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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Pakistan : les manifestations des travailleurs du textile perturbent gravement Multan

Par Keith Jones
25 avril 2008

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La ville industrielle de Multan, la sixième plus grande ville du Pakistan, a été fortement perturbée lundi et mardi par les protestations des travailleurs du textile qui sont furieux en raison de coupures de courant répétées qui ont résulté en réductions de salaire et d’emploi pour des dizaines de milliers d’entre eux.

Les manifestations ont été déclenchées par l’Association des métiers à tisser mécaniques à moteur dont la majorité des membres travaillent hors domicile dans une « industrie artisanale » en sous-traitance et qui fabrique du tissu destiné aux fabricants de vêtements. Des coupures chroniques de courant qui ont privé de vastes parties du pays d’électricité durant 10 à 20 heures par jour ont fait perdre aux travailleurs des métiers à tisser et aux ouvriers manœuvres qui les assistent leurs moyens d’existence. Dans la seule ville de Multan, on dit que 500.000 personnes, les travailleurs qui font fonctionner les métiers à tisser mécaniques à moteur et leurs familles, sont tributaires de l’industrie des métiers à tisser.

Depuis des mois les travailleurs de ces métiers à tisser réclament la fin des coupures de courant ou, du moins, que le service public de l’électricité du WAPDA [entreprise de production et de distribution d’énergie du pays], leur garantisse un nombre fixe d’heures d’électricité par jour et respecte les horaires de coupures lorsqu’il les impose. « Nos travailleurs et nos ouvriers manoeuvres sont réduits à la famine », a déclaré lundi Kahliq Qandeel Ansar, le secrétaire général de l’Association des métiers à tisser. « En raison de coupures de courant, il n’y a pas de travail. »

Mardi, les travailleurs ont bloqué les lignes de chemin de fer. La veille, les manifestations avaient mal tourné lorsque les manifestants avaient attaqué les bureaux de la filiale locale du WAPDA, le Multan Electric Power Company (MEPCO) ainsi qu’une banque et incendié plusieurs voitures. Les agents de sécurité de MEPCO avaient ouvert le feu en blessant plusieurs manifestants. Selon des rapports de presse, la police et les travailleurs du tissage s’étaient par la suite livrés à une bataille rangée de quatre heures ; la police étant intervenue à coups de matraque et en envoyant du gaz lacrymogène pour disperser la foule.

Le nouveau premier ministre du Pakistan, Yousouf Raza Gilani, qui lui-même représente une circonscription de Multan à l’Assemblée nationale, a reporté la responsabilité des protestations de lundi sur les « mécréants » et a laissé entendre qu’elles étaient l’œuvre d’opposants de droite du gouvernement qui veulent « détourner l’attention des gens des problèmes réels ».

L’on a assisté ces dernières semaines à maintes reprises à des provocations de la part d’éléments loyaux au président Pervez Musharraf, homme fort et militaire soutenu par les Etats-Unis, qui a été dépouillé d’une bonne partie de son pouvoir ces derniers mois. Dans le but d’écraser des défis constitutionnels à sa fausse « ré-élection » en tant que président et pour intimider l’opposition et la population, Musharraf avait instauré l’année dernière durant six mois la loi martiale, mais, lors des élections nationale et provinciale du 18 février, ses alliés politiques subirent une déroute électorale.

Les provocations comprenaient des attaques organisées par des politiciens pro-Musharraf et qui furent ensuite utilisées pour dénoncer et discréditer à la fois le nouveau gouvernement et les avocats qui ont exigé le retour de plus de 60 juges et magistrats victimes de la purge décrétée sous le régime de la loi martiale instaurée par Musharraf.

La provocation la plus violente eut lieu à Karachi le 9 avril. Elle débuta par une bagarre entre des avocats anti et pro-Musharraf, ou du moins des personnes qui se disaient être des avocats, et se termina par un incendie dans lequel périrent six personnes. Plusieurs autres personnes furent tuées par des coups de feu tirés durant l’échauffourée.

Le mouvement, Muhajr Qaumi Movement Pakistan (MQM), proche de Musharraf, a affirmé que certains de ses avocats membres avaient été attaqués par des membres de l’Association des avocats du Karachi (KBA) au moment où ils commençaient une manifestation pour protester contre le fait que l’ancien premier ministre du Sind, un dirigeant du MQM, avait été malmené. Le président du KBA a dit que la bagarre avait commencé quand les partisans du MQM avaient envahi leurs bureaux.

Musharraf s’est empressé de profiter des événements de Karachi pour accuser le mouvement des avocats. « J’en appelle au mouvement des avocats de ne pas répandre l’anarchie, » a déclaré Musharraf. « La loi et l’ordre devraient régner. »

La condamnation par Gilani des manifestations de Multan est un affront réactionnaire. Il n’existe absolument aucune preuve que l’émeute de lundi à Multan a été instiguée par des partisans de Musharraf ou par des proches du PML (Q) de Musharraf, l’allié du MQM basé au Punjab.

Dans un éditorial publié jeudi, le Dawn a été obligé d’admettre que les affirmations selon lesquelles les manifestations à Multan faisaient partie d’un complot étaient sans fondement, « le fond du problème est que les gens en ont assez de l’inflation galopante et du manque de nourriture, du chômage et du sous-emploi, de ce que les gens excessivement riches exploitent les gens excessivement pauvres, des crimes impunis. Le manque d’électricité est un ingrédient indigeste dans cette cuvée de mécontentement que n’importe quelle provocation peut déclencher une mêlée générale. »

Le nouveau gouvernement, en dépit de ses prétentions démocratiques et populistes, a réagi à l’émeute à Multan par de violentes représailles semblables à celles employées par Musharraf contre les émeutes ouvrières et l’opposition politique. La police a organisé des raids nocturnes au domicile de travailleurs impliqués dans les manifestations. Un rapport publié le 16 avril dans le Dawn relate que la police a entamé des poursuites contre 1500 personnes et, de plus, que des travailleurs ont été inculpés en vertu de la loi antiterroriste draconienne en vigueur dans le pays.

Mercredi, le ministre de l’Intérieur a annoncé que tous les rassemblements et réunions publics seraient soumis à une approbation gouvernementale. Le gouvernement précédent composé des copains de Musharraf avait imposé des restrictions identiques en utilisant la même justification, à savoir, la nécessité de réduire le terrorisme.

Le nouveau gouvernement du Pakistan, qui est composé des deux principaux partis traditionnels pakistanais, le Parti du peuple pakistanais (PPP) et la Ligue musulmane Pakistan Muslim League (PML) de l’ancien premier ministre Nawaz Sharif, ainsi que de l’Awami national Party, un parti national pachtoune et du parti fondamentaliste islamique JIU-F, a promis d’introduire sous peu une série de mesures pour créer des emplois et de l’aide contre l’envolée des prix de l’alimentation.

Mais, dans le même temps, le ministre des Finances, Ishaq Dar, met en garde pour que le gouvernement prenne des mesures sévères pour réduire le déficit budgétaire qui se creuse. Lors d’une conférence de presse, Dar a dit que si une augmentation des impôts combinée à une réduction des subventions des dépenses et des prix n’est pas appliquée pour le prochain budget, le déficit sera bientôt « quasiment impossible à gérer ».

Jeudi, le gouvernement a augmenté le prix de l’essence et du diesel de 3 roupies par litre.

Etant par tradition des rivaux politiques farouches, le PPP et le PML (N) se sont disputés sur la question de savoir quel parti devrait gérer le portefeuille des finances du gouvernement de coalition, ni l’un ni l’autre ne souhaitant prendre la responsabilité politique de mesures impopulaires.

Dans un communiqué publié le 28 mars, la Banque mondiale a dit « Le nouveau gouvernement du Pakistan doit prendre des mesures urgentes, soutenues par la communauté internationale, pour éviter une crise économique au sein d’une nation dotée de l’arme nucléaire. » Elle a ajouté que des aménagements « douloureux » sont nécessaires en raison de « prix mondiaux élevés de nourriture, de pétrole et de matières premières. »

De tels aménagements « douloureux » se produiront dans une situation où les travailleurs pakistanais sont déjà confrontés à des difficultés extrêmes. Le gouvernement dit que les prix de l’alimentation ont augmenté de 20 pour cent par rapport à l’année précédente. D’autres disent que l’augmentation est nettement plus forte, en remarquant qu’il y avait eu une pénurie de certaines denrées de base, dont la farine de blé.

Un rapport du Programme alimentaire mondial publié la semaine passée a précisé que les prix des aliments avaient augmenté d’au moins 35 pour cent l’année dernière au Pakistan et a mis en garde qu’en raison de la flambée continue des prix, la moitié des 160 millions de Pakistanais risquaient de ne pas avoir assez de nourriture.

(Article original paru le 19 avril 2008)


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