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  WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Des rapports font état d’une catastrophe sociale grandissante en Afghanistan

Par Oscar Grenfell
5 janvier 2008

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Plus de six ans après l’invasion de l’Afghanistan menée par les Etats-Unis, deux rapports récemment parus ont, une fois de plus, démontré la fausseté des affirmations de l’administration Bush selon lesquelles elle aide le peuple afghan. Les indices sociaux du taux d’alphabétisme, de l’espérance de vie et de l’accessibilité à la nourriture présentés dans le rapport fournissent un aperçu de la terrible crise sociale à laquelle sont confrontés des millions d’Afghans.

Le Rapport sur le développement humain en Afghanistan produit en 2007 par les Nations unies et basé sur des statistiques produites en 2005 montre que l’Afghanistan a glissé dans le classement mondial. En 2004, il était classé 173e sur 178 pays dans l’indice de développement humain de l’ONU ; en 2007, il a glissé d’un rang pour se retrouver 174e, devant seulement quatre pays africains ravagés par la pauvreté : le Burkina Faso, le Mali, le Sierra Leone et le Nigeria.

Selon le rapport, l’espérance de vie moyen a chuté, passant de 44,5 ans en 2003 à 43,1 ans en 2005 et le taux d’alphabétisme chez les adultes est passé de 28,7 pour cent en 2003 à 23,5 pour cent en 2005. Lorsque ces statistiques sont comparées aux statistiques d’avant l’invasion de 2001, une image de régression sociale devient claire. Sous le régime des Talibans, l’espérance de vie moyenne était un peu plus élevée à 45,5 ans et le taux d’alphabétisme chez les adultes était de 31 pour cent.

Le rapport soutient que de nombreux Afghans ne peuvent satisfaire leurs besoins alimentaires les plus minimaux, déclarant : « 6,6 millions d’Afghans n’atteignent pas le seuil minimum de nourriture nécessaire, alors que 24 pour cent des ménages ont une consommation de nourriture faible. Basé sur un apport minimum de calories de 2067 kilocalories par jour ajusté au sexe et l’âge, 30 pour cent de la population mange, en moyenne, moins que leurs besoins alimentaires quotidiens. Les ménages dans les zones urbaines sont un peu plus enclins à manquer de nourriture que les populations rurales ou Kuchis (nomades). Lorsque la diversité du régime alimentaire est incluse dans l’analyse, 61 pour cent des ménages sont vraisemblablement sous le seuil de l’insécurité alimentaire. »

La pénurie de nourriture a entraîné une malnutrition et une sous-alimentation, avec près de 40 pour cent des enfants de moins de trois ans ayant un poids insuffisant, 54 pour cent des enfants sous l’âge de cinq ans ne grandissant pas correctement et 7 pour cent qui meurent de faim. Considérant que seulement 31 pour cent des ménages ont accès à de l’eau potable, il est clair qu’une catastrophe humanitaire majeure est en train de prendre place.

Le rapport du Conseil SENLIS intitulé « Glissant dans le chaos, l’Afghanistan au bord de la catastrophe » se penche sur les questions derrière l’insurrection armée qui s’intensifie contre l’occupation menée par les Etats-Unis. En faisant cela, cependant, le Conseil est contraint à prendre en considération la colère et l’hostilité générées par la crise sociale qui fait rage dans le pays, par la corruption officielle omniprésente et par les promesses non tenues d’aide internationale.

La rapport cite un docteur de l’hôpital Bost à Laskhar Gar qui explique : « Si la communauté internationale a envoyé de l’aide à la province d’Helmand, j’en n’ai pas vu. Il y a 25 000 réfugiés dans les camps autour d’Helmand. Pas une personne n’a parlé de livraison de nourriture. Dans quelques districts, il n’y a même pas de cliniques médicales; elles ont été détruites lors de combats entre les Talibans et les forces internationales.

« Je crois qu’en fait personne ne reçoit d’aide. Nous avons donné à l’ambassadeur britannique et à des membres du Parlement une liste de tous les besoins hospitaliers. Nous n’avons reçu aucune réponse de leur part depuis. Nous n’avons pas reçu les médicaments qu’ils nous avaient promis, pas plus que l’équipement ou toute autre chose qu’ils nous avaient aussi promis. »

On pouvait lire dans un article publié le mois dernier dans l’Ottawa Citizen que : « Les nations qui fournissent une aide importante, comme le Canada, ont dépensé officiellement 1,36 milliard de dollars en aide au développement pour l’Afghanistan durant une période d’un an qui s’est terminée en mars 2006. » Mais l’article fit ensuite remarquer que la majeure partie de l’argent ne se rendait pas jusqu’à la population afghane. Une étude de Peace Dividend Trust établit que « seulement 424 millions de dollars, ou environ 31 pour cent, avaient un "impact local" ».

Un élément de la propagande américaine qui est utilisé pour justifier l’invasion consistait à soutenir que cette dernière allait mettre un terme à la discrimination contre les femmes qui avait cours sous le régime fondamentaliste islamique des talibans. Bien que certains changement se soient produits, la discrimination est toujours très répandue, surtout à l’extérieur des centres urbains. On estime le taux d’alphabétisation chez les femmes à seulement 12,6 pour cent, une baisse par rapport au taux de 15 pour cent en 2001. Les mariages d’enfants et les mariages forcés sont très répandus.

Les taux d’inscriptions des filles et des femmes au niveau primaire, secondaire, et aux études supérieures se situent environ à la moitié de ceux des garçons et des hommes. Les femmes et les filles des régions rurales ont particulièrement peu d’opportunités en ce qui concerne l’éducation, en partie à cause du manque d’enseignantes, qui ne comptent que pour 28 pour cent du corps professoral.

Après presque trois décennies de guerre, l’économie afghane est dans un état de désintégration. Un certain développement artificiel a pris place à Kaboul, mais dans les autres villes et en campagne, où vit la grande majorité de la population, les infrastructures et les services de base sont primitifs ou inexistants. Le taux de chômage estimé se situe à 40 pour cent et plus de la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté.

Nombreuses sont les personnes qui ont été forcées de quitter leurs résidences. Le rapport de SENLIS soutient que le taux de réfugiés au pays a augmenté au cours des 18 derniers mois, surtout en raison de l’intensification des combats au sud du pays. Les conditions dans lesquelles doivent vivre les réfugiés ont été décrites par deux occupants du camp de réfugiés IDP à Kandahar City.

« Je ne peux pas m’occuper de ma famille; je n’ai pas de travail et je suis malade. Mon fils aîné n’a que trois ans. Ma mère mendie pour de la nourriture. Il n’y a que les gens à la mosquée qui ramassent un peu d’argent pour nous », témoigne l’un d’eux.

« Nous ne recevons aucune aide, quelle qu’elle soit. Ma famille et moi n’avons rien à manger. Nous n’avons pas d’abris et pas d’eau potable. Nous pouvons avoir de l’eau uniquement des maisons autour du camp. Nous sommes forcé d’aller de place en place » explique le second.

La seule industrie florissante en Afghanistan est la culture illicite et le trafic d’opium. Forcés de trouver un moyen pour nourrir leur famille, plusieurs fermiers se tournent vers la culture de pavot. La culture et le commerce de cette drogue sont si étendus que l’Afghanistan est parfois assimilé à un « narco état »

Selon un rapport de 2007 de Développement humain de l’Afghanistan (Afghanistan Human Developpement), entre 80-90 pourcent de l’activité économique se déroule dans le secteur « informel ». «  La surface estimée de la culture du pavot en Afghanistan a augmenté de 59 pourcent », indique le rapport. Il est estimé que l’Afghanistan produit près de 90 pourcent de la production mondiale d’héroïne illégale.

Selon l’étude sur l’opium pour l’année 2007 du bureau sur la drogue et le crime de l’ONU, la culture de cannabis a également augmenté de 40 pourcent cette année. Dans un article de l’Associated Press du mois dernier, un cultivateur expliquait : « Le gouvernement ne peut pas nous fournir un bon marché pour d’autres récoltes comme le coton, le melon d’eau ou des légumes, alors je dois cultiver la marijuana au lieu du pavot. »

Un autre fermier Akbar Khan a dit : « Nous savons que la marijuana est une culture illégale, mais nous sommes très pauvres et nous devons la cultiver pour aider nos familles à survivre. Je n’aime pas faire pousser de la marijuana ou du pavot. Je ne veux pas que des personnes deviennent dépendantes de ces choses, mais je dois nourrir mes enfants et je n’ai pas d’autres moyens. »

L’Angleterre, qui est responsable de l’éradication de la production d’opium, cherche des moyens d’encourager les fermiers à adopter une culture légale : de tels efforts ont été tentés et ont échoué avant. Washington, cependant, fait pression pour procéder à la destruction des champs de pavot par la voie des airs. Si cela se réalise à grande échelle, plusieurs communautés de fermiers seront laissées sans aucun revenu. Il y déjà eu des plaintes suite à la destruction de plantations d’opium.

Alors que les informations et les statistiques demeurent parcellaires, les deux rapports constituent un acte accusatoire dévastateur de l’invasion menée par l’administration Bush, qui a accentué au lieu de soulager la crise qui frappe la population afghane.

(Article original paru en anglais le 19 décembre 2007)

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