wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le gouvernement irlandais prévoit des restrictions budgétaires et des licenciements

Par Jordan Shilton
21 août 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Un article publié le 27 juillet dans le Sunday Business Post révèle que le gouvernement irlandais va lancer pour les mois à venir un rigoureux plan de réduction des dépenses publiques. L’article, écrit par le journaliste politique Pat Leahy, se basait sur un mémoire gouvernemental divulgué à la presse et qui instruisait chaque service du gouvernement irlandais d’identifier les projets dont les coûts dépassent 10 millions d’euros et susceptibles d’être ajournés.

La révélation était loin d’être une surprise. L’Irlande a été touchée ces derniers mois par le déclin économique mondial et une récession imminente après une longue période d’expansion économique. Les finances gouvernementales ont souffert suite à une baisse des recettes fiscales évaluée à 4 milliards d’euros et résultant d’une stagnation dans l’ensemble des secteurs, mais tout particulièrement dans le bâtiment et l’immobilier. En général, s’attend à ce que le gouvernement aura à faire face à un manque à gagner de 7 milliards d’euros. On s’attend aussi à ce que le ministre des Finances, Brian Lenihan, prévoie des réductions à tous les niveaux ainsi qu’une augmentation de l’emprunt public quand le budget sera annoncé en fin d’année.

Ceci pourrait obliger le gouvernement à outrepasser la limitation de 3 pour cent du PIB des emprunts fixée par l’Union européenne (UE).

Le montant du déficit est toutefois tellement important que d’autres mesures s’imposeront. Alors que la plupart des personnes excluent une augmentation des impôts sur le revenu et de la TVA, il existe cependant de nombreuses alternatives qui seraient tout aussi préjudiciables aux travailleurs.

Cliff Taylor écrivant lui aussi pour le Sunday Business Post a expliqué: « L’une des possibilités est de ne pas indexer entièrement les tranches d’impôts et les crédits sur l’inflation, ce qui génère effectivement davantage de liquidités du fait que le revenu des gens augmente. C’est ce qui s’était passé la dernière fois quand les finances du trésor public furent réduites après la dernière élection et c’est ce qui pourrait bien se passer de nouveau. Le coût total de l’indexation des tranches et des crédits tourne autour de 500 millions d’euros, une somme non négligeable. »

Il poursuivit en expliquant que d’autres « impôts invisibles » tels la taxe des ordures ménagères et les taxes applicables aux patients ambulatoires des hôpitaux pourraient être augmentées.

En affichant clairement l’urgence de la situation, le mémo distribué à tous les services gouvernementaux a annoncé que les restrictions étaient indispensables en disant : « Un plan détaillé de rationalisation des agences gouvernementales a été préparé et il est prêt à être appliqué… Il n’y a pas moyen de différer ce programme de rationalisation. »

Alors que l’annonce était consacrée aux programmes de dépenses d’investissement et de projets gouvernementaux pour revaloriser l’infrastructure et les services irlandais, il est évident qu’aucun secteur des dépenses publiques n’est à l’abri des coupes. A peine une semaine après l’apparition du rapport, des négociations sur les salaires dans la fonction publique entre le gouvernement, les associations d’employeurs et les syndicats avaient échoué le 2 août sans qu’une décision n’ait été prise. Les employeurs réclament un gel des salaires en dépit du fait que le taux d’inflation est d’environ 5 pour cent en Irlande.

Avant que les pourparlers n’échouent, les employeurs avaient proposé une augmentation salariale dérisoire de 5 pour cent sur une période de 21 mois, en fait un gel des salaires vu les augmentations considérables des prix des marchandises. Et il avait été revendiqué que cette période débute par un gel des salaires de six mois dans le secteur privé et de 11 mois dans le secteur public.

Dans le même temps, le gouvernement poursuit ses projets pour un plan de licenciement afin de supprimer des emplois dans le secteur public qui avait connu une augmentation de 13 pour cent ces dernières cinq années. Les journalistes économiques cherchent à faire porter le blâme des difficultés financières rencontrées par le gouvernement aux augmentations de salaire dans le secteur public plutôt qu’à la crise économique mondiale et à la crise immobilière. Ils considèrent inacceptable le coût de 460 millions d’euros d’un accord salarial précédemment signé et qui était inférieur au taux d’inflation de 2,5 pour cent.

Ceci a provoqué dans les milieux de la classe dirigeante des appels à des licenciements de masse. Dans un éditorial le Sunday Business Post a écrit : « Cette dure réalité exige à présent que des mesures énergiques soient prises pour corriger les finances publiques et pour contrôler les dépenses publiques. Cela signifie le contrôle des salaires dans le secteur public et du nombre d’emplois.

« Cela signifie imposer un gel des salaires immédiat et temporaire dans le secteur public tout en stoppant le recrutement. Cela signifie un arrêt des revalorisations de salaires et des promotions automatiques. En bref, cela signifie que le secteur public doit se conduire comme le reste de l’économie en essayant de s’adapter à ces temps plus durs auxquels nous devons tous faire face. »

Ce n’est là qu’un aspect de la tentative de l’élite dirigeante en général de faire porter le fardeau de la crise économique par la classe ouvrière.

Dans le secteur de la banque, alors que les taux d’intérêt en général ont augmenté de 0,25 pour cent, les banques ont augmenté de un pour cent et plus l’intérêt sur les remboursements de prêts, mettant ainsi la pression sur ceux qui achètent leur maison pour qu’ils remboursent leurs emprunts. Cela vient en plus de la flambée des prix des denrées de base et de l’énergie.

S’ajoute à ceci le chômage qui a atteint le mois dernier son plus haut niveau depuis dix ans. Les chiffres de l’Office central de statistiques constatent que 700 emplois sont supprimés chaque semaine ; le secteur privé étant le plus durement touché.

Le Live Register [fichiers des demandeurs d’emploi] qui recense le nombre de personnes touchant des allocations chômage et d’autres indemnités avait enregistré une hausse de 10.000 par rapport à juin en atteignant 226.000 en juillet. La plus grande partie de la hausse est due au secteur du bâtiment, l’une des principales forces du boom économique en Irlande.

Les dirigeants du monde des affaires réclament une réduction des salaires dans le secteur privé. Brendan McGinty, directeur des ressources humaines de l’IBEC d’Irlande a dit : « Les taux d’augmentation auxquels on a assisté ces dernières années ne peuvent pas persister. Il doit y avoir d’importantes modérations salariales et la reconnaissance à une plus grande échelle que les employeurs et certains secteurs requièrent des pauses de salaires et un allègement significatif de tout accord salarial. Cela signifie que les entreprises privées ont le droit de plaider l’incapacité de payer ou le droit de recourir à des mesures correctives pour leurs coûts, comme la flexibilité du travail. »

Le président de CIF qui représente les employeurs de l’industrie du bâtiment, a indiqué qu’il visait une réduction des salaires de 7 à 10 pour cent pour toute l’industrie. Il a notamment souligné que les nouveaux embauchés devaient obtenir des salaires nettement plus bas. « Nous sommes préoccupés par le fait qu’un salaire minimum de départ, de 34.000 euros par an, pour des salariés non qualifiés est tout simplement trop élevé et nous voulons le réduire de 40 pour cent à 10.000 euros pour ceux qui débutent. »

Confrontés à une pression financière de plus en plus forte, un grand nombre de personnes ont commencé à limiter leurs dépenses. Les ventes ont baissé de 7 pour cent au second trimestre de cette année par rapport à la même période de 2007, les secteurs de la chaussure et de la mode ont enregistré une énorme baisse. Rien qu’en avril, les ventes de chaussures avaient chuté de 25 pour cent par rapport à l’année précédente.

Les ventes de voitures neuves ont reculé de 19 pour cent sur les six mois premiers de cette année, par rapport à la même période de 2007. Cette chute rapide a un sérieux effet sur les concessionnaires automobile ; plus de concessionnaires ont fait faillite durant les six premiers mois de 2008 que durant toute l’année précédente.

La preuve que les bas salaires sont tout particulièrement touchés est apportée par les statistiques qui montrent que la baisse la plus forte a eu lieu dans le commerce de voitures d’occasion. « Il y a un flot de véhicules usagés sur le marché, » a dit Paul McCann, un associé du cabinet d’expertise comptable, d’audit et de conseil, Grant Thornton. « Les concessionnaires n’arrivent pas se défaire de leurs voitures d’occasion. Cela a un impact très fort sur les concessionnaires. Cela signifie qu’une grande partie de leur capital d’entreprise est entièrement pris par les voitures d’occasion et ils luttent pour les vendre. »

L’une des forces motrices de la baisse des dépenses des consommateurs a été la chute des prix immobiliers depuis le début de l’année. Ces prix ont déjà baissé de 10 pour cent depuis le début de 2008 et certains commentateurs prédisent une éventuelle chute de plus de 40 pour cent par rapport à leur prix le plus élevé avant la crise économique.

A ceci s’ajoute que les banques sont maintenant moins disposées à prêter de l’argent de peur de subir des pertes substantielles. La plus grosse banque irlandaise, l’Allied Irish Bank (AIB), a admis la semaine passée dépendre fortement du secteur immobilier en révélant avoir octroyé plus de 10 milliards d’euros en prêts au secteur immobilier en général. Elle surveille de près environ un cinquième de ces prêts et reconnaît qu’une autre augmentation de mauvaises créances est inévitable. Etant donné que l’AIB reste lourdement impliquée dans les prêts hypothécaires, les problèmes croissants de dette de cette banque auront un impact drastique sur la population.

La hausse des prix de l’énergie a également son impact en alourdissant les factures d’électricité. Les entreprises d’autobus de tout le pays ont annoncé une augmentation de 20 pour cent de leurs prix de transports. En raison partiellement de l’abandon (suite à une décision de l’UE jugeant qu’il y avait enfreinte à la loi sur la concurrence) du plan gouvernemental de remise de taxe sur les combustibles, la hausse des prix touchera durement les gens ordinaires qui dépendent au quotidien des transports en communs.

Cela n’est vraisemblablement que le début de réductions bien plus importantes encore des ressources du service public. Compte tenu des difficultés financières auxquelles le gouvernement est confronté et de la stagnation économique, le fardeau de la facture reposera sur le dos des travailleurs sous forme de coupes dans les dépenses publiques et de réductions de salaires.

(Article original anglais paru le 18 août 2008)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés