Voici la
communication faite par Tania Baptist, candidate du PES, lors du lancement
officiel de la campagne électorale du Parti de l'égalité socialiste à Melbourne
dimanche dernier. Les candidats Will Marshall (pour Melbourne) et Frank Gaglioti
(pour Calwell) s'y sont aussi exprimés. Nick Beams, secrétaire national du PES
et candidat au Sénat dans l'état de Nouvelle-Galles du Sud y était le principal
intervenant. Son allocution est reproduite ici (en
anglais).
Étant relativement
nouvelle au PES et, plus généralement, en politique, j'ai été sollicitée par le
parti pour vous parler des expériences que j'ai traversées, et de l'évolution
qui m'a amenée, d'abord à rejoindre le parti, puis à me présenter comme
candidate au Sénat dans cette élection.
Cela me semble un
peu égocentrique de parler de moi quand d'autres membres du parti parlent
d'événements de l'histoire mondiale. Mais mes expériences sont importantes en
ce qu'elles reflètent les expériences que traversent des millions de gens de
par le monde, et qu'elles soulignent le rôle significatif du parti dans la
clarification de ces expériences et son influence sur les conclusions qui en
sont tirées.
Être activement engagée
en politique est quelque chose que je n'aurais jamais pensé faire avant. J'avais
des opinions sur les sujets politiques, mais je les considérais généralement
d'une manière fragmentée. La politique ne me semblait pas reliée à ma vie,
l'activité politique était pour les autres. Je n'ai jamais ressenti le besoin
d'être activement engagée, ou considéré que ma contribution était nécessaire ou
importante. De même, la plupart des politiciens que j'avais vus ne m'attiraient
pas vers la politique.
Je n'aurais
certainement jamais cru que je me présenterais à une élection fédérale. Je ne
suis pas vraiment à l'aise ou loquace en public — en fait, je préfère me
fondre dans le décor.
Malgré tout cela,
j'ai été poussée vers la politique par les événements.
En quelques années,
je suis devenue de plus en plus consciente et inquiète de ce qui se passait
dans le monde — la pauvreté, l'environnement, la question des droits de
l'Homme, etc. J'ai fait de petites choses, comme parrainer un enfant en Afrique
et donner régulièrement à Amnesty International. En même temps, je suis devenue
plus consciente politiquement, et de plus en plus écœurée par l'attitude
des principaux partis sur la plupart des questions. Tout au long de cette
période, je me suis intéressée aux autres partis et j'ai commencé à voter pour
les Verts en pensant qu'ils étaient une sorte d'alternative.
Les attaques du 11
septembre furent une vraie révélation pour moi, comme elles le furent pour
beaucoup de gens. La réponse des dirigeants politiques dans le monde entier m’a
semblé complètement irrationnelle. Aucune tentative n'était faite pour
envisager ou comprendre les conditions qui pouvaient mener des jeunes hommes à propulser
un avion contre des immeubles, en se tuant eux-mêmes et des milliers d'autres
– c'est quelque chose de significatif pour quelqu'un de croire qu'il doit
faire cela. Au contraire, on donnait l'explication facile qu'il y a le bien et
le mal, et que des gens mauvais voulaient détruire notre « mode de vie ».
Pendant les préparatifs
de la guerre en Irak, il était évident pour moi qu'il n'y avait pas d'armes de
destruction massive, ni aucune connexion avec al-Qaïda ou le 11-Septembre. Quel
que soit le problème concernant Saddam Hussein, il ne semblait y avoir aucune
raison valable pour envahir un pays au mépris du droit international.
Maintenant, cela me semble bête, mais avant l'invasion je ne croyais pas qu'ils
le feraient pour de bon. Je m'imaginais qu'ils recouvreraient la raison.
L'invasion de
l'Irak fut un tournant pour moi. Je fus d'abord abasourdie, puis je devins furieuse. Je
me mis à envoyer des courriers rageurs au Melbourne Age (un journal
local). Je ne sais pas en quoi j'imaginais faire avancer les choses, mais
j'avais besoin, d'une manière ou d'une autre, d'exprimer mon dégoût de la
montagne de mensonges qui nous avait été servie à propos de la guerre et de tout
le reste, et du massacre criant accompli, contre ma volonté, pour défendre
notre soi-disant mode de vie démocratique.
Comme l'occupation
se prolongeait, j'ai senti que je devais faire quelque chose de plus concret
pour arrêter la guerre. Quand j'y repense, je vois que c'était une période de
confusion. Comme beaucoup de gens, je pensais que nous devions nous débarrasser
de Howard. D'une certaine manière, je ne considérais pas le vote pour les
travaillistes comme une option. Mark Latham avait lâché son mot d'ordre « les
troupes hors d'Irak pour Noël », mais il n'était pas convaincant du tout.
Je lisais le site web des Verts, leur politique semblait raisonnable et ils
semblaient s'opposer à la guerre. Alors je les ai rejoints quelques mois avant
les élections fédérales de 2004. Je ne sais pas trop ce que j’attendais
de voir se produire, mais l'idée d'envoyer un signal était très encouragée.
Lorsque Howard a
été réélu, j'ai été extrêmement découragée, comme beaucoup d'opposants à la
guerre et à tous ses autres actes criminels. Quelques semaines plus tard, j'ai
rencontré un partisan du Parti de l'égalité socialiste qui m'a dit, en des
termes très clairs, que je devais abandonner mes illusions quant aux Verts, et
qui m'a présenté une analyse des perspectives de ce parti et du rôle qu'ils
jouent. Il parlait du prolétariat, de Trotsky, de l'analyse scientifique du capitalisme,
de la Révolution russe, du marxisme. Bien sûr je n'avais pratiquement aucune
connaissance, aucune compréhension de toutes ces choses. Finalement, je lui ai
demandé s'il y avait un site web. Le lendemain, je suis allée consulter le
site, en espérant être capable de rejeter ses arguments et de débattre avec lui
la prochaine fois. Mes précédents contacts avec des socialistes ne m'avaient
pas précisément impressionnée.
Cependant, ce
n'était pas si facile de rejeter d’un revers de main le World Socialist
Web Site. Pour commencer, j'essayai d'y trouver des lacunes, mais je me
rendis vite compte que je ne connaissais quasiment rien sur le monde et l'histoire,
et que ces gens étaient, pour le moins, extrêmement bien informés et rigoureux.
Au premier abord, l'analyse allait à l’encontre de mes idées, et était même
déconcertante par certains aspects, mais j'étais impressionnée par la profondeur
des informations proposées et par la qualité de l’écriture. Je ne
m’étais jamais rendue compte qu’une étude aussi systématique et
complète du monde avait été faite, ou qu’il soit possible de le faire.
J'ai commencé à lire le site tous les jours, pratiquement chaque article, et je
me suis aussi plongée dans les archives. J'en suis venue à comprendre que les
nouvelles diffusées par les médias grand public sont complètement inadéquates et
biaisées. Chaque fois qu'un événement se produisait, j'attendais avec
impatience d’apprendre par le WSWS le fond de l’affaire et
d’avoir aussi leur perspective.
Petit à petit j'ai
été convaincue par l'analyse selon laquelle les problèmes qui nous sont posés
ne sont pas des questions isolées, mais sont toutes causées par le système capitaliste
et la ruée perpétuelle vers toujours plus de profits, et que le seul moyen de
les résoudre est de réorganiser la société sur la base des besoins humains, et
non du profit. Comme je lisais de plus en plus, il devint plus clair pour moi
que ce ne pouvait être mené à bien que par une classe ouvrière internationale
qui soit consciente de ses tâches, et que le WSWS y œuvrait, par
l'éducation via le site. Il apparaissait clairement, et c'était répété encore
et encore sur le site, que l'une des tâches les plus importantes était de
construire un parti de masse politiquement indépendant de tous les autres
– lesquels étaient essentiellement des soutiens du système capitaliste.
La conséquence inéluctable de tout cela était que, en tant que membre de la
classe ouvrière, je devais participer à la construction du Parti de l'égalité socialiste.
Bien que la classe
ouvrière internationale soit poussée par la crise du capitalisme vers une
situation révolutionnaire, une révolution socialiste ne se produira pas sans l'intervention
consciente des travailleurs, organisés et préparés à l’avance
à tirer parti des événements. Il faut construire le parti maintenant. Cela ne
peut pas attendre. Ceux d'entre nous qui lisent le site et sont d'accord avec
le programme et la perspective ont la responsabilité de construire le parti. Si
nous ne le comprenons pas pleinement, alors il est de notre responsabilité
d’apprendre davantage. Si nous ne le faisons pas, qui d'autre le fera ?
Il y a maintes
raisons pour lesquelles j'aurais pu choisir de ne pas rejoindre le parti, et de
ne pas me présenter comme candidate. Je n'en sais pas assez, je n'ai pas assez
confiance en moi, je ne suis pas assez éloquente, je n'ai pas le temps. Mais en
fin de compte, ces obstacles pressentis ne sont pas seulement mes faiblesses
personnelles. Nous avons tous, à des degrés divers, ces mêmes obstacles. Ce
sont les produits d'un système qui exclut résolument les travailleurs de la vie
politique. S'appliquer résolument à les surmonter au cours de la construction du
parti est le seul moyen de bâtir le socialisme. C'est pour cela que je me
présente en tant que candidate aux élections sénatoriales pour le Parti de l'égalité
socialiste, et je vous incite tous à étudier sérieusement le programme et les
perspectives du parti et à participer à notre campagne électorale aussi
pleinement qu’il vous est possible de le faire.
Autorisé par N. Beams,
100B Sydenham Rd, Marrickville, NSW