wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

5000 manifestants dans les rues de Strasbourg pour protester contre Sarkozy

Par nos correspondants
22 novembre 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Strasbourg, le 20 novembre 2007 : une manifestation animée et colorée rassemblant plus de 5000 personnes a défilé dans la capitale alsacienne de la Place de la Bourse à la Place de la République. Les salariés de la fonction publique, du service public, des écoles maternelles, des enseignants et des professeurs, des chercheurs, des bibliothécaires, des employés du trésor public, des pompiers et des employés des hôpitaux universitaires avaient cessé le travail cette journée.


La manifestation à Strasbourg

Tous protestaient contre le programme économique du président Nicolas Sarkozy, contre la perte du pouvoir d’achat, la suppression des emplois et contre la privatisation croissante. Les manifestants étaient soutenus par une délégation d’environ 500 étudiants qui étaient venus avec leurs pancartes confectionnées à la main. Etait également présente une délégation de travailleurs de l’automobile de General Motors (Strasbourg).

Les messages affichés sur les banderoles et les pancartes touchaient des thèmes centraux tels l’éducation, la retraite et les salaires. On pouvait y lire « Non à la casse du service public ! », « Contre le Sarkozysme ! », « Arnault : 27.000 SMIC annuels en 1 an : Travaillez plus pour faire gagner plus ? L’exploitation (r)appelle la résistance !!! »

Un texte a rappelé en mémoire que jusqu’en 2003, les régimes spéciaux s’appliquaient à une vaste couche de travailleurs du service public en disant notamment « Retraites : retour à 37 pour tous ! » Un autre disait « Sauvons notre régime de retraite par répartition – stop au hold-up des régimes spéciaux » ; « public – privé : nous sommes tous des régimes spéciaux. »

D’autres encore exprimaient leur colère et leur indignation face à la situation sur le lieu de travail en exigeant par exemple « Des emplois, des moyens pour la recherche publique » ou bien « Je travaille, tu travailles, il travaille – et ils profitent ! », en allusion aux promesses électorales de Sarkozy « travailler plus pour gagner plus ».

D’autres encore ont fait référence à la crise de l’éducation dans les écoles : « Une qualité d’enseignement – un avenir pour nos enfants – non à la suppression d’emplois » ; « enfants en grève, + d’effectif dans les écoles! » Et les étudiants revendiquant : « Non à la sélection par l’argent ! »; « Priorité à l’éducation ». Une jeune femme portait une pancarte disant « Etudiant à vendre ! », le texte d’une autre pancarte était : « Les frais d’inscription, c’est comme l’essence, c’est cher et ça fout le feu »

« On ne peut pas continuer ainsi »

Une équipe de reporters du WSWS a distribué un tract intitulé « Les travailleurs ont besoin d’une nouvelle stratégie politique » et ont discuté des questions politiques avec de nombreux manifestants. Les principales préoccupations concernaient les conditions sociales pourries et les attaques contre les retraites.

Michel, un employé de la Direction départementale de l’Equipement (DDE) d’Alsace et syndiqué FO, a décrit les conséquences de la politique gouvernementale sur son travail : « Depuis les années 1980 on a environ 20 pour cent de perte de pouvoir d’achat. On nous annonce les indices de l’Insee, c’est n’importe quoi, parce qu’une fois payés le carburant, le chauffage et le loyer, il ne reste plus rien à la paye. On a des jeunes qui commencent avec 900 euros. Ils doivent avoir le permis poids lourd, etc. et quand ils ont payé le loyer, ils ont du mal à joindre les deux bouts.


Michel, employé de la DDE

« J’espère qu’il y aura une forte mobilisation aujourd’hui parce que ça ne va plus. Avec le gouvernement Sarkozy, tout augmente, sauf la paye, bon, à part la sienne qui a augmenté de 6600 euros à 20.000 euros.

« J’ai avec moi des collègues de travail, des inspecteurs de permis de conduire, tôt ou tard ce sera privatisé comme dans le cas de la DRIRE (contrôle des poids lourds). Ce travail avait toujours été fait par des fonctionnaires et on n’aurait jamais cru que ça allait être privatisé un jour. On nous a déjà annoncé des réductions de l’ordre de 22.000 fonctionnaires pour 2008 tout en nous disant qu’il faut redresser le budget de la France. Mais moi, je peux prédire dès à présent que le nombre de fonctionnaires va diminuer fortement, mais on continuera de payer tout autant d’impôts. Je pense qu’on retrouve en ce moment au niveau de l’Europe les mêmes problèmes et c’est pourquoi s’il y a des trains qui vont de Paris jusqu’au fin fond de l’Allemagne, ils ne devraient aller nulle part. Il faudrait s’organiser au niveau international. »

Joël était venu avec un groupe de collègues de travail : ils sont enseignants français à Villingen en Forêt Noire. « Nous sommes venus ici manifester. Même si nous avons des conditions de travail qui sont excellentes, nous n’oublions pas nos collègues en France et puis un jour nous reviendrons travailler en France et aussi y passer notre retraite. Nous venons manifester notre solidarité. »


Joël, à droite

Joël a fait savoir que dans le Bade-Wurtemberg les cheminots de la Deutsche Bahn n’étaient pas les seuls à faire grève mais que des salariés de la chaîne de supermarché Real (du groupe allemande Metro) avaient également débrayé. Il a poursuivi en disant : « Si on accepte le principe de l’Europe, il n’y a pas de problème, nous sommes tous des travailleurs européens. »

Henri Queisser, un pompier du département du Bas-Rhin a expliqué avoir obtenu sa dernière augmentation de salaire en février dernier et qu’elle était tout juste de 0,8 pour cent. « Ca ne prend même pas en charge l’augmentation annuelle du coût de la vie », a-t-il ajouté. « Avant 2003, notre retraite était à 37,5 ans de cotisation et depuis 2003, la retraite pour les pompiers professionnels, donc de la fonction publique, est passée à 40 annuités. Maintenant il est prévu qu’en 2012 on l’augmente à 41 annuités et ainsi de suite pour arriver en 2050 à 45 annuités. Et nous, on ne veut pas avoir des pompiers de 65 ans qui sont encore au travail. »


Henri, au centre

Nombreux étaient ceux qui n’étaient pas d’accord avec les directions syndicales qui tiennent à séparer bien soigneusement les différentes luttes les unes des autres. Quelques jours avant cette journée d’action, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, avait fait savoir que « S’il y a un mélange des mouvements entre régimes spéciaux, les fonctionnaires et je ne sais qui encore, on se réserve le droit de se retirer [du mouvement de grève]. » Le but évident étant d’isoler le mouvement de grève des cheminots.

Alain (au milieu de la photo), est délégué syndical CGT et travaille au CCAS (Centre communal d’action sociale) de la ville de Strasbourg. Il a dit que la manière de procéder des directions syndicales consistait à « saucissonner » les grèves : « On dit que ce n’est pas la même lutte, on prend tout par petit élément et c’est une façon de monter les uns contre les autres. »


Alain, au centre

Alain est confronté tous les jours aux conséquences de la politique néo-libérale. Il a expliqué qu’il « accueille tous les jours des personnes en grande précarité, des non-droits, des sans-droits, des sans domicile fixe (sdf). Je suis solidaire avec les camarades allemands et tous les camarades d’Europe qui luttent. En ce moment, ce qui se passe, c’est anormal. Au lieu qu’on nivelle par le haut, on cherche des soi-disant "privilèges" et on nivelle par le bas. On nous dit, voilà les privilégiés et on nous montre du doigt les uns les autres.

« J’aimerais bien qu’on parle de ceux qui ont bénéficié du bouclier fiscal, les 2200 familles qui se partagent je ne sais combien de millions d’euros et tous les autres qui n’ont rien eu du tout. Pour le moment on a commencé par attaquer nos camarades de la SNCF et en 2008, ce sera notre tour et si eux ils cèdent, nous on se fera bouffer. C’est la même lutte, ça nous concerne tous, on ne fait pas de partage. »

Les étudiants aussi étaient venus dans un effort de rompre l’isolement des différentes luttes maintenues par les dirigeants syndicaux.


François, représentant étudiant

François, est le représentant élu par les étudiants de l’Université des lettres et sciences humaines Marc Bloch de Strasbourg. Il a expliqué que « durant les Assemblées générales (AG) qui ont été faites à vote démocratique, donc par des personnes mobilisées, on a voté le raccord du mouvement étudiant à tous les mouvements de combat, de cheminots, de tous les fonctionnaires de l’Etat qui se battent pour la retraite ou quoi que ce soit, on a voté cela en se disant que de toute façon c’est une casse du service public, donc la casse de l’université et du système des universités et qui est le reflet de toute la casse du service public qui a lieu en ce moment même. C’est pourquoi tous les étudiants sont solidaires et qu’on est là aujourd’hui. »

On peut déduire de son commentaire que les étudiants de son université ont adopté une attitude différente de celle de la direction nationale de l’Unef (Union nationale des étudiants de France) face à la nouvelle Loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU), rédigée par Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement supérieur. François a expliqué qu’ici « A Strasbourg, on se bat pour nos master, beaucoup sont supprimés, c’est assez propre à Strasbourg. La Loi Pécresse, elle, permet tout ce système de suppression des master pour les remplacer par d’autres master dit « rentables ». Toutes les sciences humaines sont concernées principalement, mais aussi énormément d’étudiants et de chercheurs. Certaines recherches qui sont estimées non rentables pour l’Etat, qui ne rapportent pas de sous, vont être supprimées alors qu’elles sont nécessaires. On se bat pour la défense du lieu intellectuel qu’est l’université en disant que ce n’est pas un lieu qui doit être rentable. C’est un lieu où la connaissance doit prévaloir. »

François nous a expliqué qu’ils ont déjà pris contact avec des étudiants allemands de Fribourg qui apparemment se mobilisent aussi. « On a dit qu’on se rejoint à tous les mouvements étudiants et ça peut aller jusqu’à l’international. »

François Bonnarel, est un responsable de la section de la CGT au Centre national de la Recherche scientifique (CNRS) de Strasbourg. Il récapitule les attaques subies par le CNRS ces dernières années : « Depuis plusieurs années, le système de recherche français est révolutionné de façon libérale par les gouvernements successifs, Raffarin, Villepin, Sarkozy/Fillon. Mais à l’époque d’Allègre [ministre de l’Education nationale, de la Recherche et de la Technologie dans le gouvernement de Lionel Jospin], les premières bases avaient été placées de cette révolution. Il y a eu un accélérateur formidable à partir de 2003 avec Raffarin.

« Aujourd’hui, on libéralise aussi la gestion des universités, on les fait passer à l’autofinancement tout en les faisant diriger par des hyper présidents qui ont beaucoup de pouvoir et très peu de contre-pouvoir face à eux. La fameuse loi dite LRU contre laquelle se mobilisent les étudiants, elle a aussi des conséquences pour les agents du CNRS puisque dans le cadre de cette loi on prévoit que les nouvelles universités qui ne sont pas celles que nous avons jusqu’à présent, auront une grosse partie du pouvoir sur les laboratoires de recherche.

« Au-delà de cela, je pense que la politique actuelle se caractérise par une attaque contre tout ce qui est droits des salariés, tout ce qui est service public, tout ce qui reste de ce qui avait été obtenu en particulier après la Deuxième Guerre mondiale, dans une période où les salariés, la population avait obtenu dans une mixité public/privé un grand nombre d’avantages et un fonctionnement assez collectivisé, Tout ça c’est détruit au nom évidemment d’une reconquête par le capitaliste de tout ce qu’il avait dû concéder à une époque au 20ème siècle. Donc, Sarkozy est là pour cela et il met cela en place de façon extrêmement méthodique, extrêmement violente aussi. Bref, c’est un travail de démolition sociale du servie public. »

Les reporters du WSWS ont demandé aux manifestants présents ce qu’ils pensaient de la grève des conducteurs de train en Allemagne. Nombreux étaient ceux à leur manifester un soutien spontané mais nombreux étaient ceux qui n’étaient absolument pas informés sur cette grève. « Je ne suis pas au courant qu’il y a une grève des cheminots en Allemagne, » a dit Marie Félicienne qui travaille pour la ville de Strasbourg. « Je sais qu’il y a la grève partout en France mais les informations que je regarde sur TF1 et Antenne 2 n’en ont pas parlé. »

Ce rôle, joué par les médias a également été confirmé par Olivier, un journaliste qui travaille pour une télé étudiante à Strasbourg. Olivier a dit : « Je dois dire que je n’ai pas été informé d’une grève en Allemagne quelle qu’elle soit. Les médias sont assez centrés sur ce qui se passe en France en ce moment, c’est peut-être pour cela. »

Michel, l’employé de la DDE, déjà cité, soutient les cheminots allemands. Il a dit : « Cela rejoint les problèmes qu’il y a en France. Et je pense que là-bas c’est pareil. On voit ce que cela avait donné à l’époque en Angleterre quand ils ont privatisé l’équivalent de la SNCF. Quand tout était foutu, quand les rails étaient foutus, c’est l’Etat qui a dû refaire tous les travaux. » Se référant aux nombreux accidents qui sont arrivés il a dit : « C’est pas par hasard que tout cela arrive, on voit ce qui est en train de venir. »


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés