

La question n’est pas seulement que l’accord implique un marchandage inégal et des compromis, le CWU a tout donné au Royal Mail, dans un accord global, en pleine connaissance des conséquences terribles qu’il aura sur les milliers d’emplois, les conditions de travail et les droits à la retraite tout en donnant le feu vert à une plus grande libéralisation de l’industrie.

La procédure de vote y représente un élément essentiel. Après avoir annulé une série de grèves tournantes au mois d’août, le CWU refait la même chose et recourt à présent à une longue période de « consultation » comme moyen de disperser ce qui était en train de se développer en un conflit politique explosif non seulement contre l’entreprise, mais aussi contre le gouvernement travailliste et les dirigeants syndicaux.

Ce que signifie l’accord

Le CWU affirme que les négociations ont garanti une augmentation de salaire de 6,9 pour cent durant 18 mois et réussi à « découpler » les droits à la retraite de l’accord proposé.

Mais le chiffre réel d’augmentation de salaire est tout juste de 5,4 pour cent sur deux ans. Le paiement supplémentaire de 1,5 pour cent inclus dans le chiffre précédent était lié à l’application d’une « flexibilité totale » supprimant les heures supplémentaires et laissant les postiers à la merci de la direction. Les horaires seront modifiés en fonction d’une sorte d’horaire flexible, journées courtes et journées longues, durant lequel les bureaux adaptent leurs heures d’ouverture au volume du courrier. Le paiement supplémentaire unique de 175 livres sterling (245 euros) est constitué grâce à l’argent déjà gagné par un système de bonus.

Le CWU a présentement engagé une consultation avec la direction sur des mesures pour la finalisation du système de retraite ouvert aux nouveaux embauchés et allonger l’âge du départ à la retraite à 65 ans. Les postiers partant encore à la retraite à 60 ans seront obligés d’accepter une réduction de leurs droits à la retraite tandis que Royal Mail a obtenu le droit d’appliquer un système à deux niveaux, ayant des conséquences terribles pour les travailleurs qui doivent soulever et porter de lourds sacs durant leurs tournées quotidiennes.

Le dirigeant CWU, Billy Hayes, a dit que la direction syndicale reconnaît que « l’accord n’est pas parfait », mais le syndicat est indifférent à l’impact que cela a pour ses membres. En ce qui le concerne, le seul but des grèves était de forcer Royal Mail à accepter le fait que la bureaucratie syndicale ait son mot à dire dans son programme de « modernisation ».

Le CWU se vante à présent d’avoir obtenu un accord « qui cimente notre rôle, une fois de plus, sur le lieu du travail et qui nous permette de négocier sur toutes les questions majeures qui se posent à nous. » Peu importe que la rémunération payée représente une réduction effective de salaire pour les travailleurs et leurs familles qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts avec les hypothèques et les dettes qui n’arrêtent pas de grimper. Et aussi que les modifications apportées à la retraite correspondent à un pillage légalisé de l’argent revenant de droit aux postiers. Le syndicat a dit qu’il considère les arrangements déjà existants comme « intenables » sans mentionner que ceci est en grande partie dû au fait que Royal Mail prend 17 ans de « vacances » dans le versement des cotisations.

De plus, le syndicat a effectivement accepté les nouveaux horaires d’ouverture des centres de tri qui avaient provoqué des grèves sauvages à Londres, en Écosse et dans le Nord-Est. Et rien n’a été dit sur ce qui va arriver aux postiers qui ont été licenciés ou suspendus durant le conflit.

Les groupes d’« extrême-gauche » et la campagne pour le « non »

Il est très possible que l’accord soit rejeté lors du vote dont les résultats seront communiqués après le 27 novembre. Plus de 30 sections ont déjà rejeté la proposition et des grèves ont été déclenchées à Carlisle, Oxford et en Écosse. Mais le rejet de cet accord global dérisoire n’est que le début. Des conclusions plus fondamentales doivent être tirées des expériences faites ces mois derniers.

L’accord confirme que même du point de vue des intérêts immédiats de ses membres, le CWU ne peut être considéré comme une organisation ouvrière dans un sens plus strict. Une opposition à l’accord doit être liée à une rébellion contre la bureaucratie syndicale et la formation de comités d’action pour organiser une offensive au moyen de grèves et d’actions politiques menées contre Royal Mail, le gouvernement travailliste et ses complices de la CWU.

Une telle lutte ne pourra se faire qu’en opposition à la campagne qui est actuellement organisée par des gens de gauche et des groupes d’« extrême-gauche » dont le but est de masquer la dégénérescence et la pourriture de l’ensemble de la bureaucratie syndicale.

C’est le Socialist Workers Party qui ouvre la voie. Après des mois d’éloges à l’adresse de Billy Hayes et de Dave Ward, les architectes de la trahison, pour avoir tenu bon à Royal Mail, le parti fait à présent tout son possible pour donner de la crédibilité aux cinq des 14 membres de la direction qui ont voté contre l’accord. Le Socialist Worker met la réalité « cul par-dessus tête » lorsqu’il affirme catégoriquement : « Nombreux sont ceux à la direction du syndicat qui reconnaissent que l’accord n’était vraiment pas à la hauteur de ce qui aurait pu être atteint », sans toutefois expliquer pourquoi la majorité l’a accepté ; puis le Socialist Worker exige que les « postiers partout en Grande-Bretagne acceptent de suivre leur direction et recourent au vote pour voter non. » (soulignement ajouté).

Ce que le SWP loue comme direction n’est rien moins qu’une attitude d’opposition dont le but est d’empêcher une rébellion contre la direction syndicale par des postiers écoeurés devant une trahison aussi évidente. Aucun des cinq qui ont dit non, n’a appelé à lutter contre leurs collègues bureaucrates. En effet, seul un membre de la direction, Dave Warren, a fait une déclaration publique sur l’accord.

Rien n’est plus révélateur du rôle du SWP comme laquais de la bureaucratie syndicale que les agissements de sa direction, la présidente du CWU, Jane Loftus. Le Socialist Worker informe ses lecteurs que Loftus a voté contre l’accord. S’il ne l’avait pas fait, les postiers n’en sauraient rien. Tout au long des semaines de grève, Loftus est littéralement restée silencieuse. Malgré sa position privilégiée qui la tient au courant des manœuvres des dirigeants syndicaux au plus haut niveau, elle n’a rien fait pour alerter les postiers de la trahison qui se tramait. Et, bien que votant contre l’accord, elle n’a émis aucun appel à l’adresse des postiers pour qu’ils fassent de même. Le SWP n’a nullement rendu compte du silence de Loftus.

Un autre dirigeant syndical qui a des liens avec un des groupes d’« extrême-gauche », Pete Keenlyside, a voté en faveur de l’accord. Le groupe Workers Liberty a dissimulé de la même façon la trahison de son sympathisant.

Pendant des années, le SWP a affirmé qu’une relance du mouvement ouvrier était tributaire de grèves combatives et de l’accession des « sympathisants d’extrême-gauche » et des « militants » à la direction des syndicats. Et pourtant, lorsque suite à une vaste hostilité à l’encontre de la bureaucratie syndicale en place, il réussit à accéder à une telle position, son influente représentante garde les mains dans les poches.

Les postiers sont en droit de demander au SWP pourquoi au juste ils devraient voter pour que ses membres intègrent des postes dirigeants si leurs actions ne diffèrent strictement pas de celles des membres qu’ils sont censés remplacer ? Au lieu de transformer le syndicat en une organisation de combat, ce sont ces sympathisants de l’« extrême-gauche » qui ont été désignés pour rejoindre la bureaucratie et qui placent leur propre position et leurs privilèges non négligeables avant toute défense des membres du syndicat.

Le SWP même ne considère pas qu’il est de son devoir d’organiser une lutte politique contre la bureaucratie syndicale. Il est hostile à une telle lutte. Il affirme que le principal problème qui se pose au syndicat est qu’il continue de verser une contribution politique au Parti travailliste sans rien recevoir en retour et en appelle au syndicat pour instituer « un contrôle démocratique plus grand du financement politique. »

Des affirmations identiques sont faites par tous les groupes d’« extrême-gauche » qui participent à la campagne du « non ». Mais, derrière leur verbiage de gauche et leurs appels à l’action, leur campagne se base sur le principe que les travailleurs doivent se limiter à essayer de contenir la collaboration de classe des dirigeants syndicaux de haut niveau.

Le Socialist Party déclare que le rejet de l’offre « enverra un signal clair » disant que les postiers « n’accepteront pas ces attaques » alors que Workers Liberty déclare que même si le vote ne « réussit pas à rejeter l’accord, la campagne du Non pourrait créer les conditions pour un nouveau réseau CWU de militants de base qui pourrait mettre un frein à d’autres reculades. »

Le Parti travailliste est une organisation droitière du patronat dont la seule préoccupation consiste à trouver le moyen de véhiculer dans la politique du gouvernement les besoins des groupes transnationaux et des super riches, ainsi qu’à appliquer celle-ci à la population. C’est sous les travaillistes que les plus grandes avancées avaient été faites dans le processus de privatisation des services postaux. Conformément à la dérégulation des services postaux partout en Europe, elle vise à transformer l’industrie postale britannique en une vache à lait pour les actionnaires de la City de Londres et ce aux dépens des emplois et des conditions de travail des travailleurs.

Dans l’ensemble du secteur public, les travaillistes ont transféré des services vitaux vers des entreprises privées tout en imposant un gel des salaires affectant des centaines de milliers de travailleurs, en plus des réductions d’emplois et d’autres attaques à l’encontre des conditions de vie. La défense du niveau de vie des travailleurs est intégralement liée à une lutte politique contre le Parti travailliste.

Mais la relation entre les syndicats et le Parti travailliste n’est nullement antagoniste comme l’affirme l’« extrême-gauche », mais c’est une relation de dépendance mutuelle. En Grande-Bretagne, plus que partout ailleurs, le Parti travailliste avait été créé par les syndicats. Tous deux avaient pour perspective de favoriser la sauvegarde de réformes limitées en s’opposant à une lutte socialiste contre le système capitaliste de profit.

Antérieurement, cette perspective semblait porter ses fruits ; incarnée par l’étatisation de l’industrie et la création de l’État providence, mais seulement au prix de trahisons majeures quand les intérêts fondamentaux du capital étaient menacés, comme cela avait été le cas pour l’annulation de la grève générale de 1926.

Toutefois, la viabilité du réformisme et du syndicalisme, était tributaire de l’Etat nation fonctionnant comme l’unité de base de la vie économique, ainsi que de la volonté de la classe dirigeante de faire des concessions dans l’intérêt du maintien de la paix sociale. Tout ceci a changé de façon irrévocable au cours de ces deux dernières décennies.

Aujourd’hui, la production est organisée mondialement, elle est placée sous le contrôle d’une poignée de banques, de gros groupes et de super riches qui monopolisent et dictent la vie économique et sociale de milliards d’êtres humains de par le globe. Sous des conditions d’une concurrence internationale acharnée, l’engagement à vie à la fois du Parti travailliste et des syndicats au système de profit capitaliste a fait que ces organisations ont été transformées en instrument politique au service du patronat pour l’application de mesures qui paupérisent, de fait, la classe ouvrière en la privant de ses droits.

Comment aller de l’avant ?

Aucune lutte efficace ne peut être organisée sans que cette transformation qualitative des relations qui existent entre les vieilles organisations travaillistes et la population laborieuse, ne soit consciemment assimilée et pour devenir la base d’une nouvelle offensive de classe.

Il n’y a pas doute qu’une action combative peut et doit être organisée. Un appel au soutien, lancé par les postiers, serait fortement soutenu notamment dans le secteur public où des centaines de milliers d’emplois sont menacés et où un gel des salaires a été imposé. C’est précisément parce que les questions se trouvant au centre du conflit des postiers concernent les travailleurs partout en Grande-Bretagne et pourraient amorcer une vaste résistance contre le gouvernement Brown, que le CWU a annulé la grève. De manière tout aussi significative, on assiste actuellement dans les grands centres européens tels Paris et Berlin à des grèves quasi continuelles, chez les conducteurs de trains et les employés du secteur public, au moment où les travailleurs s’efforcent de résister sur le plan international à l’offensive menée par le patronat contre leurs emplois, leurs salaires et leurs conditions de vie.

Ceci fournit une base sociale considérable à la formation de comités d’action de par les frontières nationales et indépendants des bureaucraties syndicales. Mais, une telle action ne peut réussir que si elle est liée à une nouvelle stratégie politique, une stratégie qui part du besoin urgent de construire un nouveau parti socialiste de masse.

Les travailleurs doivent rejeter l’affirmation selon laquelle il n’est économiquement pas possible de garantir des emplois au salaire décent et un service public qui soit de propriété publique. Lorsqu’il est question des intérêts de la classe qu’il représente, le gouvernement n’a pas hésité à dépenser des milliards pour voler au secours de la banque Northern Rock ou pour financer des guerres de conquêtes impérialistes comme en Irak et en Afghanistan.

Les intérêts des travailleurs ne sont pas compatibles avec le système de profit qui est plongé dans une grave crise. Seul le développement d’une économie socialiste planifiée qui place les besoins sociaux avant la cupidité privée, peut subvenir aux besoins des travailleurs et de leurs familles.

(Article original paru le 17 novembre 2007)


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