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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Les Etats-Unis doubleront leurs forces militaires en Afghanistan

Par Bill Van Auken
29 décembre 2008

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Le chef d’état-major américain, l’amiral Michael Mullen, a annoncé samedi que le Pentagone allait presque doubler le nombre de soldats américains impliqués dans la guerre néocoloniale d’occupation en Afghanistan. Cette annonce est en accord avec la politique mise de l’avant par le futur président démocrate Barack Obama visant à redéployer les ressources militaires des Etats-Unis au « véritable front » dans la « guerre mondiale contre le terrorisme ».

Mullen a rendu officiel l’escalade militaire qui doit être menée en Afghanistan sous l’administration Obama au cours d’une rencontre de fin de soirée avec des journalistes à Kaboul. Il estime que le nombre de soldats supplémentaires à être déployés dans le pays, qui est occupé par les Etats-Unis depuis les sept dernières années, se situe entre 20 000 et 30 000. Ce nombre correspond à une précédente demande faite par le commandant américain des forces internationales en Afghanistan, le général David McKiernan. Environ 31 000 soldats américains se trouvent actuellement au pays avec 35 000 autres soldats étrangers sous le commandement de l’OTAN.

L’élément le plus significatif de l’annonce de Mullen fut l’échéancier du déploiement américain. Alors que les porte-paroles du Pentagone avaient auparavant affirmé que le déploiement serait réalisé sur une période de 18 mois, Mullen a plutôt indiqué que l’objectif était d’avoir tous les soldats supplémentaires en Afghanistan avant le printemps prochain.

 « Nous espérons les avoir en place au printemps », a-t-il affirmé, « et certainement avant le début de l’été au plus tard. »

L’accélération des plans de Washington pour l’escalade de la guerre est une indication de la crise de plus en plus sérieuse à laquelle fait face l’occupation. La dernière année fut la plus sanglante depuis la première attaque américaine en octobre 2001, au début de l’opération « Liberté immuable ». Près de 290 soldats américains, britanniques, canadiens et d’autres nationalités ont été tués en Afghanistan en 2008, soit une augmentation de 25 pour cent par rapport à l’année précédente. 1000 hommes des forces de sécurité du régime afghan ont aussi été tués. On évalue officiellement le nombre de pertes civiles à 2000 mais la réalité est sans aucun doute bien pire.

La majorité des renforts américains seront envoyés au sud dans la province de Helmand, considérée comme un bastion des talibans, qui avaient initialement été chassés par l’invasion américaine. Selon certains rapports cependant, les forces américaines pourraient aussi être envoyées dans les provinces de Logar et de Wardak, près de Kaboul, par crainte que l’insurrection n’attaque la capitale afghane.

 

Un porte-parole de l’OTAN a exhorté ses membres européens à suivre l’exemple de Washington et déployer davantage de troupes pour le combat. « Nous voulons assurer un certain équilibre entre ce que les Américains font et ce que les autres alliés font, alors que les Etats-Unis augmentent leur participation, pour des raisons militaires et politiques », a déclaré le porte-parole James Appathurai.

« Le secrétaire général (de l’OTAN) (Jaap de Hoop Scheffer) aimerait voir une augmentation, non seulement de la part des Américains, mais aussi des autres alliés, particulièrement les Européens, afin d’assurer que nous ayons un partage des tâches politiques, ainsi que militaires, de cette mission, » a-t-il ajouté.

Les gouvernements européens ont été cependant peu disposés à augmenter de manière significative leurs déploiements.

Dans ses commentaires à Kaboul, l’amiral Mullen a expliqué clairement que l’escalade de la guerre menée par les Etats-Unis causerait encore plus de morts et de blessés. Faisant référence aux plans américains pour appuyer davantage les forces d’occupation dans le sud, le chef militaire américain a commenté : « C’est là que les combats les plus durs ont lieu. Lorsque nous aurons plus de troupes ici, je crois que le niveau de violence va augmenter. Les combats seront plus intenses. »

Un porte-parole des talibans corrobore cette déclaration. « Ils veulent maintenant envoyer plus de troupes en Afghanistan, » a dit Yousuf Ahmadi. « Les Russes ont aussi envoyé plus de troupes et ont été sévèrement défaits », a-t-il ajouté, faisant référence à l’occupation soviétique de l’Afghanistan qui a débuté en 1978 et qui a duré une décennie.

« Lorsque les Etats-Unis augmenteront leurs troupes au même nombre que celui des Russes, ils seront aussi cruellement défaits, » a averti Ahmadi. « Plus de troupes signifient qu’il y aura plus de cibles pour les talibans. »

Mullen a expliqué clairement que le retrait partiel de l’Irak proposé par l’administration entrante d’Obama n’est pas un détournement du militarisme, mais plutôt une prémisse essentielle pour intensifier le massacre en Afghanistan.

« Les forces disponibles sont directement liées aux forces en Irak, » a-t-il dit. « Alors que nous étudions la possibilité de réduire les forces en Irak durant la prochaine année, la disponibilité des forces qui pourront venir ici en Afghanistan va augmenter. »

Selon une estimation, l’« escalade » en Afghanistan augmentera le coût mensuel de la guerre américaine là-bas de 2 milliards $ à au moins 3,5 milliards $.

Présent au programme « This Week » de la chaîne de télévision ABC le dimanche matin, le vice-président élu, Joseph Biden, a mis l’accent sur l’importance de la guerre en Afghanistan pour l’administration entrante. « Je crois que ce qui est clair depuis le début, c’est que nous avons une situation en Afghanistan et au Pakistan qui est urgente », a-t-il dit. « Cela implique l’Inde. Cela implique aussi une autre série de questions très compliquées. »

Biden a ajouté : « Je pense que la trajectoire Afghanistan-Pakistan nous préoccupe immédiatement. Nous en sommes dans le processus d’établir clairement quelles sont nos priorités, quelle doit être notre politique, dès notre assermentation. »

Alors qu’Obama, tout comme Bush avant lui, a présenté l’escalade de la guerre comme une croisade comme le « terrorisme », le fait est que l’intervention américaine a pour but de défendre les intérêts géostratégiques des Etats-Unis, ce qui implique des menaces de guerre encore plus importantes et plus dangereuses.

C’est ce qui a été décrit dans un article publié samedi le 20 décembre dans Asia Times (All Roads Lead Out of Afghanistan).

Cet article, écrit par l’ancien diplomate indien M.K. Bhadrakumar, ne laisse aucun doute que la présence américaine en Afghanistan fait partie d’une « grande stratégie de l’Asie centrale » qui a pour but de « diminuer l’influence de la Russie et de la Chine dans la région ».

Bhadrakumar avance que même si la guerre américaine en Afghanistan s’est très mal déroulée, pris dans un contexte plus large, cet effort a connu un certain succès, le Pentagone réussissant à établir « une présence militaire à long terme » dans le pays. De plus, il signale que Washington utilise la détérioration de la situation en Afghanistan comme prétexte pour établir de nouvelles bases américaines en Asie centrale.

Il a aussi rapporté que les tensions entre les Etats-Unis et la Russie ont augmenté de façon exponentielle sur la question de plans de Washington pour le développement d’une nouvelle voie de ravitaillement pour ses forces en Afghanistan qui passerait par les anciennes républiques soviétiques au sud du Caucase et en Asie centrale. Le cargo serait déchargé dans le port de la mer Noire de Poti en Géorgie pour ensuite traverser la Géorgie, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan.

Il y a plusieurs raisons d’établir cette nouvelle voie de ravitaillement, étant donné les récentes embuscades au cours desquelles les insurgés ont décimé les colonnes de ravitaillement au Pakistan se dirigeant vers la passe de Khyber. La colère populaire au Pakistan envers le ravitaillement militaire des forces d’occupation américaines qui sont impliquées dans des tueries des deux côtés de la frontière a mené à une manifestation de 10 000 personnes dans la ville du nord-ouest du Pakistan, Peshawar. Les manifestants ont demandé la fin de la collaboration du gouvernement pakistanais avec les efforts de guerre américains.

Si Washington réussit à développer une nouvelle voie de ravitaillement, note Bhadrakumar, il aura réussi « à consolider sa présence militaire à long terme dans le sud du Caucase » et, au même moment, il est dans une position de convertir cette voie de ravitaillement en « un corridor pour le pétrole et le gaz de la région de la mer Caspienne en contournant la Russie ».

Le chef d’état-major de l’armée russe, le général Nikolai Makarov, s’est alarmé des plans de Washington dans un discours qu’il a donné la semaine passée, se plaignant que les Etats-Unis « planifient établir des bases militaires au Kazakhstan et en Ouzbékistan ». Makarov a ajouté que « Les Etats-Unis ont encerclé toutes les régions du monde avec leurs bases militaires. »

Téhéran a aussi pris note des développements des forces américaines dans la région, qu’il voit comme une menace à ses intérêts. Le ministre des Affaires étrangères de l’Iran, Monouchehr Mottaki a profité d’une conférence de presse de lundi dernier pour donner ses commentaires sur l’annonce de Mullen et a donné l’avertissement qu’une augmentation des troupes américaines n’amènerait la paix ou la stabilité pour l’Afghanistan. « Les pays de la région suivent de façon vigilante les développements en Afghanistan, particulièrement en ce qui a trait aux nouvelles politiques adoptées par les forces étrangères », a déclaré Mottaki.

L’escalade en Afghanistan que prône Obama et défendu par l’establishment américain comme la « bonne guerre » pour Washington menace de déclencher des tensions qui mèneront à des conflits armés dangereux avec les autres puissances régionales, y compris l’Iran et la Russie.

(Article original anglais paru le 22 décembre 2008)


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