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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Les étudiants se mobilisent contre la réforme des universités

Par Kumaran Rahul
14 novembre 2007

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Jeudi 8 novembre, un millier d’étudiants des universités de Paris ont participé à une manifestation pour protester contre la réforme de l’université appelée Loi Pécresse (du nom de la ministre de l’Enseignement supérieur) ou LRU (Loi relative aux libertés et responsabilités des universités, connue aussi sous le nom de Loi sur l’autonomie des universités.)

Ils ont défilé de la Place de la Bastille au ministère de l’Enseignement supérieur situé dans le Quartier latin. Sur leurs banderoles on pouvait lire « Contre la privatisation de l’enseignement », « Demain étudier c’est s’endetter sur dix ans », « La culture coûte cher, pas autant que l’inculture. » Des sympathisants du World Socialist Web Site ont distribué des tracts de la déclaration La lutte contre Sarkozy nécessite une nouvelle perspective politique et de l’article La loi sur les universités ouvre la voie à la privatisation.

Le même jour, d’autres manifestations étaient organisées dans d’autres villes de France, à Rennes, Toulouse, Lille, Perpignan, Aix-en-Provence, Caen, Nancy et d’autres encore. Sur les banderoles des différentes manifestations on trouvait des slogans comme « CPE on t’a eu, Pécresse on t’aura » (une référence au mouvement de 2006 contre le Contrat première embauche et Valérie Pécresse, la ministre de l’Enseignement supérieur), « Retrait de la loi Pécresse, solidarité étudiants travailleurs », « Avec la loi Pécresse, université en détresse. »

Des protestations et des blocages se développent dans tout le pays. Plus de 50 universités sur 84 ont tenu des assemblées générales et 30 environ ont voté pour l’abrogation de la loi.

La loi, adoptée par le Parlement en août dernier, accorde aux universités une plus grande autonomie pour la gestion des biens et du budget, le recrutement du personnel, l’élaboration du cursus universitaire, la création de partenariat avec les entreprises et la recherche de financement supplémentaire auprès de sociétés privées de financement. Elle donne aussi des pouvoirs spéciaux aux directeurs d’université.

La manifestation parisienne était organisée par le Collectif contre l’autonomie des universités (CCAU) qui comprend la Fédération syndicale étudiante (FSE), l’Union des étudiants communistes (UEC), les Jeunesses communistes (JC) et la section jeunesse de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Quelques militants de l’UNEF (Union nationale des étudiants de France (principal syndicat étudiant proche du Parti socialiste) ont pris part à la manifestation. Il y avait aussi des professeurs d’université.

Les manifestants dénonçaient la privatisation de l’enseignement supérieur, le risque de diktats imposés par les entreprises privées, l’augmentation des frais d’inscription et l’aggravation des inégalités sociales. Ils exprimaient la crainte que l’intégration des entreprises privées dans les conseils d’administration et leur financement des universités fassent qu’ils ne financent que les matières orientées vers les besoins des entreprises. Cela signifie que les cours de littérature, d’histoire, de sociologie, etc. risquent de ne pas être financés et d’être supprimés.

D’après Libération du 9 novembre, « Dans certaines universités, le mouvement avait par ailleurs été amorcé au printemps, lors des négociations autour du projet de loi sur l'autonomie des universités. Il avait été stoppé durant l'été. Il a été récemment boosté par la dégradation du climat social, avec la grève des transports du 18 octobre. »

Pour le gouvernement, il s'agit d'un mouvement essentiellement politique, fomenté par l'extrême gauche qui poursuit ses propres objectifs au détriment des intérêts des étudiants.  Les administrations universitaires pensent comme Sarkozy. Selon Jean-Pierre Finance, premier vice-président de la Conférence des présidents d'universités, des petits groupes d'étudiants d'extrême gauche « profitent de la tension sociale actuelle pour sortir du bois et mobiliser les étudiants. S'y agrègent des étudiants qui vivent mal la distance très grande existant entre les annonces de réforme du gouvernement et leur vécu quotidien… »

Valérie Pécresse a rencontré les syndicats étudiants les 7 et 8 novembre pour des pourparlers. Elle leur a rappelé que la loi avait été négociée et qu’il était hors de question de la modifier. Sur la question du logement, elle a soutenu un amendement du député du parti au pouvoir l’UMP (Union pour un mouvement populaire) Laurent Hénart qui a proposé une rallonge de 11 millions d’euros dans le projet de budget 2008.

A la fin de la réunion avec Pécresse mercredi 7 novembre, Bruno Julliard, dirigeant de l’UNEF et proche partenaire du Parti socialiste a déclaré que cette proposition de rallonge était « une concession claire à la mobilisation ».  Il a dit à la presse que ce financement supplémentaire était « de bon augure», quoique « insuffisant. » Il a ajouté, « La première leçon que je tire, c'est que les étudiants ont raison de se mobiliser. Ils doivent poursuivre et amplifier la mobilisation pour obtenir d'autres concessions. »

Ceci représente un changement perceptible de la position de l’UNEF. Lorsque la loi avait été adoptée au parlement, l’UNEF s’en était accommodé. Ils ne s’y sont pas opposés. Julliard avait dit, « L'abrogation de la loi semble inatteignable, surtout qu'elle ne peut mobiliser à elle seule les étudiant »  L'UNEF a dénoncé l'excès de fermeté, craignant qu'elle pousse a une radicalisation.

Accorder une plus grande autonomie aux universités fait partie de la Stratégie de Lisbonne entreprise par l’Union européenne à Lisbonne en mars 2000 « pour faire de l’Europe, d’ici 2010, une économie basée sur le savoir qui soit la plus compétitive et la plus dynamique au monde ». Une telle réforme est un objectif de longue date de la bourgeoisie de l’Union européenne et a déjà été mise en place dans de nombreux pays de l’Union européenne.

Le souci principal des milieux d’affaires français est que la France a pris du retard pour faire de telles réformes lui permettant de devenir compétitive dans une économie mondiale basée sur le savoir. Ils affirment que faire une telle réforme est cruciale pour le capitalisme français qui est à la traîne de ses rivaux.

Devant la montée de la vague d’opposition se développant contre sa politique, Sarkozy insiste pour dire qu’il poursuivra son programme de réformes. « Il ne faut pas vous inquiéter », Sarkozy a dit, mardi 6 novembre à Washington, aux grands patrons français et américains du French-American Business Council. « La France a trop reculé par le passé, elle ne peut plus reculer. »

Le Parti socialiste n’a apporté aucun soutien aux protestations des étudiants et sa position est similaire à celle de l’UNEF. Il exprime son soutien au principe de la loi et se concentre sur la question qui divise le plus, à savoir celle des blocages. Le quotidien conservateur Le Figaro du 9 novembre cite Antoine Détourné du MJS (Mouvement des jeunes socialistes) : « Les blocages d'université peuvent être un moyen d'amplifier un mouvement, mais aujourd'hui ce n'est pas forcément en bloquant une université qu'on peut convaincre les étudiants. »

En fait, des actions spectaculaires comme les blocages d’universités – qui est dans ce cas précis une fausse intransigeance imposée par des anarchistes et des gauchistes petits-bourgeois – portent préjudice à un vrai débat sur les perspectives politiques nécessaires aux étudiants et aux travailleurs pour surmonter l’offensive de la bourgeoisie française et européenne contre leurs droits et leur niveau de vie.

Les étudiants se retrouvent impréparés politiquement, et isolés par leurs syndicats. Tous les syndicats étudiants, ainsi que le Parti communiste et la Ligue communiste révolutionnaire, soutiennent les blocages et limitent le mouvement à l’abrogation de la LRU. Les questions politiques sont enfouies sous la conception qu’il est possible de faire pression sur le gouvernement pour qu’il fasse des concessions sur tel ou tel élément de son programme d’ensemble, d’où le slogan : « C’est dans la rue que tout se joue. »

L’année dernière, les syndicats avaient agi pour étouffer et contenir la lutte contre le Contrat première embauche (CPE) qui était devenue une confrontation directe avec le premier ministre de l’époque, Dominique de Villepin. Ils l’avaient limitée à la question unique du CPE et avaient ainsi évité de combattre les efforts du gouvernement à détruire les droits démocratiques et sociaux. C’est ainsi qu’ils ont ouvert la voie à l’élection de Sarkozy et à son gouvernement et à l’accélération actuelle de l’offensive gouvernementale contre les travailleurs et les jeunes.


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